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Méditations poétiques (éd. originale 1820)/L’Automne

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Méditations poétiquesun dépôt de la librairie grecque-latine-allemande (p. 101-102).


MÉDITATION VINGT-TROISIÈME.


L’AUTOMNE.


Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la foible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !


Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme, aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrois maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvois la vie,
Peut-être restoit-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardoit-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une ame que j’ignore
Auroit compris mon ame et m’auroit répondu ?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs ; et mon ame, au moment qu’elle expire.
S exhale comme un son triste et mélodieux.