Vers, 1894/La Petite qui est morte

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VersOllendorff, éditeur (p. 37).

III


LA PETITE QUI EST MORTE


Une petite hutte avec un chien devant…
Ô ma chère ! Ce soir, cette rose est mouillée.
Dans le grand parc, auprès de la grille rouillée,
Je l’ai prise pour toi, tout à l’heure, en rêvant.

Il bruine au dehors ; viens ici, viens… le vent
Dans les lauriers sanglote… oh ! reste ainsi liée
Avec tes frêles bras à mon cou… mi-pliée…..
Faisons de nos cœurs morts un amour revivant.

Plonge avec tes doux yeux de sombre violette
Dans mon regard si triste et grave qui reflète
Mes deuils d’amour… Entends ma voix… Elle est le glas

Qui conduit doucement dans sa petite robe,
La seule que j’aimai, la Morte aux pâleurs d’aube
Qui dans ses mains de cire a de légers lilas.