Théorie de la musique (Danhauser, 1889)/III/1
TROISIÈME PARTIE
LA TONALITÉ
104. La tonalité est l’ensemble des lois qui régissent la constitution des gammes.
Prise dans un sens plus restreint, la tonalité ou le ton exprime l’ensemble des sons formant une gamme diatonique.
105. Le ton et la gamme expriment tous deux le même ensemble de sons : seulement, dans la gamme ces sons doivent se succéder par mouvement conjoint, et dans le ton, les mêmes sons peuvent se succéder par mouvement conjoint ou disjoint.
gamme d’ut. | ton d’ut. |
1re Leçon.
DE LA GÉNÉRATION DE LA GAMME DIATONIQUE.
106. Vous allons étudier les lois de la tonalité, et, par suite, apprendre à former des gammes dont chaque son de l’échelle musicale pourrait être le point de départ.
Examinons de nouveau la gamme diatonique que nous connaissons.
Les huit notes qui forment cette gamme sont disposées ainsi : deux tons consécutifs, un demi-ton, trois tons consécutifs et un demi-ton.
Cette disposition n’est point l’effet du hasard ou de la fantaisie : mais le résultat de la résonnance naturelle des corps sonores.[1]
107. Un corps sonore mis en vibration, fait entendre un son principal (son générateur qui sera la première note de la gamme) et deux autres sons secondaires nommés sons harmoniques ou concomitants.
L’un de ces deux sons est à une 12me au-dessus du son générateur, et l’autre à une 17me.
Ces deux intervalles redoublés (12me et 17me) réduits en intervalles simples, deviennent 3ce majeure et 5te juste du son générateur. Ces trois sons entendus simultanément, constituent l’accord parfait majeur.[2]
accord parfait majeur. | |
Ex. |
Cet accord, base de la gamme, ne suffit pas pour la former entièrement. Pour la compléter, il faut, à ce premier accord ut-mi-sol, adjoindre de nouveaux accords.
(les nouveaux accords se rattacheront au premier, et pour cela, ils doivent :
1o Ainsi que lui, être engendrés par la résonnante du corps sonore.
2o Contenir une note appartenant déjà au groupe principal auquel elle les unit par ce lien commun.
3o Ne contenir aucune note en rapport chromatique avec une des trois notes de ce premier accord. (La gamme diatonique ne pouvant contenir deux notes en rapport chromatique.)
Les seuls accords remplissant ces trois conditions sont les deux suivants dont nous indiquons la génération.[3]
En faisant du sol, quinte juste (ascendante) de l’ut, un nouveau son générateur, nous obtiendrons le nouvel accord parfait majeur qui suit :
accord parfait majeur. | |
Ex. |
En faisant de l’ut, son générateur principal, la quinte juste d’un nouveau son générateur qui est Fa, nous obtiendrons le nouvel accord parfait majeur qui suit :
accord parfait majeur. | |
Ex. |
On voit donc que :
La gamme est engendrée par les trois accords parfaits majeurs suivants :
En écrivant par mouvement conjoint les sons fournis par ces trois accords, et en commençant par la note ut, (ainsi qu’il a été dit au commencement de ce paragraphe,) nous obtenons la gamme diatonique dont nous avons parlé.
Les notes formant une gamme diatonique se nomment notes diatoniques.
108. Cette gamme est engendrée par les trois sons générateurs Fa-Ut-Sol.
Ces trois sons générateurs sont nommés, pour cette raison, notes tonales, et occupent les 1er, 4me et 5me degrés de la gamme.
Prenant tour-à-tour chacune des notes de la gamme diatonique qui précède, indiquez le rang qu’elle occupe dans l’accord parfait majeur dont elle fait partie.
Si cette note est un son générateur, indiquez-le.
Si cette note est un son harmonique, désignez le son générateur dont elle émane.
Si cette note fait partie de deux accords parfaits majeurs, décrivez-la sous ces deux aspects.
- ↑ Voir la note (i) à la fin du volume.
- ↑ Plusieurs sons entendus simultanément forment un accord. — L’accord parfait majeur se compose d’une 3ce majeure et d’une 5te juste formées sur une note de basse, nommée note fondamentale.
- ↑ Il serait impossible de trouver d’autres accords parfaits majeurs contenant l’une des notes de l’accord parfait
majeur principal, c’est-à dire ut-mi-sol, sans qu’ils continssent en même temps une de ces notes altérée et ne pouvant
par conséquent faire partie de la même gamme.
Ex. Mi, considéré comme son générateur, produirait comme tierce majeur un sol qui serait en rapport chrom. avec le sol de l’accord ut-mi-sol.
Sol considéré comme tierce d’un accord parfait majeur, aurait, comme son générateur mi qui serait en rapport chromatique avec le mi de l’accord ut-mi-sol.