Les Plaideurs (1679)

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Œuvres de RacineDenys Thierrytome premier (p. 303-364).

AU LECTEUR.


Quand je lus les Guefpes d’Ariftophane, je ne fongeois gueres que j’en dûllê faire les plaideurs. J’avoue qu’elles me divertirent beaucoup, & que j’y trouvay quantité de plaiianteries qui me tenterent d’en faire part au public : Mais c’eftoit en les mettant dans la bouche des Italiens, à qui je les avois deftinées., comme une chofequi leur appartenoit de plein droit, Le Juge qui faute par les feneftres, le Chien criminel, & les larmes de fa famille, me fembloient autant d’incidens dignes de la gravité de Scaramouche. Le départ de cet Acteur interrompit mon deflein, & fit naître l’envie à quelques — uns de mes amis, de voir fur noftre theatre un échantillon d’Ariftophane. Je ne me rendis pas à la premiere propofition qu’ils m’en firent.. Je leur dis que quelque efprit que je trouvafle dans cet Autheur, mon inclination ne me porteroit pas à le prendre pour modele, fi j’avois à faire une Comedie —, & que j’aimerois beaucoup mieux imiter la regularité de Menandfe & de Terence, que la liberté de Plaute & d’Ariftophane. On me répondit que ce n’elloit pas une Comedie qu’on me demandoit, & qu’on vouloit feulement voir fi les bons mots d’Ariftophane auroient quelque grace dans noftre langue, Ainli moitié en m’encourageant, moitié en mettant eux-meimes la.main à l’œuvre, mes amis me rirent commencer une Piece qui ne tarda guere à eftre achevée.

Cependant la plufpart du monde ne Ce fôucie point de l’intention, ny de la diligence des Autheurs. On examina d’abord mon amufement comme on auroit fait une Tragedie. Ceux mcfmes qui s’y eftoient le pins divertis, eurent peur de n’avoir pas ry dans les regles, & trouverent mauvais que je n’enfle pas fongé plus ferieufement à les faire rire. Quelques autres s’imaginerent qu’il eftoit bienfeant à eux de s’y ennuyer, & que les matieres de Palais ne pouvoient pas eftre un fujet de divertiflèment pour des gens de Cour. La Piece fut bien-toft apres joiiée à Verfàilles. On ne fit point de fcrupule de s’y réjoiiir ; & ceux qui avoient crû fe des — honorer de rire à Paris, furent peut-eftre obligez de rire à Verfàilles, pour fe faire honneur.

Ils auroient tort à la verité, s’ils me reprochoient d’avoir fatigué leurs oreilles de trop de chicane. C’eft une langue qui m’eft plus étrangere qu’à perfonne ; & je n’en ay employé que quelques mots barbares, que je puis avoir appris dans le cours d’un procez, que ny mes Juges, ny moy, n’avons jamais bien entendu.

Si j’apprehende quelque chofè, c’eft que des perfonnes un peu ferieufcs ne traittent de badineries le procez du Chien, & les extravagances du Juge : Mais enfin je traduis Ariftophane, & l’on doit fe Convenir qu’il avoic affaire à des Spectateurs allez difficiles. Les Atheniens fçavoicnt apparemment, ce que c’eftdit que le Sel Attique, & ils eftoient bien fetirs quand ils avoient ry d’une chofe, qu’ils n’avoient pas ry d’une fottife.

Pour moy je trouve qu’Ariftophane a eu raifon, de poulïèr les chofes au delà du vrayfémblable. Les Juges de l’Areopage n’auroient pas peut-eftre trouvé bon, qu’il euft marque au naturel leur avidité de gagner, les bons tours de leurs Secretaires, & les forfanteries de leurs Advocats. Il eftoit à propos d’outrer un peu les Perfonnages pour les empelcher de fe reconnoiftre. Le Public ne laiffoit pas de difeerner le vray au travers du ridicule ; & je m’affure qu’il vaut mieux avoir occupé l’impertinente eloquence de deux Orateurs autour d’un Chien aceufé, que fi l’on avoir mis fur la fèllette un veritable criminel, & qu’on euft intetefTé les Spectateurs à la vie d’un Homme.

Quoy qu’il en foit, je puis dire que noftre Siecle n’a pas efté de plus mauvaife humeur que le fien, & que fi le but de m’a Comedie eftoit de faire rire, jamais Comedie n’a mieux attrapé fon but. Ce n’eft pas que j’attende un grand honneur d’avoir allez long-temps réjoiiy le monde. Mais je me fçay quelque gré de l’avoir fait, fans qu’il m’en ait coufté un feul de ces files équivoques, & de ces malhonneftes plaifanteries, qui confient maintenant Ci peu à la plufpart de nos Ecrivains ; & qui font retomber le Theatre dans la turpitude, d’où quelques Autheurs plus modeftes l’avoient tire..


ACTEURS.


DANDIN, Juge.
LEANDRE, Fils de Dandin.
CHICANNEAU, Bourgeois.
ISABELLE, Fille de Chicanneau.
LA COMTESSE.
PETIT JEAN, Portier.
L’INTIME, Secrétaire.
LE SOUFFLEUR.


La Scene est dans une Ville de Basse Normandie.
LES PLAIDEVRS.
LES PLAIDEVRS.

LES

PLAIDEURS.

COMEDIE.

ACTE I.

SCENE PREMIERE.

PETIT JEAN, traisnant un gros sac de Procez.

MA foy, for l’avenir, bien fou quife fiera.
Tel qui rit Vendredy, Dimanche pleurera.
Un Juge, l*an passé, me prit a fon fcrvice,
Il m’avoit fait venir d’Amiens pour eftre Suiflè,
Tous ces Normans voulbienrfe divertir de nous,
On apprend i hurler, dit l’autre, avec les loups.
Tout Picard que j’eftois, j’eftois un bon Apoftre,
Et je faifois claquer mon fouet tout comme un autre.
Tous les plus gros Mbnfieurs me partaient chapeau bas.
Monfteur de Petit Jean ! ah gros comme le bras.

Mais làns argent, l’honneur n’eft qu’une maladie.
Ma foy j’eftois un franc Portier de Comedie,
On avoit beau heurter & m’ofter fon chapeau,
On n’entroit point chez nous fans graifler le marteau.
Point d’argent, point de Suiflè, & ma porte eftoit clofe.
H eft vray qu’à Monfieur j’en rendois quelque chofe.
Nous contions quelquefois. On me donnoit le foin
De fournir la maifon de chandelle & de foin.
Mais je n’y perdois rien. Enfin vaille que vaille,
j’aurois fur le marché fort bien foumy la paille.
C’eft dommage. Il avoit le cœur trop au meftier,
Tous les jours le premier aux Plaids, & le dernier,
Et bien fouvent tout feul, fi l’on l’euft voulu croire,
Il y fèroit couché fans manger & fans boire.
Je luy difois parfois ; Monfieur Perrin Dandin*
Tout franc vous vous levez tous les jours trop matin ;
Qui veut voyager loin, ménage fà monture ;
Beuvez, mangez, dormez, & faifonsfeu qui dure.
Il n’en a tenu conte. Il a fi bien veillé,
Et fi bien fait, qu’on dit que fon timbre eft brouillé.
Il nous veut tous juger les uns apres les autres.
Il marmote toujours certaines Patenoftres
Où je ne comprens rien. ll veut bongré, malgré,
Ne fè coucher qu’en Robbe, & qu’en bonnet carré.
Il fit couper la tefte à fon Coq de colere,
Pour l’avoir éveillé plus tard qu’à l’ordinaire :
Il difoit qu’un Plaideur, dont l’affaire alloit mal,
Avoit graillé la patte à ce pauvre animal.
Depuis ce bel Arreft, le pauvre homme a beau faire,
Son fils ne fouffre plus qu’on luy parle d’affaire.
Il nous le fait garder, jour & nuit, & de prés.
Autrement fer viteur, & mon homme eft aux Plaids.
Pour s’échapper de nous, Dieu fçait s’il eft aJlaigre.
Pour moy, je ne dors plus. Auflî je deviens maigre,

C’eft pitic. Je m’étens, & ne fais que baailler.
Mais veille qui voudra, voicy mon oreilleiy
Ma foy, pour cette nuit, il faut que je m’en donne,
Pour dormir dans la rue on n’offenfè perfonne.
Dormons.

SCENE II.

L’INTIMÉ, PETIT JEAN. 1

t’INTIMÉ.

AY, Petit Jean, Petit Jean.
PETIT JEAN.

L’Intimé ;

Il a déjà bien peur de me voir enrumé.

L’INTIME’.
Que Diable ! Ci matin que fajs • tu dans la rue ?

PETIT JEAN. —’i

Es-ce qu’il faut toujours faire le pié de grue, Garder toujours un homme, & l’entendre crier ? Quelle gueule ! Pour moy, je croy qu’il eft forcier.

L’INTIM E’.

Bon.

PETIT JEAN.

Je luy difois— donc en me grattant la tefte, Que je voulois dormir. Préfente ta Requefte Comme tu veux dormir, m’a — t’il dit gravement. Je dors en te contant la chofe feulement. Bon foir.

L’I NTIME*. Comment bon foir ? Que le Diable m’emporte Si,.. Mais j’entens du bruit au dellïis de la porte.


SCENE. II f.

DANDIN, L’INTIME’,
PETIT JEAN.

0 AND IN, i U fentftrtl

]pEtitJean. L’Intimé.

L*I N TI M E’, à Petit lun.
Paix.
DANDIN.

Je fuis fèul icy.
Voilà mes Guichetiers en defaut, Dieu merev.
Si je leur donne temps, ils pourront compareftre.
Cà, pour nous élargir, fautons par la lèneftre.
Hors de Cour.

L’INTIME’.
Comme il faute.

P ETIT JEAN.

Ho, Monfieur, je vous tieni
DAND I N.
Au voleur, au voleur.

PETIT TEAN.
Ho, nous Tous tenons bien ;
L’INTIME*.
Vous avez beau crier,

DANDIN.

Main forte. L’on me tué.


SCENE IV.

LEANDRE, DANDIN, L’INTIME’, PETIT JEAN.

LEANDRE.

VIfte, un flambeau. ]’entens mon Pere dans h ruè’.
Mon Pere, fi matin qui vous fait déloger }
Où courez-vous, la nuit ?

DANDIN.

Je veux aller juger.
LEANDRE.
Et qui juger > Tout dort.

PETIT JEAN.

Ma foy, je ne dors gueree. LEANDRE. Que de des ! Il en a julques aux jarretieres.

DANDIN. le ne veux de trois mois rentrer dans la mailbrt. De facs & de procez j’av fait provifion.

LEANDRE. Et qui vous nourrira ?

DANDIN.

Le Buvetier, je pen£.
LEANDRE.
Mais où dormirez-rous, mon Pere ?

DANDIN.

A TAudiance. LEANDRE. Non, mon Pere, it vaut mieux que vous ne fortiez pas. Dormez chez voas. Chez vous faites tous vos repas.

Souffrez que la raifon enfiuvous perfuade r
Er pour voftrc lànté….

DANDIN.

Je veux eftre malade^ LEANDRE. Vous ne l’eftes que trop. Donnez-vous du repos* Vous n’avez tantoft plus que la peau fur les os.

D A-NDI N. Du repos ? Ah, fur toy tu veux regler ton Pere. Crois-tu qu’un Juge n’ait qu’à fai*e bonne ch ? re, Qujà battre le pavé comme un ras de Galans, Conrir le Bal la nuit, & le jour les Brelans f. L’argent ne nous vient pas fi vifteque lon.penfèv Chacun de tes rubans me coufte une Sentence. Ma Robbe vous fait honte. Un fils de Juge ! Ah, fy. Tu fais le Gentilhomme. Hé, Dandin, mon amy, Regarde dans ma chambre, & dansmagarderobbe, Les porrraits des Dandins Tous ont’porté la Robbf, Et c’eft le bon pàrty, Compare prix pour prix Les. eftrennes d’un Juge, à celles d’un Marquis 5 Attens que nous foyons à la fin de Decembre. Qtfeft.ce qu’un Gentilhomme ? Un pilher d’anti-" chambre.
Combien en as-tu veù, je dis des plushupez,
A foufHer dans leurs doigts dans ma coiïr occupez,
Le manteau fur le nez, ou la main dans la poche,
Enfin, pour lè chauffer, venir tourner la broche.
Voilà comme on lestraitte. Hé, mon pauvre garçon,’
De ta defunte Mere es-ce là la leçon ?
La pauvre Babonnette ! H<las, lors que j’y penlè.
Elle ne manquait pas une lèule Audiance,
Jamais au grand jamais elle ne me quitrta,
Et Dieu’fçait bien fouvént ce qu’elle en rapporta i
Elle euft du Buvetier emporté les fèrviettes.,
Plûtofî que de rentrer au logis les mains nettes.

Et voilà comme on fait les bonnes maifons,.Va,
Tu ne feras qu’un Oot.

LEANDRE….{

Vous vous morfondez là. Mon Pere.Petit Jean,.remenez voftre Maiftre, Couchez-le dans fon lit, fermez porte, lèueftre, Qu’on barricade tout, afin qu’il ait plus chaud.

PET.IT J EAN.
Faites donc mettre au moins des gardefous là haut.

D AND IN.
Quoy, l’on me menera coucher fans autre formM
Obtenez un Arreft comme il faut que.je dorme.

LEANDRE.
Hé, par pravifion, mon Pere, couchez-vous,

DAN DXN.
J’iray, mais je m’en vais vous faire enrager tous,’
Te ne dormiray point.

LEANDRE
Hé bien, à la bonne heure/
Qu\)n ne le quitte pas. Toy, l’Intimé, demeure.

SCENE V.

LEANDRE, L’INTIMER

JLEANDRE.
E veux t’entretenir un moment ](ans témoin^
L’INTIME’.
Quoy, vous faut-il garder ?

LEANDRE.

J’en aurois bien befoin.

J’ay ma folie, hdas, aufli bien que mon Pcre,

L’INTIME’. Ho ! vous voulez juger »

LEANDRE.

Laiflôns là le myftere.

Tu connois ce Logis.

L4NTI M E\

Je vous enterrs enfini Diantre, l’amour vous tient au cœur de bon matin. Vous me voulez parler, làns doute, dliàbelle.

Je vous l’ay dit cent fois, elle eft làge, elle eft belle ;
Mais vous devez fonger que Moniteur Chicanneau,
De fon bien en procez conlùme le plus beau.
A qui n’en veut-il point ? Je croy qu’à l’Audiancc
11 lèra, s’il ne meurt* venir toute la France.
Tout aupres de fon Juge il s’eft venu loger.
L’un veut plaider toujours, l’autre toujours juger ;
Et c’eft un grand hazard s’il conclud voftre affaire,
Sans plaider le Curé, le Gendre, & le Notaire.
LEANDRE.

Je le fçay comme toy. Mais malgré tout cela,
Je meurs pour Ilàbelle.

L’INTIME’.

Hé bien, époulèz-là.
Vous n’avez qu’à parler, c’eft une affaire prefte.
LEAN D RE.

Hé, cela ne va pas.fi vifte que ta tefte.
Son Pere eft un làuvage à qui je férois peur,
A moins que d’eftre Huiffier, Sergent, ou Procureur,
On ne voit point là Fille. Et la pauvre Ilàbelle >
Invifible & dolente, eft en prifon chezelle,
Elle voit diffiper fà jeuneflè en regrets,
Mon amour en fumée, & fon bien en procez.
Il la ruinera, fi l’on le laiffe faire.
Ne connoiftroinu point quelque honncfte FaufTaire,

Qui lèrvift Ces amis, en le payant s’entend,
Quelque Sergent zelé.

L’INTIME*.

Bon, l’on en trouve tant,

LEANDRE.

Mais encor.

FI NT ! ME*.
Ah, Monfieur, fi lèu mon pauvre Pere
Etroit encor vivant, c’cftoit bien voftre affaire.
Il gagnoit en un jour plus qu’un autre en fix mois,
Ses rides fur fon front gravoient tous Ces E.vplois.
Il vous euft arrefté le Carroffc d’un Prince.
Il vous reuftprisluv-mefine ; & fi dans la Province
Il Ce donnait en tout vingt coups de nerfs de bœuf,
Mon Pere pour fit part en embourfoit dix-neuf.
Mais dequoy s’agit-il ? Suis-je pas fils de maiftre i
J* vous fcrviray.

LEANDRE.
Toy ?

L’INTIME’.

Mieux qu’un Sergent peut-eftre^ LEANDRE. Tu porterois au Pere un faux Exploit ?

L’INTIME’.

Qaoy donc ?

LEANDRE. Tu rendrais à la Pille un Billet ?

L’INTIME*.

Pourquoy non*

Je fuis des deux meftiers.

LEANDRE.
Vien, je l’entens qui crie ^
Allons « ce deûein refver ailleurs.


SCENE VI.

CHICANNEAU, allant, & revenant..

I/ABrie.

Qu]on garde la maifon, je reviendray bientôt) :.
CjVon ne laiflè monter aucune ame là-haut.
Fais porter cette lettre à la Pofte du Maine.
Prens-moy dans ce Clapier trois.Lapins de garenne,
Et chez mon Procureur porte-les ce matin.
Si fon Clerc vient ceans, fais luy goutter mon vin.
Ah ! donne luy ce làc qui pend a ma lèneftre.
Es-ce tout ? Il viendra me demander peut-eftre,
Un grand homme lèc, là, qui me lèrt de témoin,’..
Et qui jure pour moy lors que j’en ay befoin.
Qujl m’attende. Je crains que mon Juge ne forte.
Quatre heures vont fonner. Mais frappons à fâ porte.

PETIT JEAN, entrouvrant la parte.
Qui va là i

CHICANNEAU.
Peut.on voir Monfieur ?

PETIT JEAN, refermant la porte.

Non.

CHICANNEAU.

Pourroit-on Dire un mot à Monlieur fon Secretaire ?

PETIT JEAN.

Non.

CHICANNEAU. Et Monfieur fon Portier ? j, PETIT JEAN. C’eft moy-mefine.


CHICAN NEAU

De grace,
Beuvez à ma lànté, Monfieur.

PETIT JEAN.

Grand bien vous raflè.

Mais revenez demain.

CHICANN EAU.

Hé rendez donc l’argent. Le Monde eft devenu, fans mentir, bien m : fchant. J’ay vû que les procez ne donnoient point de peine Six elcus en gagnoient une demy-douzainé. Mais aujoutd’huv je croy que tout mon bien entier Ne me fuffiroit pas pour gagner Un Portier. Mais j’apperçoi venir Madame la Comtefle De Pimbefche. Elle vient pour affaire qui preflè.

SCENE VII.

CHICANNEAU, LA COMTESSE,

MCHICANNEAU.
Adame, on n’entre plus.

LA COMTESSE.

Hé bien, l’ay-jepas dit,. Sans mentir, mes valets me font perdre l’erpri ». Pour les foire lever, c’eft en vain que je gronde, Il faut que tous les jours j’éveille tout mon monde,

CHICANNEAU. 11 faut abfolument qu’il lè fafl’e celer.

LA COMTESSE. Pour moy, depuis deux jours jé ne luy puis parler.

CHICANNEAU. Ma Partie eft puiflante, & j’ay lieu de tout craindre.

LA COMTESSE. Apres ce qu’on m’a fait, il ne faut plus Ce plaindre.


CHICANNEAU.
Si pointant j’ay bon droit.

LA COMTESSE.

Ah, Monficur, quel Arreft f

CHICANNEAU. Je m’en rapporte à vous. Ecoutez, s’il vovs plaift.

LA COMTESSE. 11 faut que vous Içachiez, Monfieur, la perfidie.

CHICANNEAU. Ce n’tft rien dans le fonds.

LA COMTESSE.

Monficur, que je vous die,.. 1

CHICANNEAU. Voicy le fait. Depuis quinze ou vingt ans en ça r An travers d’un mien pré, certain Alnon pafla, S’y veautra, non làns faite un notable dommage Dont je fbrmay ma plainte au Juge du.village, je fais faifir l’Afnon, Un Expert efl nomme. A deux bottes de foin le dégaft eftimé r Enfin au bout d’un an Sentence par laquelle Nous femmes renvoyez hdrs de Cour, j’en appelle. Fendant qu’à Y Audiancc on pourfuit un Arreft, Remarquez bien cesy, Madame, s’il vous plaift* Noftre amy Droiichon, qoi n’eft pas une befte, Obtient pour quelque argent, un Arrefb fut Reqliefte » Et je gagne ma caulè. A cela que fait-on ï Men Chicanaient s’oppoft à l’execution. Awre incident. Tandis qu’au procer on travaille, Ma."artieen mon pré laiflè aileria volaille, Ordonné qu’il lèra fait rapport à la Cour Da foin que peut manger une poulie en un jour^ le tout joint au procez enfin, & toute choie Demeurant en etkM, on appointe te caulè Le cinquiéme on fixiéme Avril cinquante-fix. J’écris fût nouveaux frais. }e.produis, je fournis De Dits, de Contredits, Enqueftes, Compulfoires ~, Rapports d’Experts, Tranlpotts, trois Interlocutoires,

Griefs & Faits nouveaux, Baux & Procez verbaux.
J’obtiens Lettres Royaux, & je m’inlcris en Faux.
Quatorze Apointemens, trente Exploits, fix In-
’Kances,

Six-vingt Productions, vingt Arreftsde Délènfcî,
Arrell enfin. Je perds ma caufè avec defperti,
Eftimez environ cinq à fix mille francs.
Es-ce là faire droit ? Es-ce là comme on juge ?
Apres quinze ou vingt ans ? 11 me refte un refuge,
La Requefte civile eu ouverte pour moy,
Je ne fois pas rendu. Mais vous, comme je roy,
Vous plaidez.

LA COMTESSE,
Pluft à Dieu.
CHIC AN NE AU.

j’y brûleray mes livïes,

  • LA COMTESSE.


"CHICANNEAU.

Deux bottes de foin cinq à fix mille livres : LA COMTESSE. Monfieur, tous mes procez alloient eftre finis,. Il ne m’en reftoit plus que quant ou cinq petits. L’un contre mon Mary, l’autre contre mon Pere^ Et contre mes Enfans. Ah, Monfieur vk rftifcrc ! Ji ne fçay quel biais ils ont imaginé, Ny tout ce qu’ils ont fait. Mais on lent a donné Un Arreft, par lequel moy veftuë & nourrie, On me délènd, M onfieur, de plaider de ma. vie.. CHICANNEAU.

De plaider !

LA COMTESSE.
De plaidei,

CHICANNEAU.
Cefte*, le trait eft noirv
J’en fois forpris.

LA COMTESSE.
Monficut, j’en fuis au deSfpoîc.


Chic Anneau
Comment lier les mains aux gens de voftre focte ? Mais cette penfion, Madame, eft-elle forte ?

LA COMTESSE. Je n’en vivrois, Monfieur, que trop honneftemenc. Mais vivre fans plaider, es-ce contentement !

. CHICANNEAU. DesChicaneurs viendront nous manger jufqu àTame, Et nous ne dirons mot ? Mais, s’il vous plaift, Madame,

Depuis quand plaidez-vous ?

LA COMTES SE.

Il ne m’en fouvient pas.’Depuis trente ans au plus.

CHICANNEAU.

Ce n’eft pas ttop.
LA COMTESSE.

Helas !

CHICANNEAU.
Et quel âge ayez-vous ? Vous avez bon vùage.

LA COMTESSE.
Hé quelque foixante ans.

CHIC ANN EAU.

Comment, c’eft le bel àge

Pour plaider.

LA COMTESSE.
Laiflèz faire, ils ne font pas au bout.’
T’v vendray ma chemilè, & je veux rien, ou tout ?

CHICANNEAU.
Madnme, écoutez moy Voicy ce qu’il faut faire.

LA COMTESSE.
Oiiy Monfieur, je vous croy comme mon proprePere^

CHICANNEAU. J’irois trouver mon Juge,

LA COMTESS E.

Oh, oiiy, Monfi eur, J’iray ?


CHIC ANNEAU. Me jetter à lès pieds..

LA COMTESSE.
, O’ay, je m’y jettera/.
Je l’ay bien teCola.

CHI CANNE AU.

Mais daignez donc m’entendre. LA COMTESSE. Oiiv, vous prenez la chofe ainfi qu’il la faut prendre,

CHIC ANNEAU. Ayez-vous dit, Madame ?

LA COMTESSE.

Ouy, Monfieur..
CHI CANNE AU.

j’irois donc

Trouver mon Juge..

LA COMTESSE.
Helas, que ce Monfieur eft bon !

CHICANNEAU.
Si vous parlez toujours, il faut que je me tailè.

LA COMTESS E.
Ah que vous m’obligez ! je ne me fens pas d’ailè.

CHICANNEAU.
J’irois trouver mon Juge, & luy dirois….

LA COMTESSE.

Et laj dirois, Monfieur….

L A COM T ESS E.

Ouy, Monfieur.

CHI CANNEAU.

Liezmoy^

LA COMTESSE.

Moniîeur, je ne veux point eftre liée.

CHI CANNEAU.

A l’autre.


LA COMTESSE. Je ne la lèray point.

CHICANNEAU.

Quelle humeur effc la voftre ! LA COMTESSE.

Non.

CHICANNEAU. Vous ne fçivez pas, Madame, oii je viendrayj. LA COMTESSE. Je plaiderav, Monfieur, ou bien je ne pourray, CHICANNEAU.

Mais….

LA COMTESSE. Mais je ne veux point, Monfieur, que l’on me lie,’CHICANNEAU. Enfin quand une lèmme en tefte a fa folie,. *.

LA COMTESSE.
Fou, vous-mdme

CHICANNEAU.
Madame 1
LA COMTESSE.

Et pourquoy me lierï
CHICANNEAU.

Madame….

LA COMTESSE.
Voyez-vous ? il fe rend familier.
CHICANNEAU.
Mais Madame….

LA COMTESSE.
Un rrallèux qui n’a que là chicane..
Veut donner des avis.

C HI CANNE AU.

Madame !
LA COMTESSE.

Avec Con Afne ;
CHICANNEAU.
Vous me pouff ez.


LA CO MTESSE.
Bon homme, allez garder vos foins.
CHICANNEAU.
Vous m’excedez.

LA COMTESSE* _
Le for.
CHIC ANNEAU.

Que n’ay-je des témoins !

SCE NE VIII.

PETITJEAN, LA COMTESSE » CHICANNEAU.

PETIT JEAN.

VOyez le beau fabbat qu’ils font à noftre porte.
Meffieurs, al’.ez plus loin tempefter de la forte..
C H ICANNEAU.
Monfieur, lôyez témoin….

LA ÇOMTESSE.

Que Monfieur eli un Cot,
CHICAN N E AU.
Monfieur, vous l’entendez, retenez bien ce mot,

PETIT JEAN
Ah, vous ne deviez pas làcher cette parole.

LA COMTESSE.
Y rayment c’eft bien à luy de me traitter de folle :

PETIT JEAN,
folle ? Vous avez tort. Pourquoy l’injurier ï

CHICANNEAU.
On laconftiJle.

P ETIT JEAN.
Oh.

LA COMTESSE.

Ouy, de me faire liee.


PETIT JEAN

Oh, Monsieur.

CHICANNEAU.

Jufqu’au bout que ne m’écoute-t’elle ?

PETIT JEAN.

Oh, Madame.

LA COMTESSE,

Qui moy, souffrir qu’on me querelle ?

CHICANNEAU.

Une crieuse.

PETIT JEAN.

Hé paix.

LA COMTESSE.

Un chicaneur.

PETIT JEAN.

Hola !

CHICANNEAU.

Qui n’ofè plus plaider.

LA COMTESSE.

Que t’importe cela ? Qu/s-ce qui t’en revient, faussaire abominable ? Brouillon, voleur.

CHICANNEAU.

Et bon, & bon bon, de par le diable, Un Sergent, un Sergent.

LA COMTESSE.

Un Huissier, un Huissier.

PETIT JEAN.

Ma foy, Juge, & Plaideurs, il faudroit tout lier.


Fin du Premier Acte.


ACTE II.

SCENE PREMIERE.

LEANDRE, L’INTIME*.
L’INTI M E*.

Monsieur encore un coup, je ne puis pas tout faire.

Puis que je fais l’Huiffier, faites le Commiflfaire,
En robbe fur mes pas il ne faut que venir,
Vous aurez tout moyen de vous entretenir.
Changez en cheveux noirs voftre perruque blonde^
Ces Plaideurs fondent-ils que vous foyez au monde ?
Hé ! lors qu’à voitre Pere ils vont faire leur cour,
A peine lèulement (çavez-vous s’il eft jour.
Mais n’admirez-vous pas cette bonne Comteflè
Qu’avec tant de bonheur la fortune m’adreflè,
Qui des qu’elle me voit donnant dans le panneau ^
Me charge d’un Exploit pour Mqnfieur Chicanneau,’
Et le fait affigner pour certaine parolle,
Dilànt qu’il la voudroit faire pallèr pour folle,
Je dy folle à lier, 8c pour d’autres excez
Et blafphemes, toujours l’ornement des procez. »
Mais vous ne dites rien de tout mon équipage ?
Ay-je bien d’un Sergent le port & le yilàge ?
LEANDRE.

Ahfo rtbienr


L’INTIME’.
Je ne (çay. Mais je me fais enfin
l’ame & le dos iix fois plus durs que ce matin.
Qnoy qu’ilenfoit, voicy l’Exploit, & voftreLettre.
Ilabelle l’aura, j’ofe vous le promettre
Mais pour faire figner le Contradr que voicy,
Il faut que fur mes pas vous vous rendiez icy.
Vous lèindrez d’informer fur toute cette affaire,
Et vous lèrezl’amour en prefaice du Pere.

LEANDRE.
Mais ne va pas donner l’Exploit pour le Billet.

L’INTIM E\
Le Pere aura l’Exploit, la Tille le Poulet.
Rentrez.

SCENE II.

L’INTIM E\ IS ABELLE.
ISAB ELLE.

Ui frappe ?

L’Intimé
Ami. C’est la voix d’Isabelle.

Isabelle
Demandez-vous quelqu’un, monsieur ?

L’Intimé
Mademoiselle,
C’est un petit exploit que j’ose vous prier
De m’accorder l’honneur de vous signifier.

Isabelle
Monsieur, excusez-moi, je n’y puis rien comprendre.
Mon père va venir qui pourra vous entendre.


L’INTIME’.
Il n’eft donc pas icy, Mademoilèllef
ISABELLE.

Non.’

L’INTIME’. L’Exploit, Mademoilèlle, eft mis fous voftrenom,’

ISABELLE.
Monfieur, vous me prenez pour un autre (ans doute ;
Sans avoir de procez, je fçay ce qu’il en couftc s
Et fi l’on n’aimoit pas à plaider plus que moy,
Vos paieils pourroient bien chercher un autre emplsj ;
Adieu.

L’I NTIME’.
Mais permettez….

ISABELLE.
Je ne veux rien permettre^
L’I N T I M E’.
Ce n’eft pas un Exploit.

ISABELLE.

Chanfon.
L’I N T I M E’.

C’eft une Lettre, "
ISABELLE.

Encor moins.

L’I NT I M E’.
Mais lilèz..

ISABELLE.

Vous ne m’y tenez pa « .
L’INTI M E’.
C’eft de Monfieur…,

ISABELLE.
Adieu.
L’INTIME’.

Leandre,
ISABELLE.

Parlez bas.

C’eft de Monfieur ?

L’INTIME’.
Que diable, on a bien de la peine
A Ce faire écouter, je fois tout hors d’haleine.

ISABELLE.
Ah, l’Intimé, pardonne âmes lèns étonnez.
Donne.

L’I N T I M E
Vous me deviez lèrmer la porte au nez,
ISABELLE.
Et qui t’auroit connu déguile de la forte ?
Mais donne,

L’INTIME’. Aux gens de bien ouvre-t’on voftre porte ; ISABELLE. Hé, donne donc ?

L’INTIME’.

La pefte.,..

ISABELLE.

Oh, ne donnez donc pas,’
Avec voftre Billet, retournez fur vos pas.

L’INTIME’.
Tenez. Une autrefois ne (oyez pas fi pronte.’

SCENE III.

CHICANNEAU, ISABELLE,
L’INTIME’.
CHICANNEAU.

OUy ? Je fuis donc un for, un voleur à fon conte ?’
Un Sergents’eftchargé dela remercier,
Et je luy vais lèrvir un plat de mon meftier.

Je Crois bien fafèhé que ce fuft à refaire J
Ny qu’elle m’envoyaft aflîgner la premiere.
Mais un homme ky parle à ma Fille. Comment ?
Elle lit un Billet ; Ah, c’eft de quelque Amant.
Approchons.

ISABELLE.
Tout de bon, ton Maiftre eft-il fincere ?
Le croiray.je ?

L’INTIME’. Il ne dort non plus que voftre Pere Il fè tourmente. Il vous….* lèra voir aujourd huy Que l’on ne gaigne guere à plaider contre luy.

  • apercevant Chicaneau, ISABELLE. C’eft mon Pere. Vrayment, vous leur pouvez apprendre,


Que fi l’on nous pourfuit, nons fçaurons nous délèndre.

Tenez, voilà le cas qu’on fait de voftre Exploit.

C HIC ANN EAU. Comment ? C’eft un Exploit que ma Fille litoit ? Ah, tu lèras un jour l’honneur de ta famille. Tu délèndras ton bien.Vien mon fang, vien ma Fille,’Va je t’acheteray le Praticien François. Mais diantre, il ne faut pas déchirer les Exploits,

ISABELLE. Au moins dites leur bien que je ne les crains guere 1 Ils me lèront plaifir, je les mets à pis faire, ;  ;

CH ICANN EAU. Hé ne te falèhe point.

ISABELLE.

Adieu, Monfieur^


SCENE IV.

CHICANNEAU, L’INTIME’. L’INTIME’.

WR ça

Yerbalifons.

CHICANNEAU. Monficur, de grace, exculèzla. Elle n’eft pas infttuite. Et puis, fi bon vous fèmble. En voicv les morceaux que je vais mettre enlèmble, L’INTIME’.

Non.

CHICANNEAU.
Je le liray bien.

L’INTIME".

Je ne fuis pas mefcaanr, " T’en ay fur moy copie.

CHICANNEAU.

Ah.’le trait efl touchant. Mais je ne fçay pourquoy, plus je vous envilàge, Et moins je me remets, Monlleur, voftre vitege.. le connoy force Huiffiers.

L’INTIME’. Informez vous de moy, le m’acquitte aflèz bien de mon petit employ,

CHI CANN EAU. Soit. Pour qui venez-vous}

L’INTIME’.

Pour une brave Dame, Monfieur, qui vous honnore, & de toute fon ame, Voudroit que vous vinifiez à ma fommation Luy faire un petit mot de reparation.


CHICANNEAU. De reparation ? Je n’ay bleffé perfonne.

L’INTIME’. Jelecroy, vous avez, Monfieur, l’ame trop boune,

CHICANNEAU. Que demandez-vous donc ?

L’I N T I M E*.

Elle voudroit, Monfieur, Que devant des témoins vous luy fiffiez l’honneur De l’avouer pour fàge, & point extravagante.

CHICANNEAU.
Parileu c’eft ma Comteflè,

L’INTIME".
Elle eft vollre lèrvante.

C H I CANNEAU.
Je fuis fon lèrviteur.

L’INTIME’.

Vous eftes obligeant i

Monfieur.

CHICANNEAU. Ouy, vous pouvez l’afiurer qu’un Sergent Luy doit porter pour moy tout ce qu’elle demande. Hé quoy donc ? Les battus, ma foy, payront l’amen.^ de.

Voyons ce qu’elle chante. Hon…r Sixième lanvitr.
Ejfnar 47e forte parejprit de chicane,
Haute Ç$ puiffante Dame, Xolande Cudafne 3
Comtejie de Pimbefche, Orèefche, ǧ cetera.
Il foit dit que fur l’heure il fi tranjportera
uiu logis de la Dame là d’une —noix clatre,
Devant quatre témoins aftiftez, d’un Notaire,
Zefte, ledit Hierofme avouera hautement
Qj£il la tient pour fenfie de ton jugement.
Le Bon. C’cft donc le nom de voftre Seigneurie ?


L’INTIME’.
Pour vous lèrvir. Il faut payer d’effronterie

CHI CANN EAU.
Le Bon ? Jamais Exploit ne fut figné le Bon..
Monfieur le Bon.

L’INTIME’.
Monfieur.
e CHICANNEAU.

Vous eftes un frippon. L’INTI M E’. Monfieur, pardonnez moy, je fuis fort honnefte homme.

CHI CANN E AU.
Mais frippon le plus franc qui foit de Caën à Rome,

L’INTIME’.
Monfieur, je ne fuis pas pour vous de&voiier,.
Vous aurezla bonté de mele bien payer.

CHICANNEAU.
Moy payer ? En foufflets,

L’INTIME’.

Vous eftes trop honnefte, Vous me le payerez bien.

CHICANNEAU.

Oh, tu me romps la tefte. ^EÎfla—jtflilàJan nijiaiji^i

Un foufflct ! Jifcrivons. Lequel Hierofme, apres pin fit un rebellions, ^iuroit atteint, frappé, moj Sergent à la joue, Et fait tomber du coup mon chapeau dans la boue. CHICANN EAU.

Ajoufte cela,

L’INTIME’.
Bon, c’eft de l’argent contant,
J’en avois bien befoin. Et de ce non contant,
Aurait avec le pied reiteré. Courage.

Outre plfts. Le fufdt ferott venu de rage.
Four lacerer ledit prcfent Proce^nerial.
Allons, mon cher Monfieur, cela ne va pas mal.
Ne vous relalèhez point.

CHICANN EAU.
Coquin.

L’INTIME’.
Ne vous déplaire,
Quelques coups de bafton, & je fuis à mon ailè.

CHICANNEAU. Ouy-da. Je verray bien s’il eft Sergent..

L’I N T I M E’, en pojiure d’écrire.

Toft donc,. Trappez. J’ay quatre enfans à nourrir.

CHICANN EAU…

Ah, pardon] Monfieur, pour unSergent je ne pouvois vous prendre} Mais le plus habile homme enfin peut Ce méprendre, Je fçauray reparer ce foupçon outrageant. Oiiy, vous eftesSergent, Monfieur, & tres-Sergent,. Touchez là. Vos pareils font gens que je revere, Et j’ay toujours efté nourri par feu mon Pere, Dans la crainte de Dieu, Monfieur, & des Sergens, "

L’INTIME’. Non, à fi bon marché l’on ne bat point les gens.

CHICANNEAU. Mnnfcnf.point de procez.

„ „, , „ Serviteur. Contumace, Balton leve, foufflet, coup de pied Ah’CHICANNEAU.

Rendez les moy plûtoft. DC"

L’INTIME.
Suffit qu’ils foient rcceus.
Je ne les voudrois pas donner pour mille elèus.


SCENE V.

LEANDRE, CHICANEATJ, L’INTIME’. L’INTIME’. XTOkj fort à propos Monfieur le Commiûaire..

V Monfieur, voftre prélènce eft icy neceflaire.. Tel que vous me voyez, Monfieur icy pré/ènt M’a d’un fort grand fourrier fait un petit prélènt.

LEANDRE. A vous, Monfieur î.

L’INTIME’.

A moy, parlant à ma perfonne. Item, un coup de pied ; plus, les noms qu’il me donne,

LEANDRE. Avez-vous des témoins ?

L’INTIME’.

Monfieur, raftez pintoft, Le foufflet fur ma joué" aft encore tout chaud.

LEANDRE.
Pris en flagrant delit. Affaire criminelle.
CHIC ANNE AU.

Foin de moy. ~

LiNii M, L~

Plus, fa Fille, au moins foy dilant telle, A mis un mien papier en morceaux, proteftant Qifon luy lèroit plaifir, & que d’un œil content, Elle nous défioit.

LEANDRE.

Faites venir la Fille.. X’efprit de contumace eft <lans cette famille.


CHICANNEAU.
Il faut abfolument qu’on m’ait enforcele,
Si j’en connoy pas un, je veux eftre eftranglc.

LEANDRE.
Comment, battre un Huiffier ! Mais voicy la Rebelle..

SCENE VL

LEANDRE, ISABELLE,
CHICANNEAU, L’INTIME’.

VL’I N TIM E\ À lftbelle.
Ous Je reconnoiflèz.

LEANDRE.

Hé bien, Mademoifelle C’eft donc vous qui tantoft braviez noftre Officier, Et qui fi hautement ofez nous défier ? Voftre nom l

ISABELLE.

Hàbelle.
LEANDRE, à l’Intimé.

Ecrivez. Et voftre àge ?.
ISABELLE.

Dix-huit ans.

CHICANNEAU.

tue en a quelque peu davantage,

Mais n’importe.

LEANDRE.

Eftts-vous en pouvoir de Mary ? ISABELLE.

Non, Monfienr.

LEANDRE.

Vous riez ; Ecrivez qu’elle a ry.


CHICANNEAU. Moniteur, ne parlons point de Marys à des’Filles’. Voyez-vous, ce font là des lècrets de familles.

L EAN DRE.
Mettez qu’il interromp.

CHICANNEAU.’
Hé je n’y penfois pas :
Prens bien garde, tria Fille, à ce que tu diras.

LEANDRE.
Là, ne vous troublez point. Répondez à voftre ailè
On "ne veut pas rien faire icy qui vous déplaire.
N’avez-vous pas reçeû de.l’Huiflîer que voilà.
Certain papier tantoft ?

ISABELLE.
Oiiy, Monfieur*.
CHICANNEAU..

Bon celai

LEANDRE. Avez-vous déchiré ce papier fans le lire >

ISABELLE.
Monfieur, je l’ay leû^.

CHICANNEAU.
Bon.
LEANDRE.

Continuez d’écrire. Et pourquoy l’avez-vous déchiré ?

ISABELLE.

J’avois peur
Ç^uc mou Perc ne prift l’arràire iiup à I.œui,
Et qu’il ne s’échauffaft le fang à fa le&ure.

CHICANNEAU.
Et tu fuis les Procez ? c’eft méchanceté pure.,

LEANDRE.
Vous ne l’avez donc pas déchiré par dépit,
Ou par mépris de ceux qui vous l’avoient écrit ?


ISABELLE.
Monfieur, je n’ay pour eux ny mépris, ny colere,

IEANDRE.

Ecrivez,

CH I C A N N E.A U.
Je vous dy qu’elle rient de fon Pere
Elle répond fort bien,

1E.ANDRE.
Vous montrez cependant
Pour tous les gens de robbe.un mépris évident.

ISABELLE.
Une robbe toujours rn’avoit choqué la veuë ; |
Mais cette averfion à pretent diminué’.

CHI.CAN N E AU.
La pauvre Enfant, Va, va, je te marieray bien
Dé ; que je le pourrav, s ! il ne m’en coufte rien.

LEANDRE.
A la Juftice donc vous voulez làtisfaire ?

ISABELLE,
Monfieur, je lèray tout pour ne vous pas déplaire, "

L’INTIME’. Monfieur, faites figner.

LEANDRE,

Dans les occafions
Soûtiendrez-vous au moins vos déportions.

ISABELLE,
Monfieur, aflùrez-vousqu’Ilàbelleeftconftante ;

LEANDRE.
Signez. Cela va bien, la Juftice eft contente.
Cà, ne fignez-vous pas, Monfieur ?
CH.ICANNEAU.

Oiiy-dà, gayement,’
A tout ce qu’elle a dit, je figne aveuglement.

LEANDRE, à Ifabelle. Tout va bien. A mes vœux lefuccés eft conforme
Il lîgne’un bon Contrait écrit en bonne forme,

Et lèra condamné tantoft fur fon écrit.

CH1CANNEAU.
Que luy dit-il ? Il ell charmé de (on efprit,

LEANDRE.
Adieu. Soyez toujours auffi làge que belle,
Tout ira bien. Huiffier, remenez.la chez elle."
Et vous, Monfieur, marchez.

CHIC ANN EAU.

Où Monfieur !
LEANDRE.

Suivez moy,

C HI C A N N E AU.

Où donc ?

L EAN DRE.
Vous le (çaurez. Marchez, de par le Roy.
CH1CANNBAU.

Comment ?

SCENE VII.

PETIT JEAN, LEANDRE,
CHIC AN NE AU.

Holà ! quelqu’un n’a-t-il point vu mon maître ?
Quel chemin a-t-il pris ? la porte ou la fenêtre ?

Léandre
À l’autre !

Petit Jean
Je ne sais qu’est devenu son fils ;
Mais pour le père, il est où le diable l’a mis.

Il me redemandoit làns ceflè Ces Epices,
Et j’ay tout bonnement couru dans les Offices
Chercher la boette au poivre. Et luy pendant cela
Eft difoaru.

SCENE VIII.

DANDIN, LEANDRE, CHICANNEAU, L’INTIME’, PETIT JEAN.

DANDIN.

Au, paix, que l’on Ce tailè là.
L EANDRE.

Hé grand Dieu.

PETIT JEAN.

Le voilà, ma foy, dans les gouttieres.’DANDIN. Quelles gens eftes-vous ? Quelles font vos affaires » Q[u font ces gens en robbe ? Eftes-vous Avocats ? Ca, parlez.

PETIT J EAN.

Vous verrez qu’il va juger les Chats^
DANDIN.
Avez-vous eû le foin de voir mon Secretaire ?
Allez luy demander fi je fçay voftre affaire,

LEAN DRE
Il faut bien que je Taille arracher de ces lieux.
Sur voftre Prifonnisr, Huiffier, ayez les yeux,

PETIT JEAN.
Ho, ho, Monfieur.

L E A N D R E.

Tay-toy fur les yeux de ta tefte
Et fuy moy…


SCENE IX.

OANDIN, CHICANNEAU,
LA COMTESSE, L’INTIME’.

DANDIN

Epcfchez. Donnez voftre Requefte CHICANNEAU. Monfieur, <àns voftre aveu, l’on me fait prifonnier.

LA COMTESSE.
He mon Dieu, j’apperçoi Monfieur dans fon grenier !
Que fait il là ?

L’INTIME*.
Madame, il y donne Audiancej
Le champ vous eft ouvert.

CHICANNEAU

On me fait violence,
Monfieur, on m’injurie, & je venois icy
Me plaindre à.vous.

LA COMTESSE.
Monfieur, je viens me plaindre aulfi.
CHICANNEAU, & LA COMTESSE.
Vous voyez devant vous mon adverlè Partie.

L’INTIME’. Parbleu, je.me veux mettre aufli de la partie. CHICANNEAU. LA COMT. & L’INTIME’. Monfieur je viens icy pour un petit Exploit.

CHICANNEAU. Hé, Meflîeurs, tour à tour, eipofons noftre droit.

LA COMTESSE. Son droit ? Tout ce qu’ildit font autant d’impoirures.*

D A N D I N. Cjules-ce qu’on vous a fait ?

CHICANNEAU, CHÏCANNEAU, L’INTIME’,
&LA COMT.
On m’a dit des injures.

L’I NT I M E’ continuant.
Outre un foufHet, Monfieur, que j’ay reçeû plus qu’eux,

CHICAN » NEAU. Monfieur, je fins Coufin de l’un de vos Neveux.

LA COMTESSÉ.
Monfieur, Pere Cordon vous dira mon affaire.

L’INTIME’.
Monfieur, jefiiisbaftard de voftre Apotiquaire.
D AND IN.

Vos qualitez ?

LA COMTESSE.
Je fais Comteflè.
L’ÏNTI M E*,
Huiffier.
GHICANNEAU.

Bourgeois.

Meflîeurs…,

DANDIN.
Parlez toujours je vous entens tous trois.
GHICANNEAU,

Monfieur….

L’INTIME’.

Bon, le voila qui faufile compagnie.
LA COMTESSE.

Helas !

CHIC ANNEAU.
Hé quoy, déja l’Audiance eft finie,.
Je n’ay pas eu le temps de luy dire deux mots..


SCENE X.

CHICANNEAU, LEANDRE fans robbe y &c

LEANDRE.

M EflîeuM, voulez-vous bien nous laiflèr en repos,

CHICANNEAU. Monûeur, peut.on entrer >

L EAN, DRE.

Non, Monlîeur, ou je meure,. CHICANNEAU. Hé pourquoy., j’auray fait en une petite heure, En deux heures au plus.

LEANDRE.

On n’entre poinr, Monfîeut,. LA COMTESSE. C’eft bien fait, dè lèrmer la perte à ce crieur. Mais moy….

LEANDRE. L’on n’entre point, Madame, je vous jure. LA COMTESSE, , Hb, Monfieur, j’enrreray.

LEAND.R E.

reat-cftre.. LA COMTESSE.

J’en fuis ieure.

LEANDRE, Par la fcneflxe donc


LA COMTESSE.
Par la porte.

LEANDRE.
Il faut voir.

CHICANNEAU.
Quand je devrois icy demeurer jufqu’au foir.

SCENE XI.

PETIT JEAN, LEANDRE,
CHICANNEAU, &c.

PETIT J E A N à Letndre.

ON ne l’entendra pas, quelque chofe qu’il faflè.
Parbleu, je l’ay fourré dans noftre làlle balli,
T out aupres de la cave.

LEANDRE.
F" un mot, comme en cent,
On ne voit point u.on Pere.

C HI CANNE AU.

Hé bien donc. Si pourtant Sur toute cette affaire il faut que j e le voye.

’Vanàtn paroifi p*tr le fouptraii. Mais que vois-je ? Ah, c’eft luy que leCiel nous révoye,

LEANDRE. Quoy par le foupirail ?

PETIT JEAN.

Il a le Diable au corps..
C HIC AN N EAU.
Monneur….. • —

P AND In ;
L’impertinent, fans luy j’cftois dehors..


CHICANNEAU.

Monfieur, , ^.

D AN DIN.

Retirez-vous, vous eftes une befte, C HI C A N N E AU. Monfieur, voulez vous bien., ,.

D ANDIN.

Vous me rompez la tefte, CHICANNEAU. Monfieur, j’ay commandé…,

D AND IN.

Tailèz-vous., vousdic-orC CHICANNEAU. Qae l’on portaft chez vous….

D A N D I N.

Qujon le meine en prifon. CHIC AN NEAU. Certain cartaut de vin.

D A N DI N.

Hé je n’en ay que faire’CHICANNEAU. C’efl de ttes-bon mufcat.

DAN DIN.

Redites voftre affaire^ LEANDRE, ^ l’Intimé. Jl faut les entourer icy de tous coftez. LA COMTESSE. Monfieur, il vous va dire autant de fauflètez..

CHICANNEAU. Monfieur, je vous dy vray.

DAN DIN.

Mon Dieu, laiflèz-ladire^ LA COMTESSE. Monfieur, écoutez-moy.

DANDIN.

Souffrez que je refpire


CH ICANN EAU.
Monûeur ZI

D AND IN.
Vous m’étranglez.

LA COMTESS E."

Tournez les yeux vers mojv DANDIN. Elle m’étrangle. Ay.ay.

CHIC ANNEAU.

Vous m’entraifnez ^ ma foy.. Prenez garde, je tombe.

PETIT JEAN.

Ils font fijr ma parolà, ;’L’un & l’autre encavez.

’, : LE ANDRE."

Vifte, que l’on y vole !,.’Courez à leur lècours. Mais au moins je prétens Que Monfieur Chicanneau, puis qu’il eft là-dedans, N’en forte d’aujotird’huy. L’Intimé, prens-y garde.

S L’INTIME’. Gardez le foupirail.

s, LEANDRE

Va vifte, je le garde..

SCENE, XII.

LA COMTESSE, LEANDRE,.

LA COMTESSE.’

Mllèrable ! il s*en va luy prevenir l’eforit.
Par le foupirail,.
Monfieur, ne croyez rien de tout ce qu’il vous dit.
Il n’a.point de témoins, , C’eft un menteur.


LE ANDRE.
Madame,

Que leur contez-vous làrPeur-eftre ils rendent l’a me,

LA COMTESSE. 11 luy lèra, Monfieur, croire ce qu’il voudra. Souffrez que j’entre.

LEANDRE.

Oh non, perfonne n’entrera^.
LA COMTESSE.
Je le voy bien, Monfieur, le vin mufcat opere
Auffi bien furie Fils que furTeiprit du Pere.
Patience. Je vais protefter comme il faut,
Contre Monfieur le Juge, & contre le cattaur.

L EAND R E.
Allez donc, & ceflèz de nous rompre la tefte.
Que de fous ! Je ne fus jamais à telle lèfte.

SCENE XIII. DAND1N, L’INTIME’, LEANDRE.

L’INTIME’.

[ danger’,

ÎX TOnfieur, où courez-vous ? C’eft vous mettre en
AvAEt vousboittez tout bas.

D AND I N.., —
Je veux aller juger.

LEANDRE.
C5ment, mon Pére^llôs, permettez qu’on vous pe » £,
Vifte, un Chirurgien.

DANDIN.

Qvul vienne à f Aùdiancy.i

LE AN DRE.,
Hé, mon Pere, arretiez..,.

D A N D I N.
Ho ! je voy ce que c’eft,
Tu pretens faire icy de moy ce qui te plaift.
Tu ne gardes pour moy relpecr ny complailànce.
Je ne puis prononcer une lèule Sentence.
Acheve, prens ce làc, prens vifle.


LEANDRE.
Hé doucemear, Mon Pere. Il faut trouver quelque accommodement, Si pour vous, làns juger, la vie eft un fupplice, Si vous eftes prerTé de rendre la Juftice, Il ne faut point fortirpour cela de chez vous, : Exercez le talent, & jugez parmy nous,.

D A N DI N. Ne raillons point icy de la Magiftrature. Vois-tu. Je ne veux point eftrc un Juge en peinture,.

LE AND RE. Vous lèrez au contraire un juge fàns appel, } t jugedu Civil comme du criminel. Vous pourrez tous les jours, tenir deux Audiances r Tout vous lèra chez vous matiere deSentences. Un valet m.anque-t’il de rendre un verre net ? Condamnez-le à l’amande, ou s’il lecalîe au fouet.

D AN 0 IN.
C’efl quelque cholè. Encor pafl’e quand on raifonne,.
Et mes vacations qui les payera ? Perûwme ?

LEANDRE.
Leurs gages vous tiendront lieu de nantillèment, ,

DA ND IN.
H parle, ce me lèmble, allèz pertinemment,.

LEANDRE,.
Contre un de vos voifins


SCENE XIV.

DANDIN, LEANDRE, L’INTIME’,
PETIT JEAN.

APETIT JEAN.
Rrefte, arrefte, attrape.

LEANDRE. Ah, c’eft mon Prifonnier fens doute qui s’échappa

L’INTIME’. Non, non, ne craignez rien.

PETIT JE AN"..

Tout eft perdu, 7^ Citron.’, ^ Voftre Chien…. Vient là-bas de manger un Chapon, Rien n’eft feur devant luy. Ce qu’il trouve, il I’empoite,

LEANDRE. Bon, voilà pour mon Pere une caufe. Main forte. Qu’on Ce mette apres luv. Courez tous.

DANDIN.

Point de bruit, Tout doux. Un amené fansfcandale fùffit.

LEANDRE.
Cà, mon Pere, il faut faire un exempte authentique,
Jugez feverement ce voleur domeftique.

DANDIN ;
Mais je veux faire au moins la chofe avec éclat ;
Il faut de part & d’autre avoir un Avocat,
Nous n’en avons pas un.

LEANDRE.

Hé bien, il en faut faire, Voilà voftre Porrier, & voftre Secretaire, Vous en ferez, je croy, d’excellens Avocats —, Ils font fort ignorans^.


L’INTIMt.
Non pas, Monfieur, non pas. J’endormiray Monfieur, tout auflî bien qu’un autre,’

P ETIT JEAN, l’our moy, je ne fçay rien, n’attendez rien du noftre.

LEANDRE r Ceft ta premiere caufe, & l’on te la fera*

PETIT JEAN. Mais je ne Êay pas lire.

DANDIN.

Hé J on te foufHera ?

DANDIN.
Allons nous préparer. Cà, Meilleurs. point d’intrigue ? Termons l’œil aux prefens, & l’oreille à la brigue. Vous, Maiftre Petit Jean, ferez le demandeur. Vous t Maiftre l’Intimé, foyez le défendeur.


ACTE III.

SCENE PREMIERE.

CHIC AN NE AU, LEANDRE, LE SOUFFLEUR.

CHJCANN EA.U.

OUr, Monfieur, c’eft ainfi qu’ils ont conduit l’affaire.

L’Huiflîer m’eft inconnu, comme.le Commiûaire. Je ne ments pas d’un mot.

Leandrb ;

Otiy, je croy tout celaî Mais fi vous m’en croyez, vous les taillerez là. En vain vous pretendez les pouffer l’un & l’autre, Vous troublerez bien moins leur repos que le vcftre, 1 Xes trois quarts de vos biens font déja idépenlèz ]A faire enfler des làes.l’un for l’autre entaffez ; £t dans une pourfoire à vous-meûne contraire.. ;

, CHICANNEAU.

Vrayment, vous me donnez un conlèillàlutairc^
Et devant qu’il Ibit peu, je veux en profiter.
Mais je vous prie au moins de bien folliciter.
Puis que Monfieur Dandin va donner audiance,
Je vais faire venir ma Fille en diligence.



On peut l’interroger, elle eft de bonne Foy^
Et mettneelle fçaura mieux répondre quemoyl

LEANDRE.
Allez & revenez, l’on vous fera juftice.

LE SOUFFLEUR.. v-Quel homme !

SCENE II.

LEANDRE, LE SOUFFLEUR,

JL EAU DRE. E me fers d’un étrange artifice^ / « Mais mon Pcre eft un homme à fèdefefperer-J » Et d’unecaufeen l’air il le faut bien leurrer. D’ailleurs j’aymon deflèin, & je veux qu’il condannê Ce fou qui reduit tout au pié de la chicane. JMais voicy tous nos gens qui marchent fùr nos pas.

SCENE III.

DANDIN, LEANDRE, L’I N TI ME’^ PETIT JEAN, LE SOUFFLEUR,

DANDIN.

qu’eftes-vous icy ?
LEANDRE.

Ce font les Avocats^


DANDIN.
Vous ?

LE SOUFFLEUR ;
Je viens fecourir leur memoire troublée,

DANDIN.
Je vous enrens. Et vous ?

LEANDRE.

Moy ? Je fuis l*affemblce,’
DANDIN.
Commencez donc.

LE SOUFFLEUR.
Meffieurs…

PETIT JEAN.

Ho, prenez le plus bas ; Si vous fourriez fi haut, Ton ne m’entendra pas. Meflieurs….

DANDIN.
Couvrez-vous.

PETIT JEAN.
Oh ! Mef….
DANDIN.

Couvrez-vous, vous dis-je,
TETIT J EAN.
Oh Monfieur, ie fçay bien à quoy l’honneur m’oblige,

DANDIN. Ne te couvre donc pas.

PETIT, JEAN, / ? ctuvrAnt.

Meffieurs…. Vous doucement ; Ce que je fçay le mieux, c’<eft mon commencement. Meffieurs, quand je regarde avec exactitude, L’inconftance du monde, & là viciflîtude ; Lors que je voy parmy tant d’hommes differens, Pas-une Eftoile fixe, & tant d’Aftres errans ; Quand je voy les Celàrs, quand je voy leur fortune Quand je voy le Soleil, & quand je voy la Lune —,

Quand je vois les États des Babiboniens[3]
Transférés des Serpents[4] aux Nacédoniens[5] ;
Quand je vois les Lorrains[6], de l’État Dépotique[7]
Passer au Démocrite[8], et puis au Monarchique ;
Quand je vois le Japon…

L’Intimé
Quand aura-t-il tout vu ?

Petit Jean
Oh ! pourquoi celui-là m’a-t-il interrompu ?
Je ne dirai plus rien.

Dandin
Avocat incommode,
Que ne lui laissiez-vous finir sa période ?
Je suais sang et eau, pour voir si du Japon
Il viendrait à bon port au fait de son chapon ;
Et vous l’interrompez par un discours frivole.
Parlez donc, avocat.

Petit Jean
J’ai perdu la parole.

Léandre
Achève, Petit Jean : c’est fort bien débuté.
Mais que font là tes bras pendants à ton côté ?
Te voilà sur tes pieds droit comme une statue.
Dégourdis-toi. Courage ! allons, qu’on s’évertue.

Petit Jean, remuant les bras.
Quand… je vois… Quand… je vois…

Léandre
Dis donc ce que tu vois.

Petit Jean
Oh ! dame ! on ne court pas deux lièvres à la fois.


LE SOUFFLLEUR.
On lit.

PETIT JEAN.
On lit…

LE SOUFFLEUR.
Dans la…
PETIT JEAN.

Dans la.

LE SOUFÎLEUR.

Metamorphofc,.

PETIT JEAN.

Comment ?

LE SOUFFLEUR.
Que la Metem…

PETIT JEAN.

Que la Metem.TL.
LE SOUFFLEUR.

PETIT J EAN.

Plycofè.

LE SOUFFLEUR.
Hé le cheval !

P ETIT J EAN.

Et le cheval,

LE SOUFFLEUR.

EncorJ

PETIT J.EAN.

LE SOUFFLEUR.
Le chien !

PETIT JEAN.
Le chien.
LE SOUFFLEUR.

Le butot !
PETIT ] ; EAN.

Le butor.


Le Soùifleûr ;

eftè de l’Avocat r

PETIT JEAN.

Ah pefte de toy-mefînet
Voyez cet autre avec là face de Carefine. Va-t’en au diable.

DANDIN.

Et vous, venez au fait. Un rnof

Du fait.

Petit Jean ;

Eh faut-il tant tourner autour du pôt ?
Ils me font dire auffi des mots longs d’une toife,
De grands mots qui tiendroient d’icy jufqu’àPontoife.’
Pour moy, je ne Içay point tànt faire de façon,
Pour dire qu’un Maftin vient de prendre un Chapon ?
Tant y a qu’il n’eft rien que voftre Chien « e prenne.
Qirtl a mangé là-bas un bon Chapon du Maine* ;
Que la premiere fois que je l’y trouveray,
Son procez eft tout fait, & je l’affommeray.-

LEANDRE.
Belle concluûon, & digne de l’exorde !’

PETIT JEAN. On l’entend bien toujours. Qui voudra mordre j. morde.

Dandin ;

Appeliez les témoins.

LEAN DRE

C’eft bien dit, s’il le peu ?.’lies témoins lbnt fort chers, & n’en a pas qui veut.1

PETIT JEAN. Nous en avons pourtant, & qui fontlàns reprochej

DANDIN ; Elites lés donc venir.

PETIT JEAN.

Je les ay dans ma pdche

Tenez : voilà la tête et les pieds du chapon.
Voyez-les et jugez.

L’Intimé
Je les récuse.

Dandin
Bon !
Pourquoi les récuser ?

L’Intimé
Monsieur, ils sont du Maine.

Dandin
Il est vrai que du Mans il en vient par douzaine.

L’Intimé
725Messieurs…

Dandin
Serez-vous long, avocat ? dites-moi.

L’Intimé
Je ne réponds de rien.

Dandin
Il est de bonne foi.

L’Intimé, d’un ton finissant en fausset.
Messieurs, tout ce qui peut étonner un coupable
Tout ce que les mortels ont de plus redoutable,
Semble s’être assemblé contre nous par hasar :
730Je veux dire la brigue et l’éloquence. Car
D’un côté, le crédit du défunt m’épouvante ;
Et, de l’autre côté, l’éloquence éclatante
De maître Petit Jean m’éblouit.

Dandin
Avocat,
De votre ton vous-même adoucissez l’éclat.

L’Intimé
735Oui-da, j’en ai plusieurs…
(du beau ton.)
Mais quelque défiance
Que nous doive donner la susdite éloquence,
Et le susdit crédit, ce néanmoins, Messieurs,
L’ancre de vos bontés nous rassure, d’ailleurs.

Devant le grand Dandin l’innocenceeft hardie,
Oiiy devant ce Caton de baflè Normandie,
Ce Soleil d’équité qui n’eft jamais terni,
yictrix eaufa dtjs f lacuit, fed —viéia CtttVM*

DANDIN..
Vrarment il plaide bien.

L" I NT l M E*..

Sans craindre aucune chofè,’.
Je prens donc la parole & je viens à ma caulè,
Ariftote, primo, perLPoliticon.,..
Dit fort bien „,

D A N D IN.
Avocat, il s’agit d’un Chapon J.
Et non point d’Ariftote, & de la Politique..

L’INTIME’.
Guy mais. L’authorité du Peripatétique
Prouveroit que le bien & le mal….

DANDIN..

Je prétens*
Qu^Ariftote n’a point d’autorité ceans.
Au fait. ;

L’INTIME’. _
Paulànias en lès Corinthiaques,., , ,
DANDIN.

Au fauv

L’INTrME’..
Rebuffe…

Dandin ;

Au fait, vous dis-je.’
L’INTLMET.

Le grand Jacques^. ;.
DANDIN.
Au fart, au fait, au fait.

L’INTIME’…

Araieno Pul in Prompt….


DANDIN ; Ho, je te vais juger.

L’INTIME’. *’vifte. Ho, Tous eftes fi prompf’Voicy le fait. * Un Chien vient dans une cuifine l Il y trouve un Chapon, lequel a bonne mine. Or celuy pour lequel je parle eftaffamé. Celuy contre lequel je parle autem plume. Et celuy pour lequel je dis, prend en cachette Celuy contre lequel je parle. L’on decrete. On le prend. Avocat pour Se contre appellé. Jour pris Je dois parler, je parle, j’ay parle.

DANDIN.
Ta, ta, ta, ta ; Voilà bien inltruire une affaire ?.
Il dit fort pofément ce dont on n’a que faire.,
Et court le grand galop quand il eft à (en fait..

L’I NTIME*.
Mais le premier, Monfieur, c’eft le beau.

DANDIN.

Ceftlelaid., rA-t"on jamais plaidé d’une telle methode i Mais qu’en dit l’aflèmblée ?

LEANDRE.

Il eft fort à la mode, V Vtf T I M Ë’, d’un ton vehement. Qtf àrrive-t’iljMefEeursîOn vient.Côment vient-onî On pourfirit ma Partie. On force une maùon. Quelle maifon ? Maifon de noftre propre Juge. On brîfe le lèllier qui nous fèrt de refuge. De vol, de brigandage, on nous declare auteurs ? On nous tràbqe. On nous livre à nos acculàreurs, A Maiftre Petit Jean, Meflieurs. Je vous attefte Qui nefçait que la Lby Si quis Canis, Digeftc De tiit Paragrapho, Meflieurs, CMponibus.. Eft manuellement contraire à cet abus ?

Et quand H feroit vray que Citron ma Partie
Auroit mangé Meffieurs, le tout, ou bien partie
Dudit Chapon. Qujon mette en compenlàtioa
Ge que nous avons rait avant cette action.
Quand ma Partie a-t’elle efté reprimandée 1 ?
Par qui voftre maifon a-t’elle efté gardée ?
Quand avons-nous manqué d’abboyer au larron Y
Témoin trois Procureurs dont iceluy Citron
A déchiré la robbe. On en verra les pieces.
Pour nous juftifier, voulez-vous d’autres Pieces u

PETIT JEAN/
Maiftre Adam….

L’INTIM B*.

Laiflèz-nous.
PETIT JEAN.

L’Intimé…
1 ? I NT I ME’.

Laiflez-nous,.
PETIT JEAN,

S’enroue.

L’INTIME’.
Hé laiflez-nous. Euh. Euh..
D AN D LN.

Repofezi-vomr

Et concluez.

L’INTI ME’, £ un ton pefrnt.. Puis donc, qu’on nou*, permet, de prendre, Haleine, & que l’on nous, defend, de nous, eftendre. Je vais, làns rien obmettre, & làns prévariquer r. Compendieufement énoncer, expliquer, Expofer à vos yeux, l’idée univerfelle De ma caufe, SC des faits, renfermez, en icélle ?

DANDIN. H auroit plûtoft fait de dire tout vingt fois Qfie de l’abreger une. Homme, ou qui que tu fois

Diable, conclus ; ou bien que le ciel te confonde.

L’Intimé
800Je finis.

Dandin
Ah !

L’Intimé
Avant la naissance du monde…

Dandin, bâillant.
Avocat, ah ! passons au déluge.

L’Intimé
Avant donc
La naissance du monde, et sa création,
Le monde, l’univers, tout, la nature entière
Était ensevelie au fond de la matière.
805Les éléments, le feu, l’air, et la terre, et l’eau,
Enfoncés, entassés, ne faisaient qu’un monceau,
Une confusion, une masse sans forme,
Un désordre, un chaos, une cohue énorme :
Unus erat toto naturae vultus in orbe,
810Quem Graeci dixere chaos, rudis indigestaque moles.

Léandre
Quelle chute ! Mon père !

Petit Jean
Ay ! monsieur ! Comme il dort !

Léandre
Mon père, éveillez-vous.

Petit Jean
Monsieur, êtes-vous mort ?

Léandre
Mon père !

Dandin
Hé bien ? hé bien ? Quoi ? Qu’est-ce ! Ah ! ah ! quel
[homme !
Certes, je n’ai jamais dormi d’un si bon somme.

Léandre
815Mon père, il faut juger.


Dandin
Aux galères.

Léandre
Un chien,
Aux galères ?

Dandin
Ma foi ! je n’y conçois plus rien :
De monde, de chaos, j’ai la tête troublée.
Hé ! concluez.

L’Intimé, lui présentant de petits chiens.
Venez, famille désolée ;
Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins :
820Venez faire parler vos esprits enfantins.
Oui, messieurs, vous voyez ici notre misère :
Nous sommes orphelins ; rendez-nous notre père,
Notre père, par qui nous fûmes engendrés,
Notre père, qui nous…

Dandin
Tirez, tirez, tirez.

L’Intimé
825Notre père, messieurs…

Dandin
Tirez donc. Quels vacarmes !
Ils ont pissé partout.

L’Intimé
Monsieur, voyez nos larmes.

Dandin
Ouf ! Je me sens déjà pris de compassion.
Ce que c’est qu’à propos toucher la passion !
Je suis bien empêché. La vérité me presse ;
830Le crime est avéré : lui-même il le confesse.
Mais s’il est condamné, l’embarras est égal.
Voilà bien des enfants réduits à l’hôpital.
Mais je suis occupé, je ne veux voir personne.


SCENE DERNIERE.

CHIC ANNE AU, ISABELLE, &c
CHIC AN NE AU.
•Onfienr….

DAN D I N.
Oiiy, pour vous feul l’Audianee Te donne.
Adieu. Mais, s’il vous plaift, queleftcet enfantla ;

CHI CANNE AU. C’eft ma Pille, Monficur.

.DAN D IN.

Hétoft, rappellcz-Ja :
ISABELLE.

.yeas eftes occupé.

DANDIN.

Moy ? je n’av point d’affaire^ Que ne me difiei-vous que vous elKez IbnPerej CHIC AN NE AU.

Monûeur…

D AND IN.

Elle fçait mieux voftre affaire que vouf, Dites. Qtf elle eft jolie, & qu’elle a les yeux doux ! Ce n’eft pas tout, ma Fille, il faut de la fàgefle. Je fuis tout réjoiiy de voir cette jeunelTe. Sçavcz-vous que j’eftoi* on Compere autrefois ? On a parle de nous.

ISABELLE.

Ah, Monfieur, je vous croisé
DANDIN.
Dy-nous i à qui veux-tu faire perdre la caufè ?

ISABELLE.

A perfonne.

DANDIN.
Pour toy je feray toute chofe.’

Parle donc.

ISAB ELLE.
Je vous ay trop d’obligation.


D AND IN.
N’avez-vous jamais veû donner la Queftion ?

I.S.AB ELLE.
-Non, & ne le verray, que je croy, 4e ma vie.

D AND I N.
’Venez, je vous en veux faite paflèr l’envie.

ISABELLE.
Hé Monfieur, peut-on voir fouffrir d « malheureux ?

DANDIN. iBon, cela fait toujours palier une heure, Qu deux.

CHICANNEAU. Monfieur, je viens icy pour vous dire…. L EAND RE.

Mon PereJ Je vous vais en.deux mors dire toute l’affaire^ C’eft pour un mariage, & vous fçaurez d’abord (Qu’il ne tientplus qu’à vous, & que.tout eft d’accord, La Fille le veut bien. Son Amant le refpirej, Ce que la Fille veut, le : Perele defire., C’eil à vous de juger.

JOANDIN, fe rapjtnt.

Mariez au plûtoft. JDés demain, fi l’on veut ; aujourd’huy, s’il le faut.

1EANDRE. Mademoifdle, allons, voilà voûte Beaupere, ^Saluez-le,

CHICANNEAU.

-Comment ?

DANDIN,

Quel eft donceemyftere ?
LEANDRE.
Ce que vous avez dit, lè fait de point en point.

DANDIN.
Puis que je l’ay jugé, je n’en reviendray point,

CHICANNEAU.
Mais on ne donne pas une Fille fans elle.

LEANDRE. Sans doute, & j’en çroiray la charmante Ifabelle."


CHICANNEAU.
Es-tu muette ? Allons. C’eft à toy de parler.
-Parle,

ISABELLE.
Je n’olë pas, mon Pere, en appelles
CHICANNEAU.
Mais j’en appelle, moy.

LEANDRE.

Voyez cette écriture. Vous n’appellerez pas de voftre fignature. CHICANNEAU.

J>Jaift-il ?

D ANDIN..C’eft un Contract en fort bonne façon. CHICANNEAU. Je voy qu’on m’a furpris, mais j’en auray raifon. De plus de vingt procez cecy fera la fource.. On a la Fille 3 Toit. On n’aura pas la bourcc.

XEANDRE. Jié ; Monfieur, qui vous dit qu’on vous demande rien, 1 Laiffez nous voftre Fille, & gardez voftre bien. CHICANNEAU,

lAh !

’XEANDRE. Mon Fere, eftes-vous content del’Audiance ! DANDIN. Oiiy-da, quelesprocez viennent en abondance, Et jepaflèavec vous le refte de mes jours, Mais que les Avocats (oient deformais plus courts, Et noftre criminel- ?

L E A N D R E.

Ne parlons que de joye ; Grace, grace, mon Pere.

DANDIN

Hé bien, qu’on le renvoya. C’eft en voftre faveur, ma Bru, ce que j’en fais. Allons nous délafler à voir d’autres procez.

FIN.