À mon frère Achille

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À mon frère Achille
Revue de Montréal1 (p. 209).

(De mes cartons.)

À MON FRÈRE ACHILLE,


Frère, tu veux causer ; tu veux que je rassemble
Mes souvenirs ; tu veux, me tenant par la main,
Comme un vieillard penché sur son bâton qui tremble,
Des jours qui ne sont plus remonter le chemin.

Il fut bien rude, hélas ! ce long passé qui semble
Pourtant si court — plus tard — au pauvre cœur humain :
Nous n’avons pas fléchi, car nous étions ensemble…
Nous le sommes encor : le serons-nous demain ?

C’est l’avenir, vois-tu, qui frappe, à notre porte :
Laissons le passé fuir avec ce qu’il emporte ;
Oublions s’il fut triste ou s’il fut caressant.

Et pour braver le sort et ses coups arbitraires,
Rendons grâces au ciel qui nous fit deux fois frères :
L’une par la pensée et l’autre par le sang.


Louis. H. Fréchette.