Mépris (A. Sturza - La Revue blanche)

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La Revue blancheTome 1 (série belge) (p. 14).

MÉPRIS


J’ai mis ma tête brûlante
Dans les flots lourds de tes cheveux,
Tandis que d’une voix lente
Tu me murmurais des aveux.

J'ai couvert de baisers de flamme
Ta bouche qui devait mentir.
Dans mes yeux tu voyais mon âme
Que tu disais si bien sentir.

Pendant de longues ivresses
Nous avons aimé et pleuré.
Maintenant, tu vends tes caresses
Au poids de l'or tant désiré.

Mais quoique l'amour me dévore
Le cœur de ses griffes d'acier,
Je ne me plains pas ni n’implore ;
Le silence est mon bouclier.

J’ai mis un masque à ma nature
Ainsi que l'orgueil à mon front ;
Car le mépris dans la torture
Est beaucoup plus fort que l'affront.

A. Sturza.