Le Mari de la débutante

Henri Meilhac et Ludovic Halévy

Le Mari de la débutante

Théâtre, Calmann-Lévy, 1901 (p. 1-166).

LE MARI DE LA DEBUTANTE COMEDIE EN QUATRE ACTES Representee pour la premiere fois, a Paris, sur Ic Thkatri ; du Palais-Roval, Ic i> fevrier 1879. VI.

PERSONNAGES LE COMTE ESCARBOXNIER MM. Gf.offroy. LAMBERTIHER (’alvin. MONDESIR MoNTBARS. BISCARA Lhkritier. LE VICOMTE DE ClIAMP-D’AZUR. . . Guillemot. MARASQUIN IIy.vcinthe. LE REGI.SSEUR R. Luguet. BERNACIIE Pellertn. MATIIURIN Plet. BLANDUREL Buc.ulle. MALTEBLOND Bourgeotte. ALFRED NuMEi ?. BOQUET Tervil. BROCART Petit. UN DOMESTIQUE Vilette. PREMIER TEMOLN Gilly. DEUXIEME TEMOIN Ferdinand. NINA M"’" Legault. MADAME CAPITAINE Delille. BERTIIE Marot. AMELIE / Milita. ■n 1 TTT T1VIT-. / nlles cle ^larasquin.. PAULINlli ( ^ Aymee. MARGUERITE ) Ellen Andree. CHARLOTTE Miette AMANDINE Dezoder. LfiONIE Lorentz. JULIETTE Herault. A Paris, de nos jours.

LE

MARI DE LA DEBUTANTE

AGTE PREMIER

Un petit salon. — Porte d’entr^c au fond. — Fortes dans les pans coupes. — A droite, au premier plan, un piano ; du meme cote, au second plan, une table a jeu ; sur cette table deux flambeaux. — Au fond, du menie cote, un secrdtaire. — A gauche, au premier plan, une clieminee avec deux lampes allumees ; au fond, du mome cote, un buffet.

— A droite, un fauteuil, pres duqucl so trouvc un petit tabouret pour les pieds. — A gauche, un gueridon ; quatre chaises autour. — Sur le buffet, sirops, assiettes do gateaux et tout ce qu’il faut pour prendre le the. — Cordon de sonnette a la chemince. SCENE PREMIERE

MADAME CAPITAINE, NINA. Celle-ci en deshabille. Elles sont assises pres du gueridon. MADAME CAI’ITAINE, arrangeant des petits fours dans une assiette.

Tu veux que je te reponde ?

NIN., travaillant a une broderie. Dame ! oui, marraine... je t’adresse une question, c’est pour avoir une reponse... MADAME CAPITAfNE.

Naturellementl... Et tu me demandes ?... Repete un peu, voyons...

NINA. Je te demande si je ferais bien d’epouser M. Lamberthier. M A DAME C A P I T A I X E . Tu feras tres bien. Lamberthier est un Ijrave gargon, tres gai, tres bon enfant... De plus, il a une bonne position : il est employe a la Societe des Coniptes aleatoires... et il ne pent manquer d’aller loin, honore comme il Test de la protection du sous-directeur, M. le comte Escarbonnier. Elle so leve et va porter I’assiette sur Ic buffet. N I X A . Je sais bien. mais je ne I’aime pas. MADAME CAPITAIXE. Et tu en aimes un autre" ?... NINA. Oui... MADAME CAPITAIXE, descendants droito. Le jeune vicomte Edouard de Champ-d’Azur... XIN A, se levant. II est si gentil, si aimable, si distingue, si bon musician ! ... M A DAME CAPITAIXE. II n’a qu’un seul defaut : il ne parle pas, il s’obstine a ne pas parler de mariage... XIX A, avec melancolie. Oh ! non... quant a ga... MADAME CAPITAIXE. C’est tres net : il y a deux soupirants en presence... I’un que tu naimes pas, et qui te parle de mariage, Tautre qui n’en parle pas, et que tu aimes...

Justement ! Et tu hesites.. ACTE PREMIER. NINA. MADAME CAPITAINE, NINA. J’ai tort, sans doute... MADAME CAPITAINE. Embrasse-moi, Ninette... NINA. Je veux bien, niarraine... Elles s’embrassent. MADAME CAPITAINE. Ce que c’est que les bonnes idees, pourtant !... c’est moi, ta marraine, qui me suis trouvee cliargee de ton education... Combien je me rejouis de I’avoir bien dirigee, cette education, et de t’avoir fait elever dans tous les sens ! NINA. Comment ?... MADAME CAPITAINE. Eh ! oui... tu as pris des leQons de chant, des legons de declamation, et j’ose dire que tu en as profite : tu declames, tu chantes a ravir... NINA. Oh ! marraine... MADAME CAPITAINE. Ne me dis pas non. L’autre jour, a la Salle des Families, dans cette representation donnee au benefice des piqueuses de bottines sans ouvrage, tu as joue et chante les principales scenes de I’operette qui, en ce moment, fait courir tout Paris. N I N A . La Petite Poulardc... MADAME CAPITAINE. Oui... et tu as eu un succes !... NINA. Vraiment ?... MADAME CAPITAINE. Ah ! ma chfere !... Voila pour le cote brillant. Ouant au c6te solide, j’ai pris soin de t’orner de toutes les vertus que doit avoir une bonne menagere... Tu fais tes robes toi-meme, tu sais recoudre les boutons... et la patisserie, tu vous la trousses comma un ange... Done, je le rcpete, grace a la bonne idee que j’ai eue de te faire donner une education en partie double, tu peux choisir ta route... femme a la mode ou bourgeoise modeste, tu as tout ce qu’il faut pour briller dans I’une ou Fautre carrierc. NINA. Et je ten remercie, marraine ; mais, de ces deux carrieres, laquelle me conseilles-tu de clioisir ? M A I) A ME CAPITAINE. Laquelle desdeux ?... NINA. Oui. MADAME CAPITAINE. Embrasse-moi, Ninette... NINA. Je veux bien, marraine... EIlos s’embrassent. MADAME CAPITAINE, passant a gauche. Ma conduite a moi, je suis obligee de I’avouer, ma conduite a moi n"a pas etc a I’abri de tout reproche. 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