Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems

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AVIS.

On trouvera chez le même Libraire au premier Août prochain 1755, différens Alphabets en 15 planches pour servir de premiéres leçons aux Enfans. Il y en aura de deux façons ; l’une en grandes feuilles détachées pour être collées sur des cartons dans les Ecoles. L’autre en feuilles in folio formant un volume relié en carton, à mettre sur un pupitre, pour faire la leçon générale.

Quant à ce présent livre, on le trouvera relié en carton & parchemin pour en faciliter l’acquisition aux Enfans.

METHODES
NOUVELLES
POUR
APRENDRE A LIRE
Aiſement & en peu de tems, même par
manière de jeu & d’amuſement, auſſi
instructives pour les Maîtres, que
commodes aux Pères & Mères, &
faciles aux Enfants.
Avec les moiiens de remédier à plusieurs équivoques
& bizareries de l’Ortographe Françoise.
Par s. Ch. Ch. R. C. d. N. & d. P.

Non sunt contemnenda quasi parva,
Sine quibus magna constare non poſſunt.

S. Jérôme Epitre à Læta.
A PARIS,
Chez AUGUSTIN-MARTIN LOTTIN, Libraire
& Imprimeur, rue saint Jacques, au Coq.

MDCCLV.
Avec Approbation, & Privilége du Roi.
PREFACE.


LEcriture est un tableau qui représente aux yeux & par eux à l’esprit tout ce qu’on peut dire & penser des Etres créés & possibles, & de Dieu même. Elle sert merveilleusement à instruire & à persuader dans tout genre, à exciter les passions de l’ame & à les faire sentir .... Elle est en un mot l’image de la parole, & elle l’emporte même sur elle par l’admirable facilité qu’elle donne de communiquer tout au loin, même jusqu’aux extrémités de la Terre, & de transmettre sûrement tout à la Postérité la plus reculée. Au recours de l’Ecriture à la main est venu depuis peu de siècles l’art ingénieux de l’Imprimerie, qui à peu de frais forme de gros volumes, & multiplie extrèmement vîte les copies de toutes sortes d’ouvrages.

Mais comme les caractères sont des signes arbitraires qui ne signifient rien par eux-mêmes, ce ne sont que des figures énigmatiques pour ceux à qui l’on n’en a pas doné l’intelligence. C’est pourquoi l’on commence ordinairement par former les Enfants à la Lecture dès leur bas-âge ; mais souvent d’une manière à leur en faire concevoir de l’aversion & à retarder leurs progrès.

A Afin d’engager les Maîtres à quitter leurs anciennes erreurs, & à corriger ce qu’il y a d’abusif dans leurs usages, j’ai ramassé dans cet ouvrage toutes les Nouvelles Méthodes d’aprendre à lire, que j’ai pu découvrir dans les livres qui ont paru jusqu’à présent sur cette matière, ou que j’ai vu pratiquer dans divers endroits. Je ne me fuis attaché à aucune en particulier, quoique peut- être quelques-unes méritent la préférence, mais je les raporte toutes, afin de fournir à chacun les connoissances nécessaires pour choisir celle qui paroitra la plus utile selon les différents goûts : j’ai cru cependant devoir en relever quelques points défectueux par des réflexions qui pouront servir à les perfectioner. De ces Méthodes il y en a qui plairont à certains esprits & quelques-unes à d’autres. Il y en a qui peuvent être emploiiées dans des Ecoles publiques : d’autres ne conviènent qu’à peu d’écoliers rassemblés ; il s’en trouve qui peuvent servir à un seul Enfant sous la conduite d’un bon Maître ; il y en a même plusieurs ausquelles un Ecolier une fois instruit des premiers principes, peut s’exercer seul & sans aucun aide étranger. Elles font toutes suffiſamment expliquées pour se décider & faire un choix raisonable.

Mais avant que de les proposer j’ai cru qu’il étoit à propos de montrer avec quelque détail que dans les éléments de la Lecture & de la Langue il y a beaucoup de difficultés ; que bien loin d’être aplanies par la manière dont on enſeigne ordinairement, elles ne font qu’augmenter, en forte que faute de règles on ne peut jamais parvenir à bien lire que par une longue & ennuiieuse routine. Il est vrai que les Enfants ne font pas capables de comprendre tout ce que l’on dit la-dessus, & qu’il y a des mots dont ils ne peuvent aprendre la prononétation que par l’usage ; mais aussi il y en a beaucoup sur lesquels on pouroit leur donner des principes qui feroient à la portée de leur esprit. C’est ce que j’ai expliqué ici avec assez d’étendue. J’ai proposé aussi après d’habiles Maîtres & hasardé de moi-même quelques petits changements dans notre Ecriture ordinaire, pour lever les équivoques qui se trouvent dans l’Ortographe & par là faciliter la Lecture à l’avenir.

L’Ecriture est, comme je l’ai observé, l’image & le portrait de la parole, & les caractères sont inventés pour repréſenter tout ce qui peut le dire. Mais que penseroit-on d’un peintre qui sous prétexte que plusieurs persones ont quelques traits ressemblants, prétendroit les repréſenter toutes par un même portrait, quoiqu’elles eussent des traits qui les différentient les unes des autres ? Que feroit-ce encore si des portraits différents les uns des autres étoient deſtinés pour représenter la même persone ? Voilà cependant jusqu’oùt est allé la bizarerie de notre Ortographe. Autrefois il y avoit plus d’analogie entre la manière d’écrire & de prononcer la Langue Françoise, qu’il n’y en a aujourd’hui, particulièrement pour les volièles composées. La Langue a changé & l’Ortographe est restée la même.

Je ne prétends pourtant pas que l’on doive rétablir l’ancienne prononciation, ni changer cette forte d’Ortographe, comme quelques-uns l’ont entrepris sans succès : je propose seulement d’ajouter dans quelques occasions un Point ou une Cédile en cette sorte aux consones h, t ou t, s ou s, x, x, pour en différencier les différents usages. Ce seroient cinq ou six caserins de plus qu’à l’ordinaire dans l’imprimerie. Cette nouveauté poura peut être quelque jour prendre faveur, parce qu’elle n’a pas l’air ridicule des caractères inventés par Pierre Ramus & par d’autres que Gram. Fr.
pag. 100. & suiv.
l’on peut voir dans le Traité de l’Ortographe de M. l’Abbé Regnier Desmarais.

Ce que j’ai dit sur l’y, sur les trema & sur les consones redoublées, est à la vérité un peu diffus ; mais c’est qu’il m’a paru que cette matière n’avoit point encore été traitée assez à fond, & que ce que nos Auteurs avoient dit là-dessus de plus solide & de plus raisonable, laissoit encore des difficultés.

Pour mieux persuader qu’il est beaucoup plus commode de syllaber dès qu’on connoit les lettres, j’ai démontré l’embarras où l’on jette les Enfants en les faisant épeller ou appeller, comme disent quelques-uns. J’ai fait voir en même tems le ridicule qu’il y a à leur faire nommer dans la même opération les accents, les apostrophes & les abréviations. La peine qu’ils ont en tout cela les rend dignes de notre compassion. Je l’ai expérimenté dans le tems : je l’ai encore mieux conçu, lorsque j’ai enseigné des Enfants : cependant je les enseignois selon cette méthode ; parce que prévenu & gâté par un mauvais usage, je suivois le torrent, quoique je sentisse bien qu’il étoit nécessaire d’avoir une route plus ailée & plus courte, pour parvenir à la prononciation des syllabes. C’est ce qui m’a doné du gout pour les Auteurs qui traitent de la manière d’enseigner : & parmi eux j’en ai trouvé qui m’ont montré le vrai chemin que j’enseigne aujourd’hui, qui est de syllaber sans épeller.

J’ai montré ensuite la vraie manière de former les syllabes simples & les plus composé s’en rappellant aux Enfants les connoissances qu’ils ont eues auparavant, & les faisant avancer pied à pied.

Après les différentes Méthodes d’aprendre à lire, j’ai mis plusieurs syllabaires de deux, de trois, de quatre, cinq & six lettres, tant pour le Latin que pour le François. Voici ce qui m’y a porté.

En jettant les Enfants indistinctement dans la lecture de toutes sortes de syllabes & de mots, immédiatement après le petit Ba be bi bo bu &c, selon l’ancienne Méthode, ils ne peuvent que très difficilement & par hazard mettre de la différence entre diverses voiièles composées qui s’écrivent de même, tandis qu’elles se prononcent V. ch. 2. pag. 10.]] différemment. J’en dis autant des voiièles composées & des diphtongues qui s’ortographient de la même manière, quoique la prononciation en soit très-différente.

La raison en est qu’ils n’en seront pas venus là par dégrés & par principes, & que les Maîtres se seront contentés de leur dire par exemple le son pour j’ai, & celui de vrè pour vrai, sans leur dire que l’un se prononce toujours comme un é fermé & l’autre comme un è ouvert ; en sorte que si dans la suite les Enfants prononcent bien ces mots, ce ne fera que par un pur hazard.

C’est pourquoi j’ai cru devoir rassembler toutes ces syllabes & les mettre chacune dans leurs classes : il sera par ce moiien plus aisé de les faire remarquer aux Enfants, surtout avec le secours des exemples qui se trouvent sous chacune, & qui seront d’une grande commodité pour les Maîtres peu habiles ; car si peu qu’ils aiient d’usage de la Lecture, ils verront d’un coup d’œil la manière d’articuler ces Syllabes. Pour cette même raison j’ai rassemblé à la fin de cet ouvrage les principales syllabes qui se prononcent de même, quoique leur Ortographe soit très-différente.

Il est vrai que depuis plusieurs années il a paru dans le Public différents recueils de syllabaires ; mais outre que la plûpart ne sont pas pour la Langue Latine, ils ont paru à plusieurs persones expérimentées, ou trop courts ou trop étendus, ou confus & sans ordre. De plus ils ne procurent pas, autant qu’on pouroit le desirer, le grand avantage de conduire les Enfants de dégré en dégré. C’est ce qui m’a engagé à doner ce petit ouvrage dans l’état où il est.

On verra que j’y ai fait usage de ce que j’ai trouvé ailleurs de plus propre & de plus facile pour l’instruction des Enfants. C’est pourquoi je ne me suis pas contenté de doner pour matière de Lectures à des commençants dans le François ou dans le Latin, l’Oraison Dominicale, le Symbole des Apôtres & les autres premiers éléments de la Religion, dont j’ai séparé chaque mot par une virgule & chaque syllabe par un tiret, afin d’acoutumer insensiblement les Enfants à faire dans une lecture suivie l’application de ce qu’ils ont apris dans les syllabaires : j’ai encore ajouté, suivant le conseil de gens éclairés, d’autres sujets de Lectures en vers, particulièrement des Fables. J’avois trouvé que deux Auteurs modernes avoient mis de même des Fables à la suite de leurs premiers éléments de la Lecture, mais j’ai donné à celles de J’aurois souhaité de voir
tout l’ouvrage mais je
n’en ai eu
que des extraits.
M. Vaudin la préférence sur celles de M. La Fontaine & de M. Richer ; parce que ne contenant chacune que quatre vers, il est plus aisé de les faire aprendre par cœur aux Enfants ; j’ai suivi en cela leur exemple : j’ai cru cependant qu’il falloit les faire précéder de quelques morceaux de Poësie pieuse. Tout cela est suivi d’un petit extrait de l’Histoire Sacrée en prose & de quelques maxime tirées de l’Ecriture Sainte.

Afin d’acoutumer les Enfants à toute sorte de caractères, j’ai fait mettre en Italique les petits mots suivis d’un e muet, & le petit extrait de l’Histoire sainte.

J’appelle mes Syllabaires Méthodiques, & je pourois peut être les appeller Géométriques ; parce que toutes les parties en sont liées par une suite si naturèle, que ce qui est dans les commencements ou au milieu, sert comme de principe de la prononciation de ce qui suit.

Quelques persones diront peut-être, pourquoi produire tant de différents & de nouveaux expédients pour aprendre à lire ? A quoi bon tant de syllabaires Latins & François ? C’est multiplier les êtres sans nécessité ; puisque jusqu’à présent on a apris sans tout cela. C’est mal-à-propos faire changer de route aux Maîtres & aux Enfants, & leur doner une nouvelle peine qui tombe en pure perte.

Suppl. au Trait. de la
manière d’enseigner & d’étudier

Part. I. §. 2.
A ce mot de nouveauté, « repond M. Rollin au sujet du Bureau Typographique auquel on faisoit pareil reproche, il est assez ordinaire & assez naturel qu’on entre en défiance, & qu’on se tiène sur ses gardes : disposition qui me paroit fort sage & fort raisonable, quand elle nous porte à examiner de bone foi & sans prévention ce qu’on nous propose de nouveau. Mais il n’y auroit rien de plus opposé à l’équité & à la droite raison que de rejetter une invention précisément parce qu’elle est nouvelle. On doit au contraire sçavoir bon gré à un Auteur, quand même il ne réussiroit pas parfaitement, d’avoir proposé au Public ses vues & ses pensées. C’est uniquement par ce moiien que les arts & les sciences se perfectionent. Il faut donc pour juger sainement de la nouvelle Méthode de lire dont il s’agit, l’examiner avec un esprit impartial & libre de tout préjugé. » Ces maximes de M. Rollin, cet home si sensé & si judicieux, doivent avoir leur application aux autres Méthodes raportées dans ce recueil.

Si jusqu’à présent on a apris à lire sans ces secours, le long-tems que les Enfants y ont emploiié, eût pu pour la grande partie leur servir à aprendre la Religion que l’on sçait si peu, à étudier l’Histoire Sainte, la profane & d’autres choses à leur portée & convenables à leur âge : les pauvres dispenses de fréquenter si longtems les Ecoles, auroient aussi pu rendre plus de service à leurs parents.

Ce sont ces longueurs & ces fatigues de la mémoire & de l’esprit d’un Enfant, qui commence seulement à se déveloper, à mésure qu’il commence à articuler des sons & des mots, qui causent tant d’éloignement de l’Ecole & de dégout des livres dans cet âge tendre, où l’on devroit au contraire tout faire faire, sinon encore par raison, du moins par inclination & par forme d’amusement.

Ce point semble à présent si intéressant à de très-habiles gens, que plusieurs ont doné au Public des ouvrages sur cette matière.

J’espère qu’on ne se plaindra pas que celui qui comprend mes syllabaires soit trop étendu pour des Enfants, quand on considèrera qu’il ne sera nécessaire d’en faire usage que quand ils auront été bien exercés avec les Dés, ou sur les grandes feuilles ou placards dont je parlerai ; en sorte qu’on ne le leur donera que pour les perfectioner & les acoutumer à lire des caractères plus menus. D’ailleurs plusieurs des ouvrages composés depuis peu dans ce gente, quoiqu’ils ne soient que pour le François, & qu’ils soient faits pour être mis entre les mains des commençants, sont incomparablement plus enflés que celui-ci.

Je crois qu’il est à propos de prier ici le Lecteur de n’être pas surpris de voir dans ce Livre la suppression de beaucoup de consones inutiles pour la Prononciation, surtout des lettres doubles qui ne sont pas conformes à l’étymologie. On verra dans le Chapitre IV, la justification de ce plan d’Ortographe, auquel je ne me suis déterminé qu’après avoir pris l’avis de persones habiles, & consulté le gout de différents Grammairiens qui ont mis au jour des ouvrages sur cette matière depuis peu d’années.

Ce petit livre renferme le précis des réflexions & le fruit du travail d’un Curé qui depuis longtems fréquente les Ecoles des Enfants. En ramassant ce que des Auteurs éclairés ont écrit de plus utile sur les sujets qu’il traite, il a mélé ses pensées avec les leurs ; afin de contribuer de sa part au bien public, s’il plait à Dieu de benir ses vues & son ouvrage.

TABLE DES CHAPITRES.


Chapitre I. Nécessité d’occuper les Enfants à la Lectures, dès qu’ils peuvent articuler : le moiien d’y réussir est de leur faire envisager les instructions sous un aspect d’amusement. pag. I.

Chap. II. Difficultés dans les éléments de la Lecture & de la Langue Françoise qui peuvent être levées par des Maîtres tres instruits d’une bone Méthode. 10.

Prononcer différemment les mêmes assemblages de lettres. 11.

Prononcer de même différents assemblages. 12.

Mauvaise Méthode en épellant d’appeller é fermé toute sorte d’e : comme aussi de confondre les consones g & v avec les voiieles i & u. 13.

Chap III. Autres difficultés venant des signes équivoques & de la bizarerie qui se trouvent dans notre Ortographe : plusieurs peuvent aisément se lever par quelques petits changements que l’on ferait dans notre maniere d’écrire, & d’autres par l’attention qu’on auroit à suivre certaines règles d’Ortographe & de Ponctuation. 18.

H. Aspirée marquée par un point. Elle serviroit pour la proponciation gras- se de ch. 21.

S. Radoucie marquée par un point ou une cédille. 23.

T. Ramolli marqué par un point ou une cédille. 25.

L. Mouillée marquée par un point. 26.

Différentes articulations de l’x ponctué différemment. ibid.

Moiiens de lever les équivoques de la syllabe gue & semblables. 28.

Oter l’y de quantité de mots où il fait équivoque & le reduire au son d’un i. 31.

Faux usages de la Diérèse : quelle est sa véritable fonction. 37.

Distinguer par des marques différentes les e qui ont différents sons. 42.

Différentes dénominations des lettres de l’alphabet. 44.

Chap IV. Examen des Difficultés qui se trouvent dans notre Ortographe par raport à la conservation ou au retranchement des consones qui ne se prononcent pas. On propose un milieu entre les deux extrêmités. 48.

Chap V. Il est à propos de ne pas faire épeller les lettres pour syllaber, mais de faire faire prononcer les syllabes aux Enfants dès qu’ils connoissent les lettres. Méthodes de former les sylla- -bes. 69.

Chap. VI. Manière d’enseigner la prononciation des syllabes composées. 81.

Chap. VII. Il est plus aisé de commencer par le Latin. 93.

Chap. VIII. Utilité des grandes feuilles en placard & leur usage. 95.

Chap. IX. Méthode très-commode de faire dire en même tems la leçon à tous les Enfants d’une même capacité, moiiennant quelque instrument ou signal propre à faire faire à la muète cet exercice & la plûpart des autres de l’Ecole. 100.

Chap. X. Différentes Méthodes d’aprendre à lire en jouant. L’usage des Dés est très-commode. 108.

Chap. XI. Usage des Cartes & des Fiches. 116.

Chap. XII. L’Ecran percé. 119.

Chap. XIII. Bureau Typographique. 120.

Chap. XIV. Usage des Hiéroglyphes ou figures symboliques. 138.

Chap. XV. Méthodes pour aprendre à lire & à écrire en même tems. 153.

TABLE DES TITRES.

Premiere Partie.

§. 1. Lettres majuscules ou Capitales Romaines. 166

§. 2. Lettres courantes Romaines. ibid.

§. 3. Lettres Italiques. 167

§. 4. Lettres liées ensemble. ibid.

§. S. Syllabes de deux lettres. ibid.

§. 6. Autres syllabes de deux lettres. 168

§. 7. Syllabes de trois lettres. 169

§. 8. Autres syllabes de trois lettres. 170

§. 9. Voiièles composées. 171

§. 10. Diphtongues. ibid.

§. 11. Syllabes de quatre, cinq & six lettres. ibid.

§. 12. Abbréviations dans le Latin. 172.

§. 13. Lectures en Latin. 173

§. 14. Différentes Consones qui forment la même articulation de la voix. 177

Seconde Partie.

§. 1. Alphabet François. 179

§. 2. Syllabes de deux lettres. ibid.

§. 3. Syllabes de trois lettres. 180

§. 4. Autres syllabes de trois lettres. 181

§. 5. Voiièles composées. 182.

§. 6. Syllabes de voiièles composées. 183

§. 7. Syllabes de quatre, cinq & six lettres. 184

§. 8. Diphtongues. 185

§. 9. Syllabes de Diphtongues. ibid.

§. 10. Autres syllabes de Diphtongues. 186

§. 11. Autres syllabes suivies d’un e muet, auquel on peut facilement substituer une autre voiièle. 187

§. 12. Mots composés de deux syllabes qui se prononcent comme s’il n’y en avoit qu’une, à cause de l’e muet qui est à la seconde syllabe. 192

§. 13. Accents & autres figures de la Prononciation & de la Ponctuation. 200

§. 14. Abbréviations en François. 202

§. 15. Lectures en François. 203

§. 16. Syllabes très-différentes pour l’Ortographe. 256

§. 17. Consones qui se prononcent dans la même manière. 258


METHODES

NOUVELLES
Pour aprendre à lire aisément & en peu de tems, de tems, même par manière de jeu & d’amusement.

CHAPITRE PREMIER.

Nécessité d’occuper les Enfants à la lecture dès qu’ils peuvent articuler : le moiien d’y réussir est de leur faire envisager les instructions sous un aspect d’amusement.


LA vie de l’home est si bornée, & les moments en sont si précieux, qu’on ne doit pas négliger de les emploiier, même dès la plus tendre jeunesse, à quelque sorte d’étude, aussitôt qu’on le peut. D’un autre côté la mémoire & l’imagination nécessaires pour les sciences, dépendent d’organes si délicats & de fibres si tendres, qu’il faut beaucoup les ménager : en sorte que si on vouloit en bander trop les ressorts, il у auroit bien de la perte pour un enfant ; mais aussi de le laisser absolument oisif, ce seroit lui donner lieu de tourner vers le mal ses premières dispositions destinées par le Créateur à faciliter le bien, selon la judicieuse remarque de M. Rollin, l’un des plus habiles Maîtres dans l’art d’instruire la jeunesse.

Suppl. à la
man. d’enseigner &
d’étudier. ch. 1. §. 1.
Il y a dans tous les enfans un désir naturel de savoir & une facilité merveilleuse d’apprendre une infinité de choses dont ils entendent parler. » On doit avoir un grand soin de mettre à profit ces dispositions, dès qu’ils peuvent articuler ; mais aussi il faut bien du ménagement, de la douceur, de la patience & de l’industrie. Les enfans sont naturèlement légers & inconstans. Leur esprit voudroit de moment à autre voltiger d’objet en objet. Ils ne peuvent s’appliquer longtems à une même chose, dès qu’ils y trouvent de la peine & de la difficulté : d’où il arrive qu’ils s’en dégoutent, qu’ils la négligent, & qu’ils n’y reviennent plus que malgré eux, principalement si on les a repris avec aigreur. C’est donc pour cela même qu’il faut égaiier leurs premières études, surtout la lecture qui est comme la clef des sciences, & Locke,
Educat. des
enfants. §. 153.]]
ne les leur jamais faire envisager comme une occupation sérieuse, mais comme un divertissement des plus utiles aux personnes bien nées, dit M. Locke. Si l’on observe les enfants, on verra qu’ils prennent beaucoup de peine pour apprendre plusieurs jeux, qu’ils regarderoient comme une occupation & une tâche, & qu’ils prendroient dèslors en aversion, si on leur ordonoit de s’y appliquer.

Je dois avertir, dit encore M. Rollin, qu’il y auroit un extrême danger à faire d’abord aux enfants de la lecture un travail sérieux, & à leur montrer le moindre chagrin, lorsqu’ils n’y réussissent pas bien. Peut-être est-ce là une des causes du dégout que plusieurs enfants contractent dèslors, & qu’ils conservent toute leur vie pour tout ce qui s’appelle étude & science. La vue d’un livre les remplit de tristesse ; parce qu’elle réveille en eux un souvenir confus des reproches & des larmes qui se joignoient toujours à leurs premières lectures. »

S. Jérôme dans sa belle Lettre à Gaudence, après quelque détail sur la

Pacatula nostra hoc Epiftolium post lectura fufcipiat. Interim tantummodò littérarum elementa cognoscat, jungat syllabas, discat nomina, verba consociet, atque ut voce tinnula ifta meditetur, proponantur ei cruftula, mula præmia & quidquid guftu suave est, quod vernat in floribus, quod rutilat in gemmis, quod blanditur in pupis, accepaura festinet. Interim & tenero tentet pollice fila ducere, rumpat fæpe stamina ut ali quand o non rumpat ; post laborem lufibus gestiat, de matris pendeat collo, rapiat oseula propinquoi um, pfalmos mercede decantet : amet quod cogitur discere, ut non opus fit sed délectcttio, non nécessitas sed voluntas. Ep. ad Gaud. Fiant ei litteræ vel buxeæ, vel eburneæ, vel fuis nominibus appellentur. Ludat in eis, ut & lufus ipse eruditio fit. Et non folum ordinem teneat littérarum, & memoria nominum in canticum transeat : sed & ipfe inter se crebrò ordo turbetur & mediis ultima, primis media miseeantur : ut eas non fono tantùm, sed & vifu novent. Syllabas jurgat ad præmium : & quibus illa ætas détruiri po est, munufculis invitetur. Habeat & in dif cendo socias quibus invideat, quarum lau- manière d’instruire sa fille, conclut qu’il faut faire aimer à cet enfant ce qu’elle est obligée d’aprendre ; afin qu’elle s’y porte avec plaisir & librement, & non avec peine & malgré elle. Ce saint Docteur de l’Eglise écrivant à une Dame Romaine nommée Léta, ne dédaigne pas non plus de s’étendre sur les moiiens de faire apprendre à sa fille à lire & à écrire aisément & tout en jouant. Faites-lui faire, dit-il, des lettres de buis ou d’yvoire, & donez-leur à chacune leur nom. Qu’elle les manie pour s’amuser & se

dibus mordeatur. Non objurganda est si tardior fit, sed laudibus excitandum est ingenium, ut & vicisse gaudeat & victa doleat. Cavendum suprimis ne odent studia ; ne amaritudo eorum percepta in infantiâ, ultra rudes annos transeat. Magister probæ ætatis & vitæ atque eruditionis est eligendus : nec puto erubefcat vir doctus id facere in propinquâ vel nobili virgine quod Aristoteles fecit in Philippii filio, ut ipfe librariorum utilitate contentus suffium traderet littérarum. Non funt contemnenda quafi parva fine quibus magna constare non posfunt. Ipfe elementorum fonus & prima institutio præceptorum aliter de erudito, aliter de suffico ore profertur… Difficulter eraditur quod rudes animi perbiberunt. Lanarum conchylia quis in pristinum candorem revocet ? Recens testa diu & faporem retinet & odorem quo primùm, imbuta est. Ep. ad Læt. divertir ; afin qu’elle s’instruise même en jouant : mais il ne faut pas se contenter qu’elle appelle les lettres de fuite dans l’Alphabet, & qu’elle en répète les noms par cœur comme une chanson : il faut encore les mêler souvent ensemble, & mettre les dernières au milieu, & celles du milieu au commencement ; afin qu’elle les distingue non-seulement par le nom, mais encore par la vue… la vue… Proposez-lui quelque prix pour lui faire assembler ses syllabes, & animez-la par l’espérance de quelque petit présent capable de gagner les enfants de son âge. Donez-lui aussi des compagnes d’étude, afin que les applaudissemens qu’elles recevront, la piquent d’honneur, & lui donent de l’émulation : si elle n’entre pas aisément dans ce qu’on lui dit, ne la traitez pas pour cela avec rudesse : animez-la au contraire par les louanges, & faites en sorte qu’elle soit également sensible, & à la joie d’avoir mieux fait que ses compagnes, & au chagrin de n’avoir pas si bien réussi qu’elles. Prenez garde surtout qu’elle ne je dégoute de l’étude, de peur qu’elle ne conserve dans un âge plus avancé l’aversion qu’elle en auroit conçue dans son enfance. Choisissez-lui un Maître savant, d’un âge mûr & d’une vie bien réglee. Je ne crois pas qu’un habile homme ait honte de faire pour sa parente ou pour une fille de qualité ce qu’Aristote a fait pour Alexandre, à qui il enseigna les premiers éléments des lettres comme un simple Ecrivain à gages. On ne doit pas mépriser ce qui sert de fondement aux grandes choses, quelque petit qu’il soit. D’ailleurs un home savant prononce les syllabes, & explique les premières régles de la Grammaire autrement qu’un ignorant, & les impressions que l’on a reçues dans la jeunesse, s’effacent difficilement. Qui est-ce qui a pu rendre à une laine teinte en pourpre sa première blancheur ? Un vaisseau neuf abreuvé d’une liqueur en garde longtems l’odeur & le gout. Dans cet endroit S. Jérôme n’a presque fait que copier deux Auteurs Paiens, Quintilien fameux Rhéteur, & Horace célèbre Poëte, quoiqu’il ne les nome pas.

Depuis un siècle plusieurs autres grands homes consommés dans les sciences les plus élevées, n’ont pas cru au-dessous d’eux de consacrer une partie de leur tems à la recherche des moiiens de faciliter aux enfants l’étude des premiers élémens de notre langue.

On nous dira sans doute qu’« il est très pernicieux de ne présenter aux Py-Poulain
de Launay|
, Réflex. sur
le Bureau Typograph.
enfants, ce qui fait l’objet principal de leur étude, que sous les apparences & sous la forme du jeu : qu’ils n’ont dans la suite que trop de passion pour tous les jeux, & qu’on ne sauroit trop leur en écarter toute idée en les occupant à des choses utiles d’une manière sérieuse ; parce qu’ils agissent machinalement, & qu’ils s’acoutument aussi bien à ce qui est utile, qu’à ce qui ne l’est pas, quand ils sont élevés. »

Je puis répondre à cette objection par une comparaison bien sensible. Une éguille sert à pénétrer une étofe & à y introduire le fil de soie ou d’autre espèce, pour en joindre les différents morceaux. Le fil reste & unit ces morceaux ; mais l’éguille ne reste pas. Il en est de même des jeux & des amusements dont je parle : comme ils sont proportionés au penchant naturel des enfants, ils entrent sans peine dans leur esprit, & ils y introduisent en même tems des connoissances dont on leur a caché adroitement les dehors rebutants sous une forme agréable ; mais comme dans la suite ces connoissances satisfont beaucoup l’esprit, elles deviènent ses délices, quoique sérieuses en elles-mêmes. C’est ce qu’on remarque dans la plûpart des savants : ils n’ont point de plus grande avidité que pour l’étude, & de plus grand plaisir que d’aprendre quelque chose de nouveau ou d’aprofondir ce qu’ils savent déja. Les sciences sont comme les richesses qui ne font qu’augmenter la soif qu’on en a, dit un Poëte : Quò plus sunt potæ, plus sitiuntur aquæ.

On doit donc savoir bon gré à ceux qui sur le plan du jeu de l’Oie en ont imaginé de très-instructifs. C’est ainsi que l’on s’est avisé de doner aux enfants avec des cartes & par le secours des dés ordinaires des leçons sur l’Art Militaire, les Fortifications, la Marine, la Géographie, la Chronologie…. Leur âge a besoin d’amusement, & rien ne s’imprime mieux dans leur esprit que ce qui leur est présenté sous cette forme : s’ils agissent machinalement, la gaieté est comme l’huile qui aide le roüage de la machine à se mouvoir, & le poids ou le ressort qui l’entraîne. On craindroit mal-à-propos qu’ils ne se livrassent pour cela dans la suite avec trop de passion aux jeux de dés & de cartes ausquels on joue ordinairement : ces jeux au contraire leur deviendront ennuiieux quand ils verront que l’on n’y aprend rien, & qu’ils n’aboutissent qu’à entretenir tant de gens dans une malheureuse oisiveté, & à leur faire perdre un tems qui devroit être emploiié aux devoirs de leur état, & à orner leur esprit de mille connoissances utiles & agréables.

CHAPITRE II.

Difficultés dans les éléments de la Lecture & de la Langue Françoise, mais qui peuvent être levées par des Maîtres instruits d’une bone méthode.


LES commencements de la lecture sont tout hérissés d’épines pour les enfants, surtout de la manière que l’on enseigne ordinairement. Si l’on y alloit par dégrés, en passant des syllabes qui sont simples, à celles qui le sont moins, les premières leçons faciliteroient les suivantes. Mais point du tout. Après le petit ba be bi bo bu, &c. on fait passer tout d’un coup les enfants à des phrases entières composées de toutes sortes de syllabes, dont la plupart les embarassent extrèmement, faute d’y être venus par ordre & successivement des unes aux autres. C’est bien pis si on leur fait suivre la méthode d’épeller ; parce que souvent alors, quoiqu’il s’agisse d’un son unique, ils sont obligés de se remplir les oreilles de quatre ou cinq sons différents, qui ne conduisent pas même à articuler celui qu’on cherche, & qui est indiqué par les lettres, faute d’analogie ou de ressemblance, comme dans beaux, pain, mais, loix, cieux.

Prononcer
différemment
les mêmes assemblages de
lettres.

Une plus grande difficulté dans la manière ordinaire d’aprendre, c’est lorsqu’on rencontre des assemblages de lettres qui sont les mêmes dans differentes voiièles composées, & qui cependant s’y prononcent différemment : par exemple a, i dans vrai & dans j’ai, ou dans j’aimai ; a, o dans Laon ou Laonois & dans Saone ; o, i dans oignon & dans foible ; e, u dans j’ai eu & dans feu.

Il en est de même des assemblages de lettres qui sont les mêmes dans des voiièles composées & dans des diphtongues dont la prononciation est néanmoins si différente : par exemple u, a dans qualité & dans aquatique ; u, e dans question & dans équestre ; u, i dans vuide & dans suite ; dans Guise manière, & dans Guise nom de lieu ; o, i, e dans ils avoient & dans une oie ; o, i dans je lisois & dans je bois ; e, o, i dans je gageois & dans asseoir.

Quelques Auteurs même de réputation, pour lever l’équivoque de cette syllabe oi, avoient imaginé d’écrire par la syllabe ai les mots où oi ne fait qu’une voiièle composée semblable à celle qui est dans je dirois, dirai, Anglois, Anglais, Français, nom de notre nation François ; je mangeois, mangeais. Mais cet usage a ses inconvénients : outre qu’il renverse les analogies, on peut remarquer que ai a non-seulement le son de l’è ouvert comme dans vrai, & qu’il a encore celui de l’é fermé comme dans j’ai, je chantai, Vrais princ.
de la langue
Franç. 14.
disc. 1746.
je lirai. Ainsi ce seroient de nouvelles difficultés : ce qui fait dire à M. l’Abbé Girard de l’Académie Françoise, Prononcer de
même
différents
assemblages.
qu’il regarde cette entreprise comme une témérité.

Ce n’est pas un moins grand embarras pour des commençants de trouver plusieurs syllabes très différentes pour l’ortographe, qui ont néanmoins la même prononétation, ou peu s’en fant, comme l’ail, l’aussi, feuille & écueil : a, ah ! ha las, at, ea, ao, ae, & beaucoup d’autres qu’on peut voir à la fin de mes syllabaires.

Qu’il y a peu de Maîtres qui à l’occasion de ces sortes de mots dont je viens de parler, expliquent bien à leurs Ecoliers la différence qu’il y a entre une voitèle simple & une voiiele composée, comme aussi entre celle-ci que l’on appelle autrement diphtongue impropre, ou fausse, ou oculaire & ortographique, & une diphtongue propre véritable & auriculaire : ce qu’il feroit pourtant fort important de savoir.

Mauvaise peller é formé tonte d’es N’est ce pas aussi manquer de règle & de méthode, & fournir une diff— méthode en culté aux enfants, de faire toujours épellant d’ape prononcer dans l’Alphabet & partout ser offers en épellant dans le François l’é fermé, tandis que souvent il est ouvert ou muet ? Par exemple, dans ce mot tête, le premier est ouvert & le fecond est muet : cependant on fait épeller deux fois té é fermé. Il vaut donc mieux en épellant prononcer les e tels qu’ils font, & dire ê pour le premier & et eu pour le second, selon notre Alphabet françois : ou plutôt il faut syllaber sans épeller, comme je le dirai ci-après.

''Comme aussi de confondre les consones j & v avec les voiièles i & u.'' Il y a encore un grand abus dans la coûtume que l’on a introduite de nomer les consones j & v avec les voiièles i & u ; quoiqu’il y ait entre elles dans l’usage autant de différence qu’il y en a entre un a & un b. On doit s’appercevoir que pour prononcer en lisant comme l’on a fait en épellant, ce qui se devroit, l’un étant la voie que l’on prend pour aller à l’autre, il faudroit faire soner la première syllabe de jardin comme iar dans liard, & la première de vitre comme ui dans buisse.

Autrefois « on ne comptoit que 23 lettres ; mais nos petites Ecoles, dit M. l’Abbé Girard, ont fixé l’Alphabet à 25 ; parce qu’elles ont reconnu qu’il y avoit, non-seulement dans l’impression, mais encore dans l’écriture courante de la main, ce même nombre de caractères, distingués par la figure & par la valeur. Elles n’ont pas voulu confondre deux consones avec deux voiièles, n’y aiiant rien de si différent dans les principes de la parole. Elles ont senti que si la disette des caractères avoit fait supporter pendant quelque tems cette confusion, il n’étoit plus ici raisonable ni possible de s’y livrer, depuis que l’établissement des deux nouveaux caractères, acourus au secours de la prononciation, avoit été si généreusement & si autentiquement approuvée. Ainsi en plaçant j & v dans l’Alphabet, elles leur ont doné un rang particulier autre que celui d’i & d’u : elles les ont même distingués par des noms analogues, afin d’aider & de fixer la mémoire des enfants. On ne peut qu’applaudir à ces Maîtres, puisque ces lettres sont distinguées entre elles par la plus grande de toutes les différences, la diversité de figure s’y trouvant jointe à celle de valeur : & en fait de valeur de lettres quelle différence plus forte & plus marquée que celle qu’il y a de consone à voiièle ?

Qu’il seroit avantageux pour l’art, pour la commodité de ceux qui nous suivent & pour le succès même de l’ouvrage, que le premier Dictionaire François qu’on donera au Public observât cet ordre alphabétique de 25 lettres : en sorte que les mots qui commencent par j & v consones y parussent réunis sous leurs propres caractères, & distingués de ceux qui commencent par i & u voiièles, au lieu d’y être mélés & confondus les uns entre les autres. La manière dont on enseigne à lire, dispose l’euil de ceux qui nous touchent, & qui vivront quelque tems avec nous, à ne rien trouver de choquant ni d’extraordinaire dans cet ordre : elle prépare même leur raison à blâmer la distribution alphabétique en 23 lettres, par conséquent à corriger ce que nous avons fait. Prévenons-les : sacrifions l’habitude d’une pratique imparfaite au gout raisonable que nous leur inspirons par l’instruction présente ; d’autant que ce gout est également le nôtre, dès que nous le suivons ailleurs : il ne manque que de nous décider entièrement dans le Dictionaire. En attendant cette dernière & pleine décision, la Grammaire s’y conforme & reconnoît que l’Alphabet françois est composé de 25 lettres. »

Bibliotheque Franç.
t 1. part. 1.
chap. 2.
Voilà une des obligations qu’on a aux petites Ecoles, selon cet Académicien : mais M. l’Abbé Goujet & M. Papillon donent lieu de croire que c’est Pierre Ramus ou de la Ramée Lecteur du Roi dans l’Université de Paris, qui a introduit le premier les consones v & j, & qui les a distinguées de l’u & de l’i voiièles dans sa Grammaire latine imprimée en 1557.

Avouons donc de bone foi que la dénomination ou le nom de ces lettres é, è, e, j & v, tel qu’on le leur done ordinairement, ne peut qu’embarasser les enfants ; qu’ainsi ce sont là d’anciennes erreurs, ausquelles il est étonant que des Maîtres restent encore attachés, quoique depuis quelque tems on en ait montré évidemment le ridicule.

On laisse aussi ignorer à la plûpart des enfants les accents, ou l’on se contente de les leur faire prononcer en épellant, sans les expliquer, non plus que les autres figures de la prononciation & de la ponctuation : ce qui est cause que lors même qu’ils sont déja exercés dans la lecture, ils lisent sans faire les pauses convenables, & qu’ils omettent ensuite ordinairement ces figures dans leur écriture, ou qu’ils les mettent sans discernement.

Ce sont là des difficultés que le plus grand nombre des Maîtres n’ont pas levées avec méthode pour la facilité des commençants. Il a fallu pour ainsi dire les dévorer dans l’enfance, & l’on n’en est venu à bout que par une longue & ennuiieuse routine, sans règles ni principes.

CHAPITRE III.

Autres difficultés venant des signes équivoques & de la bizarerie qui se trouvent dans notre ortographe : plusieurs peuvent aisément se lever par quelques petits changements que l’on feroit dans notre manière d’écrire, & d’autres par l’attention qu’on auroit à suivre certaines règles d’ortographe & de ponctuation.


IL y a longtems que des persones V. Bibliot.
Franç. par M. Goujet
part. 1. chap. 3.
zélées pour perfection de l’ortographe françoise, ont remarqué qu’il est à propos de bien nomer & de bien former les lettres ; qu’une même lettre devroit avoir une seule forme & diverses lettres diverses formes ; qu’il faudroit ôter peu à peu de notre alphabet les lettres superflues, & y ajouter celles qui sont nécessaires ; faire en sorte qu’une même lettre ne fît jamais la fonction & l’office d’une autre, que divers sons ne fussent point représentés par les mêmes lettres ; que la vraie ortographe consiste à représenter fidélement par l’écriture tout ce que nous prononçons & rien de plus, & à ne pas prononcer une chose & en écrire une autre, comme nous faisons ; que le nom de chaque lettre ne devroit avoir qu’un seul coup de langue, & la forme un seul coup de plume.

Mais l’invention des lettres n’étant point de nous, il ne faut point penser présentement à en inventer de nouvelles : c’est un esclavage auquel nous somes assujettis sans espérance d’en revenir le tenter ce seroit rendre notre écriture inintelligible & redoubler les difficultés au lieu de les diminuer, selon la remarque de persones très-sensées. Il vaut mieux user de plusieurs lettres & être entendu, que de n’user que d’une seule & ne l’être point.

Ce qu’on pourroit faire de mieux, au jugement de M. l’Abbé Castel de S. Pierre, ce seroit de doner quelques marques distinctives aux lettres emploiiées à d’autres fonctions qu’à leurs fonctions ordinaires, de désigner dans chaque mot les lettres qui ne se prononcent pas, & de marquer les voiièles longues. Cet Auteur prétend que notre ortographe est actuèlement toute corrompue, & qu’autrefois il y avoit plus d’analogie entre la manière d’écrire & de prononcer, qu’il n’y en a aujourd’hui. Il trouve que le mal vient de la négligence à suivre dans l’ortographe les changements de la prononciation, & à inventer autant de figures qu’il y a eu dans la suite de sons & d’articulations.

Projet pour
perfectioner
l’ortographe
des langues
de l’Europe
en 1730.
Mais il a doné dans l’écueil contre lequel il vouloit qu’on fût en garde ; car tandis qu’il disoit qu’on ne devoit introduire cette perfection que par dégrés & avec le secours du tems, pour ne pas blesser les yeux, il a violé cette régle si sensée dans le livre même où il la propose, en changeant le g en j, dans sage, négligence, songer ; le c en q dans encore, Dictionaire ; l’s en z dans paiisan, le c en s dans François, sans compter les e qu’il change aussi dans plusieurs de ces mots qu’il écrit de cette sorte, saje, néglijance, sonjer, enquore, Diqsionaire, péizan, fransès. Réflex. sur
la Gamm.
& Essais de
Gramm. en 1694. 1711.
& 1717. Méthode
du Bureau Typ.
Par là ses principes qui paroissent justes dans la spéculation seroient déraisonables dans la pratique. M. l’Abbé de Courcillon de Dangeau & M. Dumas ont à peu près le même systême.

Pour moi je me borne à proposer ici ce qui a été imaginé par des Auteurs plus modérés pour lever les équivoques de notre ortographe, & à y ajouter quelques expédients dans le même goût, fort simples & très-utiles dans l’état où sont les choses.

Commençons par la lettre h & par les autres consones qui varient le plus leur articulation, & que l’on appelle pour cela variantes : ensuite nous ferons quelques observations importantes sur l’y, sur l’e, sur l’usage de la diérèse & sur la dénomination même des lettres.

H aspirée marquée par
un point.
Quand faut-il aspirer ou ne pas aspirer h ? Il n’est pas aisé, disons plus, il est presque impossible de l’apprendre par règles. C’est ce qui fait dire à M. Girard qu’ « il seroit ce semble Vrais princ.
de la langue
Franç. 14. disc.]]
à souhaiter pour la perfection de l’écriture, comme pour l’étude de la langue, qu’il y eût une marque distinctive pour cette h aspirée, & qu’elle pût être aussi bien reçûe du Public que l’a été la cédille pour le c radouci. Tout cela dépend de la sagacité de l’inventeur & de la disposition qu’aura ce siècle à gouter les choses utiles. Un petit point au-dessous paroîtroit-il un monstre ? La postérité aura peut-être plus de courage : ce qui nous a fait peur poura lui plaire : plus avisée que nous elle accordera aux yeux la satisfaction de voir toutes les articulations de cette lettre & de connoître par eux-mêmes que dans hameau, haine, hampe, héros, honte, buche, Hollande, Hongrie, elle se prononce différemment que dans habit, héroïne, histoire, honête, humide, humble, hydropisie, toile d’Hollande, point d’Hongrie, eau de la Reine d’Hongrie. »

Ce qui pourroit embarasser en cela c’est qu’il y a quelques mots, savoir hors, horsmis… sur lesquels les Auteurs sont partagés. Dans ce cas comme dans quelques autres ce seroit à Messieurs de l’Académie à lever la difficulté en décidant à quoi il faut s’en tenir.

Son usage quand ch a
une prononciation
grasse
Ce même point de l’h aspirée pouroit servir pour marquer quand ces lettres ch ont une prononciation grasse, tèle que dans charité, chantre, chemise, chicane, chose, chute. Ainsi quand ce point ne seroit pas sous l’h, on doneroit à ch la prononciation dure du k, tèle qu’elle est dans Eucharistie, Archange, Chersonèse, Schirre, écho & chœur.

S radoucie
marquée par
un point ou
une cedille.
On fait assez que selon une règle générale une s entre deux voiièles a le son doux du z, comme dans artisan, désert, poison, présumer ; mais cette règle a une exception qu’il n’est pas possible à bien des persones de comprendre, savoir quand le mot est composé, & que sa seconde partie commence par s, cette lettre se prononce fortement comme le c devant e : exemples Melchisedech, monosyllabe, parasol, préséance, présenter.

On excepte encore les mots composés de la syllabe re initiale, comme resaler, resaliver, resasser, resembler, resentir, reserrer, resortir, resouder, resouvenir, résusciter : mais cette exception a elle-même les siennes ; car on prononce s comme z dans résoudre formé de soudre, résoner formé de soner signifiant rétentir, & résurrection quoique dérivé de résusciters a une articulation forte. Plusieurs pour éviter l’équivoque des s simples dans ces mots, en mettent deux ; mais par-là Grammaire
Franç. L. 1.
ch. 1. édit.
1746.
ils tombent dans un autre inconvénient, puisqu’ils induisent à prononcer fermé l’e de la syllabe re, quoiqu’il soit muet, excepté dans résusciter.

Une autre règle nous aprend que s dans la syllabe trans le prononce fortement, lorsqu’elle est suivie d’une consone : exemples transcrire, transférer, transpirer : & comme un z quand c’est une voiièle qui suit : exemples transaction, transition. Il en est de même quand s se trouve devant un d ou un b comme dans Esdras & Presbytère, & après l dans Alsace. Ceux qui prononcent de même s en z dans Austral, Israel, Urface, jaspe, persécution, & leurs dérivés, font une faute grossière, selon M. l’Abbé Valart.

Ne seroit-il donc pas très-commode pour ceux qui n’ont point apris à fond ces principes, ou qui n’ont pas assez d’usage pour en faire l’application sans hésiter de marquer d’un point capital toutes les s qui ont le son doux du z au milieu des mots, ou de les cédiller ? Car pour les finales, à la réserve de quelques-unes que l’on fait par l’usage se prononcer fortement, elles forment le son du z devant un mot qui commence par une voiièle, où elles sont muètes.

T ramolli
marqué par un
point ou une
cédille.
« Lorsque t est immédiatement devant un i suivi d’une autre voiièle, dit aussi M. Girard, il varie de même son articulation, en y prenant celle du c dans beaucoup d’occasions, & y gardant aussi souvent celle qui lui est propre. Comment en faire la distinction ? Cela n’est pas possible autrement que par mémoire & par éducation. Si l’on vouloit aider les yeux, il faudroit appeller ici le point souscrit ou prosodique que j’ai déja proposé pour distinguer h aspirée, placé sous t, il en indiqueroit le ramollissement, » & par ce moyen on verroit que primatie, portion, les portions, exemptions, quotien, partial, se prononcent autrement que sortie, questions, bastion, chrétien, nous portions. Au lieu de point on pourroit cédiller Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/54 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/55 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/56 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/57 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/58 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/59 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/60 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/61 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/62 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/63 Page:Cherrier - 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Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/119 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/120 voiielle O, comme elle l’a dans cœur.

Cette manière d’écrire n’est plus captieuse & équivoque comme la manière ordinaire, qui est quelquefois cause que certaines personnes tombent dans des fautes grossières & honteuses : témoin ce jeune profès qui lisant au réfectoire & rencontrant ces mots : Le vaisseau alla se briser contre un écueil, lut, le vaisseau alla se briser contre une écuelle : ce qui dona beaucoup à rire à toute la Communauté. Après tout avoit-il si grand tort ? Il s’agit d’exprimer par l’écriture la syllabe eu, & au lieu de cela on écrit la syllabe  ; & on veut contre toute raison que ait le son de eu.

CHAPITRE VII.

Il est plus aisé de commencer par le Latin.


LEs principes de la lecture en Latin étant les plus simples, & par conséquent les plus aisés pour des commençants, j’ai doné en premier lieu les Alphabets & les Syllabaires de cette Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/122 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/123 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/124 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/125 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/126

Si des Enfants ont la vue basse, on leur mettra en main le livret ci-joint, ou on les fera approcher de la Carte où est la leçon, en forte qu’ils en puissent remarquer les caractères sans se gêner.

Quand les Enfants auront passé tous ces syllabaires, on leur demandera comment s’écrivent tels mots : par exemple, mon ame aime ton Dieu : le Seigneur fait seul notre vrai bien : il doit être aimé & servi de tous les hommes. S’ils sont embarrassés, on leur dira de chercher ces mots dans les syllabaires, ou de les composer en rassemblant plusieurs syllabes simples. On ne manquera pas de les aider dans les commencements à faire ce petit ouvrage.

Pour animer les Enfants par l’émulation, les Maîtres fixeront un jour de la semaine pour les faire disputer les uns contre les autres sur les leçons qu’ils ont aprises. L’un montrant à son émule les syllabes avec une baguette, lui en proposera une vingtaine à dire : celui-ci fera la même chose à son tour, & il y aura de mauvaises notes pour celui qui aura fait le plus de fautes, & de bones pour celui qui n’en aura point fait du tout.

CHAPITRE IX.

Méthode très-commode de faire dire en même-tems la leçon à tous les Enfants d'une même capacité, moyennant quelque instrument ou signal propre à faire faire à la muète cet exercice & la plupart des autres de l’Ecole.


AFin qu’un Maître se fatigue moins, & qu’il enseigne cependant plus d'écoliers que deux ou trois n’en pouroient instruire par la Méthode ordinaire, il faut partager les Enfants par bandes selon leur force. Alors tous ceux d’une même bande aiiant les yeux sur la grande feuille où est leur leçon, on donera un signal pour faire dire au premier une syllabe, au second la suivante, &c. s’il se trompe, on donera un autre signal pour avertir son émule de le reprendre ; & l’on aura attention qu'aucun autre ne s’ingère à suggérer la syllabe dont il s’agit.

Suppl. chap. I. §. 2. C’est M. Rollin qui m’apprend cette Méthode. « On a, dit-il, introduit à Paris depuis plusieurs années dans la plupart des Ecoles des pauvres une Méthode qui est fort utile aux écoliers, & qui épargne beaucoup de peine aux Maîtres. L’école est divisée en plusieurs classes. J’en prends ici une seulement, savoir celle des Enfans qui joignent déja les syllabes : il faut juger des autres à proportion. Je suppose que le sujet de la lecture est, Dixit Dominus Domino meo, sede à dextris meis. Chaque Enfant prononce une syllabe, comme Di : son émule qui est vis-à-vis de lui, continue la suivante, xit ; & ainsi du reste. Toute la classe est attentive ; car le Maître sans avertir, passe tout d’un coup du commencement d’un banc au milieu ou à la fin, & il fait continuer sans interruption. Si un écolier manque dans quelque syllabe, le Maître donne sur la table un coup de baguette sans parler, & l’émule est obligé de répéter comme il faut la syllabe qui a été mal prononcée. Si celui-ci manque aussi, le suivant sur un second coup de baguette recommence la même syllabe, jusqu’à ce qu’elle ait été prononcée correctement. J’ai vers 1700 vu avec un singulier plaisir il y a plus de trente ans cette Méthode pratiquée heureusement à Orléans, où elle a pris naissance par les soins & l’industrie de M. Garot qui présidoit aux écoles de cette ville. » Elle se pratique actuèlement avec succès dans les écoles gratuites de Toul : pour cela on a doné les mêmes livres aux Enfants d’une même capacité. « L’école que je visitai, continue M. Rollin, étoit de plus de cent écoliers, & il y regnoit un profond silence. Un Maître chargé d’une nouvelle école, ne feroit-il pas sagement de visiter celles qui réussissent le mieux & de les prendre pour modèles ? »

C’est dans cette vue d’aprendre ce qui se fait de bien que j’ai visité des écoles conduites par les Frères de la Doctrine Chrétiène : & j’y ai trouvé le même plaisir que M. Rollin à Orléans, en voiiant le bon ordre qui s’y observe.

Le Maître a une chaire élevée de trois ou quatre marches, afin de voir aisément tout ce qui se passe : à cet effet les écoliers sont aussi tous tournés de son côté, même ceux qui écrivent, en sorte qu’ils peuvent le voir toujours en face ou au moins de profil. Il a continuèlement sous sa main une espèce de pinces de fer à ressort, qui font un petit bruit, comme un cliquetis d’armes, toutes les fois que ce ressort se détend. Voici l’usage qu’on en fait & les autres signes qu’on y ajoute.

Après que le Maître, pour avertir les écoliers de se disposer à la leçon a frapé un coup de sa main sur le livre fermé dans lequel on va lire, il frape un coup avec le signal, & il regarde fixement un Enfant, en le montrant avec le bout de ce signal, pour l’avertir de commencer la leçon après qu’il aura fait le signe de la sainte Croix dévotement en prononçant les paroles tout haut & les autres bas découverts & toujours en même-tems.

Pour faire signe de cesser à celui qui lit, le Maître frape un coup, & en même temps tous les écoliers se regardent. Si c’est pour faire continuer la leçon par un autre, le Maître le montre avec le bout du signal.

Pour faire signe à celui qui lit de se reprendre, quand il a mal lu ou mal prononcé une lettre, une syllabe ou un mot, le Maître frape deux coups successivement & coup sur coup avec le signal : que si après avoir fait le signe deux ou trois fois, l’écolier ne dit pas bien, le Maître frape un seul coup, comme pour faire cesser de lire afin de faire regarder tous les écoliers, & il fait en même tems signe à un autre de lire haut la lettre, la syllabe ou le mot que celui-la a mal lu ou mal prononcé : que si après avoir fait le signe deux ou trois fois, celui qui lit ne trouve, & ne recommence pas ce qu’il a mal lu ou mal prononcé, parce qu’il en a lu plusieurs après celui-la, avant d’être repris, le Maître frape trois coups successivement l’un sur l’autre, pour lui faire signe de recommencer plus avant en rétrogradant, & il continue de faire ce signe jusqu’à ce que l’écolier arive à l’endroit où il a fait une faute.

Pour faire signe de parler plus haut, le Maître lève le signal en haut par le bout, & pour faire signe de parler plus bas, il en baisse le bout vers la terre.

Pour faire signe de lire ou réciter posément, il frape deux coups distincts & séparés l’un de l’autre. Pour reprendre de ce que la pause entre deux lettres, ou entre deux syllabes, ou entre deux mots n’est pas assez grande, il baisse le bout du signal sur le livre qu’il a en main posément & à plusieurs reprises. Si c’est après une virgule ou après un ou deux points que la pause n’est pas suffisante, il pose le bout de son signal sur l’endroit où l’on lit, en s’y arrétant. Si c’est pour avertir que l’écolier fait une pause là où il n’en falloit point, ou qu’il la fait trop longue, ou qu’il traine mal-à-propos, le Maître coule le signal sur son livre ouvert.

Pour faire changer de leçon, le Maître frape de sa main sur son livre ouvert, & en même tems celui qui lit cesse de lire, & dit tout haut, Dieu soit beni à jamais.

Pour faire signe de finir la dernière leçon & faire serrer les livres, le Maître frape un coup de sa main sur la couverture du livre qu’on lit actuèlement.

Pour avertir quelqu’un ou plusieurs de ne pas parler si haut en étudiant, il lève un peu la main avec le signal, comme s’il la vouloit porter à l’oreille. Il fait le même signe lorsqu’il entend quelque bruit dans l’école : si c’est du côté droit que se fait le bruit, il lève la main droite ; si c’est du côté gauche, il lève la main gauche.

Pour faire commencer l’écriture, après que le distributeur des exemples les a tous donés, le Maître fait trois signes, en frapant trois fois distinctement avec le signal, à chaque signe un coup seulement : au premier les écoliers tirent tous & montrent leurs écritoires : au second, ils les ouvrent & tirent leurs plumes : au troisième ils mettent la plume dans l’encre, & ils écrivent en même tems.

Quand un écolier se couche sur la table pour écrire, ou qu’il tient quelque autre posture messéante en écrivant, le Maître lève la main de droite à gauche pour lui faire signe de mettre son corps dans une bone situation.

Quand un écolier ou plusieurs ne tiènent pas bien la plume, le Maître montre avec la main la manière de la bien tenir. S’il en remarque quelqu’un qui n’écrive pas, il lui fait signe en le regardant, & puis il lève la main en faisant le mouvement des doigts.

Pour faire réciter les Prières le Maître joint les mains.

Pour avenir de répéter les réponses de la Messe, il frappe sa poitrine.

Pour avertir de répéter le Catéchisme, il fait le signe de la Croix.

Pour reconnoître si un écolier est attentif pendant le tems des répétitions, le Maître frape un coup avec le signal pour faire arrèter celui qui parle, & ensuite il montre l’autre avec le bout du signal, pour lui faire signe de répéter ce que son compagnon vient de dire.

Pour reprendre un écolier de n’avoir pas bien fait le signe de la Croix, ou lui faire signe de baisser les yeux & de regarder son livre, ou d’autres choses semblables, le Maître fait ce qu’il veut que l’écolier fasse & observe.

Quand un écolier veut demander permission de parler, il se lève & se tient de bout à sa place les bras croisés : si le Maître juge à propos qu’il parle, il lui fait signe de venir en retirant le bout du signal à soi : si c’est pour sortir, le Maître tourne le signal du côté de la porte : s’il refuse l’un ou l’autre, il baisse le signal vers la terre.

Il y a des signes pour les fautes commises par les Enfants. Celles qu’ils font ordinairement se réduisent à cinq ou six chefs qui sont marqués sur des feuilles attachées aux murs : si quelqu’un y tombe & mérite correction, le Maître lui montre la sentence, & le fait venir auprès de lui, pour le corriger comme il convient.

Il y a aussi une clochette dont on tinte quelques coups, pour avertir de se mettre en la présence de Dieu avant que de commencer un exercice, ou pour faire dire quelque autre courte prière quand l’heure sone.

CHAPITRE X.

Différentes Méthodes d’aprendre à lire en jouant. L’usage des Dés est très-commode.


SI les Religieuses qui ont de petites Pensionaires, les Précepteurs & les autres Maîtres qui vont dans les maisons bourgeoises, veulent enseigner les Enfants tout en jouant, selon le sage conseil de Messieurs Rollin, Pluche, Locke, & de S. Jérôme même,Chap. I. comme je l’ai dit plus haut, ils pouront se servir de différents expédients inventés à ce dessein.

Supplém. chap. I. §. 2. « Il y a des Maîtres, dit M. Rollin, qui se servent de deux boules de bois (l’ivoire conviendroit encoPage:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/137 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/138 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/139 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/140 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/141 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/142 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/143 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/144 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/145 Page:Cherrier - Methodes nouvelles pour aprendre a lire aisement & en peu de tems, 1755.pdf/146 Page:Cherrier - 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ALPHABETS
ET
SYLLABAIRES FRANÇOIS

§. 1.

Alphabets François.
† A b c d e é è f g h i j k l
m n o p q r s ſ t u v x y z : &c.

A b c d e é è f g h i j k l m
n o p q r s ſ t u v x y z : &c.

Les lettres Capitales ou Majuscules sont les mêmes que dans les Alphabets latins, aussi bien que les lettres liées.

§. 2. Syllabes de deux lettres.
Ba be bé bè bi bo bu

Ca ce cé cè ci co cu
Da de dé dè di do du
Fa fe fé fè fi fo fu
Ga ge gé gè gi go gu

Ha he hé hè hi ho hu

Ja je jé jè je n jo ju
Ka ké kè ki ko ku
La le lé lè lo lu
Ma me mé mè mo mu
Na ne né nè ni no nu
Pa pe pé pè pi po pu
Ra re ré rè ri ro ru
Sa se sé sè si so su
Ta te té tè ti to tu
Va ve vé vè vi vo vu
Xa xe xé xè xi xo xu
Za ze zé zè zi zo zu.

Ce syllabaire pris à rebours est le même que dans le Latin. L’e n’y est ni muet ni fermé, mais toujours ouvert, excepté devant m & n où il se prononce ordinairement comme un a.

§. 3.
Syllabes de trois lettres.

Bla ble blé blè bli ble blu
bra bre bré brè bri bro bra
Cha che ché chè chi cho chu
cla cle clé clè cli clo clu
cra été cré crè cri cro cru
Dra dre dré drè dri dro dru
Fla fle flé flè fli flo flu
fra fre fré frè fri fro fru
Gla gle glé glè gli glo glu

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