Odes (Horace, Séguier)/III/8 - À Mécène

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Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 104-105).


VIIO

À MÉCÈNE


Tu vois, surpris, aux calendes de Mars,
Bouquets de fleurs chez moi célibataire,
Boite d’encens, rouges charbons épars
          Sur la mousse, — un mystère


Pour toi si docte en rits grecs et latins :
C’est qu’à Liber, quand un arbre sauvage
M’allait broyer, je vouai doux festins
          Et bouc au blanc pelage.

L’an révolu, de son cachet noirci
Ce jour fêté délivrera l’amphore,
Depuis Volcate instruite à boire ici
          La fumée à plein pore.

Prends, Mécénas, cent coupes en l’honneur
De l’ami sauf ; que l’aube nous éclaire
Buvant encore, — et loin toute clameur,
          Bien loin toute colère !

Sois sans tourment pour la chère cité
Occis est l’ost de Cotison le Dace ;
Contre soi seul, le Mède révolté
          Tourne sa triste audace.

Au sol d’Espagne, un rebelle constant,
Le Cantaber, porte enfin notre chaîne ;
Le Scythe annonce, à son arc qu’il détend,
          Sa retraite prochaine.

Cesse un moment, en simple citoyen,
De t’affecter des choses populaires ;
Et, saisissant l’heure au vol, vite et bien,
          À demain les affaires !