Les épis (LeMay)/3

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Les épisLa Cie J.-Alfred Guay (p. 13-15).


Le réveil au champ


L’hiver n’est plus qu’un songe,
N’est plus qu’un souvenir…
Comme un remords qui ronge
Et que l’on voit finir,
L’hiver n’est plus qu’un songe,
Et l’été va venir.

L’été plein de lumière,
L’été plein de soleil
Va dorer la chaumière.
Aux champs dans le sommeil
L’été plein de lumière
Va sonner le réveil.

Comme un œil doux qui s’ouvre
Le lis alors est beau.
L’érable nu se couvre

Et, sur l’humble roseau,
Comme un œil doux qui s’ouvre,
Brille une goutte d’eau.

Et partout des voix douces :
Dans les blanches maisons,
Parmi les frêles mousses,
Sous les soyeux gazons…
Et partout des voix douces
Chantent les floraisons.

Gais les couples fidèles
Dont l’exil est fini !
Gais les battements d’ailes
Sous le bois rajeuni !
Gais les couples fidèles
Qui vont bâtir leur nid !

Mai vient. Si l’on ne sème
Le champ ne peut nourrir.
Je t’aime, femme, et j’aime
Voir les sillons s’ouvrir.
Mai vient. Si l’on ne sème
Dieu ne fait pas mûrir.


Ton souris m’encourage,
Et, comme l’an dernier,
Un vaillant labourage
Remplira mon grenier.
Ton souris m’encourage…
Et me tient prisonnier.

Veux-tu que je t’éveille,
Quand l’aube est de retour.
Pour te dire à l’oreille…
Si tu dors, cher amour,
Veux-tu que je t’éveille
Pour te dire bonjour ?