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Odes (Horace, Séguier)/I/16 - Palinodie

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 23-24).


XVI

PALINODIE



Ô toi que ta mère, image de Vénus,
Fit plus belle encor, mes rudes épigrammes,
      Détruis-les, soit au contact des flammes,
   Soit dans ces flots où meurt l’Adrianus.


Non, le rauque airain célébrant Dindymène,
Non, les chauds trépieds d’Apollon Pythien,
      Ni Bacchus, ni Corybantes, rien
   Ne trouble autant une cervelle humaine

Que le noir courroux : il brave, audacieux,
Le glaive norique et la plaine aux naufrages,
      L’incendie et le choc des orages
   Dont Jupiter ébranle terre et cieux.

Pour compléter l’homme, alors que Prométhée
À chaque animal prit une passion,
      Il paraît que du fauve lion
   La véhémence en son cœur fut jetée.

La colère, hélas ! à d’immenses malheurs
Entraîna Thyeste ; et cent villes superbes,
      Par sa faute allant joncher les herbes,
   Sur leurs remparts virent d’affreux vainqueurs

Passer, repasser des socs liberticides.
Calme tes esprits. Son souffle dangereux
      M’égara moi-même, au temps heureux
   De ma jeunesse, et d’ïambes rapides

M’arma furibond. Mais je veux, dès ce jour,
Changer en douceurs un amer déplorable,
      Si, sensible à l’amende honorable,
   Tu me souris et me rends ton amour.