Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Huitième livre/Chapitre 01

La bibliothèque libre.
Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 150-151).


CHAPITRE PREMIER.
DU COMPUT, DU CALENDRIER, ET DE CE QUI S’Y RAPPORTE.[1]


I. Les prêtres, comme le dit le bienheureux Augustin (XXX, d. viii, Quæ ipsis), sont tenus de savoir le Comput ; autrement, à peine mériteraient-ils le nom de prêtres. Sous ce mot de Comput, nous comprenons la connaissance du cours du temps, de la lune et du calendrier.

II. Or, le Comput est une science qui a pour objet de faire connaître le temps d’après le cours et la marche du soleil et de la lune ; c’est pourquoi, dans cette huitième et dernière partie, nous dirons, dans un abrégé clair et concis, quelques mots du Comput, tel que l’on sait qu’il est en usage dans l’Eglise, pour l’instruction des prêtres ignorants.

III. Le mot Comput vient de computo, supputer, compter, non que dans le Comput nous apprenions l’art de supputer et de compter, mais parce que dans le Comput nous procédons par la supputation, par la science de l’arithmétique, qui nous est alors utile et nécessaire. Il y a deux sortes de Computs, savoir : le Comput astronomique ou philosophique, et le Comput vulgaire ou ecclésiastique ; mais il n’est pas question présentement du Comput astronomique. Le Comput vulgaire est la science qui a pour objet de distinguer, de diviser le temps d’une manière fixe ou certaine, ou bien la science qui divise le temps suivant l’usage de l’Eglise.

IV. Le temps ici est pris, suivant Cicéron, pour une certaine portion ou quantité de l’année, du mois, du jour ou d’un autre espace quelconque. Ou bien encore, le temps est le délai ou l’intervalle que mettent les choses variables à exécuter leur mouvement et à fournir leur course. Le temps est divisé en dix parties, qui sont : l’année, le mois, la semaine, le jour, le quart [de jour], l’heure, le point, le moment, l’once et l’atome (a-temna indivisible). L’année renferme douze mois, cinquante-deux semaines et un jour, ou trois cent soixante-cinq jours et six heures. Le mois se compose de quatre semaines ou un peu plus, la semaine de sept jours, le jour de quatre quarts [de jour], le quart de six heures, l’heure de quatre points, le point de douze moments, le moment de douze onces, l’once de quarante-sept atomes ; l’atome est indivisible ; car le mot grec atomos signifie indivisio ; ce qu’on ne peut diviser : d’où atomos en grec se dit indivisio en latin. Donc le mois est à peu près la douzième partie de l’année solaire ; la semaine est à peu près le quart du mois ; le jour naturel est la septième partie de la semaine ; le quadran, la quatrième partie du jour naturel ; l’heure, le sixième du quadran ; le point, le quart de l’heure ; le moment, le dixième du point ; l’once, le douzième du moment ; l’atome, le quarante-septième de l’once. Le temps se divise encore autrement : en éternité {œvum), espace de temps indéterminé et plus considérable que le siècle ; en âge, en siècle, en lustre, en olympiade et en indiction. Nous parlerons ci-dessous de ces diverses divisions.

V. Il y a trois temps d’années ou trois sortes d’années : l’année solaire, l’année lunaire et la grande année (magnus), dont nous avons eu l’intention de traiter dans ce huitième livre, qui renferme deux parties principales. Dans la première partie, nous traitons de l’année solaire et de la grande année ; dans la seconde, de l’année lunaire.

  1. Ce livre est fort beau et important, et très-nécessaire aux clercs et aux laïques. (Note de Guillaume Durand.)