Mélanges de Logique : Avertissement de l'auteur

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Traduction par Joseph Tissot.
Librairie philosophique de Ladrange Voir et modifier les données sur Wikidata (p. v-viii).





AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR.


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En donnant la seconde édition de la Logique de Kant il y a peu de mois, j’avais eu l’idée de la faire suivre des douze fragments qui composent le présent volume. Mais je m’aperçus bientôt que la Logique n’eût occupé qu’une bien petite place dans cet ensemble, et qu’il valait mieux la publier séparément que de la mettre à la tête de tant d’accessoires. Je l’ai seulement fait suivre d’un fragment essentiel, qui a pour but de faire voir que les trois dernières figures du syllogisme reviennent essentiellement à la première.

Des douze autres fragments, que je publie aujourd’hui, un seul avait été donné en entier dans la première édition de la Logique. Les autres n’y figuraient qu’en extraits analytiques, ou n’y étaient pas même mentionnés.

En relisant ces morceaux, j’y ai trouvé un double intérêt, celui d’un fond où le penseur judicieux et pénétrant, souvent ironique et spirituel, se retrouve toujours, et celui qui se rattache à l’histoire de la philosophie en général, à celle de la philosophie critique en particulier.

J’ai suivi l’ordre chronologique. On voit mieux ainsi la variété, les progrès et l’enchaînement des pensées de l’auteur.

J’aurais pu, si je n’avais craint de grossir démesurément le volume, donner une analyse de chaque morceau et de nombreuses explications. Je ferai remarquer seulement : 1° que le deuxième fragment obtint l’accessit dans un concours à l’académie de Berlin, où le mémoire de Mendelssohn sur le même sujet fut couronné ; 2° que la polémique du dixième est dirigée contre la philosophie sentimentale de Jacob ; 3° qu’enfin, J. Georges Schlosser, dont il s’agit à la fin du douzième, avait vivement attaqué la philosophie de Kant, qui n’en reçut pas un grand dommage. Il était, dit M. Rosenkranz, trop attaché aux anciens, et praticien trop distingué pour avoir l’ouverture de sens et le loisir nécessaires pour entrer bien avant par la pensée et par la pratique dans la philosophie de Kant. La forme semble l’avoir en partie rebuté ; il la traite durement. C’est peut-être le cas de dire que je ne pouvais, sans tronquer la pensée de l’auteur ou sans dénaturer entièrement le tissu de la phrase et l’ordonnance des idées, supprimer les propositions incidentes si nombreuses qui contribuent à rendre la lecture de Kant difficile, ni les détacher pour en faire des phrases accessoires à part : les deux remèdes auraient été pires que le mal. J’ai laissé le mal. Il tient essentiellement à la pensée presque toujours très-complexe de l’auteur. Je me suis donc appliqué à rendre cette pensée avec l’expression de sa physionomie originale. Ceux qui ont l’habitude des méditations philosophiques ne se laisseront pas rebuter par ces légères difficultés de forme ; quant à ceux qui ne l’ont pas, ils se garderont bien de débuter par un ouvrage dont l’intelligence suppose une connaissance assez étendue de ces sortes de matières.

La difficulté de les entendre est bien autrement grande quand on les lit dans des langues étrangères ou mortes, et qu’aux imperfections de la diction de l’auteur s’ajoutent trop souvent des fautes d’impression. J’avais à surmonter toutes ces difficultés réunies, surtout pour les deux fragments qui n’ont été écrits qu’en latin. Il est bon que le lecteur ne l’ignore pas. Il serait juste qu’il voulût bien s’en souvenir.

Dijon, le 13 juillet 1862.
J. Tissot.