Premières poésies (Évanturel)/Souvenir

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Augustin Côté et Cie (p. 137-138).



SOUVENIR



UN soir du dernier carnaval.
— Un froid de loup, je me rappelle
Nous revenions tous deux du bal,
Bien tard, bien tard, mademoiselle.


Je m’en souviens. Ô vrai bonheur !
Des airs joués à l’ouverture.
Les battements de votre cœur
Gardaient encore la mesure.



— Si vous m’aimiez ?
Si vous m’aimiez— Je n’en sais rien.
Toujours est-il que la dernière,
Vous songeâtes que votre main
Tenait la mienne prisonnière.


Pourquoi marchions-nous lentement,
Par un de ces froids de Norvège,
Malgré le vent qui, par moment,
Fouettait nos fronts — malgré la neige ?


C’est que, vois-tu, nous nous aimions
Déjà beaucoup, je me rappelle,
Le soir que seuls nous revenions
Bien tard, bien tard, mademoiselle.