Nous tous/Misère
Apparence
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I
MISÈRE
Hommes, femmes, vieillards enfin,
Tous ces vains chercheurs de problèmes
Souffrent du froid et de la faim ;
Aussi les petits enfants blêmes.
Le désespoir vient les saisir ;
C’est lui tout seul qui les enseigne,
Et toujours le cruel Désir
Mord leur chair qui pleure et qui saigne.
Ils vivent dans l’oubli hideux,
Sans que jamais rien y fleurisse.
Mais qui donc aura pitié d’eux ?
Misère, la bonne nourrice.
Cet Ange au gosier enroué,
Réchauffant leur lèvre livide,
Met sur eux son châle troué
Et leur tend sa mamelle vide.
1er décembre 1883.