Revue scientifique - 14 août 1846

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Revue scientifique - 14 août 1846
Revue des Deux Mondes, période initialetome 15 (p. 719-724).


REVUE SCIENTIFIQUE.


Les accidens qui, dans ces derniers mois, se sont si fréquemment répétés, et d’ordinaire avec de si tristes conséquences, sur les chemins de fer, ont ému vivement l’Académie des Sciences et le public, et de tous côtés il a surgi des projets destinés, disait-on, à rendre désormais impossible le retour de ces funestes événemens. Il va sans dire que la plupart de ces projets, formés par des hommes qui manquent des connaissances nécessaires, ne méritent guère d’attention. Comment prendre au sérieux, par exemple, cette idée si souvent émise, et que nous avons entendu prôner même dans de doctes assemblées, d’arrêter subitement un convoi marchant à toute vitesse, et de prévenir par là les rencontres, les chocs, les déraillemens, tous les accidens en un mot, qui sont à craindre sur les chemins de fer ? Sans nous arrêter à la possibilité d’exécuter ce projet, qui suppose tout simplement qu’on pourrait, par quelque mécanisme ingénieux, arrêter brusquement cent boulets de vingt-quatre à l’instant où ils sortent de la bouche du canon (car, en ayant égard à la masse et à la vitesse, un gros convoi, dans des circonstances ordinaires, ne produirait pas sur un obstacle qu’on opposerait subitement à sa marche un effet moindre que celui qui serait produit par cent boulets de vingt-quatre qui viendraient le frapper à la fois), il est à remarquer que si la chose était faisable, le remède, dans le plus grand nombre des cas, serait pire que le mal. En effet, si l’on réussissait, par impossible, à arrêter tout à coup un convoi marchant, par exemple, avec une vitesse de dix lieues à l’heure, tous les voyageurs sans exception, seraient lancés avec une vitesse égale à celle qui animait le convoi entier avant cet arrêt brusque, et iraient frapper la terre ou les diverses parties des voitures avec la même vitesse qu’ils acquerraient s’ils tombaient tous d’un premier étage assez élevé. Or, quel ne soit le danger auquel on est exposé sur un chemin de fer lorsqu’un accident est imminent, ce danger, pour la totalité des voyageurs, est bien moindre que celui qu’ils éprouveraient s’ils tombaient tous à la fois d’un premier étage. Le remède, comme on le sent, serait fort dangereux : heureusement ce remède, tel que l’imaginent la plupart des utopistes, est inapplicable.

Pour prévenir le retour de ces accidens si funestes comme pour en diminuer la gravité, la première chose à faire, tous les hommes compétens sont d’accord sur ce point, c’est de diminuer le poids de chaque convoi, et de répartir ce poids entre un certain nombre de convois successifs. Alors les ressources de la mécanique pourront être app1iqiées avec succès à des masses moins grandes ; mais, dans les circonstances actuelles, tous les soins imaginables ne sauraient prévenir le retour d’accidens dont les suites, une fois que ces énormes masses ont cessé d’obéir à une impulsion intelligente, deviennent incalculables. Au reste, cette question n’est pas seulement une affaire de mécanique. La politique joue un grand rôle dans tout ce qui touche aux chemins de fer, et le gouvernement, qui a devant lui des sociétés riches et puissantes, et qui se voit forcer la main par le vœu énergique de tout le pays, demandant l’établissement complet de ce nouveau mode de communication, ne peut pas agir avec une entière liberté. Nous croyons pourtant que, dans l’intérêt des compagnies comme dans celui du public, il faut tenir la main à l’exécution stricte des conditions comprises dans le cahier des charges. De notre temps, l’opinion publique est plus forte que les associations les plus considérables, et il ne faudrait pas que le gouvernement fût obligé souvent d’intervenir, comme il a dû récemment le faire pour la ligne de Saint-Etienne à Lyon, afin que des travaux indispensables à la sûreté des voyageurs fussent enfin exécutés.

L’enthousiasme qu’excitent certaines nouveautés ne se transmet pas toujours de siècle en siècle. Qui ne connaît l’histoire de la pomme de terre ? Transportée d’Amérique en Europe peu de temps après la conquête du Nouveau-Monde cultivée en grand en Italie dès le XVIe siècle, cette production était encore, il y a soixante-dix ans, repoussée de France par de vieux préjugés. Le zèle et la persévérance de Parmentier triomphèrent de tous les obstacles, et lorsqu’enfin Louis XVI eut placé à sa boutonnière les fleurs de cette plante solanée, la pomme de terre devint à la mode chez nous. depuis lors la culture s’en est répandue partout, et ce tubercule est devenu un des élémens les plus considérables de la nourriture de plusieurs peuples de l’Europe.

Presque insensible aux intempéries, la pomme de terre était, disait-on depuis long-temps, le plus sûr préservatif contre la disette. On vivait à cet égard dans une sécurité complète, lorsque, l’année dernière, une maladie inconnue ou peu étudiée jusqu’alors, vit frapper en Irlande, en Belgique et dans certaines parties de la France et de l’Allemagne, cette précieuse production. On connaît l’effet produit en Angleterre par cette maladie, sans laquelle probablement M. Cobden et la ligue attendraient encore la révocation des Corn-laws. Les agronomes, les chimistes de tous les pays s’emparèrent de cette question : ils coupèrent, firent bouillir, filtrèrent, examinèrent au microscope des centaines de livres de pommes de terre, et ne purent se mettre d’accord. Pour les uns, c’était là une maladie contagieuse se répandant de proche en proche, et qu’il fallait traiter à la manière des épidémies ; pour les autres, les longs froids et les pluies continuelles avaient été l’unique cause de cette pourriture qui, en 1845, envahit les pommes de terre de tant de pays divers. On pouvait espérer que l’année 1846, si chaude, si sèche, si différente, en un mot, de celle qui l’a précédée, ne verrait pas se reproduire ce fléau. Malheureusement cet espoir a été déçu. La maladie s’est de nouveau présentée. Elle fait des progrès au moment où nous écrivons, et les incertitudes des savans se sont renouvelées sans qu’il ait été possible jusqu’à présent de prononcer d’une manière formelle sur les causes qui ont amené cette calamité. De la discussion qui a eu lieu devant l’Académie des Sciences à ce sujet, il a semblé résulter que la maladie se propageait des fanes aux tubercules, et qu’il y avait avantage à arracher les feuilles flétries avant que la racine fût atteinte, ainsi qu’à enlever les pomme de terre malades et a les isoler de celles qui ne le sont pas. Quant à la question de la contagion, elle paraît offrir encore de grandes difficultés. Ces difficultés peuvent donner une idée de toutes celles qu’on doit rencontrer lorsqu’on veut traiter la question des maladies contagieuses chez les hommes : question si grave, si importante, compliquée de tans d’intérêts divers, et dans laquelle les actions nerveuses et les effets de l’imagination jouent un si grand rôle. Comment les médecins pourraient-ils donner une solution définitive de cette question si complexe, et qui renferme tant de causes d’erreur, lorsque la question la plus simples, la plus élémentaire en ce genre, celle de savoir si une maladie est contagieuse ou non dans les pommes de terre, n’a pas pu être encore résolue ! Et pourtant, en faisant sur les plantes les expériences nécessaires pour éclaircir ce point, on peut toujours éviter les causes d’erreur qui rendent si incertaines les observations analogues qu’on voudrait tenter sur les hommes. Lorsque dans cette matière les savans auront résolu les questions les plus simples, ils pourront s’exercer avec succès sur de plus difficiles. Jusque-là toute conclusion serait, à notre avis, prématurée et ne pourrait conduire qu’à substituer un préjugé nouveau à un ancien préjugé.

Dans cette saison, les savans voyagent, et, vers la fin de l’année scolaire, Paris est visité tous les par quelque célébrité européenne. La semaine dernière, M. OErstedt, le fondateur de l’électro-magnétisme, assistait à la séance de l’Académie des Sciences. On sait depuis long-temps qu’en frottant certains corps, le verre et la résine, par exemple, on développe un principe appelé électricité, qui donne lieu à des phénomènes particuliers. Tout personne ayant reçu quelque instruction a vu une fois au moins dans sa vie fonctionner la machine électrique, et peu d’enfans ignorent que, lorsqu’on frotte un chat dans l’obscurité, on aperçoit de petites étincelles qui ne sont dues qu’à un dégagement d’électricité. Cette branche intéressante de la physique, qui a dû au génie de Volta de si notables progrès, a été enrichie par lui de ce puissant instrument qui porte son nom (la pile de Volta), et à l’aide duquel on peut produire des courans continus d’électricité. Après avoir appliqué avec un succès merveilleux cet instrument à la décomposition des corps les plus réfractaires, les physiciens ne se doutaient pas encore que ces courans électriques possèdent des propriétés spéciales, et que l’électricité en mouvement agit sur les corps d’une tout autre manière que lorsqu’elle est en repos. C’est surtout en excitant un état magnétique particulier dans un corps soumis à leur action, que la présence de ces courans, et qui est appelée l’électro-magnétisme, que M. Oertedt a attaché son nom d’une façon si glorieuse. L’illustre physicien danois a été reçu à l’Institut par ses confrères avec un empressement qui a dû lui prouver tout le cas que l’on fait de ses découvertes et de ses travaux.

Les savans anglais et allemands viennent souvent à Paris, mais les savans italiens quittent rarement leur pays, et on les voit peu de ce côté-ci des Alpes. Cet isolement est peu profitable aux sciences, et il est à désirer que les hommes de mérite qui abondent en Italie se décident à venir faire chez nous un échange d’idées et de connaissances également avantageux aux deux pays. Le spectacle d’une activité dont on n’a aucune idée au-delà des Alpes, l’action directe d’un foyer vers lequel convergent toutes les lumières de l’Europe sont de nature à exercer la plus heureuse influence sur des esprits merveilleusement doués, mais qui se renferment parfois dans un cercle d’idées trop restreint On se plaint souvent en Italie que des travaux remarquables, entrepris à Milan ou à Naples, ne soient guère connus sur les rives de la Seine. Cette plainte est fondée en partie, et l’on regrettera toujours que des hommes tels que Bidone et Mascagni, par exemple, aient pu travailler pendant trente ans, l’un au progrès des sciences physiques et mathématiques, l’autre à l’avancement de l’anatomie et de la physiologie, sans que l’institut de France ait trouvé l’occasion de se rattacher par un titre honorifique ces deux illustres savans. Pourtant il faut remarquer que les forces et l’activité des hommes les plus distingués sont appliquées chez nous à assurer l’influence de la France à l’étranger, et que cette influence morale, reconnue et acceptée partout, est telle qu’elle n’admet guère dans l’esprit de la plupart des Français la supposition d’un échange utile avec les autres peuples, surtout avec ceux que les circonstances ont placés dans une infériorité politique relative vis-à-vis de la France. C’est là une erreur, à notre avis, et tout contact scientifique avec les élèves de Gaulée et de Volta peut être profitable même aux héritiers de Fermat et de Lavoisier. Quoi qu’il en soit, on ne peut modifier cet état de choses qu’en venant montrer aux savans français qu’Amici, Melloni et Mossotti, dont nous avons eu l’occasion récemment d’admirer à Paris les travaux, ne sont pas les seuls qui cultivent avec succès les sciences physiques et mathématiques dans la péninsule. En attendant, nous voyons avec plaisir qu’un des plus illustres chefs de l’école médicale italienne, M. Bufalini, se soit décidé à venir visiter les établissemens scientifiques de Paris, et nous recevons avec satisfaction l’annonce de la prochaine arrivée de M. Santini, professeur à Padoue et l’un des correspondans de l’Institut pour la section d’astronomie.

Si les savans italiens, ne vont pas volontiers en pays étranger, ils ont commencé, depuis quelque temps, à se visiter entre eux, et tous les ans ils s’assemblent dans une des villes de la péninsule. Ces congrès scientifiques, auxquels les attaques du parti rétrograde n’ont pas manqué, produisent du bien dans un pays où des barrières de toute sorte s’opposent aux communications de la pensée d’état à état ; mais on ne saurait dire que les hautes sciences puissent gagner beaucoup dans des réunions composées parfois de douze à quinze cents personnes qui décident les questions les plus graves à la majorité, et au milieu desquelles le nombre des véritables savans est naturellement fort restreint. Dans quelques villes principales, des sommes considérables ont été mises à la disposition des savans pour effectuer des expériences utiles. Cette pensée est fort louable ; mais dans l’état actuel des sciences peut-on supposer que de telles expériences seront entreprises avec succès par des hommes auxquels il n’est accordé que quinze jours de réunion pour s’entendre sur les expériences à faire, et pour les effectuer après avoir préparé les appareils nécessaires ? Évidemment cela est impossible : Si l’on veut que ces congrès aient des conséquences heureuses pour les sciences, il faut, tout en conservant un caractère populaire à ces réunions, établir un comité, un bureau, quelque chose de permanent enfin, qui soit chargé d’exécuter tout ce qui ne peut pas être confié à une assemblée trop nombreuse. Appeler à ces congrès, dans des vues très utiles et très louables, un grand nombre de personnes, tout en conservant aux hommes éminens qui voudraient y assister une juste suprématie, voilà ce qu’il faut chercher sous peine de voir bientôt ces réunions dégénérer et déchoir.

Dans plusieurs localités, ces congrès sont devenus l’occasion d’hommages rendus à la mémoire de quelques-uns de ces hommes célèbres qui, dans un sol si fertile, ont illustré chaque province italienne. Une statue a été élevée en Toscane à Galilée, et Cavalieri a reçu un honneur semblable à Milan. Les savans italiens qui se réunissent à Gênes cette année y doivent inaugurer la statue de Colomb ; l’année prochaine, le plus grand voyageur du moyen-âge, Marco Polo, recevra l’hommage un peu tardif des Vénitiens. De telles manifestations entretiennent le sentiment national et doivent être encouragées. On doit les approuver surtout lorsqu’elles donnent lieu, comme à Florence ou à Milan, à des publications intéressantes. L’histoire de l’Académie del Cimento, presque improvisée par M. Antinori de Florence, l’Éloge de Cavalieri, publié à Milan par M. Piola sont deux livres remarquables qui méritent d’être répandus en France, et qui seront lus avec profit. Espérons qu’un tel exemple ne sera pas perdu, et que, dans des circonstances analogues, d’autres ouvrages, formés sur ces excellens modèles, pourront voir le jour. Si, comme tout semble actuellement le faire espérer, les savans italiens obtiennent la permission de se réunir à Rome, l’Histoire de l’Académie des Lincei serait à cette occasion une publication remplie d’à-propos. Cette association puissante et peu connue qui, au XVIIe siècle, voulut faire tourner au profit des sciences et de la philosophie l’organisation à laquelle les ordres religieux devaient leur force, cette association persécutée, qui ne cessa jamais de protéger Galilée, et dans laquelle Bacon demanda sans succès à être admis, mérite de devenir l’objet des recherches d’un homme de cœur et de talent.

Le temps est propice en Italie pour les publications historiques. Si nous pouvions franchir les limites qui nous sont imposées par notre sujet, nous donnerions quelques détails sur les Archives historiques publiées à Florence par une société d’hommes distingués, ainsi que sur les Monumenta historiae patriae que le gouvernement piémontais fait paraître à Turin. Ne pouvant pas nous arrêter sur ces deux excellens supplémens à la grande collection de Muratori, nous signalerons du moins à nos lecteurs les Matériaux pour l’histoire de la faculté des sciences dans l’université de Bologne, dont la publication vient d’être entreprise dans cette ville par M. Gherardi, auquel l’institut de Bologne avait déjà confié le soin de diriger l’édition des écrits de Galvani. Ces Œuvres de Galvani, illustre physicien que les découvertes de Volta avaient trop éclipsé, occuperont désormais une place distinguée dans les bibliothèques, et nous ne doutons pas que la nouvelle publication de M. Gherardi n’obtienne un succès notable, surtout s’il se décide à publier en entier les documens intéressans qui sont à sa disposition L’université de Bologne, si célèbre au moyen-âge par ses glossateurs, dont Sarti avait tracé, dans le siècle passé, une savante histoire, que M. de Savigny a développée et popularisée depuis, n’a pas rendu moins de services aux sciences physiques et mathématiques qu’à la jurisprudence, et les noms de Ferro, de Ferrari, de Cataldi et d’Adrovandi méritent certes de rester dans la mémoire des hommes aussi long-temps que ceux d’Irnerius et d’Accurse.

M. Gherardi a retrouvé déjà les actes originaux d’une discussion publique qui eut lieu entre deux grands algébristes du XVIe siècle, Tartaglia et Ferrari, au sujet de la résolution de certains problèmes qui occupaient alors les savans. Nous désirons ardemment que ces documens, ces cartels, comme on les appelait alors, soient reproduits entier par M. Gherardi. On n’assiste pas sans émotion au récit de ces débats auxquels actuellement vingt personnes ne s’intéresseraient pas en Europe. Quelle passion, quelle ardeur dans ces luttes ! Des hérauts portaient les défis et les réponses ; les champions accompagnés de leurs amis se rendaient à l’endroit où la discussion devait avoir lieu au son des fanfares, comme l’on marcherait au combat. Pour ne pas voir démenties ses prédictions, Cardan, homme d’un savoir universel, qui ne resta pas étranger à ces luttes, se laissait, assure-t-on, mourir de faim. C’est une telle fougue qui rendait ces hommes invincibles et qui leur permettait, à une époque où, à proprement parler, l’analyse algébrique n’existait pas encore, à une époque où il n’y avait ni notations, ni méthodes générales, ni enseignement public, ni livres élémentaires, de s’avancer dans certaines directions aux limites de la science, et de poser des barrières que tout le génie des Euler et des Lagrange n’a pas su franchir depuis !


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

INSTRUCTION DE F. DE MALHERBE A SON FILS, publiée par M. Ph. de Chennevières[1]. — La Normandie est, sans aucun doute, celle de nos anciennes provinces qui a le plus à cœur la gloire de ses enfans. Aux plus illustres, à ceux qui ont été rois, comme Corneille et Guillaume, par la lyre ou l’épée, elle dresse des statues ; à ceux qui, pus humbles, ont mérité cependant un souvenir, elle décerne, dans les académies, des éloges historiques ; quelquefois même elle ressuscite, après plusieurs siècles, des morts oubliés, comme Wace ou Raoul de Ferrières. Qu’on ouvre, en effet, les Mémoires des sociétés savantes de cette belle et intelligente province ; à Rouen, à Caen, partout enfin, on trouve de curieuses recherches sur la vie et les travaux des hommes qu’ont vu naître les domaines du conquérant. C’est ainsi que M. Deville, après tant d’autres biographes, a donné sur Corneille, sur les habitudes intimes de sa vie, sur son rôle pendant la fronde, des détails tout-à-fait nouveaux ; c’est ainsi encore que l’un des compatriotes de Malherbe vient de publier un document qui éclaire, d’une façon tout-à-fait neuve et piquante, la biographie intime du poète qui, le premier,

Fit sentir dans ses vers une juste cadence,


et y porta souvent de grands sentimens, ce qui, certes, vaut mieux encore que l’instinct de la césure. Ce document est une instruction adressée par Malherbe à son fils Marc-Antoine. Entièrement inconnue, aux biographes des deux derniers siècles, et enfouie à Aix dans une bibliothèque particulière, l’Instruction avait été déjà signalée à l’attention publique dans une brochure de M. Roux Alpheran, intitulée : Recherches biographiques sur Malherbe, adressées à MM. les maire, adjoins et membres du conseil municipal de la ville de Caen ; mais l’auteur des Recherches biographiques s’était borné à citer quelques fragmens, et M. Ph. de Chennevières, en publiant aujourd’hui l’Instruction dans l’intégrité de la rédaction première, vient d’ajouter une page intéressante à notre histoire littéraire.

  1. Caen, 1846. Un vol. broch., in-8o