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Odes (Horace, Séguier)/I/2 - À César Octave

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 3-5).


II

À CÉSAR OCTAVE



Assez de neige et de funestes grêles !
Zeus trop longtemps, de son ardente main
Fulgurisant nos saintes citadelles,
Fit craindre au sol romain,

Fit craindre au monde un retour des époques
De vaste horreur où Pyrrha gémissait,
Lorsque Protée, avec l’ost de ses phoques,
Jusqu’aux grands monts passait ;

Quand les poissons s’arrêtaient sur les ormes,
De la colombe asiles regrettés,
Et que les daims, parmi les flots énormes.
Nageaient épouvantés.

Nous l’avons vu ! des étrusques rivages
Le Tibre jaune en fureur s’écarta
Pour renverser les numéens ouvrages,
Le temple de Vesta :

Oui, trop sensible à la douleur d’Ilie,
Malgré Jovis jaloux de la venger,

L’humide époux, sa gauche étant franchie,
Mit la ville en danger.
 
Diminués par nos œuvres perverses,
Nos jeunes gens, d’affreux débats instruits,
Sauront qu’un fer aiguisé pour les Perses
Nous seuls nous a détruits.
 
Quel dieu du sort de l’empire en ruine
Chargerons-nous ? Vestales, par quels soins
Fléchira-t-on la patronne divine
Dont l’oreille entend moins ?
 
À qui le ciel confiera-t-il le rôle
D’expiateur ? Ah ! du sacré vallon,
D’un pan d’azur couvrant ta blanche épaule,
Viens, augure Apollon !
 
Ou viens toi-même, Érycine charmante
Que Cupidon entoure avec les Jeux ;
Ou toi, Mavors, si ta race inaimante
Trouve grâce à tes yeux,
 
Si désormais son trop long deuil te touche,
Dieu qui te plais au fracas du buccin,
Aux feux du casque, à l’escrime farouche
Du Marse fantassin ;
 
Ou bien encor toi, de Maïa la belle
Le fils ailé, si, d’un jeune vainqueur

Prenant les traits, tu souffres qu’on t’appelle
De César le vengeur.

Oh ! tard, bien tard, dans l’Olympe remonte,
Longtemps découvre à Rome des appas ;
Plein de dégoût, qu’une brise trop prompte
Ne te remporte pas.

Ici plutôt à maint triomphe accède ;
De père et prince aime les noms touchants,
Sans tolérer que le cavalier mède,
César, foule nos champs.