Raymonne (Eekhoud)/05

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Imprimerie Mees et Cie (p. 21--).


V.

AUTRE PARENTHÈSE.


 
Ô femmes, on a beau vous prendre pour symbole
Du plaisir inconstant, du sentiment frivole,
Au moins quand vous aimez, vous aimez mieux que nous,
Et vous savez souffrir sans murmures, sans plaintes,
Et vous nous pardonnez, doux êtres, femmes saintes,
Les plus lâches rigueurs, les accès les plus fous.

À l’amant vous cachez les tortures qu’il cause,
Vous savez qu’il a peur d’un visage morose,
Que les airs de martyrs sont les plus ennuyeux.
Il faut pour nous gagner prendre soin de vos charmes,
Les hommes, ces vainqueurs, comprennent mal les larmes,
Puis les pleurs sont amers et gâteraient vos yeux.

Êtres faibles, dit-on, moi je dis femmes fortes.
Mieux que nous vous portez vos illusions mortes.
Quand nous souffrons à deux c’est vous qui consolez,
Et dans nos désespoirs, nos révoltes, nos haines,
Épouses, mères, sœurs, à vous le plus de peines
Mais le plus de courage. — En tout vous nous valez !