Les Récentes Explorations des naturalistes en Chine/04

La bibliothèque libre.
LES


RÉCENTES EXPLORATIONS


DE LA CHINE




IV.
Voyage dans les provinces centrales de la Chine et au Thibet oriental.




I.[modifier]

Nous avons essayé de donner une idée générale de la physionomie du territoire de la province de Kiang-si[1], et l’on a vu quelle était l’abondance de l’eau dans la région située au sud du Fleuve-Bleu. Du reste, aucun trait saillant ne distingue cette partie de la Chine des provinces limitrophes de Quang-tung et de Fou-kien. L’agriculture occupe le pays presque en entier et donne des produits de tout genre. A côté des rizières, des champs de blé, d’orge, de millet, de sorgho, de blé noir, on rencontre les champs de haricots, de pois, de fèves, de melons, de courges. Un haricot ligneux envahit les terrains incultes, qu’il couvre de pousses d’une longueur énorme, et c’est une ressource fort appréciée des habitans ; les tiges de la plante donnent un fil très solide, utilisé pour la confection de vêtemens d’été. Une autre plante textile, l’ortie blanche, soit cultivée, soit à l’état sauvage, est partout. Le sésame, une espèce de colza, un thé sauvage, fournissent de l’huile. Avec les graines de l’arbre à suif[2], on se procure une graisse employée à divers usages. Un vernis excellent pour les meubles est obtenu d’une plante de la famille des euphorbes[3]. Il n’y a que peu de thé dans le pays ; chaque famille cultive simplement quelques arbustes pour les besoins de la maison. Cependant pour le thé, la place de Kin-kiang est l’entrepôt le plus considérable de la province, et dans cette ville on voit de grands ateliers où la précieuse plante reçoit une dernière préparation avant d’être livrée au commerce européen. Des femmes seules sont employées à l’opération, qui consiste à rouler chaque feuille à la main : travail exigeant beaucoup de patience, une extrême agilité des doigts, et néanmoins peu lucratif. L’ouvrière touche 4 sapèques par livre de thé ; les femmes douées d’une habileté exceptionnelle parviennent à gagner en un jour 150 sapèques, représentant 75 centimes de notre monnaie[4].

Les animaux domestiques sont nombreux dans le pays. D’énormes buffles qui cheminent paisiblement animent la campagne ; lorsqu’ils vont en troupe, un homme, monté sur l’un d’eux comme sur un cheval, dirige la marche. Des zébus de la plus grande beauté sont employés au labour ; on fait travailler les taureaux, qui ne se montrent ni moins doux, ni moins dociles que les vaches, car ici, de même qu’à Pékin, les Chinois savent apprivoiser les animaux. On ne connaît pas les ânes, et les chevaux, qui sont très rares dans la province, demeurent réservés au service des mandarins. Tous les transports s’effectuent à dos d’homme ou par les bateaux. Les chiens offrent plus de variété que dans le nord de l’empire, et l’on reconnaît aisément l’influence des races européennes qui ont été introduites à différentes époques. Les oiseaux domestiques sont des poules, des pigeons, des canards et l’oie de Guinée.

Les mammifères sauvages n’abondent pas, comme on pense, dans ce pays déboisé, où la population est immense. L’abbé David a vu cependant des renards, des blaireaux, une belette, des rats, des souris, le porc-épic de l’Inde et des pangolins[5], un type des faunes tropicales. Les pangolins, toujours remarqués par les personnes qui visitent nos musées d’histoire naturelle, ont le corps, les membres et la queue revêtus de grosses écailles tranchantes ; ces animaux étranges, tout à fait privés de dents et pourvus d’une langue extensible et agglutinante, se nourrissant de fourmis ou de termites, habitent les régions les plus chaudes de l’Asie et de l’Afrique. On ne rencontre dans le Kiang-si aucun mammifère du genre des écureuils, ou des campagnols, ou des taupes. Les oiseaux, assez répandus, mais peu variés surtout dans les plaines, appartiennent presque tous aux espèces déjà observées dans le Quang-tung et le Fou-kien, à Hong-kong et sur l’île d’Amoy.

Le faisan à collier habite la montagne, et la caille de Chine fréquente les champs cultivés ; il n’y a point de perdrix. Le corbeau à cravate blanche, la corbine chinoise[6], la pie ordinaire et la pie bleue, un martin[7], le cincle de Pallas, répandu depuis la Sibérie jusque dans l’Asie centrale, et, parmi les petits, le verdier de Chine, le friquet, des bruans, une mésange toute mignonne[8], les hirondelles rustique et alpestre, sont les oiseaux les plus communs du pays. Sur les montagnes, et principalement sur la montagne de Ly-chan, vivent plusieurs espèces du groupe des merles qui existent également au Bengale[9] ou dans la Chine orientale[10]. Aux environs de Kin-kiang, se trouve une jolie petite sittelle[11] qu’on n’a pas rencontrée ailleurs. Le martin-pêcheur du Bengale se montre sans cesse au bord des rivières et des étangs ; la crécerelle, l’épervier commun, un milan[12], sont les seuls rapaces qui séjournent dans le pays. Les oiseaux aquatiques les plus ordinaires sont le pélican frisé, nos hérons d’Europe, deux ou trois espèces asiatiques du même genre, un petit chevalier[13], une bécassine, le foulque noir et quelques canards. En hiver, les palmipèdes arrivent sur les eaux en quantité incroyable et répandent une animation à la fois curieuse et charmante. Les reptiles ne sont pas nombreux dans le Kiang-si ; cependant il y a des tortues terrestres et plusieurs espèces de serpens. On ne voit de salamandres d’aucune sorte ; mais les grenouilles, que les Chinois tiennent en grande estime pour la table, sont en abondance prodigieuse au milieu de ce pays couvert d’eau. Une espèce de cette famille, qui vit en paix dans les torrens des parties élevées du mont Ly-chan, atteint une grosseur énorme, et ce qu’elle offre de plus extraordinaire que la taille, c’est un cri profond capable d’effrayer quand on l’entend pour la première fois mêlé au bruit des cascades. « La voix de cette grenouille, dit notre voyageur, ressemble à une sorte d’aboiement qui rappelle avec tant d’exactitude celui d’un énorme chien, que je n’ai pu y croire que lorsque j’ai tenu le grand batracien dans mes mains[14]. » La province, arrosée par des fleuves et des rivières, traversée par des canaux, parsemée de lacs et d’étangs, fournit de grandes quantités de poissons ; on y pêche des loches, des silures, une infinité d’espèces de cyprins.

Les provinces centrales de la Chine promettaient peu de découvertes importantes ; partout les terres sont cultivées, et, avec l’extension de la culture, les productions naturelles disparaissent, les végétaux et les animaux sont détruits pour la plupart. L’abbé Armand David, impatient de visiter une région encore épargnée par le travail des hommes, prend la résolution de se porter immédiatement à l’ouest du céleste empire. Sur une barque chinoise, il remonte le Yang-tse-kiang, — voyage d’une monotonie désolante. Il fallut soixante-trois jours de navigation et douze jours de marche pour arriver à Tchong-kin, l’une des principales villes de la province de Sse-tchuen, située à peu près sous la même latitude que Chang-haï. La navigation du fleuve ne peut être ni rapide, ni exempte de périls ; de nombreux écueils à éviter, des rapides à surmonter, sont des causes incessantes de lenteur, de fatigues et de dangers. Aussi notre missionnaire ne croit pas à la possibilité de faire parcourir le fleuve à des bateaux à vapeur.

Depuis longtemps on sait que les Chinois dressent des cormorans pour la pêche, comme cela s’est pratiqué autrefois en Europe et surtout en Angleterre. Plusieurs fois on a décrit les merveilles d’adresse de ces oiseaux, rendus aussi dociles que des chiens de chasse. Le pêcheur conduit sa barque sur un point préféré ; les cormorans, perchés sur les bords du bateau, regardant de leurs beaux yeux vert de mer, plongent au premier signal, et bientôt chacun, portant un poisson dans son bec, revient à la nage. Mais les Chinois sont inépuisables en invention quand il s’agit de tirer parti des animaux. Pendant le voyage à travers le Kiang-si, le Hou-pé et le Sse-tchuen, le père Armand David a vu avec admiration des loutres tout aussi habiles et tout aussi bien apprivoisées que les cormorans. Sur l’ordre du pêcheur, ces animaux se jettent dans l’eau et rapportent le poisson sur la barque du maître.

La province de Sse-tchuen est extrêmement peuplée et entièrement cultivée dans la partie centrale et dans la partie orientale ; seule, la région occidentale, qui confine aux principautés indépendantes du Thibet, a conservé sa physionomie primitive : c’est une contrée montagneuse, située à une trentaine de lieues de Tchen-tou, la capitale de la province. Les productions naturelles du pays attestent que ces montagnes de la Chine occidentale sont les premiers contre-forts du Thibet, comme les montagnes du nord de la province de Pe-tche-li marquent la limite du massif de la Mongolie. Des plantes et des animaux répandus dans les provinces orientales, et surtout dans la province de Kiang-sou, existent sous les mêmes latitudes dans le Sse-tchuen ; mais, ce qui est bien digne d’attention, on trouve souvent les mêmes genres représentés par des espèces distinctes. Sur les montagnes élevées, on voit beaucoup d’espèces qui habitent particulièrement la région du grand plateau central de l’Asie. C’est là que notre voyageur découvrit, errant solitaire dans les fourrés ou bondissant au milieu des roches escarpées, une remarquable antilope[15], que plus tard il rencontrera sur les pentes abruptes du Thibet. L’animal, aussi grand qu’un cerf, est vêtu de longs poils rudes d’une teinte cendrée ou roussâtre ; les Chinois, jugeant d’après la couleur, et considérant les poils qui retombent sur le cou à la façon d’une crinière, disent que c’est l’âne des rochers. Des troupes de chèvres de montagne, c’est-à-dire des antilopes à longue queue, parcourent les mêmes lieux, ainsi que des cerfs et des chevrotains à musc. Un blaireau roux, une grande marte, plusieurs petits rongeurs que notre missionnaire n’avait pas observés dans les autres parties de la Chine, habitent la région voisine du Thibet.

Les montagnes du Sse-tchuen sont le séjour de magnifiques oiseaux. C’est la patrie du faisan doré et du faisan argenté, introduits depuis longtemps en Europe, d’un splendide lophophore et d’un beau tragopan, qui sont répandus particulièrement dans le Thibet oriental[16]. Le faisan à collier, assez commun dans les parties de la Chine voisines du littoral, ne se trouve pas dans cette région, où il est remplacé par une espèce peu différente du faisan ordinaire que le père Armand David rencontrera en plus grande abondance dans la principauté de Mou-pin[17]. Le coucou du Cachemire, le grimpereau et le roitelet de l’Himalaya, ainsi que des merles du centre de l’Asie, fréquentent les montagnes du Sse-tchuen. Plusieurs jolies mésanges, que notre missionnaire n’avait encore observées sur aucun autre point de la Chine, ont été vues pour la première fois dans cette contrée. Un de ces petits oiseaux se fait remarquer par son charmant plumage : la tête, d’un ton vert un peu gris comme le cou, est semée de gouttes blanches ; les ailes et la queue, d’un noir brillant, sont ornées de flammes oranges, et une belle couleur jaune uniforme s’étend sur la poitrine et sur le ventre[18]. Puis ce sont des bruans, des bouvreuils, des espèces d’un genre intermédiaire entre les pies-grièches et les geais[19], qui paraissent avoir leur centre d’habitation au Thibet, vivant à côté de fauvettes et de moineaux que l’on voit dans toutes les parties de la Chine. Parmi les animaux vraiment remarquables du Sse-tchuen, le père A. David a entendu parler d’une énorme salamandre noire dont les Chinois se nourrissent ; mais nous ignorons s’il est parvenu à se procurer ce grand batracien. Jusqu’ici on ne connaît qu’une salamandre de proportions colossales et elle nous vient du Japon ; les personnes qui ont visité nos ménageries ont fort remarqué depuis plusieurs années les individus vivans de cet animal étrange, dont la taille ne peut être comparée qu’à celle de la fameuse salamandre fossile d’OEningen. Il serait intéressant de savoir si le même batracien ou une espèce analogue habite la Chine.

En 1854, lorsque se fondait la Société d’acclimatation, chacun s’empressait d’appeler l’attention sur les animaux dont l’introduction pourrait augmenter le bien-être du pays. D’après divers renseignemens obtenus par les missionnaires, on citait la province du Sse-tchuen comme la région favorisée de la Chine pour les productions naturelles. On devait y trouver de grands bombyx ou des vers à soie sauvages qui, se nourrissant des feuilles du frêne ou du chêne, se propageraient sans doute aisément en France. On se souvint alors de ce que le père d’Incarville avait écrit sur ce sujet, de 1740 à 1750, et l’on prit la résolution de faire appel aux nouveaux missionnaires qui avaient constaté parmi les habitans du Sse-tchuen l’usage de la soie du bombyx du chêne, et qui se montraient disposés à faire tous les efforts imaginables pour procurer à l’Europe un accroissement de richesse. Déjà plusieurs années auparavant le père Perny avait envoyé à Lyon des cocons du ver à soie tant désiré, et dans cette ville l’éclosion des papillons s’était effectuée à la grande joie de quelques personnes, mais on n’avait rien tenté pour perpétuer l’espèce. Par les soins du même missionnaire, des cocons contenant des chrysalides vivantes arrivèrent à Paris, et cette fois on s’occupa sérieusement de faire reproduire l’insecte, jusqu’au moment où la préférence fut donnée à un bombyx du Japon dont la soie semblait offrir des qualités plus précieuses[20]. Un succès assuré n’a pas répondu malheureusement aux diverses tentatives sur lesquelles on avait fondé de grandes espérances. En Chine, il existe des insectes producteurs de soie dans différentes régions, et partout les habitans savent profiter de la matière textile qu’on obtient simplement par la récolte des cocons. Au midi, c’est le plus grand des bombyx connus[21] ; au nord, le bombyx de l’ailanthe, dont on s’est tant préoccupé en France ; à l’ouest, dans les provinces du Sse-tchuen et de Koueï-tcheou, le bombyx du chêne et peut-être encore quelques autres espèces.


II.[modifier]

L’exploration des montagnes du Sse-tchuen avait accru chez notre voyageur le désir d’atteindre au plus vite la région sauvage du Thibet. On assurait au savant naturaliste que dans ce pays il rencontrerait en foule des êtres extraordinaires ; on traçait de la nature un tableau qui devait faire rêver des premiers âges du monde, lorsque les hommes encore peu nombreux n’inquiétaient guère les animaux. C’étaient des bœufs sauvages, extrêmement redoutables, voyageant en bandes nombreuses, un mammifère singulier de la taille et de la couleur de l’âne, portant des cornes blanches, des sangliers appartenant au moins à deux espèces bien distinctes, errant dans les fourrés, et chose plus étrange, outre des ours noirs, des ours blancs, dont on signalait la présence dans le voisinage des glaciers de Ta-sué-chan. Puis des multitudes d’écureuils, les uns ayant la forme des espèces d’Europe, les autres ayant la peau des flancs étalée comme l’écureuil volant de Sibérie et se rapportant au genre des polatouches ; puis encore des marmottes de très grande taille. Dans le tableau, on n’oubliait pas les grands fauves de l’Asie dont personne ne désire la rencontre : les tigres, les panthères et d’autres terribles féliens. Lorsqu’on parlait des oiseaux, c’étaient des espèces de faisans ou d’autres gallinacés, ayant les parures les plus diverses et en même temps les plus magnifiques, dont on traçait des descriptions capables de plonger dans l’extase ceux qui s’émeuvent au spectacle des beautés de la nature. « Tout ce que je vois de mes yeux, tout ce que j’entends dire par des personnes dignes de foi, écrit le père Armand David, me donne l’espérance que je vais parvenir dans un bon endroit pour les explorations d’histoire naturelle. » En général, les récits de choses merveilleuses doivent être accueillis avec défiance, car la part de l’imagination chez les hommes peu éclairés est souvent extrême ; cependant on verra cette fois que le voyageur n’a pas été trompé. Déjà, il est vrai, quelques oiseaux fort remarquables obtenus des chasseurs chinois ou thibétains par les chefs des missions, M. Perny et M. Chauveau, et envoyés en Europe par le consul de France, M. Dabry, témoignaient de l’existence d’une région habitée par beaucoup d’animaux encore inconnus.

De Tchen-tou, la capitale du Sse-tchuen, à Mou-pin, la distance n’est pas énorme : on compte sept jours de marche, mais le chemin parcouru en un jour n’est pas considérable. Il faut toujours grimper par des sentiers aussi raides et aussi fatigans que ceux des Alpes. Au mois de mars 1869, l’abbé David franchissait la limite occidentale de la Chine et allait s’établir à Mou-pin, le centre d’activité de la principauté indépendante du Thibet oriental. C’était le pays depuis longtemps rêvé par notre missionnaire, le pays qu’aucun Européen n’avait encore visité, le pays qui promettait d’importantes découvertes. À l’arrivée, l’aspect de la contrée est désolant et jette la tristesse au cœur. « L’endroit où je me trouve et où je pense séjourner près d’un an, écrit le savant lazariste, est une affreuse région de montagnes raides et aiguës, comme entassées les unes sur les autres. C’est le commencement du haut plateau du Thibet. Dans la maison que j’habite, le baromètre indique une hauteur de plus de 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et des pics vêtus de neiges perpétuelles s’élèvent non loin d’ici[22]. » Si le climat convient à beaucoup d’animaux et même à des oiseaux qui peuvent compter parmi les plus belles créatures du monde, il est vraiment bien pénible pour les hommes. À Mou-pin, situé entre le 30e et le 31e degré de latitude, l’hiver persiste dans toute sa rigueur à la fin du mois de mars : la plus grande partie du pays est encore sous la neige. Pendant le mois de juin, notre voyageur n’a vu le soleil qu’une demi-journée ; la pluie est presque continuelle ; il est impossible de se préserver de l’humidité, et le naturaliste déplore la perte d’un herbier et d’une collection d’insectes formés avec des peines inouïes. Les sentiers des montagnes abruptes sont tellement impraticables à l’époque des pluies d’été, qu’on ne peut songer à effectuer aucun transport.

Cependant cette région désolée n’est pas sans présenter un caractère grandiose : les montagnes sont boisées pour la plupart, et, sur les parties les plus élevées, un if colossal est l’essence qui domine dans la forêt. L’arbre magnifique monte droit, haut comme les plus hauts sapins d’Europe, et ne demeure point inférieur aux immenses chênes du voisinage, disent les explorateurs anglais, qui ont admiré l’if gigantesque sur les pentes méridionales du Thibet, ou en certains endroits de l’Himalaya. Comme sur la plupart des montagnes de l’Asie centrale, les rhododendrons d’espèces variées composent de ravissans bouquets de fleurs à côté d’une foule de plantes d’apparence modeste, qui appartiennent à des genres dont nous avons des représentans en Europe.

Malgré le froid et la neige, l’abbé David, à peine installé à Mou-pin, avait commencé ses explorations et s’était acquis le concours d’habiles chasseurs. Bientôt il était entré en possession d’animaux jusqu’alors inconnus, offrant à divers égards un grand intérêt. On pouvait s’étonner de rencontrer dans une pareille région des êtres qu’on est habitué à voir sous d’autres climats. En effet, sur les hautes montagnes de la principauté de Mou-pin, où l’hiver est d’une longueur interminable et d’une rigueur extrême, se trouvent des singes. On se demande par quelle singularité ces animaux frileux, qui, en Asie, en Afrique, comme en Amérique, sont les habitans des plus chaudes contrées, ont des espèces organisées pour vivre dans des conditions toutes différentes. Il est vrai qu’un explorateur de l’Himalaya, Hodgson, a rencontré, il y a déjà plus de trente ans, des singes sur les montagnes boisées du Népaul ; mais ceux-ci, pensons-nous, ont encore un séjour moins triste que les hôtes des forêts de Mou-pin. Au reste la végétation tropicale a offert un exemple comparable : des fougères en arbres et des palmiers ont été observés en quelques endroits près des glaciers, et tout le monde sait que, pour conserver des échantillons de ces plantes, nous devons les maintenir dans des serres chaudes. Les singes que l’abbé David a découverts portent un vêtement capable de les garantir contre les intempéries d’un climat rude ; les uns, du genre des macaques, sont couverts de très longs poils fourrés d’un brun obscur, les autres, du genre des semnopithèques, ont un pelage nuancé de teintes dorées et argentées, et si fourni que volontiers on le comparerait à la toison d’une chèvre[23].

On n’avait pas trompé notre missionnaire au sujet de l’existence d’ours blancs dans les montagnes les plus inaccessibles. L’abbé David avait eu hâte d’interroger les chasseurs, et il avait reçu d’eux la promesse que des dépouilles du curieux animal lui seraient bientôt apportées. Il ne tarda pas en effet à être mis en possession du grand mammifère, à, la fois remarquable par des traits de conformation singuliers et par une coloration tout à fait exceptionnelle. L’animal, de la taille ordinaire des ours, est blanc, avec les oreilles, le tour des yeux, les quatre membres et le bout de la queue noirs ; il a les oreilles courtes et le dessous des pieds très garni de poils. Un naturaliste doit toujours craindre d’attacher trop d’importance aux couleurs, et la défiance est très fondée quand il s’agit du noir et du blanc ; mais des individus d’âges différens ayant été pris, il demeure certain que le vêtement du fameux carnassier de Mou-pin est vraiment caractéristique[24]. Si l’animal qui a l’aspect et les proportions des ours appartenait réellement à ce genre de mammifères, l’acquisition d’une espèce ayant une physionomie aussi particulière présenterait déjà beaucoup d’intérêt ; mais ici la découverte est autrement précieuse : nous avons le représentant d’un type tout nouveau qui s’éloigne des ours par la conformation de la charpente osseuse et par la dentition, et se rapproche des ratons d’Amérique, et surtout du panda des montagnes de l’Asie centrale, dont la taille cependant ne dépasse guère celle des chats[25].

Plusieurs petits mammifères de l’ordre des insectivores habitent la sauvage région de Mou-pin, et quelques-uns d’entre eux présentent des formes qui jusqu’à présent étaient demeurées inconnues. C’est une taupe ayant un museau d’une extrême longueur, une sorte de musaraigne dont la queue est si rudimentaire qu’elle est entièrement cachée sous les poils ; un animal plus remarquable encore, possédant, avec les caractères les plus essentiels des musaraignes, des pattes postérieures élargies comme des palettes natatoires, et une longue queue comprimée latéralement, qui indiquent les habitudes aquatiques dont les desmans d’Europe offrent l’exemple[26]. Parmi les rongeurs, on distingue particulièrement un écureuil volant de très grande taille dont le pelage d’un roux vif est mélangé de blanc sur la tête et sur la poitrine[27]. Les sombres forêts du Thibet oriental sont le séjour de nombreux ruminans. La belle antilope à crinière n’est pas rare en ces lieux ; une autre espèce du même genre, voisine de l’antilope crépue, mais d’une dimension un peu plus forte et de teinte différente, vit dans la même région ; des cerfs de petite taille, appartenant à deux espèces distinctes, l’une ayant la robe brune, l’autre, plus mignonne, ayant la robe jaune et de longues cornes, errent à côté des antilopes. Les bœufs sauvages, que les habitans du Sse-tchuen avaient signalés, ne sont pas les hôtes les moins extraordinaires des montagnes de la principauté de Mou-pin. D’une physionomie fort différente de celle de nos bœufs et de la taille des yaks qu’on voit aujourd’hui dans les ménageries, ils rappellent un peu par l’aspect les ovibos des terres glacées du Labrador. Ils ont un pelage qui varie du blanc doré au brun clair, le chanfrein très courbé, les oreilles courtes, les cornes noires, très épaisses, et terminées en pointe aiguë. Pendant l’hiver, ces animaux vivent solitaires, en été ils voyagent souvent en grandes troupes, les mâles, les femelles et les jeunes ensemble confondus. Quelquefois ils descendent des montagnes et font des incursions sur le territoire chinois. Jusqu’à présent, on n’avait en Europe aucune connaissance précise sur cette espèce bovine que Hodgson avait observée, il y a plus de vingt ans, sur l’Himalaya. Cet animal, appelé le takin par les naturels, dit l’explorateur anglais, habite les montagnes Mishmi, et probablement il rôde jusqu’aux montagnes de la Chine et du Thibet ; — c’est ce qui vient d’être confirmé. Le takin, ajoute Hodgson, se plaît sur les montagnes les plus ombragées, où les précipices se rencontrent à chaque pas. Ce n’est qu’avec beaucoup de peine et en courant des risques que les naturels parviennent à le prendre[28].

Après les mammifères, quel monde curieux et charmant que celui des oiseaux qui peuplent l’âpre région du Thibet oriental ! À côté de créatures magnifiques, on voit en foule des espèces dont les parures sont aussi modestes que celles de nos oiseaux d’Europe. Des gallinacés pleins d’élégance, vêtus des plus beaux plumages, semblent avoir été rassemblés comme à plaisir sous les couverts des montagnes presque inaccessibles de la principauté de Mou-pin. Il y a des faisans d’une espèce voisine de celle d’Europe[29] et des faisans d’une espèce ravissante, qui s’appelle dans la science le faisan de Amherst. Cet oiseau a le port, comme tous les détails de la forme, comme toutes les élégances du faisan doré, qui est toujours l’un des ornemens de nos ménageries, mais il a d’autres couleurs et ces couleurs forment les plus jolis contrastes. Le faisan de Amherst a le cou, les épaules, le dos, les couvertures des ailes d’un beau vert métallique chatoyant, et chaque plume est terminée par une large zone d’un noir de velours. Sur la tête, le ton vert du corps est plus clair, et la petite huppe, semblable par la forme à celle du faisan doré, est d’un rouge cramoisi. Le camail, au lieu d’être d’un jaune d’or comme chez ce dernier, est d’un beau blanc d’argent avec une zone noire à toutes les plumes ; les grandes pennes des ailes sont d’une teinte sombre, relevée par des marques plus claires et par une bordure externe blanche, tandis que les pennes secondaires sont d’un noir bleu. La poitrine et le ventre sont d’un blanc pur, et la queue, brune à la base, barrée de vert et de blanc dans le milieu, se termine par une couleur écarlate. Le faisan de Amherst, connu déjà depuis longtemps, était demeuré extrêmement rare en Europe, et il n’en existait aucun individu dans nos cabinets d’histoire naturelle de France. En 1828, le comte de Amherst, l’ambassadeur d’Angleterre, se trouvant en Chine, reçut de sir Archibald Campbell, qui les tenait du roi de Ava, deux mâles vivans du splendide oiseau. La comtesse de Amherst les conserva pendant deux années et les amena en Angleterre, où ils moururent quelques semaines après leur arrivée[30].

Nous avons parlé ailleurs des beaux gallinacés qu’on appelle les crossoptilons[31]. Dans les montagnes du Thibet oriental et du Sse-tchuen occidental, on a découvert une espèce de ce genre[32], qui est d’un blanc pur, avec une queue noirâtre, courbée et étalée comme un panache ; pour les Chinois et les Thibétains, c’est le faisan des neiges. À la fin du siècle dernier, on trouvait au Népaul un oiseau dont le plumage est d’une magnificence presque incomparable : le lophophore, dédié à lady Impey[33], qui fit des tentatives pour introduire l’espèce en Angleterre. Le lophophore du Népaul a tout le dessus du corps d’un vert métallique éclatant avec des reflets dorés, pourpres et violets, les parties inférieures noires, nuancées de vert, et la queue courte d’une teinte fauve assez claire. Comme suprême ornement, il porte une ravissante aigrette formée de plumes minces terminées en lames oblongues, ayant la couleur et le brillant de l’or. Le mâle seul a cette riche parure, et la femelle est toute brune, avec des raies et des taches irrégulières roussâtres. Jusqu’ici on pouvait croire qu’au milieu de la création le lophophore du Népaul était unique dans son genre ; les explorations des gorges de Mou-pin ont amené la connaissance de deux espèces voisines, l’une aussi merveilleusement belle que l’oiseau doré de lady Impey, mais ayant les plumes de l’aigrette larges dès l’origine et la queue d’un vert cuivreux, constellée de cercles blancs, l’autre de couleurs plus sombres[34]. Ce n’est pas tout encore, un superbe tragopan[35] et divers gallinacés du groupe des coqs de bruyère et du groupe des perdrix ont été rencontrés dans la même région par le père Armand David, et néanmoins l’infatigable missionnaire n’est sans doute pas parvenu à se procurer absolument tous les gallinacés du Thibet oriental. M. Chauveau, qui a entretenu des relations avec les indigènes de cette partie de l’Asie, signale l’existence de plusieurs espèces qui n’ont point encore été mises entre les mains des naturalistes ; il parle d’un faisan bleu que personne en Europe n’a vu jusqu’à présent, et il trace le portrait de l’oiseau en termes qui témoignent de l’admiration ressentie. « On ne se figurerait que très difficilement, dit le chef de la mission du Thibet, la beauté de ce petit animal, la magnificence de sa queue longue de 1 mètre, arquée comme le cintre d’une voûte, la noblesse de la pose, la vivacité des couleurs. Cette espèce est commune, mais extrêmement sauvage. Nous jouons d’infortune apparemment. L’année dernière, on m’en envoyait quatre ; les malheureux courriers n’ont-ils pas eu l’impiété de les manger en chemin !… »

Les nombreux et remarquables gallinacés des montagnes de la principauté de Mou-pin offrent plus d’un genre d’intérêt : ils ont des beautés qui ravissent les yeux, et l’esprit porté à la méditation s’étonne en songeant que ces beautés demeurent cachées dans des retraites du plus difficile accès. Ils fournissent au naturaliste qui les compare aux espèces des autres régions du monde de nouveaux sujets d’étude et de nouveaux moyens d’apprécier l’état de la création à l’origine ; ils contribuent à imprimer à un petit coin du globe un caractère propre, apportant ainsi pour la géographie physique un précieux enseignement. Au premier abord, les oiseaux appartenant à d’autres familles ne présentent aucun trait saisissant au même degré, mais l’intérêt jaillit quand on considère l’ensemble de ces êtres. À côté de plusieurs espèces qu’on trouve dans presque toute l’étendue de la Chine et même dans une grande partie de l’ancien continent, on observe des oiseaux particuliers aux montagnes de l’Himalaya, déjà signalés par les zoologistes anglais, et des espèces en grand nombre qui, n’ayant encore été vues nulle part ailleurs, semblent confinées dans le Thibet oriental[36]. Parmi ces oiseaux, les uns appartiennent à des formes asiatiques, les autres à des formes européennes, et quelques-uns de ces derniers ressemblent tellement à nos espèces indigènes qu’on croirait voir les hôtes de nos bois et de nos campagnes un peu travestis par un léger changement dans l’uniforme. La colombe de la Chine et la colombe rupicole, si répandues depuis le nord jusqu’au centre de l’Asie, vivent dans le Thibet oriental, à côté d’une autre colombe[37], qui ne s’éloigne pas de la région des grandes montagnes. Notre coucou d’Europe fréquente les lieux où l’on rencontre d’autres coucous particuliers à l’Asie centrale. Des pics ayant une grande ressemblance avec nos épeiches, les uns qu’on avait déjà observés sur l’Himalaya, les autres jusqu’à présent inconnus, se tiennent sur les arbres des forêts de Mou-pin. Une alouette, qui parcourt une grande partie de la Chine, vient également dans le Thibet oriental[38], où le père Armand David a découvert plusieurs mésanges : mignonnes créatures aussi gracieuses que celles d’Europe. Dans les mêmes retraites habitent un bouvreuil moins beau que celui de nos bois[39], un moineau qui se trouve au Japon et en divers endroits de la Chine[40], des gros-becs, une légion de bruans, où l’on distingue des espèces au plumage d’une teinte vineuse qui n’ont été vues en aucun autre lieu du monde ; puis ce sont de nombreux oiseaux du groupe des merles et du groupe des pies-grièches, où l’on reconnaît également des espèces particulières à la région, en compagnie de beaucoup d’autres qui fréquentent tout le massif de montagnes de l’Asie centrale, et de plusieurs espèces communes, jusque dans les provinces orientales de la Chine. Dans l’ensemble, nous remarquons un charmant oiseau dont le plumage est noir en dessus, d’un brun olivâtre en dessous, avec les ailes et la queue d’un rouge écarlate[41]. La principauté de Mou-pin est aussi le séjour d’un petit monde d’oiseaux chanteurs : fauvettes, rossignols, roitelets, traquets, bergeronnettes, offrant l’aspect d’autres espèces asiatiques ou des espèces européennes. Il y a encore des sittelles, et, ce qui est plus extraordinaire, un sucrier[42]. Les sucriers vivent en général dans les contrées les plus chaudes du globe. Parés de brillantes couleurs, ils semblent créés pour le soleil des tropiques ; pourvus d’un long bec légèrement courbé, ils saisissent les petits insectes, et peut-être le miel dans le nectaire des fleurs tout en volant à la manière des colibris. Le sucrier du Thibet oriental, qui se montre, croyons-nous, jusque dans le Sse-tchuen, a le corps d’un beau rouge, le dessus de la tête, la gorge, deux espaces sur les côtés du cou d’un violet métallique éclatant, le ventre d’un jaune clair, les ailes noires avec les bords des grandes pennes teintés de vert et la queue longue, étagée, de couleur noire avec les deux plus grandes pennes d’un bleu d’acier brillant ; c’est une ravissante créature.

Les insectes du Thibet oriental n’offrent pas moins d’intérêt que les grands animaux. On reconnaît plusieurs des beaux lépidoptères de l’Asie centrale ; ensuite on remarque quelques types jusqu’à présent demeurés inconnus, et l’on voit avec un certain étonnement divers papillons qui ressemblent à ceux de nos bois et de nos campagnes. Les insectes recueillis dans la principauté de Mou-pin n’ont pas en général l’éclat de beaucoup d’espèces de l’Inde ou de la Chine méridionale. Des proportions médiocres, des teintes douces ou même un peu ternes, attestent que ces êtres vivent sous un climat assez froid. Il paraît tout naturel de trouver parmi les insectes de ce pays des formes ou semblables ou presque pareilles à celles qu’on rencontre sur les pentes méridionales du Thibet et de l’Himalaya ; mais ce qui frappe au plus haut degré, c’est une multitude d’espèces à peine différentes de celles d’Europe et appartenant absolument aux mêmes genres. M. Adolphe Brongniart a reconnu, d’après un examen de l’herbier envoyé par l’abbé David, que beaucoup de plantes du Thibet oriental ont avec nos plantes indigènes un caractère de parenté analogue.

Le père Armand David, brisé par les fatigues, mais nullement abattu, conçoit encore l’idée de nouvelles entreprises. Encouragé par les découvertes qu’il vient de faire dans la principauté thibétaine de Mou-pin, il porte avec envie le regard sur toute la ceinture occidentale de la Chine, et voit en rêve la foule des trésors qui restent à conquérir pour la science. À la date du 24 juin 1869, il projetait une excursion dans le Kou-kou-noor, à une vingtaine de journées au nord-ouest de Mou-pin. Un sujet de tentation venait de s’offrir : on avait amené de cette région, pour être donnés au savant lazariste, deux individus vivans d’un crossoptilon plus beau que tous les autres. « L’oiseau, dit notre infatigable explorateur, a le corps d’une magnifique teinte ardoisée bleuâtre, le bec d’un rouge clair marqué de brun vers la base, les plumes noires et veloutées de la tête séparées des plumes ardoisées du cou par une petite raie blanche, le bout des grandes pennes de la queue d’un noir brillant à reflets verts ou violets, les pennes latérales blanches, et enfin les pattes rouges[43]. » On n’imaginerait pas une créature mieux parée. En regardant la multitude des êtres rassemblés dans nos galeries d’histoire naturelle, on croirait épuisées toutes les combinaisons de formes, tous les assemblages de couleurs, tous les genres de beauté, et cependant des découvertes inattendues viennent encore nous fournir la preuve que nous sommes loin de connaître toutes les richesses de la nature. Après le Kou-kou-noor, l’abbé David voudrait revenir vers le sud explorer le Yun-nan ou le Koueï-tcheou, qui est moins ravagé par les rebelles. Comme des missionnaires tiennent résidence dans cette province, notre voyageur peut espérer, pour ses recherches, trouver des facilités qu’il n’aurait pas dans un autre pays. Plus tard, il visiterait les environs de Si-ngan-fou dans la province de Chen-si, mais il ne se décide point à quitter Mou-pin avant d’avoir parcouru certaines localités où il n’a pas encore pénétré, et surtout avant d’avoir gravi la plus haute montagne de la région.

Le courage est bien nécessaire pour s’aventurer dans ces lieux inhabitables. Les pluies sont continuelles, les chemins impraticables ; par momens, les torrens sont grossis, les sentiers disparaissent, et les misérables ponts faits d’un tronc d’arbre se trouvent emportés. Cependant notre voyageur ne se laisse rebuter par aucun obstacle : les accidens survenus dans ses collections par suite de l’humidité sont réparés par de nouvelles récoltes. Il emploie plusieurs jours à faire l’ascension de cette grande montagne de la principauté de Mou-pin, dont la hauteur dépasse celle du Mont-Blanc. La neige tombe, et l’on est au mois de juillet. Cependant il n’y a point de glacier, et rien ne dénote l’existence d’une période glaciaire. Les arêtes, très aiguës, étant formées de schistes friables, faciles à désagréger sous les influences atmosphériques, l’abbé David pense avoir dans ces faits la preuve que la formation des montagnes du Thibet oriental ne remonte pas à une époque fort reculée. Du haut de la grande montagne, le savant missionnaire a pu apercevoir quatre pics couverts de glace, l’un vers le nord, les autres à l’ouest ; il croit que les cimes sont aussi élevées que les plus hauts sommets de l’Himalaya, et il constate que ce fait géographique est resté jusqu’ici inconnu. Pendant cette pénible excursion, l’abbé David a pris le beau lophophore[44], que nous avons signalé, un autre gallinacé des plus remarquables, l’ithagine de Geoffroy[45], une perdrix qu’il voyait pour la première fois, ainsi que plusieurs petits oiseaux, une belette à ventre jaune, une véritable marmotte que les Thibétains appellent sué-djou ou le porc des neiges. Assez près du sommet de la montagne croissent de splendides rhododendrons ; l’abbé David en a recueilli de trois espèces différentes qu’il n’avait jamais observées dans les régions moins élevées. C’est en tout sept ou huit espèces du genre rencontrées dans le Thibet oriental qui paraissent distinctes de celles qui étalent leurs belles fleurs sur les pentes méridionales du Thibet et de l’Himalaya.

Notre missionnaire parvient à se procurer des mouflons d’une espèce inconnue et des cerfs fauves qu’il n’avait pu encore obtenir. Ces animaux sont devenus rares par suite d’une guerre d’extermination qui leur est faite par les Thibétains, animés de l’amour du lucre : le bois d’un cerf se vend pour les pharmacies jusqu’à 30 ou 40 onces d’argent. Outre les cerfs fauves, il existerait dans les montagnes les plus inaccessibles, où les barbares ne laissent pénétrer aucun étranger, un cerf tacheté, plus grand que tous les autres, dont le bois n’a pas moins de onze branches. D’après les renseignemens fournis par les indigènes, cet animal habiterait également les montagnes neigeuses qui séparent le Kou-kou-noor du Kan-sou et du Sse-tchuen. L’abbé David compte cinq espèces de la famille des cerfs dans la principauté de Mou-pin.

Le savant lazariste, on le croira sans peine, avait beaucoup souffert du climat pendant son séjour dans le Thibet oriental ; il avait éprouvé de cruelles fatigues de ses continuelles explorations ; sa santé, gravement altérée, lui imposait la nécessité de ne pas prolonger un genre de vie dont les effets fâcheux se prononçaient chaque jour davantage. Néanmoins, comme tout homme qui a vraiment étudié, appréciant avec netteté ce qu’il a obtenu, il discerne avec sûreté ce qu’il pourrait obtenir par de nouveaux efforts. Il ne veut pas abandonner le projet de poursuivre des recherches qui lui promettent d’enrichir encore la science par de belles découvertes ; mais la difficulté de certaines entreprises est extrême. Il trouve, à la vérité, une assistance qui manquerait à la plupart des voyageurs, car de Mou-pin il peut expédier ses collections pour Tchen-tou à un missionnaire qui se charge de les faire passer à Tchong-kin ; où elles doivent être embarquées sur le Fleuve-Bleu pour Han-kéou et Chang-haï. Malgré tout, les voyages, les acquisitions d’objets indispensables à la vie, les transports, coûtent beaucoup d’argent dans les pays éloignés des fleuves et des chemins praticables, et tes ressources pécuniaires de notre explorateur sont fort limitées.

En quittant la principauté de Mou-pin, le père Armand David se promet une excursion dans le Soung-pan, pour descendre bientôt vers le sud jusqu’aux confins du Yun-nan, et visiter enfin les montagnes du Phénix au voisinage du Koueï-tcheou ; mais il ne peut se défendre du regret de renoncer à des explorations dans le Thibet. « Il faudrait, dit-il, s’avancer vers les sources du Fleuve-Bleu et du Fleuve-Jaune, à travers le plateau hérissé de montagnes inaccessibles, habité par des peuplades clair-semées, qui sont les plus barbares de l’Asie[46]. » Notre missionnaire a été informé de l’existence dans cette contrée d’une belle antilope jaune, plus grande que l’antilope à goitre, d’un gros bœuf sauvage noir, qu’on ne rencontre point ailleurs, et peut-être du fameux mi-lou, dont nous avons donné une description[47]. Malheureusement, pense l’infatigable lazariste, l’exploration de ces lieux inconnus et inhospitaliers ne serait possible qu’à un groupe de plusieurs Européens, accompagnés de Chinois fidèles et pourvus de ressources pécuniaires considérables. Il est donc probable qu’il s’écoulera de longues années avant qu’un Européen puisse s’aventurer dans cette région ou songe même à visiter les montagnes abruptes de Mou-pin. À la fin du mois de décembre 1869, l’abbé David se mettait en route pour les états barbares du nord-ouest, et il nous apprenait que le yak est en abondance dans ces contrées. On en distingue deux variétés, plus probablement deux espèces, car les produits de leur union, est-il affirmé, demeurent stériles à la première ou à la seconde génération. — Ici s’arrêtera le récit des travaux de l’un des plus admirables explorateurs scientifiques qu’on puisse citer. Les collections de plantes et d’animaux de la principauté de Mou-pin, formées pendant l’année 1869, sont arrivées au Muséum d’histoire naturelle au printemps de l’année 1870. Les objets que des recherches ultérieures ont procurés ne sont pas encore parvenus, et le savant lazariste, épuisé par les fatigues et par la maladie, a été contraint de venir chercher le repos sur les rivages d’Europe.


III.[modifier]

Dans l’espace d’un quart de siècle, un prodigieux changement s’est opéré relativement à la connaissance d’une grande partie de l’Asie. Il y a peu d’années encore, la Chine et les confins du vaste empire, au nord et à l’ouest, devaient être presque passés sous silence, lorsqu’on s’occupait des caractères physiques des différentes régions du monde ou de la distribution des êtres à la surface du globe : Aujourd’hui on est de ce côté en possession d’élémens de comparaison déjà très satisfaisans, et, si l’œuvre de recherche est loin d’être achevée, elle est du moins fort avancée. Longtemps attristés d’une ignorance qu’il fallait subir, les hommes d’étude ont bientôt profité des événemens qui modifiaient les rapports des Européens avec les Chinois pour apprendre tout ce qui était possible sur le vaste pays jusqu’à nos jours soustrait à l’investigation scientifique. Les uns allèrent recueillir les plantes et les animaux, les autres, désignant les sujets d’observation les plus intéressans, s’attachèrent à l’examen attentif des matériaux rassemblés. Tandis que des investigateurs donnaient toute leur attention aux productions naturelles de la Chine, des voyageurs s’efforçaient d’étudier l’agriculture ou de pénétrer les secrets de certaines industries remarquables d’un peuple loué ou dénigré sans mesure par ceux qui n’avaient vu qu’un coin du tableau. Un peu égarée par les récits des anciens missionnaires, admirateurs trop complaisans des vertus et de la civilisation des Chinois, l’opinion parmi nous ne fut pas éclairée lorsque des voyageurs, croyant connaître la Chine parce qu’ils avaient visité Canton, signalèrent toutes les bassesses de gens avilis et parlèrent des périls auxquels s’exposaient les Européens en s’aventurant hors de l’enceinte de la ville.

Les Chinois, qui n’ont certainement jamais beaucoup brillé ni dans les lettres, ni dans les beaux-arts, ne se sont jamais élevés jusqu’à la conception de la science ; mais la nation donne l’exemple de qualités solides. Les Chinois en général, d’un caractère fort doux, ont des manières polies ; sobres et laborieux, ils se montrent souvent pleins d’industrie et ils savent tirer parti d’une façon merveilleuse des ressources de tout genre qu’offre leur pays. Inférieurs sans doute comme agriculteurs aux agronomes instruits de l’Europe, ils font preuve néanmoins d’une grande intelligence dans l’exploitation de la terre. On ne saurait oublier qu’un excellent appréciateur, M. Robert Fortune, n’a pu voir sans les admirer les plaines cultivées des environs de Ning-po et surtout de Chang-haï. A côté de la population qui cherche à obtenir le bien-être par le travail, on rencontre, il est vrai, des misérables ne vivant que du vol et du brigandage. D’horribles malfaiteurs, que par une sorte d’euphémisme on appelle des rebelles, se livrent à tous les crimes et portent la ruine et la désolation dans les contrées où ils surgissent. Les auteurs anglais qui ont étudié la Chine n’hésitent pas à faire remonter la cause de pareils malheurs au gouvernement, et à regarder comme digne de mépris un gouvernement sans autorité, incapable de faire respecter les lois, de punir les crimes et d’exercer une protection efficace sur les personnes et les propriétés.

Dans cette étude, négligeant ce que d’autres ont raconté, nous avons voulu nous occuper particulièrement des conditions physiques et du caractère de la nature dans le vaste empire asiatique. On avait parlé de quelques îles et de quelques points des côtes, comme si l’on avait vu de grandes étendues de pays ; les explorations effectuées depuis 1842 ont enfin procuré des notions exactes sur les différentes régions de la Chine. Inégalement partagées sous le rapport du climat, ainsi qu’on devait le croire d’après la position géographique, certaines provinces du céleste empire n’ont entre elles que peu de ressemblance sous le rapport des productions naturelles et de la richesse du sol. Au sud, au moins du côté de l’orient, se dressent les montagnes nues, s’étale la végétation du tropique, se montrent les animaux qui aiment les fortes chaleurs ; dans la partie moyenne encore voisine du littoral, avec un climat tempéré, se dessinent les montagnes magnifiquement boisées, s’épanouissent à profusion les plus ravissantes fleurs, se manifeste au plus haut degré la fertilité du sol. Ce sont les contrées de la Chine que les investigateurs anglais ont vraiment bien étudiées.

Mais c’est un voyageur français, un membre de la congrégation des lazaristes, l’abbé Armand David, qui nous a instruits pour les parties de la Chine les plus difficiles à explorer. L’œuvre est grande ; elle a procuré le tableau exact de l’âpre région qui embrasse à la fois le nord du fameux empire et la Mongolie, ainsi que la connaissance de ce qui vit dans les plaines et sur les montagnes d’un vaste pays encore inexploré ; elle a fourni un aperçu déjà très précieux sur quelques-unes des provinces centrales ; à l’égard des montagnes d’occident et de la portion du Thibet limitrophe de la Chine, elle a révélé un état de la nature jusqu’alors demeuré absolument ignoré. Dès à présent, l’importance des résultats acquis par les recherches de l’abbé David peut être facilement appréciée, et cependant elle se manifestera d’une manière plus saisissante lorsque tous les matériaux réunis par le savant missionnaire auront été scrupuleusement examinés. Les collections formées par l’infatigable voyageur sont immenses ; elles constituent aujourd’hui une des richesses de notre Muséum d’histoire naturelle, qui depuis de longues années n’avait reçu un trésor comparable. On prévoit déjà que l’étude approfondie d’un pareil ensemble de plantes et d’animaux sera l’occasion de remarques pleines d’intérêt pour l’histoire du monde physique. Autrefois, en réunissant dans les musées les productions naturelles de tous les pays, on se préoccupait seulement des formes sous lesquelles la vie se manifeste. Les espèces végétales et animales se trouvant accumulées en très grand nombre, il devint aisé de s’apercevoir que chaque région est caractérisée par les êtres qui l’habitent, et de déterminer des relations entre des particularités de formes, des couleurs ou des dimensions, et l’influence des agens atmosphériques. Le moment est venu où l’esprit scientifique a eu de nouveaux sujets de méditation : en observant les plantes et les animaux, ou confinés sur un point limité du globe ou disséminés sur de vastes espaces, on se trouve conduit maintenant à rechercher quelles étaient les conditions de la vie dans les âges antérieurs, et à s’efforcer de reconnaître les changemens survenus dans diverses parties du monde, soit par des causes naturelles, soit par l’action de l’homme. Plus on avance dans l’étude des espèces végétales et animales, plus on paraît approcher de la solution de certaines questions de premier ordre. Les mêmes plantes et les mêmes animaux se rencontrent-ils sur des terres éloignées, la pensée s’arrête aux circonstances qui ont favorisé les migrations ou amené le séjour de ces êtres sur plusieurs points isolés.

De nos jours se présente pour les naturalistes un nouveau sujet de préoccupation : — on est frappé des rapports entre les flores et les faunes de quelques régions du monde ; — ces rapports ont été indiqués entre les êtres observés au Thibet et ceux qui habitent l’Europe. Ce ne sont pas les mêmes espèces, mais les mêmes genres représentés par des espèces bien distinctes. Un fait aussi remarquable appelle des comparaisons de toute nature entre les pays où vivent ces plantes et ces animaux d’espèces différentes qui paraissent créés néanmoins pour un rôle absolument pareil. On aura une juste idée de ces analogies, si nous faisons un rapprochement entre quelques végétaux connus de tout le monde. L’éminent botaniste M. J. Decaisnes nous a signalé la curieuse parenté de nombreuses plantes de la Chine ou de l’Asie centrale et de l’Amérique du Nord. Ainsi le magnifique nelombo, qui croît au bord des rivières, sur les étangs et les marais de la Chine, est représenté en Amérique par le nelombo à fleurs jaunes, comme le nénufar du Japon par le nénufar étranger[48], le jasmin à grandes fleurs, qu’on admire dans les provinces de Quang-tung et de Fou-kien, par le jasmin de Virginie[49]. Un sureau asiatique et un sureau américain se montrent unis par d’égales ressemblances[50], ainsi que deux catalpas, que deux magnolias, que le platane oriental et le platane occidental[51]. C’est encore le gaînier du Japon ou l’arbre de Judée : et le gaînier du Canada[52], la dielytra et la diervilla de la Chine, l’une et l’autre représentées en Amérique par une espèce voisine[53]. De tels faits ne conduisent-ils pas à rechercher des analogies plus ou moins complètes dans les climats, à comparer les influences qui agissent sur la vie des êtres, à songer même à des relations possibles dans les temps anciens entre les deux continens ?

On comprendra donc tout le prix qu’il faut attacher aux grandes collections formées par le père Armand David, qui permettent pour la première fois de préciser le caractère de certaines régions du monde. En présence des résultats acquis, on ne peut penser aux efforts de l’explorateur sans se réjouir et sans éprouver un vif sentiment de reconnaissance pour l’homme qui ne s’est jamais laissé vaincre par les obstacles. Pendant huit années, l’abbé David a fait de grandes choses avec d’infimes ressources. Il a pénétré dans des contrées inconnues, s’exposant à tous les dangers, supportant la fatigue, bravant les intempéries des saisons, surmontant des difficultés inouïes pour faire transporter des collections fragiles à travers des pays sauvages, afin accroître nos connaissances sur la création. Comment ne pas être touché d’un pareil dévoûment mis au service de la science ! Plus insouciant encore de la réputation et des honneurs que du bien-être matériel, l’abbé David n’avait d’autre mobile que l’ambition de réaliser un progrès et d’assurer à la France la gloire des premières découvertes dans les parties les moins connues de l’extrême Orient. Il a été soutenu dans la noble tâche qu’il s’était imposée par les témoignages d’intérêt des professeurs du Muséum d’histoire naturelle. M. Milne Edwards n’a négligé aucune occasion de lui donner un concours actif, et le savant missionnaire a souvent répété dans sa correspondance que les encouragemens de notre illustre zoologiste affermissaient son courage et excitaient son zèle. Les hommes de science n’oublieront pas M. Etienne, le supérieur général de la congrégation des lazaristes, qui a permis à l’explorateur de se consacrer entièrement aux travaux scientifiques, en le déchargeant des obligations ordinaires des missions. L’abbé David revenait en France, dans les derniers mois de l’année 1870, prendre un repos nécessaire au rétablissement d’une santé fort éprouvée ; il n’a pu entrer dans Paris, il n’a reçu de personne l’expression des sentimens qu’inspirent ses laborieuses recherches. C’est dans le palais d’un noble étranger qu’il a dû attendre la fin des malheurs de la patrie[54].

Émile Blanchard.
  1. Voyez la Revue du 15 mai.
  2. Stillingia sebifera.
  3. Elœococca verrucosa.
  4. Ces renseignemens sont tirés de diverses lettres adressées par le père Armand David à M. Milne Edwards.
  5. Manis Dalmanii.
  6. Calocitta sinensis.
  7. Pastor crislatellus.
  8. Parus minor.
  9. Dicrurus leucophaeus, Copsychus saularis, Enicurus Scouleri.
  10. Pomatorhinus stridulus, Suya striata, et une fauvette : Phyllopneuste plumbeitarsa, observés et décrits par M. Swinhoe.
  11. Sitta chinensis, décrite par M. Jules Verreaux.
  12. Milvus melanotis.
  13. Tringa ochropus.
  14. L’abbé David propose de nommer cette grenouille, qui parait être demeurée inconnue jusqu’à présent, Rana latrans.
  15. L’espèce nommée par l’abbé David Antilops Edwardsii a été décrite dans les Archives du Muséum d’histoire naturelle.
  16. Le Lophophorus Lhuysii et le Ceriornis Temminckii.
  17. Phasianus ambiguus.
  18. C’est le Proparus Swinhoi de M. Jules Verreaux.
  19. Le genre Trochalopteron.
  20. Le bombyx du Sse-tchuen a été décrit par M. Guérin-Menneville sous le nom d’Attacus Pernyi, et le bombyx du Japon sous le nom d’Attacus Yamamaï.
  21. L’Attacus atlas.
  22. Lettre adressée à M. Milne Edwards.
  23. Ces espèces de singes ont été décrites par M. Alphonse Milne Edwards sous les noms de Macacus thibetanus et de Semnopithecus roxellana. — Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, t. LXX, p. 341.
  24. L’ours blanc et noir a été nommé par M. Armand David Ursus melanoleucus, et la description de l’animal a été donnée dans les Archives du Muséum d’histoire naturelle, t. VI.
  25. C’est le genre Ailuropoda de M. Alphonse Milne Edwards.
  26. Ces animaux ont été décrits par M. Alphonse Milne Edwards sous les noms de Talpa longirostris, Anourosorex squammipes et Nectogale elegans.
  27. Pteromys alborufus.
  28. Hodgson, estimant avec raison que le tâkin n’appartient pas au genre bœuf proprement dit, le regarde comme le type d’un genre particulier : l’espèce porte dans la science le nom de Budorcas taxicolor.
  29. Phasianus ambiguus, nommé par M. Jules Verreaux.
  30. Le bel oiseau qu’on croyait alors provenir des montagnes de la Cochinchine a été décrit en 1833 par le zoologiste Leadbeater et dédié à la comtesse de Amherst (Phasianus Amherstiœ).
  31. Voyez la Revue du 15 février, p. 731.
  32. C’est le Crossoptilon Drouinii décrit par M. Milne Edwards. — Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 1868.
  33. Le Lophophorus impeyanus qu’on a vu vivant au jardin d’acclimatation.
  34. Ce sont le ''Lophophorus Lhuysii et le Lophophorus obscurus décrits par M. Jules Verreaux ; le dernier est représenté dans les Archives du Muséum d’histoire naturelle.
  35. Coriornis Temminckii.
  36. Dans la collection des oiseaux de Mou-pin, envoyée par l’abbé David, M. Jules Verreaux, aide-naturaliste au Muséum d’histoire naturelle, a reconnu trente et quelques espèces qui n’avaient jamais été observées.
  37. Dendrotreron Hodysoni.
  38. Alauda cœlivox décrite par M. Swinhoe.
  39. Pyrrhula erythaca.
  40. Passer rutilans.
  41. Il vient d’être nommé par M. Jules Verreaux Trochalopteron formosum.
  42. La Nectarinia Dabryi décrite par M. Jules Verreaux.
  43. L’abbé David le nomme Crossoptilon cœrulescens.
  44. Lophophorus Lhuysii
  45. Ithaginis Geoffroyi décrit par M. Jules Verreaux.
  46. Lettre adressée à M. Milne Edwards.
  47. Voyez la Revue du 15 février, p. 735.
  48. Nelumbium speciosum et Nelumbium luteum. — Nuphar japonica et Nuphar advena.
  49. Tecoma grandiflora en Chine ; Tecoma radicans en Amérique.
  50. Sambucus adnata en Chine et Sambucus canadensis dans l’Amérique du Nord.
  51. En Asie : Catalpa Bungei, Magnolia Yulan, Platanus orientalis ; en Amérique : Catalpa syringœfolia, Magnolia tripetala, Platanus occidentalis.
  52. Cercis japonica et Cercis canadensis.
  53. Dielytra spectabilis et Diervilla speciosa en Chine. — Dielytra formosa et Diervilla canadensis en Amérique.
  54. Nous avons appris que le père Armand David se trouvait à Gênes chez le marquis Doria.