Les contes de nos pères/3/2

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chez Chlendowski (p. 139-151).


II

MADEMOISELLE DE MONTMÉRIL.




L ’huissier de M. le marquis de Poulpry, lieutenant de roi, annonça ce soir-là de bien illustres noms. À part les seigneurs tenant charges royales, tels que Vignerod-Duplessis, duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, M. de Pontchartrain, intendant (nommé) de l’impôt, le chef d’escadre Coëtlogon et bien d’autres, toutes les grandes maisons de Bretagne avaient des représentants dans les salons de M. de Poulpry. Rohan causait avec Goulaine, Rieux s’appuyait au bras de la Chevière ; Penhoët donnait la main à Combourg. Il eût fallu aller jusqu’à Versailles pour trouver une autre et aussi noble assemblée.

L’arrivée du président de Montméril et de sa fille fit événement, non-seulement pour MM. de Saint-Maugon, mais pour tout le reste de l’assistance. M. de Montméril, en effet, doyen des présidents à mortier du parlement breton, était fortement soupçonné de mauvais vouloir à l’encontre du gouvernement de Sa Majesté. Il fomentait, au sein des états, cette opposition hardie, et jusqu’alors victorieuse, qui repoussait l’intendant royal de l’impôt, et prétendait conserver à la province le droit d’administrer elle-même ses revenus. Hors des états, son rôle n’était pas moins actif, mais devenait, disait-on, plus coupable. Beaucoup affirmaient qu’il n’était point étranger à cette révolte partielle, peu offensive, mais obstinée, des paysans de la haute Bretagne, qui ne demandaient rien moins que l’annulation du pacte d’union consenti par la duchesse Anne, malgré son peuple. Madame de Sévigné, dans ses lettres, traite fort sévèrement cette insurrection ; les historiens la citent à peine pour mémoire, et ne se donnent point souci de discuter la légitimité de ses motifs. Ceci ne nous doit pas surprendre, attendu que les insurgés furent vaincus.

Mais l’Irlande aussi peut être vaincue. À Dieu ne plaise qu’il nous vienne à l’esprit une comparaison injurieuse pour la France ! La France fit de chaque Breton un Français, tandis que l’Angleterre, ce gigantesque comptoir qui spécule sur tout, sur le sang et sur les sueurs, ne prit l’Irlande que pour la pressurer. Néanmoins la Bretagne était un peuple, et l’on doit concevoir qu’il se puisse trouver parmi un peuple des esprits pour ne vouloir point comprendre qu’une femme ait le droit de capitaliser leur nationalité, afin de l’apporter en dot à l’étranger. Ces esprits ont tort dans tel cas donné ; leur révolte est peut-être condamnable ; mais, de toutes les révoltes, n’est-ce point celle-là qui se peut le plus naturellement excuser ?

Quoi qu’il en soit, quand la Bretagne s’insurge, ce n’est pas pour un jour, d’ordinaire, et ce n’est jamais tout à fait en vain. La révolte dont nous parlons, soutenue en quelque sorte par la résistance des états aux volontés souveraines de Louis XIV, fut souvent redoutable, et empêcha plus d’une fois de dormir les ministres du grand roi. En 1683, elle avait subi une recrudescence soudaine, et quelques jours avant le bal du marquis de Poulpry, on avait vu, aux portes mêmes de Rennes, une manière de bataille. Les paysans s’étaient retirés laissant une centaine de prisonniers aux gens du roi ; mais ils avaient promis de revenir, et Dieu sait qu’ils tenaient toujours les promesses de ce genre. Les captifs avaient été enfermés à l’ancien château ducal de la Tour-le-Bât, où l’on faisait bonne garde aux portes de la ville.

On doit penser que, dans ces circonstances extrêmes, il y avait, de la part de M. de Montméril, suspect de connivence avec les insurgés, une téméraire audace à venir braver jusqu’en son hôtel le représentant de l’autorité royale. Aussi son nom, prononcé, provoqua dans l’assemblée un chuchotement général et d’augure équivoque. Tous les yeux se fixèrent à la fois sur lui. C’était un vieillard de haute taille, à la physionomie sévère et dont le caractère principal indiquait une inflexible détermination. Il ne parut point prendre garde à l’émotion de la foule, et s’avança d’un pas lent et grave vers le marquis de Poulpry, qu’il salua avec une froide courtoisie. Cela fait, sans gêne aucune et sans affectation, il se mêla aux groupes des invités.

Quant à mademoiselle de Montméril, elle fit aussi sensation ; mais non point de la même manière. Sa vue mit dans le cœur des femmes le dépit et l’envie ; au cœur des hommes elle fit naître, comme toujours et partout dès qu’elle se présentait, une admiration sans bornes. Bertrand et Roger avaient raison tous les deux : c’était bien la plus belle !

Elle avait dix-huit ans : sa taille haute et flexible gardait de la fierté dans sa grâce ; elle marchait de ce pas correct et majestueusement naturel que ne peuvent point imiter les comédiennes affublées d’un rôle de vierge noble. Son front pur s’encadrait de boucles blondes qui ondulaient, élastiques et molles, jusqu’à la naissance de ses épaules, chastement voilées. Son œil, d’un bleu obscur, pensait et parlait ; sa bouche sérieuse savait sourire, et l’ovale exquis de son visage semblait emprunté aux tableaux de ces peintres d’Italie qui voyaient Marie et les anges dans les saintes extases de leur génie. Tout était beau dans cette belle fille ; son nom même lui était une parure ; elle s’appelait Reine.

Roger l’avait vue à Nantes, où M. de Montméril avait fait un voyage au commencement de l’hiver, pour s’entendre avec les mécontents de Clisson. Le cadet de Saint-Maugon, jeune, ignorant la vie, fougueux et faible à la fois, fut pris d’une de ces passions subites et accablantes qui croissent seulement au cœur des adolescents. Il aima Reine ardemment et sans mesure ; cet amour fut plus fort que sa timidité, il balbutia des mots de tendresse, et ne fut point repoussé.

Qui pourrait dire où s’arrête la légèreté, où commence la coquetterie ? Reine écouta Roger. Il était beau, et puis il aimait tant ! Mais lorsque Reine quitta Nantes pour revenir avec son père en la capitale de la Bretagne, ce fut sans douleur bien amère et sans regrets fort cuisants.

Tandis que Roger se morfondait en pensant à elle, Mlle de Montméril n’était pas cependant, il faut le dire, sans songer un peu à lui. Voici comment : elle avait trouvé à Rennes Bertrand de Saint-Maugon, lequel ressemblait à son frère comme une bonne épée de combat ressemble à une rapière de parade. Ce fut en comparant que Reine se souvint. Or la comparaison n’était point à l’avantage du pauvre Roger. Bertrand Mauguer de Saint-Maugon, baron de Keruau, capitaine au régiment de la couronne, était chef d’armes, et succédait aux biens considérables de Mauguer ; Roger n’avait, lui, que son épaulette d’enseigne.

Cette différence importait assez peu à Mlle de Montméril, mais elle avait un père, et nous en devons tenir compte. À part cela, d’ailleurs, Bertrand, vaillant soldat et cavalier accompli, ne le cédait en rien à son frère par les avantages extérieurs ; pour les choses de l’intelligence et de l’âme, il était évidemment son maître. Reine vit cela. Qui sait ? le pauvre Roger avait frayé peut-être la voie qui conduisait au cœur de sa maîtresse. Le chemin frayé, ce fut Bertrand qui passa. Reine crut voir en lui sans doute un autre Roger plus parfait et plus digne.

Mlle de Montméril était une de ces femmes qui accaparent les regards et monopolisent les hommages. Bertrand, au contraire de Roger, prétendit résister à l’attrait qui l’entraînait vers elle. Il se savait fort ; il se confiait en lui-même, mais sa force le trahit. Et comme il avait résisté davantage, l’amour entra plus profondément dans son âme. Ce fut une passion en quelque sorte réfléchie, où il y avait de la tristesse, mais de l’extase. Bertrand mit en Reine tous ses espoirs de bonheurs. Il l’aima comme savent aimer les natures d’élite, avec une tendresse de père, un culte de servant et un dévouement d’ami.

Nous l’avons dit, et le mot est à peine assez énergique : ce fut pour les deux frères un coup de foudre lorsqu’ils se virent rivaux. Roger fut frappé au cœur ; un monde de pensées navrantes fit irruption dans son cerveau ; il était jeune : il fléchit sous le poids de cette fatalité écrasante, inattendue ; l’angoisse de Bertrand fut plus mortelle encore, mais il soutint le choc. Les gens comme lui ne tombent qu’une fois ; c’est pour mourir.

Son frère était là, près de lui, renversé sur un siège, pâle, sans mouvement. À quelques pas, Mlle de Montméril, entourée d’un triple rang d’admirateurs, jetait au hasard ses sourires que l’on se disputait au passage. Son regard croisa celui de Bertrand, et tout aussitôt son sourire changea ; elle y mit des paroles, et le triple cercle tressaillit d’envie. Bertrand posa la main sur son cœur qui battait à soulever son uniforme ; puis, au lieu d’obéir au sourire qui était un appel, il salua gravement et se dirigea vers la porte.

Il était fils d’Adam. Avant de passer le seuil il se retourna. Le regard de Reine, perçant la foule, arriva jusqu’à lui et l’interrogea timidement.

— Avez pitié, mon Dieu ! murmura Bertrand qui fit un pas vers la jeune fille.

Mais son œil tomba sur le front pâli de Roger. Il refoula toute égoïste pensée, et souleva brusquement la portière derrière laquelle il disparut.

— Qu’a donc ce soir M. le baron de Keruau ? demanda le jeune M. de Kercornbrec en précipitant les véloces roulades du grasseyement de Quimper.

— Le bonheur le rend fou, répondit un cadet de Trégaz avec l’accent chromatique du pays nantais.

— Le fait est, s’écria M. de Châteautruhel, un gros homme rose et blanc, qui nasillait comme c’est le devoir et le droit de tout habitant de Rennes. — le fait est que le petit baron est un fortuné mortel !

Les gens de Vitré, de Vannes, de Saint-Brieuc et de Saint-Malo firent tour à tour leurs réflexions : à Vitré, l’on clapote ; à Vannes, les mots passent des deux côtés des langues épaisses ; à Saint-Brieuc, la voix se dandine lentement sur d’incroyables cadences ; à Saint-Malo… Mais, à tout prendre, où parle-t-on comme il faut ? Le véritable accent français est-il ce cahoteux et bruyant roulement à l’aide duquel s’étourdissent réciproquement les riverains de la Garonne ? Est-ce plutôt le débonnaire gloussement du Picard ? la traînante chanson du Normand ? le grêle et glapissant fausset du Parisien ? ou le chôli barler des pons hâpitants de l’Alsace ?

Reine n’écoutait point ces questions et ces réponses qui se croisaient autour d’elle. C’était, pour son oreille, un bourdonnement dépourvu de signification. Son regard restait fixé sur la porte par où venait de sortir Bertrand.

— Ne m’aime-t-il donc plus ! murmura-t-elle.

Reine fut bien triste pendant une grande demi-heure. Puis elle fut saisie par la fièvre du bal. Sa tête tourna au vent de ces frivoles pensées qui sont dans les notes joyeuses de l’orchestre, dans l’éblouissant éclat des girandoles, dans l’atmosphère de la fête, toute saturée de parfums. Elle dansa : ses rivales furent écrasées sous le poids de son triomphe ; son triomphe l’étourdit et l’exalta.

Soyons cléments. D’honnêtes cœurs, des hommes graves ont oublié parfois de sérieuses douleurs au milieu d’un succès de tribune ou d’académie ; nul ne résiste au prestige de l’ovation ; nous ne pouvons exiger que l’âme d’une jeune fille ait cette mémoire précise, tenace, imperturbable, que possède tout seul ici-bas l’estomac d’un député des centres.

Lorsque Roger parvint à secouer enfin l’affaissement physique et moral qui s’était emparé de lui, ses idées se prirent à rouler confusément dans son esprit, comme il arrive si l’on est éveillé en sursaut après un pesant sommeil. Il jeta autour de lui son regard étonné.

— Il s’est passé quelque chose ! murmura-t-il enfin avec frayeur, comme s’il eût craint maintenant de renouer le fil brisé de ses souvenirs.

C’était entre deux menuets. Des couples passaient et repassaient. Entre mille voix Roger reconnut la voix lointaine de Mlle de Montméril. Cette voix, entendue, précipita le mouvement de son sang. La mémoire des faits récents envahit son cœur avec violence.

— Il l’aime ! pensa-t-il ; Bertrand ! mon frère… C’est mon frère qui me prend tout mon bonheur !

Sa tête brûlait.

— Mon frère ! répéta-t-il avec amertume et colère ; — n’avait-il pas assez de tout ce que le hasard lui avait donné à mon préjudice ?… Titres, fortune… De par Dieu ! nous sommes égaux devant cette femme ! Et je la lui disputerai, fallût-il… !

Il s’arrêta. De grosses gouttes de sueur coulaient de son front sur sa joue. Son visage décomposé annonçait le paroxysme d’une effrayante exaltation. Seul, dans un angle obscur de la galerie, abrité par l’ombre d’une colonne, il semblait un mauvais génie, égaré au milieu des splendides joies de cette fête.

À ce moment, Mlle de Montméril, appuyée sur le bras d’un brillant cavalier, montra son radieux sourire au bout de la galerie. Roger l’aperçut. Cette vue, au lieu d’attiser sa colère, mit une larme de repentir dans ses yeux.

— Peut-on ne la point aimer ! se dit-il ; — pauvre frère !

Tandis que Reine passait, Roger, le cou tendu, l’œil grand ouvert, la couvrait de son regard fixe. Quand elle eut disparu à l’angle de la galerie, Roger se leva et fit quelques pas en chancelant. Il voulait chercher son frère, lui parler, l’interroger, savoir…

Son frère n’était plus au bal, mais, en le cherchant, il se trouva bientôt face à face avec Reine qui le reconnut, rougit, et ne parut point prendre souci de cacher son émotion. Roger l’aborda. Reine était parfaitement remise de cette attaque de mélancolie qui l’avait prise au commencement de la nuit. Il lui restait seulement un peu de rancune contre Bertrand, ce qui, naturellement, fut tout profit pour Roger. Mademoiselle de Montméril voulut bien se souvenir, en effet, des belles fêtes de Nantes et des longs entretiens qu’elle avait eus avec le cadet de Saint-Maugon. Celui-ci était transporté. Il se croyait aimé. Il en venait parfois à plaindre son frère dont Reine, pour cause, ne disait pas un mot. Elle n’avait garde. Le charmant abandon qu’elle montrait à Roger était peut-être une petite vengeance à l’adresse de Bertrand. Parler de ce dernier, c’eût été montrer son dépit ; — or, fi donc !

Tout prend fin, hélas ! les choses qui plaisent, surtout, ne durent point. Roger fut forcé bientôt de donner le baise-mains et de se retirer.

Il avait épuisé son contingent de joie pour cette nuit. Pendant tout le reste du bal, il erra dans les salons, tâchant de ne point perdre de vue un instant la belle Reine, et réussissant très-bien à attirer l’attention des observateurs, gens qu’on n’appelait peut-être point encore alors des badauds.

— Hé ! hé ! hé ! fit par trois fois le jeune M. de Kercornbrec, qui trouva moyen de grasseyer d’une façon déplorable, quoiqu’il n’y ait point d’r dans ces monosyllabes, — je crois que le petit Saint-Maugon, — qui sera bien quand il aura moustache, — veut marcher sur les brisées de son aîné !

Le cadet de Trégaz procéda par demi-tons pour répondre :

— Hé ! hé ! hé ! cela pourrait bien être.

À quoi M. de Châteautruhel repartit en imitant de son mieux l’organe d’un oiseau aquatique fort différent du cygne :

— Hen ! hen ! hen… cela ne me paraît pas impossible !

Les gens de Vitré, de Vannes, de Saint-Brieuc et de Saint-Malo énoncèrent des opinions non moins ingénieuses, à l’aide de voix encore plus surprenantes.

En dehors de ce groupe aimable, un autre personnage observait, lui aussi, le cadet de Saint-Maugon. Ce n’était rien moins que M. le président de Montméril en personne. Plusieurs fois, il parut être sur le point de s’approcher de Roger, mais toujours au moment de l’aborder, il se ravisait.

Roger ne prenait point garde, il ne voyait que Reine. Un coup de tonnerre ne l’eût point distrait de son ardente contemplation.

Mais, pour un soldat, la voix du chef parle plus haut que le tonnerre. Ce fut Gilbert de Gadagne d’Hostung, comte de Verdun, colonel du régiment de la couronne, qui vint enfin le tirer de son rêve.

— Où est votre frère, monsieur de Saint-Maugon ? lui demanda le colonel, vers la fin du bal.

Roger ne pensait plus à son frère. Ce mot réveilla en lui un souvenir.

— Je ne sais, monsieur, répondit-il avec embarras.

— J’ai des ordres à lui donner… une mission à lui confier… Vous êtes brave, monsieur de Saint-Maugon : êtes-vous prudent ?

— Monsieur !…

— Je n’ai pas voulu vous offenser, mais les circonstances sont difficiles ; écoutez-moi.

M. de Montméril s’était approché d’eux sans bruit. Il appuya son épaule à la colonne voisine et prêta l’oreille. — Nous ne prétendons point excuser le président à mortier, mais, quand on veut savoir ce que les gens disent, c’est un moyen.

— Monsieur de Saint-Maugon, — reprit le colonel, nous avons cent insurgés prisonniers à la Tour-le-Bât. On craint une nouvelle attaque pour demain. Je comptais charger votre frère du poste de la Tour… Le temps presse… S’il vous plaît, vous le remplacerez.

— Cela me plaît, monsieur, et je vous rends grâces de votre confiance.

— Vous la mériterez, j’en suis sûr… Allez vous préparer, sur-le-champ, je vous prie.

Le colonel salua d’un geste et aborda un autre officier. Il était évident que des mesures d’urgence étaient prises et que l’insurrection se faisait plus menaçante que jamais. Roger se dirigea vers la porte. Comme il allait sortir, il se sentit toucher le bras.

— Je voudrais vous entretenir, monsieur de Saint-Maugon, dit une voix à son oreille.

Il se retourna. Le président de Montméril était à ses côtés. En ce moment Roger se fût excusé vis-a-vis de tout autre, mais le père de Reine !…

— Je suis à vos ordres, monsieur, dit-il.

— Dans deux heures, où pourrais-je vous rencontrer ?

— Au château de la Tour-le-Bât, qu’on vient de m’assigner pour poste.

— Je m’y rendrai, monsieur, dit le président de Montméril, qui se perdit aussitôt dans la foule.