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« La Terre et l’Enfant » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Les Solitudes]]|Sully Prudhomme|La Terre et l’Enfant}}
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==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/144]]==




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Enfant sur la terre on se traîne,
Enfant sur la terre on se traîne,
Les yeux et l'âme émerveillés,
Les yeux et l’âme émerveillés,
Mais, plus tard, on regarde à peine
Mais, plus tard, on regarde à peine
Cette terre qu'on foule aux pieds.
Cette terre qu’on foule aux pieds.


Je sens déjà que je l'oublie,
Je sens déjà que je l’oublie,
Et, parfois, songeur au front las,
Et, parfois, songeur au front las,
Je m'en repens et me rallie
Je m’en repens et me rallie
Aux enfants qui vivent plus bas.
Aux enfants qui vivent plus bas.


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Ils voient courir la moindre bête
Ils voient courir la moindre bête
Dans les profondeurs du gazon ;
Dans les profondeurs du gazon ;
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==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/145]]==
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Ils écoutent l'herbe qui pousse,
Ils écoutent l’herbe qui pousse,
Eux seuls respirent son parfum ;
Eux seuls respirent son parfum ;
Ils contemplent les brins de mousse
Ils contemplent les brins de mousse
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Par tous les calices baisée,
Par tous les calices baisée,
Leur bouche est au niveau des fleurs,
Leur bouche est au niveau des fleurs,
Et c'est souvent de la rosée
Et c’est souvent de la rosée
Qu'on essuie en séchant leurs pleurs.
Qu’on essuie en séchant leurs pleurs.


J'ai vu la terre aussi me tendre
J’ai vu la terre aussi me tendre
Ses bras, ses lèvres, autrefois !
Ses bras, ses lèvres, autrefois !
Depuis que je la veux comprendre,
Depuis que je la veux comprendre,
Plus jamais je ne l'aperçois.
Plus jamais je ne l’aperçois.


Elle a pour moi plus de mystère,
Elle a pour moi plus de mystère,
Désormais, que de nouveauté ;
Désormais, que de nouveauté ;
J'y sens mon cœur plus solitaire,
J’y sens mon cœur plus solitaire,
Quand j'y rencontre la beauté ;
Quand j’y rencontre la beauté ;


Et, quand je daigne par caprice
Et, quand je daigne par caprice
Avec les enfants me baisser,
Avec les enfants me baisser,
J'importune cette nourrice
J’importune cette nourrice
Qui ne veut plus me caresser.</poem>
Qui ne veut plus me caresser.</poem>

Version du 27 février 2011 à 17:54

Sully Prudhomme Les Solitudes

La Terre et l’Enfant


 
Enfant sur la terre on se traîne,
Les yeux et l’âme émerveillés,
Mais, plus tard, on regarde à peine
Cette terre qu’on foule aux pieds.

Je sens déjà que je l’oublie,
Et, parfois, songeur au front las,
Je m’en repens et me rallie
Aux enfants qui vivent plus bas.

Détachés du sein de la mère,
De leurs petits pieds incertains
Ils vont reconnaître la terre
Et pressent tout de leurs deux mains ;

Ils ont de graves tête-à-tête
Avec le chien de la maison ;
Ils voient courir la moindre bête
Dans les profondeurs du gazon ;


Ils écoutent l’herbe qui pousse,
Eux seuls respirent son parfum ;
Ils contemplent les brins de mousse
Et les grains de sable un par un ;

Par tous les calices baisée,
Leur bouche est au niveau des fleurs,
Et c’est souvent de la rosée
Qu’on essuie en séchant leurs pleurs.

J’ai vu la terre aussi me tendre
Ses bras, ses lèvres, autrefois !
Depuis que je la veux comprendre,
Plus jamais je ne l’aperçois.

Elle a pour moi plus de mystère,
Désormais, que de nouveauté ;
J’y sens mon cœur plus solitaire,
Quand j’y rencontre la beauté ;

Et, quand je daigne par caprice
Avec les enfants me baisser,
J’importune cette nourrice
Qui ne veut plus me caresser.