Pauvres fleurs (éd. Laurent 1839)/Ma Fille

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Ma Fille.


C’est beau la vie
Belle par toi,
De toi suivie,
Toi devant moi !
C’est beau, ma fille,
Ce coin d’azur
Qui rit et brille
Sous ton front pur !

C’est beau ton âge
D’ange et d’enfant,
Voile ou nuage
Qui te défend
Des folles ames
Qui font souffrir ;
Des tristes flammes
Qui font mourir.

Dieu fit tes charmes ;
Dieu veut ton cœur ;
Tes jours sans larmes,
Tes nuits sans peur :

Mon jeune lierre,
Monte après moi !
Dans ta prière
Enferme-toi ;

C’est beau, petite,
L’humble chemin
Où je ne quitte
Jamais ta main :
Car dans l’espace,
Aux prosternés
Une voix passe
Qui dit : « Venez ! »

Tout mal sommeille
Pour ta candeur ;
Tu n’as d’oreille
Que dans ton cœur :
Quel temps ? quelle heure ?
Tu n’en sans rien :
Mais que je pleure,
Tu l’entends bien !