L’Encyclopédie/1re édition/CARCAJOU, CARCAJOUX ou CARCAIOU

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 674).
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CARCAJOU, CARCAJOUX ou CARCAIOU, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede de l’Amérique septentrionale ; il est carnacier, & il habite les cantons les plus froids ; il pese ordinairement depuis vingt-cinq jusqu’à trente-cinq livres ; il a environ deux piés depuis le bout du museau jusqu’à la queue, qui peut avoir huit pouces de longueur : la tête est fort courte & fort grosse à proportion du reste du corps : les yeux sont petits, les mâchoires très-fortes & garnies de trente-deux dents, dont il y en a treize molaires, quatre canines, qui sont très longues, & douze incisives, qui sont courtes, étroites, épaisses, & fort tranchantes : les jambes sont fort courtes ; il y a cinq doigts dans chaque pié, & des ongles crochus, très-forts, & très-pointus : le poil a quatorze ou quinze lignes de longueur ; il est de plusieurs couleurs, noir, roux, blanc, &c. Cet animal est très-fort & très-furieux, quoiqu’il soit petit ; il est si lent & si pesant, qu’il se traîne sur la neige plûtôt qu’il ne marche, aussi ne peut-il attraper en marchant que le castor. En hyver il brise & démolit la cabane du castor : mais celui-ci y est rarement surpris, parce qu’il a sa retraite assûrée sous la glace. La chasse qui rend le plus au carcajou, est celle de l’orignac & du caribou. Dans l’hyver, lorsqu’il y a de la neige de cinq ou six piés de hauteur, l’orignac se fait des chemins dans les endroits où il trouve la nourriture qui lui est convenable ; c’est dans ces chemins qu’il est attaqué par le carcajou, qui monte sur un arbre, attend l’orignac au passage, s’élance sur lui, & lui coupe la gorge en un moment ; c’est en vain que l’orignac se couche par terre, se frotte contre les arbres, & fait des efforts assez violens pour y laisser des morceaux de sa peau larges comme la main ; rien n’est capable de faire lâcher prise au carcajou. Il tue le caribou de la même façon, & il a beaucoup d’autres ruses ; il détend les piéges, & ensuite il mange l’appât sans péril. M. Sarrasin, Hist. de l’Acad. roy. des Scienc. année 1713. (I)