Principes de la musique et méthode de transposition, 4e édition/p1/1c

La bibliothèque libre.


SYSTÈME DES CLEFS.
PAR RAPPORT AUX VOIX.



28. Les voix humaines se partagent en deux classes : les voix d’hommes et les voix de femmes ou d’enfants, les premières graves, les secondes aiguës. Classification
des voix.
29. Mais les voix d’hommes sont plus ou moins graves, et les voix de femmes plus ou moins aiguës ; il y a en cela des nuances dont les plus prononcées sont :

Pour les voix d’hommes,  la basse ou basse-taille (voix basse des hommes) ;
le ténor ou taille (voix élevée des hommes).
Pour les voix de femmes, le contralto (voix basse des femmes) ;
le soprano ou dessus (voix élevée des femmes).

30. Les voix de femmes (ou d’enfants) sont d’une octave plus élevées que les voix d’hommes. Le contralto (voix basse des femmes) correspond à la basse (voix grave des hommes), mais une octave plus haut. Le soprano (voix élevée des femmes) correspond au ténor (voix élevée des hommes), mais toujours une octave plus haut.  

31. L’ensemble de ces quatre voix forme le quatuor vocal.
32. Outre ces voix principales, la nature en offre d’intermédiaires, ce qui porte à quatre le nombre des voix d’hommes, et à trois celui des voix de femmes.
xxxVoici la classification de ces voix.
xxxLes voix d’hommes sont, en partant du grave
xxxxx1° La basse (ou basse-taille) ;
xxxxx2° Le baryton (appelé autrefois concordant) ;
xxxxx3° Le ténor (appelé autrefois taille) ;
xxxxx4° Le 1er ténor. (appelé autrefois haute-contre)[1].
xxxLes voix de femmes sont, en montant vers l’aigu :
xxxxx1° Le contralto[2] ;
xxxxx2° Le mezzo-soprano (ou second dessus) ;
xxxxx3° Le soprano (ou premier dessus).
 
33. Chaque voix, quelle qu’elle soit, a communément une étendue d’environ treize degrés.  
34. Le diapason de ces différentes voix et la clef propre à chacune d’elles sont indiqués dans la figure suivante : Diapason des voix.
Clefs propres à chacune d’elles.
PORTÉE GÉNÉRALE
embrassant l’étendue de toutes les voix
xx


35. On remarquera que la haute-contre, la plus élevée des voix d’hommes, et le contralto, la plus grave des voix de femmes, ont le même diapason, et par conséquent une clef commune[3].  

En détachant de la portée générale les portées partielles, et en plaçant ces dernières l’une au-dessus de l’autre, on aura le tableau suivant : [4]


NOTA. — Bien que la clef de SOL ne figure pas dans ce tableau, on peut voir, par l’exemple écrit sur la portée générale, que cette clef s’applique aussi très-bien à la voix de premier dessus, surtout pour le cas où cette voix aurait à chanter dans la région la plus élevée de son échelle.

36. On peut remarquer que le diapason des différentes voix classées dans l’ordre où elles sont présentées dans ce tableau s’élève de trois en trois degrés, ainsi que le diapason des clefs correspondantes.  
37. Nous avons déjà mentionné (§ 21) la suppression de la clef de SOL sur la première ligne, nous devons ajouter qu’on a encore réduit, pour l’usage des voix, le nombre des positions des autres clefs[5]. Clefs
actuellement
usitées
pour les voix.

Ainsi on n’emploie plus que la clef de FA quatrième ligne, tant pour la basse que pour le baryton (la clef de fa 3e ligne est supprimée).

Le premier et le deuxième ténor s’écrivent sur la clef d’UT quatrième ligne[6] (la clef d’UT 3e ligne n’est plus employée pour la voix de 1er ténor).

Enfin, toutes les voix de femmes s’écrivent sur la clef d’UT première ligne ou la clef de SOL seconde ligne (la clef d’ut 3e ligne, et surtout la clef d’ut 2e ligne, ne sont plus en usage pour les voix auxquelles elles correspondent).

 


  1. À proprement parler, la véritable voix de haute-contre a un timbre particulier qui la distingue de la voix de ténor. Cette voix de haute-contre est devenue fort rare.
  2. Le véritable contralto est une voix actuellement peu commune.
  3. Néanmoins ces voix différentes essentiellement par le timbre, ce qui fait paraître le contralto très-grave et la haute-contre très-aiguë.
  4. La plupart des compositeurs emploient exclusivement la clef d’ut 1re ligne pour la voix de soprano, et réservent la clef de sol pour les instruments aigus.
  5. Maintenant que nous pouvons apprécier le système complet des clefs, son unité, la manière ingénieuse dont il est coordonné, et sa parfaite relation avec la nature des voix pour lesquelles il a été créé, nous comprendrons facilement combien il est regrettable que ce système ait été mutilé par l’abandon plus ou moins absolu de certaines positions de clef.
    xx Cet abandon est d’autant plus fâcheux, que l’élève n’est pas pour cela affranchi de l’obligation d’apprendre toutes les clefs, puisque la connaissance en est indispensable pour pratiquer la transposition ; tandis que la rareté ou le défaut de leur emploi dans la musique qu’on a journellement sous les yeux, est un obstacle à ce qu’on les lise aussi rapidement que celles dont l’usage a été conservé pour l’écriture musicale.
  6. On voit de la musique pour ténor écrite en clef de sol (parce que la connaissance de cette clef est plus vulgaire), mais, dans ce cas, la voix chante une octave au-dessous de la notation.
    xxxxxxxxRègle générale :
    xxSi les hommes veulent chanter la musique écrite sur les clefs spéciales aux voix de femmes (la clef de sol, la clef d’ut 1re et 2e ligne), ils chantent alors une octave au-dessous de la notation.
    xxSi les femmes veulent chanter la musique écrite sur les clefs spéciales aux voix d’hommes (la clef de fa 4e et 3e ligne, et la clef d’ut 4e ligne), elles chantent cette musique une octave plus haut.