L’Encyclopédie/1re édition/SHERIF

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SHERIF, s. m. (Hist. mod.) est en Angleterre, un magistrat dont le pouvoir s’étend sur toute une province, & dont le principal devoir est de faire exécuter les sentences des juges, de choisir les jurés, &c. C’est, pour ainsi dire, le grand prevôt de la province. Les sherifs étoient autrefois choisis par le peuple : aujourd’hui c’est le souverain qui les nomme en cette maniere. Les juges présentent six personnes de chaque province, chevaliers ou écuyers riches ; de ces six le conseil d’état en choisit trois ; & parmi ces derniers le roi donne son agrément à celui qu’il veut. Ils étoient aussi anciennement plusieurs années de suite en charge : présentement on les change tous les ans ; il n’y a que celui de Westmorland dont la dignité soit héréditaire dans la famille du comte de Tanet. Les sherifs ont deux sortes de cours. La premiere se tient tous les mois par le sherif ou son substitut qu’on appelle under sherif ou sous-sherif, qui juge les causes de la province au-dessous de 40 schelings. L’autre cour se tient deux fois l’année ; un mois après Pâques, & un mois après la Saint-Michel. On y fait la recherche de toute offense criminelle contre le droit coutumier, hors les cas exceptés par acte du parlement. Les pairs du royaume & tous ceux qui ont droit de tenir de semblables cours, sont exempts de la jurisdiction de celle-ci. C’est encore un des devoirs du sherif de rendre à la trésorerie toutes les taxes publiques, les amendes & les saisies qui se sont faites dans les provinces, ou d’en disposer suivant les ordres du roi. Quand les juges font leurs tournées dans les provinces, le sherif doit prendre soin qu’ils soient bien reçus & bien gardés tout le tems qu’ils sont dans la province dont il est sherif. A Londres seulement il y a deux sherifs qui portent tous deux le titre de sherif de Londres & de Midlesex province où Londres est située. Dans chaque province, le sherif a un substitut qui fait presque toutes les affaires, & dont l’emploi est fixe. Etat de la grande Bretagne sous George II. tome II. page 188.