- Ce convers recueilli sous la soutane bise
- Cachait l’amour naïf d’un saint François d’Assise.
- Tendre, dévotieux, doux, fraternel, fervent,
- II était jardinier des fleurs dans le couvent.
- Il les aimait, le simple, avec toute son âme,
- Et ses doigts se chauffaient à leurs feuilles de flamme.
- Elles lui parfumaient la vie et le sommeil,
- Et pour elles, c’était qu’il aimait le soleil
- Et le firmament pur et les nuits diaphanes,
- Où les étoiles d’or suspendent leurs lianes.
- Tout enfant, il pleurait aux légendes d’antan
- Où sont tués dés lys sous les pieds de Satan,
- Où dans un infini vague, fait d’apparences,
- Passent des séraphins parmi des transparences.
- Où les vierges s’en vont par de roses chemins,
- Avec des grands missels et des palmes aux mains,
- Vers la mort accueillante et bonne et maternelle
- A ceux qui mettent l’or de leur espoir en elle.
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- Aux temps de Mai, dans les matins auréolés
- Et l’enfance des jours vaporeux et perlés,
- Qui font songer aux jours mystérieux des limbes
- Et passent couronnés de la clarté des nimbes,
- Il étalait sa joie intime et son bonheur,
- A parer de ses mains l’autel, pour faire honneur
- A la très douce et pure et benoîte Marie,
- Patronne de son cœur et de sa closerie.
- Il ne songeait à rien, sinon à l’adorer,
- A lui tendre son âme entière à respirer,
- Rose blanche, si frêle et si claire et si probe,
- Qu’elle semblait n’avoir connu du jour que l’aube,
- Et qu’au soir de la mort, où, sans aucun regret,
- Jusqu’aux jardins du ciel, elle s’envolerait
- Doucement de sa vie obscure et solitaire,
- N’ayant rien laissé d’elle aux buissons de la terre,
- Le parfum, exhalé dans un soupir dernier,
- Serait depuis longtemps connu du ciel entier.