Répertoire national/Vol 1/Le Lion, l’Ours et le Renard

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Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 149-150).

1823.

LE LION, L’OURS ET LE RENARD.

fable.

Certain Renard, un jour qu’il était en voyage,
De soins rongé, tourmenté de la faim,

  

Vit l’Ours et le Lion disputant pour un daim.
    Que chacun voulait sans partage.
    « Parbleu ! se dit aussitôt le matois,
    De la forêt laissons faire les rois ;
    En évitant leur mâchoire cruelle,
    Tirons parti de la querelle. »
    Il n’était pas un franc Algérien,
    Mais, comme on voit, bon Calédonien.
Pendant que sur le cas en lui-même il raisonne,
    De ci, de là, chaque lutteur,
    De dent, de griffe avec fureur,
    A l’autre de bons coups il donne
Tant, qu’à la fin tous deux tombant de lassitude,
    Maître Renard, sans plus d’inquiétude,
    Peut sous leurs yeux, cette aubaine enlever,
Aux dépens des héros, s’égayer et dîner.

    J’ai vu souvent dans ma patrie
    Mes trops légers concitoyens,
    Canadiens contre Canadiens,
    Lutter avec même furie ;
Nouveaux venus, nos pertes calculer,
S’en enrichir et de nous se moquer.

D. B. viger.