Timon d’Athènes/Traduction Guizot, 1862/Acte I

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Timon d’Athènes
Traduction par François Guizot.
Œuvres complètes de Shakespeare, Texte établi par François GuizotDidiertome 3 (p. 9-27).
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TIMON D’ATHÈNES

COMÉDIE

PERSONNAGES :
TIMON, noble Athénien.
LUCIUS, seigneurs, flatteurs de Timon.
LUCULLUS,
SEMPRONIUS,
VENTIDIUS, un des faux amis de Timon.
APEMANTUS, philosophe grossier.
ALCIBIADE, général athénien.
FLAVIUS, intendant de Timon.
FLAMINIUS, serviteurs de Timon.
LUCULIUS,
SERVILIUS,
CAPHIS, serviteurs des créanciers de de Timon.
PHILOTUS,
TITUS,
HORTENSIUS,
Deux serviteurs de Varron, et le serviteur d'Isidore, créanciers de Timon.
CUPIDON ET MASQUES.
TROIS ÉTRANGERS.
Un poète, un peintre, un joaillier, un marchand, un vieillard athénien, un page, un fou.
PHRYNIA[1], maîtresses de Timon.
TIMANDRA,
Autres seigneurs, sénateurs, officiers, soldats, voleurs et serviteurs.

La scène est à Athènes et dans les bois voisins.

ACTE PREMIER

SCÈNE I
Athènes. Salle dans la maison de Timon.

Entrent par différences portes UN POÈTE, UN PEINTRE, puis UN JOAILLIER, UN MARCHAND et autres.

le poète. — Bonjour, monsieur.

le peintre. — Je suis bien aise de vous voir en bonne santé.

le poète. — Je ne vous ai pas vu depuis longtemps : comment va le monde ?

le peintre. — Il s’use, monsieur, en vieillissant.

le poète. — Oui on sait cela : mais y a-t-il quelque rareté particulière ? qu’y a-t-il d’étrange et dont l’histoire ne donne d’exemple ? — Vois, ô magie de la générosité ! c’est ton charme puissant qui évoque ici tous ces esprits ! — Je connais ce marchand.

le peintre. — Et moi, je les connais tous deux : l’autre est un joaillier.

le marchand. — Oh ! c’est un digne seigneur.

le joaillier. — Oui, cela est incontestable.

le marchand. — Un homme incomparable, animé, à ce qu’il semble, d’une bonté infatigable et soutenue. Il va au delà des bornes.

le joaillier. — J’ai ici un joyau.

le marchand. — Oh ! je vous prie, voyons-le : pour le seigneur Timon, monsieur ?

le joaillier. — S’il veut en donner le prix : mais, quant à cela…

le poète, occupé à lire ses ouvrages. — « Quand l’appât d’un salaire nous a fait louer l’homme vil, c’est une tache qui flétrit la gloire des beaux vers consacrés avec justice à l’homme de bien. »

le marchand, considérant le diamant. — La forme est belle.

le joaillier. — Est-ce un riche bijou ? voyez-vous la belle eau ?

le peintre, au poëte. — Vous êtes plongé, monsieur, dans la composition de quelque ouvrage ? Quelque dédicace au grand Timon ?

le poète. — C’est une chose qui m’est échappée sans y penser : notre poésie est comme une gomme qui coule de l’arbre qui la nourrit. Le feu caché dans le caillou ne se montre que lorsqu’il est frappé ; mais notre noble flamme s’allume elle-même, et, comme le torrent, franchit chaque digue dont la résistance l’irrite. Qu’avez-vous là ?

le peintre. — Un tableau, monsieur. — Et quand votre livre paraît-il ?

le poète. — Il suivra de près ma présentation. — Voyons votre tableau.

le peintre. — C’est un bel ouvrage !

le poète, considérant le tableau. — En effet, c’est bien, c’est parfait.

le peintre. — Passable.

le poète. — Admirable ! Que de grâce dans l’attitude de cette figure ! Quelle intelligence étincelle dans ces yeux ! Quelle vive imagination anime ces lèvres ! On pourrait interpréter ce geste muet.

le peintre. — C’est une imitation assez heureuse de la vie. Voyez ce trait ; vous semble-t-il bien ?

le poète. — Je dis que c’est une leçon pour la nature ; la vie qui respire dans cette lutte de l’art est plus vivante que la nature.

(Entrent quelques sénateurs qui ne font que passer.)

le peintre. — Comme le seigneur Timon est recherché !

le poète. — Les sénateurs d’Athènes ! L’heureux mortel !

le peintre. — Regardez, en voilà d’autres !

le poète. — Vous voyez ce concours, ces flots de visiteurs. Moi, j’ai, dans cette ébauche, esquissé un homme à qui ce monde d’ici-bas prodigue ses embrassements et ses caresses. Mon libre génie ne s’arrête pas à un caractère particulier, mais il se meut au large dans une mer de cire[2]. Aucune malice personnelle n’empoisonne une seule virgule de mes vers ; je vole comme l’aigle ; hardi dans mon essor, ne laissant point de trace derrière moi.

le peintre. — Comment pourrai-je vous comprendre ?

le poète. — Je vais m’expliquer. Vous voyez comme tous les états, tous les esprits (autant ceux qui sont liants et volages, que les gens graves et austères), viennent tous offrir leurs services au seigneur Timon. Son immense fortune, jointe à son caractère gracieux et bienfaisant, subjugue et conquiert toute sorte de cœurs pour l’aimer et le servir, depuis le souple flatteur, dont le visage est un miroir, jusqu’à cet Apémantus qui n’aime rien autant que se haïr lui-même ; il plie aussi le genou devant lui, et retourne content et riche d’un coup d’œil de Timon.

le peintre. — Je les ai vus causer ensemble.

le poète. — Monsieur, j’ai feint que la Fortune était assise sur son trône, au sommet d’une haute et riante colline. La base du mont est couverte par étages de talents de tout genre, d’hommes de toute espèce, qui travaillent sur la surface de ce globe, pour améliorer leur condition. Au milieu de cette foule dont les yeux sont attachés sur la souveraine, je représente un personnage sous les traits de Timon, à qui la déesse, de sa main d’ivoire, fait signe d’avancer, et par sa faveur actuelle change actuellement tous ses rivaux en serviteurs et en esclaves.

le peintre. — C’est bien imaginé, ce trône, cette Fortune et cette colline, et au bas un homme appelé au milieu de la foule, et qui, la tête courbée en avant, sur le penchant du mont, gravit vers son bonheur ; voilà, ce me semble, une scène que rendrait bien notre art.

le poète. — Soit, monsieur ; mais laissez-moi poursuivre. Ces hommes, naguère encore ses égaux (et quelques-uns valaient mieux que lui), suivent tous maintenant ses pas, remplissent ses portiques d’une cour nombreuse, versent dans son oreille leurs murmures flatteurs, comme la prière d’un sacrifice, révèrent jusqu’à son étrier, et ne respirent que par lui l’air libre des cieux.

le peintre. — Oui, sans doute : et que deviennent-ils ?

le poète. — Lorsque soudain la Fortune, dans un caprice et un changement d’humeur, précipite ce favori naguère si chéri d’elle, tous ses serviteurs qui, rampant sur les genoux et sur leurs mains, s’efforçaient après lui de gravir vers la cime du mont, le laissent glisser en bas ; pas un ne l’accompagne dans sa chute.

le peintre. — C’est l’ordinaire ; je puis vous montrer mille tableaux moraux qui peindraient ces coups soudains de la Fortune, d’une manière plus frappante que les paroles. Cependant vous avez raison de faire sentir au seigneur Timon que les yeux des pauvres ont vu le puissant, pieds en haut, tête en bas.

(Fanfares. Entre Timon avec sa suite ; le serviteur de Ventidius cause avec Timon.)

timon. — Il est emprisonné, dites-vous ?

le serviteur de ventidius. — Oui, mon bon seigneur. Cinq talents sont toute sa dette. Ses moyens sont restreints, ses créanciers inflexibles. Il implore une lettre de votre Grandeur à ceux qui l’ont fait enfermer ; si elle lui est refusée il n’a plus d’espoir.

timon. — Noble Ventidius ! Allons. — Il n’est pas dans mon caractère de me débarrasser d’un ami quand il a besoin de moi. Je le connais pour un homme d’honneur qui mérite qu’on lui donne du secours : il l’aura ; je veux payer sa dette et lui rendre la liberté.

le serviteur de ventidius. — Votre Seigneurie se l’attache pour jamais.

timon. — Saluez-le de ma part : je vais lui envoyer sa rançon ; et lorsqu’il sera libre, dites-lui de me venir voir. Ce n’est pas assez de relever le faible, il faut le soutenir encore après. Adieu !

le serviteur de ventidius. — Je souhaite toute prospérité à votre Honneur.

(Il sort.)
(Entre un vieillard athénien.)

le vieillard. — Seigneur Timon, daignez m’entendre.

timon. — Parlez, bon père.

le vieillard. — Vous avez un serviteur nommé Lucilius ?

timon. — Il est vrai ; qu’avez-vous à dire de lui ?

le vieillard. — Noble Timon, faites-le venir devant vous.

timon. — Est-il ici ou non ? Lucilius !

(Entre Lucilius.)

lucilius. — Me voici, seigneur, à vos ordres.

le vieillard. — Cet homme, seigneur Timon, votre créature, hante de nuit ma maison. Je suis un homme qui, depuis ma jeunesse, me suis adonné au négoce ; et mon état mérite un plus riche héritier qu’un homme qui découpe à table.

timon. — Eh bien qu’y a-t-il de plus ?

le vieillard. — Je n’ai qu’une fille, une fille unique, à qui je puisse transmettre ce que j’ai. Elle est belle, et des plus jeunes qu’on puisse épouser. Je l’ai élevée avec de grandes dépenses pour lui faire acquérir tous les talents. Ce valet, qui vous appartient, ose rechercher son amour. Je vous conjure, noble seigneur, joignez-vous à moi pour lui défendre de la fréquenter ; pour moi j’ai parlé en vain.

timon. — Le jeune homme est honnête.

le vieillard. — Il le sera donc envers moi, Timon… Que son honnêteté lui serve de récompense sans m’enlever ma fille.

timon. — L’aime-t-elle ?

le vieillard. — Elle est jeune et crédule. Nos passions passées nous apprennent combien la jeunesse est légère.

timon. — Aimes-tu cette jeune fille ?

lucilius. — Oui, mon bon seigneur, et elle agrée mon amour.

le vieillard. — Si mon consentement manque à son mariage, j’atteste ici les dieux que je choisirai mon héritier parmi les mendiants de ce monde, et que je la déshérite de tout mon bien.

timon. — Et quelle sera sa dot, si elle épouse un mari sortable ?

le vieillard. — Trois talents pour le moment ; à l’avenir, tout.

timon. — Cet honnête homme me sert depuis longtemps : je veux faire un effort pour fonder sa fortune, car c’est un devoir pour moi. Donnez-lui votre fille ; ce que vous avancerez pour sa dot sera la mesure de mes dons, et je rendrai la balance égale entre elle et lui.

le vieillard. — Noble seigneur, donnez-m’en votre parole, et ma fille est à lui.

timon. — Voilà ma main, et mon honneur sur ma promesse.

lucilius. — Je remercie humblement votre Seigneurie : tout ce qui pourra jamais m’arriver de fortune et de bonheur, je le regarderai toujours comme venant de vous.

(Lucilius et le vieillard sortent.)

le poète. — Agréez mon travail, et que votre Seigneurie vive longtemps !

timon. — Je vous remercie ; vous aurez bientôt de mes nouvelles ; ne vous écartez point. (Au peintre.) Qu’avez-vous là, mon ami ?

le peintre. — Un morceau de peinture, que je conjure votre Seigneurie d’accepter.

timon. — La peinture me plaît : la peinture est presque l’homme au naturel car depuis que le déshonneur trafique des sentiments naturels, l’homme n’est qu’un visage, tandis que les figures que trace le pinceau sont du moins tout ce qu’elles paraissent… J’aime votre ouvrage, et vous en aurez bientôt la preuve ; attendez ici jusqu’à ce que je vous fasse avertir.

le peintre. — Que les dieux vous conservent !

timon. — Portez-vous bien, messieurs donnez-moi la main il faut absolument que nous dînions ensemble. — Monsieur, votre bijou a souffert d’être trop estimé.

le joaillier. — Comment, seigneur, on l’a déprécié ?

timon. — On a seulement abusé des louanges. Si je vous le payais ce qu’on l’estime, je serais tout à fait ruiné.

le joaillier. — Seigneur, il est estimé le prix qu’en donneraient ceux mêmes qui le vendent. Mais vous savez que des choses de valeur égale changent de prix dans les mains du propriétaire, et sont estimées en raison de la valeur du maître. Croyez-moi, mon cher seigneur, vous embellissez le bijou en le portant.

timon. — Bonne plaisanterie !

le marchand. — Non, seigneur ; ce qu’il dit là, tout le monde le répète avec lui.

timon. — Voyez qui vient ici. Voulez-vous être grondés ?

(Entre Apémantus.)

le joaillier. — Nous le supporterons, avec votre Seigneurie.

le marchand. — Il n’épargnera personne.

timon. — Bonjour, gracieux Apémantus.

apémantus. — Attends que je sois gracieux pour que je te rende le bonjour, quand tu seras devenu le chien de Timon, et ces fripons d’honnêtes gens.

TIMON. — Pourquoi les appelles-tu fripons ; tu ne les connais pas.

APÉMANTUS. — Ne sont-ils pas Athéniens ?

TIMON. — Oui.

APÉMANTUS. — Alors, je ne me dédis pas.

LE JOAILLIER. — Tu me connais, Apémantus.

APÉMANTUS. — Tu sais bien que je te connais ; je viens de t’appeler par ton nom.

TIMON. — Tu es bien fier, Apémantus.

APÉMANTUS. — Fier surtout de ne pas ressembler à Timon.

TIMON. — Où vas-tu ?

APÉMANTUS. — Casser la tête à un honnête Athénien.

TIMON. — C’est une action qui te mènera à la mort.

APÉMANTUS. — Oui, si ne rien faire est un crime digne de mort.

TIMON. — Comment trouves-tu ce portrait, Apémantus ?

APÉMANTUS. — Très-bon ; car il est innocent.

TIMON. — Celui qui l’a fait n’a-t-il pas bien travaillé ?

APÉMANTUS. — Celui qui a fait le peintre a mieux travaillé encore, et cependant il a fait un pitoyable ouvrage.

LE PEINTRE. — Tu es un chien.

APÉMANTUS. — Ta mère est de mon espèce ; qu’est-elle donc, si je suis un chien ?

TIMON. — Apémantus, veux-tu dîner avec moi ?

APÉMANTUS. — Non, je ne mange pas les grands seigneurs.

TIMON. — Si tu les mangeais, tu fâcherais les dames.

APÉMANTUS. — Oh elles mangent les grands seigneurs, voilà ce qui leur donne de gros ventres.

TIMON. — C’est une explication bien libertine.

APÉMANTUS. — C’est ainsi que tu la prends ; garde-la pour ta peine.

TIMON. — Aimes-tu ce bijou, Apémantus ?

APÉMANTUS. — Pas autant que la franchise, qui ne coûte pas une obole[3].

TIMON. — Combien penses-tu qu’il vaille ?

APÉMANTUS. — Il ne vaut pas la peine que j’y pense. Eh bien ! poëte !

LE POÈTE. — Eh bien ! philosophe !

APÉMANTUS. — Tu mens.

LE POÈTE. — N’es-tu, pas un philosophe ?

APÉMANTUS. — Oui.

LE POÈTE. — Je ne mens donc pas ?

APÉMANTUS. — Et toi, n’es-tu pas un poëte ?

LE POÈTE. — Oui.

APÉMANTUS. — En ce cas, tu mens. Regarde dans ton dernier ouvrage où tu as représenté Timon comme un digne personnage.

LE POÈTE. — Ce n’est point une fiction, c’est la vérité.

APÉMANTUS. — Oui, il est digne de toi, et digne de payer ton travail. Qui aime la flatterie est digne du flatteur. Dieux, que ne suis-je un grand seigneur !

TIMON. — Que ferais-tu donc, Apémantus ?

APÉMANTUS. — Ce que fait maintenant Apémantus, je haïrais un grand seigneur de tout mon cœur.

TIMON. — Quoi tu te haïrais toi-même ?

APÉMANTUS. — Oui.

TIMON. — Pourquoi ?

APÉMANTUS. — Pour avoir eu si peu d’esprit que d’être un grand seigneur. — N’es-tu pas marchand ?

LE MARCHAND. — Oui, Apémantus.

APÉMANTUS. — Que le commerce te confonde, si les dieux ne veulent pas le faire !

LE MARCHAND. — Si le commerce me confond, les dieux en seront la cause.

APÉMANTUS. — Ton dieu, c’est le commerce ; que ton dieu te confonde !

(On entend des trompettes.)
(Entre un serviteur)

TIMON. — Quelle est cette trompette ?

LE SERVITEUR. — C’est Alcibiade… et vingt cavaliers environ de sa société.

TIMON. — Je vous prie, allez au-devant d’eux, qu’on les fasse entrer. Il faut absolument dîner avec moi. — Ne vous en allez pas, que je ne vous aie fait mes remerciements. Et, après le dîner, montrez-moi ce tableau. Je suis charmé de vous voir tous.

(Quelques serviteurs sortent.)
(Entrent Alcibiade et sa société.)

TIMON. — Vous êtes le bienvenu, seigneur.

(Ils s’embrassent.)

APÉMANTUS. — Allons, allons, c’est cela ! Que les maladies contractent et dessèchent vos souples articulations ! Se peut-il qu’il y ait si peu d’amitié au milieu de ces doucereux coquins et de toute cette politesse ! La race de l’homme a dégénéré en singes et en babouins.

ALCIBIADE. — Seigneur, vous contentez mon ardent désir, je satisfais la faim que j’avais de vous voir.

TIMON. — Vous êtes le bienvenu, seigneur ! Avant de nous séparer, nous passerons ensemble un heureux temps en différents plaisirs.-Je vous en prie, entrons.

(Ils sortent, excepté Apémantus.)
(Entrent deux seigneurs.)

PREMIER SEIGNEUR. — Quelle heure est-il, Apémantus ?

APÉMANTUS. — L’heure d’être honnête.

PREMIER SEIGNEUR. — Il est toujours cette heure-là.

APÉMANTUS. — Tu n’en es que plus digne d’être maudit, toi qui la manques sans cesse.

SECOND SEIGNEUR. — Tu vas au festin de Timon ?

APÉMANTUS. — Oui, pour voir les viandes gorger des fripons et le vin échauffer des fous.

SECOND SEIGNEUR. — Adieu ! adieu !

APÉMANTUS. — Tu es fou de me dire deux fois adieu.

SECOND SEIGNEUR. — Pourquoi donc, Apémantus ?

APÉMANTUS. — — Tu aurais dû garder un de ces adieux pour toi, car je n’entends pas t’en rendre.

PREMIER SEIGNEUR. — Va te faire pendre.

APÉMANTUS. — Non, je n’en ferai rien. Adresse tes invitations à ton ami.

SECOND SEIGNEUR. — Va-t’en, chien hargneux, ou je te chasserai d’ici.

APÉMANTUS. — En véritable chien, je fuirai les ruades de l’âne.

(Il sort.)

PREMIER SEIGNEUR. — Cet homme est en tout l’opposé de l’humanité. — Eh bien entrerons-nous, et prendrons-nous notre part des générosités de Timon ? Il est vraiment plus que la bonté même.

SECOND SEIGNEUR. — Il la répand sur tout ce qui l’environne. Plutus, le dieu de l’or, n’est que son intendant : pas le plus léger service qu’il ne paye sept fois plus qu’il ne vaut : pas le plus léger cadeau qui ne vaille à son auteur un présent qui excède toutes les mesures ordinaires de la reconnaissance.

PREMIER SEIGNEUR. — Il porte l’âme la plus noble qui ait jamais inspiré un mortel.

SECOND SEIGNEUR. — Puisse-t-il vivre longtemps dans la prospérité ! Entrons-nous ?

PREMIER SEIGNEUR. — Je vous suis.

(Ils sortent.)

SCÈNE II
Une salle d’apparat dans la maison de Timon.

(Concert bruyant de hautbois. Flavius et d’autres domestiques servent un grand banquet.)

Entrent TIMON, ALCIBIADE, LUCIUS, LUCULLUS, SEMPRONIUS, et autres sénateurs athéniens, avec VENTIDIUS et la suite. À quelque distance, et derrière tous les autres, suit APÉMANTUS, d’un air de mauvaise humeur.

VENTIDIUS. — Très-honoré Timon, il a plu aux dieux de se souvenir de la vieillesse de mon père, et de l’appeler à son long repos. Il a quitté la vie sans regret, et il m’a laissé riche. Votre cœur généreux mérite toute ma reconnaissance, et je viens vous rendre ces talents auxquels j’ai dû la liberté, accompagnés de mes remerciements et de mon dévouement.

TIMON. — Oh ! point du tout, honnête Ventidius ; vous vous méprenez sur mon amitié : je vous ai fait ce don librement. On ne peut dire qu’on a donné, quand on souffre que le don soit rendu. Si nos supérieurs jouent à ce jeu, nous ne devons pas oser les imiter. Ce sont de belles fautes que celles qui enrichissent.

VENTIDIUS. — Les nobles sentiments !

(Ils sont tous debout regardant Timon d’un air de cérémonie.)

TIMON. — Seigneurs, la cérémonie n’a été inventée que pour voiler l’insuffisance des actions, les souhaits creux, la bienfaisance qui se repent avant d’avoir été exercée mais où se trouve la véritable amitié, la cérémonie est inutile. Je vous prie, asseyez-vous. Vous êtes les bienvenus à ma fortune, plus qu’elle n’est la bienvenue pour moi.

(Ils s’asseyent.)

LUCIUS. — Nous l’avons toujours avoué, seigneur.

APÉMANTUS. — Oh ! oui, avoué, et vous n’êtes pas encore pendus ?

TIMON. — Ah ! Apémantus, tu es le bienvenu.

APÉMANTUS. — Je ne veux pas être le bienvenu ; je viens pour que tu me chasses.

TIMON. — Fi donc ! Tu es un rustre ; tu as pris là une humeur qui ne sied pas à l’homme ; c’est un reproche à te faire. — On dit, mes amis, que ira furor brevis est ; mais cet homme-là est toujours en colère. — Allons, qu’on lui dresse une table pour lui seul. Il n’aime point la compagnie, et il n’est vraiment pas fait pour elle.

APÉMANTUS. — Je resterai donc à tes risques et périls, Timon ; car je viens pour observer, je t’en avertis.

TIMON. — Je ne prends pas garde à toi. — Tu es Athénien, tu es donc le bienvenu. Je ne dois pas être aujourd’hui le maître chez moi ; mais je t’en prie, que mon dîner me vaille ton silence.

APÉMANTUS. — Je méprise ton dîner… Il m’étoufferait, car je ne pourrais pas te flatter. — Ô dieux ! que d’hommes dévorent Timon, et il ne le voit pas ! Je souffre de voir tant de gens tremper leur langue dans le sang d’un seul homme ; et le comble de la folie, c’est qu’il les excite lui-même. Je m’étonne que les hommes osent se confier aux hommes Je pense, moi, qu’ils devraient les inviter sans couteaux. Leurs tables y gagneraient, et leur vie serait plus en sûreté. On en a vu cent exemples : l’homme, qui en ce moment est assis près de son hôte, qui rompt avec lui son pain et boit à sa santé la coupe qu’ils ont partagée ensemble, sera le premier à l’assassiner. Cela est prouvé. Si j’étais un grand personnage, je craindrais de boire à mes repas, de peur que mes hôtes n’épiassent à quelle note ils pourraient me couper le sifflet. Les grands seigneurs ne devraient jamais boire sans avoir le gosier revêtu de fer.

TIMON, à un des convives. — Seigneur, de tout mon cœur, et que les santés fassent la ronde.

PREMIER SEIGNEUR. — Qu’on verse de ce côté, mon bon seigneur.

APÉMANTUS. — De son côté ! Fort bien voilà un brave. Il sait prendre à propos son moment. — Toutes ces santés, Timon, te rendront malade, toi et ta fortune. Voilà qui est trop faible pour être coupable, l’honnête eau qui n’a jamais jeté personne dans la boue ; cette liqueur et mes aliments se ressemblent, et sont toujours d’accord ; les festins sont trop orgueilleux pour rendre grâces aux dieux.

Actions de grâces d’Apémantus.

Dieux immortels, je ne vous demande point de richesses,
Je ne prie pour aucun homme que pour moi ;
Accordez-moi de ne jamais devenir assez insensé
Pour me fier à un homme sur son serment ou sur son billet,
À une courtisane sur ses larmes,
À un chien qui paraît endormi,
À un geôlier pour ma liberté,
Ni à mes amis dans mon besoin :
Amen : allons, courage !
Le crime est pour le riche et je vis de racines.

Ton meilleur plat c’est ton bon cœur, Apémantus.

TIMON. — Général Alcibiade, votre cœur en ce moment est sur le champ de bataille.

ALCIBIADE. — Mon cœur, seigneur, est toujours prêt à vous servir.

TIMON. — Vous aimeriez mieux un déjeuner d’ennemis qu’un diner d’amis.

ALCIBIADE. — Pourvu que leur sang vint de couler, seigneur, il n’est point de mets plus délicieux pour moi ; je souhaiterais à mon meilleur ami de se trouver à pareille fête.

APÉMANTUS. — Je voudrais que tous ces flatteurs fussent tes ennemis, afin que tu pusses les égorger et m’inviter au festin.

PREMIER SEIGNEUR. — Si jamais, seigneur, nous avions le bonheur que vous missiez nos cœurs à l’épreuve ; si jamais vous nous fournissiez l’occasion de montrer une partie de notre zèle, nous serions au comble de nos vœux.

TIMON. — Oh ! ne doutez pas, mes bons amis, que les dieux n’aient eux-mêmes réservé dans l’avenir un jour. où j’aurai besoin de votre secours. Autrement, pourquoi. seriez-vous devenus mes amis ? — Pourquoi seriez-vous choisis entre mille autres, pour porter ce titre de tendresse, si vous n’apparteniez pas de plus près à mon cœur ? Je me suis dit de vous à moi-même, plus que vous ne pouvez modestement en dire, et je tiens ceci pour acquis sur votre compte. Ô dieux, me disais-je, qu’aurions-nous besoin d’amis, si nous ne devions jamais avoir besoin d’eux ? Ce seraient les créatures du monde les plus inutiles si nous ne devions jamais user d’eux. Ils ressembleraient fort à des instruments mélodieux suspendus dans leurs étuis et qui gardent pour eux leurs accords. Oui, j’ai souhaité souvent d’être plus pauvre,’ afin de me rapprocher davantage de vous. Nous sommes nés pour faire du bien, et quel bien est plus à nous que les richesses de nos amis ? Ô quel précieux avantage d’avoir tant d’amis qui, comme des frères, disposent de. la fortune l’un de l’autre ! Ô volupté qui n’est déjà plus avant même d’être née ! Il me semble que mes yeux ne peuvent retenir leurs larmes. — Allons, pour oublier leur faute, je bois à votre santé.

APÉMANTUS. — Ô Timon, plus tu pleures, plus ton vin se boit !

LUCULLUS. — La joie a eu la même conception dans nos yeux, et en sort comme un nouveau-né.

APÉMANTUS. — Oh ! oh ! je ris en pensant que ce nouveau-né est un bâtard.

TROISIÈME SEIGNEUR. — Je vous proteste, seigneur, que vous m’avez beaucoup ému.

APÉMANTUS. — Beaucoup.

(Son de trompette.)

TIMON. — Qu’annonce cette trompette ? qu’y a-t-il ?

(Entre un serviteur.)

LE SERVITEUR. — Sauf votre bon plaisir, seigneur, il y a là des dames qui demandent à entrer.

TIMON. — Des dames ? que désirent-elles ?

LE SERVITEUR. — Elles ont avec elles un courrier qui est chargé d’annoncer leurs intentions.

TIMON. — Je vous en prie, faites-les entrer.

(Entre Cupidon.)

CUPIDON. — Salut à toi, généreux Timon, et à tous ceux qui jouissent ici de tes bienfaits. Les Cinq Sens te reconnaissent pour leur patron, et viennent librement te féliciter de ton généreux cœur. L’Ouïe, le Goût, le Toucher, l’Odorat, se lèvent tous satisfaits de ta table : ils ne viennent dans ce moment que pour réjouir tes yeux.

TIMON. — Ils sont tous les bienvenus. Qu’on leur fasse bon accueil. Allons, que la musique célèbre leur entrée.

(Cupidon sort.)

PREMIER SEIGNEUR. — Vous voyez, seigneur, à quel point vous êtes aimé.

(Musique. Rentre Cupidon avec une mascarade de dames en amazones, dansant et jouant du luth.)

APÉMANTUS. — Holà ! quel flot de vanité arrive ici ! elles dansent ;… ce sont des femmes folles ! La gloire de cette vie est une folie semblable, comme le prouve toute cette pompe comparée à ce peu d’huile et à ces racines. Nous nous faisons fous pour nous amuser, et prodigues de flatteries nous buvons à ces hommes, sur la vieillesse desquels nous verserons un jour le poison de l’envie et du mépris. Quel homme respire, qui ne corrompe ou ne soit corrompu ? quel homme expire, qui n’emporte au tombeau quelque outrage, don de ses amis ? Je craindrais bien que ceux qui dansent là devant moi ne fussent les premiers à me fouler un jour sous leurs pieds. C’est ce qu’on a vu souvent. Les hommes ferment leurs portes au soleil couchant.

(Les convives se lèvent de table en montrant un grand respect pour Timon et pour lui montrer leur affection, chacun d’eux prend une des amazones, et ils dansent couple par couple : on joue deux ou trois airs de hautbois, après quoi la danse et la musique cessent.)

TIMON. — Vous avez embelli nos plaisirs, belles dames, et donné un nouveau charme à notre fête, qui n’eût pas été à moitié si brillante ni si agréable sans vous ; elle vous doit tout son prix et son éclat, et vous m’avez rendu moi-même enchanté de ma propre invention. J’ai à vous en remercier.

PREMIÈRE DAME. — Seigneur, vous nous jugez au mieux.

APÉMANTUS. — Oui, ma foi ; car le pire est dégoûtant, et ne supporterait pas qu’on y touchât, je pense.

TIMON. — Mesdames, il y a un petit banquet qui vous attend ; veuillez bien aller vous asseoir.

TOUTES ENSEMBLE. — Mille remerciements, seigneur.

(Elles sortent.)

TIMON. — Flavius !

FLAVIUS. — Seigneur !

TIMON. — Apportez-moi la petite cassette.

FLAVIUS. — Oui, monseigneur. — (À part.) Encore des bijoux ? On ne peut l’arrêter dans ses fantaisies autrement je lui dirais… — Allons. — En conscience, je devrais l’avertir. Quand tout sera dépensé, il voudrait bien alors qu’on l’eût arrêté. C’est grand dommage que la libéralité n’ait pas des yeux derrière : alors jamais un homme ne tomberait dans la misère, victime d’un trop bon cœur.

PREMIER SEIGNEUR. — Nos serviteurs, où sont-ils ?

UN SERVITEUR. — Les voici, seigneur, à vos ordres.

LUCIUS. — Nos chevaux.

TIMON. — Mes bons amis, j’ai encore un mot à vous dire. Seigneur, je vous en conjure, faites-moi l’honneur d’accepter ce bijou ; daignez le recevoir et le porter, mon cher ami !

LUCIUS. — Je suis déjà comblé de vos dons !

TOUS. — Nous le sommes tous !

(Entre un serviteur.)

LE SERVITEUR. — Seigneur, plusieurs membres du sénat sont descendus à votre porte, et viennent vous visiter.

TIMON. — Ils sont les bienvenus.

FLAVIUS rentre. — J’en conjure votre Honneur, daignez écouter un mot, il vous touche de près.

TIMON. — De près ! oh bien ! alors, je t’écouterai une autre fois. Je te prie que tout soit préparé pour leur faire bon accueil.

FLAVIUS, à part. — Je ne sais trop comment.

(Entre un autre serviteur.)

LE SECOND SERVITEUR. — Seigneur, le noble Lucius, par un don de sa pure amitié, vous a fait présent de quatre chevaux blanc de lait, avec leurs harnais en argent.

TIMON. — Je les accepte bien volontiers ; ayez soin que ce présent soit dignement reconnu. (Entre un troisième serviteur.) Eh bien qu’y a-t-il de nouveau ?

LE TROISIÈME SERVITEUR. — Sauf votre bon plaisir, mon seigneur ; cet honorable seigneur, Lucullus, vous invite à chasser avec lui demain matin, et il vous envoie deux couples de lévriers.

TIMON. — Je chasserai avec lui qu’on reçoive son présent, mais non sans un noble retour.

FLAVIUS, à part. — Quelle sera la fin de tout ceci ? Il nous ordonne de pourvoir à tout, de rendre de riches présents, et tout cela avec un coffre vide et il ne veut pas examiner sa bourse, ni m’accorder un moment pour lui démontrer à quelle indigence est réduit son cœur, qui n’a plus les moyens d’effectuer ses vœux. Ses promesses excèdent si prodigieusement sa fortune, que tout ce qu’il promet est une dette ; il doit pour chaque parole : il est assez bon pour payer encore les intérêts. Ses terres sont toutes couchées sur leurs livres. Oh ! que je voudrais être doucement congédié de mon office, avant d’être forcé de le quitter ! Plus heureux l’homme qui n’a point d’amis à nourrir, que celui qui est entouré d’amis plus funestes que les ennemis mêmes ! Le cœur me saigne de douleur pour mon maître.

(Il sort.)

TIMON. — Vous ne vous rendez pas justice ; vous rabaissez trop votre mérite. Voici, seigneur, cette bagatelle, comme un gage de notre amitié.

SECOND SEIGNEUR. — Je la reçois avec une reconnaissance particulière.

TROISIÈME SEIGNEUR. — Oh ! il est l’essence même de la bonté.

TIMON. — À propos, seigneur, je me rappelle que vous avez vanté l’autre jour un coursier bai que je montais. Il est à vous, puisqu’il vous a plu.

SECOND SEIGNEUR. — Oh ! je vous prie, seigneur, excusez-moi je ne puis.

TIMON. — Vous pouvez m’en croire, seigneur ; je sais par expérience qu’on ne loue bien que ce qui vous plaît : je juge des sentiments de mon ami par les miens. Ce que je vous dis est la vérité. J’irai vous faire visite.

TOUS LES SEIGNEURS. — Nul ne sera aussi bien venu.

TIMON. — Je suis si reconnaissant de toutes vos visites que je ne puis assez donner. Je voudrais pouvoir distribuer des royaumes à mes amis, et je ne me lasserais jamais. — Alcibiade, tu es un guerrier, et par conséquent rarement opulent : les bienfaits te sont dus, car tu vis sur les morts, et toutes les terres que tu possèdes sont sur le champ de bataille.

ALCIBIADE. — Oui, des terres souillées, seigneur.

PREMIER SEIGNEUR. — Nous vous sommes si redevables !

TIMON. — Et moi à vous.

SECOND SEIGNEUR. — Nous vous chérissons si infiniment !

TIMON. — Je suis tout à vous ! — Des flambeaux ! — Encore des flambeaux !

TROISIÈME SEIGNEUR. — Que la plus pure félicité, l’honneur et les richesses ne vous abandonnent jamais, noble Timon.

TIMON. — Au service de ses amis.

(Sortent Alcibiade, les seigneurs et autres.)

APÉMANTUS. — Quel tumulte ici ! que d’inclinations de tête, que de courbettes[4] ! Je doute que toutes ces jambes vaillent les sommes dont on paye leurs génuflexions. Amitié pleine d’une lie impure ! Il me semble que les hommes au cœur faux ne devraient pas avoir des jambes si lestes. — C’est ainsi que d’honnêtes dupes prodiguent leurs richesses pour des révérences.

TIMON. — Voyons, Apémantus, si tu n’étais pas si bourru, tu éprouverais mes bontés.

APÉMANTUS. — Non, je ne veux rien. Si tu allais me corrompre aussi, voyons, il ne resterait plus personne pour se moquer de ta folie, et tu ferais encore plus de sottises. Tu donnes tant, Timon, que je crains bien que tu ne finisses par te donner toi-même[5]. À quoi bon ces fêtes, ce luxe et ces vaines magnificences ?

TIMON. — Ah ! si tu commences à médire de la société, j’ai juré de ne pas t’écouter. Adieu, et reviens chanter sur un ton plus aimable.

(Il sort.)

APÉMANTUS. — Allons tu ne veux donc pas m’entendre à présent en bien, tu ne m’entendras jamais ; je te fermerai la porte du ciel[6]. Oh ! est-il possible que l’oreille des hommes soit sourde aux bons conseils, et non à la flatterie !

(Il sort.)


FIN DU PREMIER ACTE.

  1. Phrynia. Peut-être Shakspeare a-t-il voulu mettre en scène la fameuse Phryné, qui était si belle que, sur le point de se voir condamnée par ses juges, elle leur découvrit son sein, et fut renvoyée acquittée.
  2. On sait que les anciens écrivaient sur des tablettes de cire avec un stylet de fer.
  3. Allusion au proverbe anglais, plain dealing is a jewel but they that use it die beggars : « la franchise est un joyau, mais ceux qui en usent meurent de faim. »
  4. Serving of becks, and jutting out of bums. Beck veut dire un salut fait avec la tête ; to serve a beck, c’est saluer de la tête. Jutting out of bums, littéralement prolongement du derrière, signifie révérence, courbette.
  5. Il y a dans le texte thou wilt give thyself in paper, tu te donneras en papier. Un commentateur prétend qu’Apémantus entend par-là que Timon se donnera en billets, en lettres de change.
  6. « La porte du ciel. » Apémantus veut parler ici des bons conseils qu’il refusera désormais à Timon.