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Odes (Horace, Séguier)/IV/12 - À Virgile

La bibliothèque libre.
Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 163-164).


XII

À VIRGILE


Les vents de Thrace, escorte du printemps,
Poussent les nefs sur la mer adoucie ;
L’herbe respire, et de glaçons flottants
        La rivière n’est plus grossie.

D’un sang royal éternel déshonneur
Pour sa vengeance envers un grand parjure,
Progné, d’Itys déplorant le malheur,
        Refait son nid d’heureux augure.


Sous la feuillée, avec leurs chalumeaux.
Nos gais pasteurs, luttant de mélodie,
Charment le dieu qui chérit les troupeaux
        Et les ombrages d’Arcadie.

Virgile. ainsi la soif est de saison :
Mais si tu veux un calés sans mélange,
Client des fils d’opulente maison,
        Donne-moi du nard en échange.

Le moindre onyx de ce parfum choisi
Fera sortir des greniers de Sulpice
Un cade, hostile au plus léger souci
        Autant qu’aux beaux rêves propice.

L’offre te plaît ? alors hâte le pas,
Salaire en main, car mes coupes de hêtre
Ne vont gratis t’humecter le lampas,
        Comme celles d’un riche maître.

Fi des retards, trêve à l’ardeur du gain !
En attendant qu’au bûcher l’on te pleure.
Mêle aux devoirs un peu de fol entrain :
        S’affolir est doux à son heure.