Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867)/DAWSON, William-McDonell

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XIX

William McDonell Dawson



Écossais catholique, il était natif de Redhaven, Banffshire, et frère de l’abbé Æneas McDonell Dawson, né en 1810, ordonné prêtre en 1835 et venu au Canada, sur l’invitation de son parent (kinsman) Mgr  Macdonell, premier évêque de Kingston, Haut-Canada, en 1854, dix-huit ans après son frère William. L’abbé est mort à Ottawa en 1894. C’était un écrivain distingué, poète et historien.

Monsieur William Dawson fut agent des Terres de la Couronne à Ottawa ; commissaire dans la question des frontières et surintendant de la division des bois et forêts au ministère des Terres de la Couronne. Il fut aussi le premier président de la Compagnie North-West Transit qu’il avait fondée.

En 1857, monsieur Dawson démissionna de son poste au ministère des Terres auquel il avait été nommé en 1852, afin de pouvoir se présenter à la députation.

Député de la ville des Trois-Rivières à l’Assemblée législative du Canada, du 8 janvier 1858 au 10 juin 1861, William Dawson fut candidat malheureux aux élections de cette année, ayant été défait par l’honorable Joseph Édouard Turcotte. Il se présenta alors dans le comté d’Ottawa et y fut élu le 12 juillet suivant. Il continua de représenter ce comté jusqu’au 16 mai 1863, quand il fut remplacé par M. Alonzo Wright, le « Roi de la Gatineau ».

M. Dawson se montra très actif au cours de sa carrière politique. On lit ce qui suit dans les « Proceedings at the Presentation of a Public Testimonial to the Very Reverend Æ. McD. Dawson, LL. D., V. G., by the Citizens of Ottawa, December, 1890 » : (traduction) « Afin de rendre plus accessibles les terres si peu connues de l’Ouest canadien, feu M. William McDonell Dawson forma une compagnie qui prit son nom d’un vapeur appelé le Rescue, employé dans le service de l’Ouest. Il fit plus que cela. Pendant qu’il était député des Trois-Rivières, il se rendit à Londres, Angleterre, afin de négocier un emprunt pour la construction d’un chemin de fer à travers les territoires du Nord-Ouest et les Montagnes Rocheuses jusqu’à l’Océan Pacifique. »

« Les capitalistes anglais Baring & Co. repoussèrent l’idée d’une entreprise aussi téméraire que gigantesque. Mais M. Dawson n’était pas facile à rebuter. Des amis de Londres lui obtinrent une lettre d’introduction au millionnaire juif, le baron Rothschild. Celui-ci le reçut avec bienveillance et M. Dawson saisit l’occasion de lui dire que la ville des Trois-Rivières qu’il représentait au parlement, avait été la première division électorale de tout l’Empire britannique à élire au parlement un candidat juif. « Alors, vous connaissez mon ami Hart » ? demanda le baron. « C’est mon concitoyen et je le connais très bien ». La conversation changea de sujet et l’on parla du Nord-Ouest. M. Dawson montra alors au baron des papiers, des traités, des comptes d’explorations, etc. Ils semblèrent intéresser celui-ci qui demanda quelques jours pour étudier l’affaire. L’on convint de se revoir dans une quinzaine de jours. Une nouvelle entrevue eut lieu. Le baron avoua qu’il considérait le Nord-Ouest comme un pays d’avenir ; il ne s’agissait que de le développer. « Combien coûterait la construction d’une voie ferrée » ? M. Dawson n’était pas en état de dire combien cela coûterait, mais il ajouta que des travaux d’arpentage et autres demanderaient plusieurs milliers de louis. « Nous ne faisons pas d’affaires aussi minimes, dit le baron, mais vous pourriez peut-être me donner une idée, même approximative, du coût total de l’entreprise ? » Jugeant d’après ses connaissances en fait de construction de chemins de fer, M. Dawson mentionna une somme de plusieurs millions. Cette réponse parut satisfaire le baron qui assura M. Dawson que, sitôt que celui-ci pourrait conclure des arrangements avec son gouvernement, l’argent serait au service de l’entreprise. Si cette offre magnifique eut été acceptée, le Pacifique Canadien, maintenant en opération et qui est un si grand succès, aurait été construit beaucoup plus tôt et nombre de difficultés et d’embarras eussent été évités, » dit l’abbé Dawson en terminant ses remarques.

Ce député des Trois-Rivières avait, comme on voit, de la hardiesse et de l’envergure dans ses idées quand il déployait les ailes de son imagination. Vouloir construire un chemin de fer transcontinental en un pays inhabité et à travers des montagnes presque inaccessibles, lorsque la province du Canada ne possédait à peine que deux mille milles de voie ferrée, c’était un rêve audacieux pour ne pas dire téméraire. Mais cet Écossais avait la vision claire et nette de l’avenir réservé à ce pays immense comme un empire. Pour lui, c’était la Terre promise. Mais M. Dawson devançait son temps. Ce n’est qu’un quart de siècle plus tard que naquit cette vaste entreprise qui fut menée à bien et obtint un succès sans précédent.

Simon-James Dawson, ingénieur civil, natif, lui aussi, de Redhaven (1820), était un autre frère de William. Il fut employé de 1851 à 1854 pour diriger et surveiller certains travaux d’amélioration à la navigation du Saint-Maurice. En 1857, le gouvernement l’envoya explorer le pays entre le lac Supérieur et la Saskatchewan. Son rapport publié en 1859 attira l’attention sur les plaines de l’Ouest au point de vue colonisation. Il retourna vivre aux Trois-Rivières.

En 1868, Simon-James fut chargé d’ouvrir une route de communication avec la Rivière-Rouge. Elle fut connue depuis sous son nom. Est-ce lui qui intéressa William à la colonisation du Nord-Ouest ?

Simon-James représenta le comté d’Algoma à l’Assemblée législative d’Ontario, de 1875 à 1878, puis à la Chambre des Communes, de 1878 a 1891. Il était célibataire. Il vivait encore à Ottawa en 1912.

Une sœur non mariée demeurait à Long Island, dans la rivière Rideau, environ quinze milles d’Ottawa.[1]

Au temps de M. Dawson, une solide construction en pierre, occupait le coin des rues Laviolette (alors des Champs) et Saint-Charles. Elle a été récemment démolie. Elle contenait une immense salle de théâtre, servant aussi de salle de danse. C’est là que fut donné par le député des Trois-Rivières, un dîner en l’honneur de sir Edmund Head, en 1859, au cours de la visite de ce dernier, accompagné de lady Head et de leur fils, l’honorable John Head. C’est pendant cette excursion que ce dernier perdit la vie[2] en se noyant à Grand’Mère.

  1. Merci à M. William-L. Scott, C. R., d’Ottawa, pour renseignements obligeamment fournis.
  2. VOIR : Auguste Desilets : La Grand’Mère. Pages Trifluviennes. Série A., no 10, p. 25.