L’Encyclopédie/1re édition/PESSAIRE

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PESSAIRE, s. m. (Chirurgie.) Moyen dont on se sert en Chirurgie pour retenir la matrice dans sa situation naturelle. On les fait ordinairement avec du liege, en maniere d’anneau rond ou ovale, qu’on trempe dans de la cire fondue pour en remplir les pores, & faire un enduit qui le préserve de pourriture. Voyez les fig. 6, 7, 8 & 9, Pl. VII. Quelques auteurs conseillent l’usage des pessaires d’argent en forme de tuyau, dont la partie supérieure soit terminée par un petit godet percé, pour soutenir l’orifice de la matrice. Mais on a observé que les humeurs du vagin alterent l’argent, & forment aux pessaires faits de cette matiere, des trous dans lesquels les chairs excoriées par les inégalités de ces trous s’engagent, ce qui produit des ulceres. Les personnes riches peuvent se servir des pessaires d’or ; car on a remarqué que les humeurs du vagin n’alterent point ce métal. Ceux d’ivoire sont plus convenables encore, & à l’abri de toute espece d’altération.

Les pessaires en anneau ne conviennent point dans tous les cas. On trouve dans le premier volume des mémoires de l’acad. de Chirurgie, un mémoire de M. de Garengeot sur plusieurs hernies singulieres, dans lequel on lit une observation d’une hernie intestinale par le vagin. L’auteur voulut la contenir par un pessaire ovalaire, qui ne réussit que la premiere journée. Le lendemain la malade sentit de vives douleurs, avec un tiraillement considérable à l’estomac, & des vomissemens qui ne cesserent que par la soustraction du pessaire : il étrangloit conjointement avec le pubis une portion d’intestin qui s’étoit glissée entre deux. On réduisit l’hernie, & on appliqua un autre pessaire d’une grosseur convenable, auquel on donna la figure d’un bondon. Il étoit percé dans son milieu, & étoit armé de deux cordons pour pouvoir être retiré facilement, afin de le changer au besoin.

Saviard rapporte plusieurs observations sur les descentes de matrice, & parle dans son observation xiij. d’une matrice si grosse, qu’elle ne pouvoit être retenue par les pessaires ordinaires. Il en fit faire un d’acier, attaché à une ceinture par le moyen d’un ressort qui se recourboit jusque dans la vulve, à l’extrémité duquel il y avoit un petit écusson qui retenoit la matrice dans son lieu naturel.

La fig. 10 représente un pessaire élastique formé par un ressort d’acier tourné en spirale. On revêt cet instrument d’une toile cirée. Les anciens se servoient de pessaires médicamenteux pour provoquer le flux menstruel, pour arrêter le flux immodéré des regles, & contre la maladie qu’ils appelloient suffocation de matrice. Mais la connoissance plus exacte de la nature des parties lésées, & du caractere des maladies, a fait rejetter de la pratique ces moyens inutiles. (Y)