We shall fight on the beaches

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We shall fight on the beaches
Traduction par des contributeurs de Wikisource.
Hansard - War situation HC Deb 04 June 1940 vol 361 cc787-98 (p. 1-6).

We Shall Fight on the Beaches[1]

À partir du moment où les défenses françaises à Sedan et sur la Meuse ont été détruites à la fin de la deuxième semaine de mai, seule une retraite rapide à Amiens et au Sud aurait pu sauver les armées anglaise et française, qui étaient entrées en Belgique à l’appel du roi belge ; mais ce fait stratégique n’a pas été compris sur-le-champ. Le haut commandement français a espéré être capable de refermer la brèche, surtout que les armées du Nord étaient sous ses ordres. De plus, une retraite de ce type aurait presque certainement impliqué la destruction de l’excellente armée belge, de plus de 20 divisions, ainsi que l’abandon de toute la Belgique. Ainsi, quand le commandement a réalisé la force et la portée de la percée allemande et que le général Weygand a pris les commandes à la place du général Gamelin, un effort a été fait par les armées françaises et britanniques en Belgique pour continuer de tenir la main droite des Belges et de donner leur propre main droite à une armée française nouvellement créée qui aurait avancé en grande force à travers la Somme pour la saisir.

Cependant, l’irruption allemande, telle une faux aiguisée, a fauché la droite et l’arrière des armées du Nord. Huit ou neuf divisions blindées, chacune d’environ 400 véhicules blindés de différents types, mais soigneusement assortis de telle sorte qu’ils soient complémentaires et divisibles en de plus petites unités indépendantes, ont coupé toute communication entre nous et la majeure partie des armées françaises. Cela a coupé nos propres voies de ravitaillement en nourriture et en munitions, en prenant d’abord Amiens, puis Abbeville, et se frayant un chemin jusqu’à la côte par Boulogne et Calais, se rendant presque à Dunkerque. Juste après cet assaut mécanisé et blindé a suivi de nombreuses divisions allemandes transportées par camions, et derrière elles encore ont cheminé, relativement lentement, la terne masse brute de l’armée ordinaire allemande ainsi que le peuple allemand, toujours prêt à piétiner d’autres terres de liberté et de confort qu’ils n’ont jamais connues.

J’ai dit que ce coup de faux blindé a presque atteint Dunkerque — presque, mais pas tout à fait. Boulogne et Calais ont été le théâtre de combats désespérés. La garde a défendu Boulogne pendant un moment et a été retirée par ordre de cette contrée. La brigade des fusiliers, le 60e régiment, et les fusiliers de la reine Victoria, avec un bataillon de tanks britanniques et 1 000 Français, pour un total d’environ quatre mille hommes, ont défendu Calais jusqu’à la fin. Le Brigadier britannique a eu une heure pour se rendre. Il a refusé l’offre, et quatre jours d’intenses combats dans les rues ont passé avant que le silence règne sur Calais, ce qui a marqué la fin d’une résistance mémorable. Seulement 30 survivants indemnes ont été ramenés par la marine, et nous ne connaissons pas le sort de leurs camarades. Leur sacrifice, cependant, n’a pas été vain. Au moins deux divisions blindées, qui autrement auraient dû être envoyées contre le Corps expéditionnaire britannique, ont dû être envoyées pour les vaincre. Ils ont ajouté une autre page à la gloire des divisions légères, et le temps gagné a permis d’inonder les chenaux de Gravelines afin qu’ils soient tenus par les troupes françaises.

C’est ainsi que le port de Dunkerque a été maintenu ouvert. Quand il est devenu impossible pour les armées du Nord de rouvrir leur voie de communication à Amiens avec la majeure partie de l’armée française, il n’est resté qu’un seul choix. C’était, en effet, bien désespéré. Les armées belge, française et anglaise étaient presque encerclées. Leur seule retraite possible était un seul port et ses plages voisines. Ils étaient pressés de chaque côté par de lourdes attaques et grandement dépassés en nombre dans les airs.

Quand, il y a une semaine aujourd’hui, j’ai demandé à la Chambre des communes de réserver cet après-midi pour prononcer une déclaration, j’ai craint qu’il ne soit de mon pénible devoir d’annoncer le plus grand désastre militaire de notre longue histoire. J’ai pensé — et quelques bons juges ont pensé la même chose que moi — que peut-être 20 000 ou 30 000 hommes pourraient être rembarqués, mais tout portait à croire que l’ensemble de la première armée française et tout le Corps expéditionnaire britannique au nord de la faille Amiens-Abbeville seraient à découverts et anéantis, ou auraient capitulé par manque de nourriture et de munitions. Telles étaient, il y a une semaine, les dures et difficiles nouvelles pour lesquelles j’ai convoqué la Chambre des communes et la nation pour qu’ils se préparent. Pendant la dernière année, tout le cœur, les racines et le cerveau de l’armée britannique ont semblé sur le point de périr sur le champ de bataille ou d’être menés dans une captivité ignominieuse et famélique.

Telles était les perspectives il y a une semaine. De plus, un autre coup, qui aurait bien pu se montrer fatal, devait nous accabler. Le roi des Belges nous avait appelés à l’aide. Si ce dirigeant et son gouvernement ne s’étaient pas séparés des Alliés, qui ont sauvé leur pays de l’extinction lors de la dernière guerre, s’ils ne s’étaient pas réfugiés dans ce qui s’est montré comme une neutralité fatale, les armées françaises et britanniques auraient pu dès le début sauver non seulement la Belgique, mais peut-être aussi la Pologne. Au dernier moment, lorsque la Belgique était déjà envahie, le roi Léopold nous a demandé de venir à son secours et, même au dernier moment, nous sommes allés. Lui et son armée, brave et efficace, forte de presque un million d’hommes, ont protégé notre flanc gauche et ainsi gardé notre seule porte de sortie vers la mer. Soudainement, sans consultation préalable, avec le plus court préavis possible, sans le conseil de ses ministres et de son propre chef, il a envoyé un plénipotentiaire au commandement allemand, a rendu son armée, et a exposé tout notre flanc gauche et nos moyens de battre en retraite.

J’ai demandé à la chambre il y a une semaine de suspendre son jugement puisque les faits n’étaient pas clairs, mais je ne pense pas qu’il subsiste maintenant une raison de ne pas se faire notre propre opinion sur ce pitoyable épisode. La reddition de l’armée belge a forcé les Britanniques à couvrir, dans le plus court délai, un flanc sur la mer de plus de trente milles de long. Autrement, tout aurait été coupé et tous auraient partagé le même sort auquel a condamné le roi Léopold à la meilleure armée que son pays a jamais formée. Donc, en faisant ceci, en exposant ce flanc, comme n’importe qui a suivi les opérations sur les cartes peut le constater, le contact a été perdu entre les Britanniques et deux des trois corps composant la première armée française, qui était encore plus loin de la côte que nous ne l’étions, et il semblait impossible que n’importe quel troupe alliée d’importance puisse atteindre la côte.

L’ennemi nous a attaqués de tous les côtés, férocement et avec une grande force, et leur force principale, leur vaste flotte aérienne, lorsqu’elle n’était pas lancée dans la bataille, était concentrée sur Dunkerque et les plages. Pressant sur l’étroite sortie, aussi bien par l’Est que par l’Ouest, l’ennemi a commencé à bombarder avec ses canons les plages que seuls les transports pouvaient approcher ou quitter. Ils ont semé des mines magnétiques dans les canaux et dans les mers ; ils ont envoyé des vagues répétées d’aéronefs hostiles, quelques fois plus de cent par formation, pour lâcher leurs bombes sur le seul quai restant, ainsi que sur les dunes, sur lesquelles les troupes ont cherché à s’abriter. Leurs U-boats, dont un a été coulé, et leurs embarcations ont fait des ravages dans le vaste trafic qui a commencé. Pendant quatre ou cinq jours, une lutte intense a régné. Toutes leurs divisions blindées — ou ce qui en restait — appuyées en force par l’infanterie et l’artillerie, se sont lancées en vain sur l’appendice toujours plus petit, toujours plus étroit sur lequel les armées britanniques et françaises ont combattu.

Pendant ce temps, la marine royale, avec l’aide d’innombrables marchands-pêcheurs volontaires, ont mis leurs nerfs à rude épreuve pour embarquer les troupes britanniques et alliées ; 220 petits navires de guerre et 650 autres vaisseaux ont été impliqués. Ils ont dû opérer sur une côte difficile, souvent dans des conditions climatiques hostiles, sous une grêle presque incessante de bombes et sous un feu d’artillerie de plus en plus nourri. Les mers non plus, comme je l’ai dit, n’étaient pas sans mines ni torpilles. C’est dans ces conditions que nos hommes ont continué, avec peu ou aucun repos, pendant des jours et des nuits entières, à faire des allers-retours incessants dans ces eaux dangereuses, ramenant avec eux toujours plus d’hommes qu’ils ont secourus. Le nombre qu’ils ont ramené est à la hauteur de leur courage et leur sens du devoir. Les bateaux-hôpitaux, qui ont ramené plusieurs milliers de blessés britanniques et français, étant clairement marqués et ont été une cible privilégiée pour les bombes allemandes ; mais les hommes et les femmes à bord n’ont jamais failli à leur devoir.

Pendant ce temps, la Royal Air Force, qui était déjà intervenue dans la bataille aussi loin que sa portée le permettait de sa base, a utilisé une partie de ses avions de chasse et a frappé les bombardiers allemands ainsi que le grand nombre d’avions de chasse qui les protègent. Cette lutte a été longue et féroce. Soudainement, le champ était libre. Pour un instant — mais seulement pour un instant — le fracas et le tonnerre se sont tus. Il est clair pour nous tous que cette miraculeuse délivrance a été obtenue grâce à la valeur, la persévérance, la parfaite discipline, le service sans faute, les ressources, le talent et l’inébranlable fidélité. L’ennemi a été repoussé par les troupes britanniques et françaises en retraite. Il a été si durement traité qu’il n’a pas sérieusement urgé leur départ. La Royal Air Force a engagé la majeure partie de la force aérienne allemande et lui a infligé des pertes d’au moins 4 pour 1. La marine, utilisant presque 1 000 vaisseaux de différents types, a transporté plus de 335 000 hommes, Français et Britanniques, hors des mâchoires de la mort et de la honte, vers leurs terres natales et vers la tâche qui les attend immédiatement. Nous devons être très prudents de ne pas associer à cette délivrance les attributs de la victoire. Les guerres ne sont pas gagnées par des évacuations. Mais il y a malgré tout une victoire dans cette délivrance qui doit être soulignée. Elle a été gagnée par l’armée de l’air. Plusieurs de nos soldats sur le chemin du retour n’ont pas vu l’armée de l’air au travail ; ils ont seulement vu les bombardiers qui ont échappé à leur attaque protectrice. Ils sous-estiment leur accomplissement. J’en ai beaucoup entendu parler et c’est pourquoi je vais faire une parenthèse pour prendre le temps de vous en parler.

Cela a été une grande épreuve de force entre les armées de l’air britannique et allemande. Pouvez-vous concevoir un meilleur objectif pour les Allemands dans les airs que de rendre l’évacuation de ces plages impossible, et de couler tous ces bateaux ainsi présents, presqu’au nombre d’un millier ? Aurait-il pu y avoir un objectif militaire aussi important et aussi significatif pour la guerre entière que ceci ? Ils y ont travaillé très fort, et ils se sont fait battre ; ils ont été frustrés dans leur tâche. Nous avons ramené l’armée, et ils ont payé en quadruple pour chaque perte qu’ils nous ont infligée. De très grandes formations d’aéronefs allemands — et nous savons qu’ils sont d’une race très brave — ont fait demi-tour à plusieurs reprises face aux attaques de la Royal Air Force, quatre fois moins nombreuse qu’eux, et se sont dispersé dans différentes directions. Douze aéronefs ont été chassés par seulement deux. Un aéronef a été poussé à l’eau et détruit par la simple charge d’un aéronef britannique, qui n’avait plus de munitions. Tous nos types d’aéronefs — les Hurricanes, les Spitfires et les nouveaux Defiants — et tous nos pilotes ont prouvé leur supériorité envers ceux qu’ils ont confrontés.

Quand nous considérons comment notre avantage à défendre l’espace aérien au-dessus de cette Île serait plus important contre une attaque outre-mer, je dois dire que je trouve dans ces faits une base sûre sur laquelle peut reposer des pensées pratiques et rassurantes. Je vais payer mon tribut à ces jeunes aviateurs. Pour l’instant, la grande armée française a été grandement rejetée vers l’arrière et déroutée par la percée de quelques milliers de véhicules blindés. Se peut-il aussi que la cause de la civilisation elle-même sera défendue par le talent et le dévouement de quelques milliers d’aviateurs ? Il n’y a jamais eu, je crois, dans tout le monde, dans toute l’histoire de la guerre, une telle opportunité pour la jeunesse. Les chevaliers de la Table ronde, les Croisés, tous disparaissent dans le passé — pas seulement distant, mais prosaïque ; ces jeunes hommes, allant de l’avant chaque matin pour protéger leur terre natale et tout ce en quoi nous croyons, tenant dans leurs mains ces instruments de pouvoir colossaux et méritent notre gratitude, comme tous les braves hommes qui, de tant de manières et en tant d’occasions, sont présents et continuent à donner leurs vies pour leur terre natale.

Je reviens aux armées. Dans une longue série de batailles féroces, tantôt sur un front, tantôt sur l’autre, combattant sur trois fronts en même temps des batailles menées par deux ou trois divisions contre un nombre égal ou un peu plus grand d’ennemis, et menées férocement sur certaines de ces vieilles terres que tant d’entre nous connaissent si bien — dans ces batailles, nos pertes en hommes dépassent les 30 000 morts, blessés et disparus. J’en profite pour exprimer les sympathies de la Chambre des communes à tous ceux qui ont souffert un deuil ou qui sont encore anxieux. Le président de la chambre de commerce [Sir Andrew Duncan] n’est pas là aujourd’hui. Son fils a été tué, et plusieurs dans la Chambre des communes ont senti les douleurs de l’affliction sous sa forme la plus forte. Mais je dirai ceci à propos de ceux portés disparus : nous avons eu un grand nombre de blessés qui sont revenus en sécurité dans ce pays, et je dirai à propos des disparus qu’il peut y en avoir encore beaucoup qui vont revenir à la maison, un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre. Dans la confusion de cette bataille, il est inévitable que plusieurs aient été laissés dans une position où l’honneur n’exigeait plus de résistance de leur part.

Contre cette perte de plus de 30 000 hommes, nous pouvons estimer une bien plus grande perte infligée à l’ennemi. Cependant, nos pertes en matériel sont énormes. Bien que nous n’ayons perdu que l’équivalent du tiers des hommes que nous avons perdus les premiers jours de la bataille le 21 mars 1918, nous avons aussi perdu presque autant de fusils — presque mille — ainsi que tous nos transports et tous les véhicules blindés qui étaient avec l’armée dans le Nord. Cette perte va imposer un délai supplémentaire pour le déploiement de notre force armée. Ce déploiement n’a pas progressé comme nous l’avions espéré. La Force expéditionnaire britannique est partie avec le meilleur de tout ce que nous avions à donner, et même s’ils n’avaient pas le nombre désiré de chars d’assaut et de quelques autres articles d’équipement, ils formaient une excellente armée équipée du meilleur. Ils ont obtenu les prémices de tout ce que nos industries étaient capables de donner, et tout cela est perdu. Voilà donc ce délai supplémentaire. Combien de temps cela va prendre, combien de temps cela peut durer, tout dépend des moyens que nous prendrons sur cette Île. Un effort comme il n’en a jamais eu dans notre histoire est désormais en cours. Le travail avance partout, nuit et jour, les dimanches comme les jours de semaine. Les propriétaires et les ouvriers ont mis de côté leurs intérêts, droits et divergences habituelles pour travailler ensemble. Déjà le flux de munitions a fait un bond en avant. Il n’y a aucune raison pour laquelle nous ne devrions pas dans quelques mois rattraper les pertes que nous avons subies, sans retarder le développement de notre programme général.

Pourtant, notre soulagement du succès de la fuite de notre armée et de tellement d’hommes, dont les êtres chers ont passé à travers des semaines agonisantes, ne doit pas nous aveugler du fait que ce qui s’est passé en France et en Belgique est un désastre militaire colossal. L’armée française a été affaiblie, l’armée belge anéantie, une grande partie des lignes fortifiées sur lesquelles nos espoirs reposaient sont détruites, plusieurs districts miniers et usines d’importance sont passés aux mains de l’ennemi ainsi que l’ensemble des ports de la Manche, avec toutes les conséquences tragiques qui en découlent, et nous devons nous attendre à recevoir à tout moment un autre coup ici ou en France. On nous dit que Herr Hitler a un plan d’invasion des Îles Britanniques. Ceci a déjà été pensé auparavant. Quand Napoléon est resté à Boulogne pendant un an avec ses bateaux à fond plat et sa grande armée, il s’est fait dire : « Il y a de mauvaises herbes amères en Angleterre. » Il y en a certainement plus maintenant depuis le retour de la Force expéditionnaire britannique.

Toute la question de la défense nationale contre une invasion est, bien sûr, fortement affectée par le fait que nous avons pour l’instant sur cette Île une force militaire beaucoup plus puissante que nous n’en avons jamais eue à n’importe quel moment dans cette guerre ou dans la dernière. Mais ça ne va pas durer. Nous ne nous contenterons pas d’une guerre défensive. Nous avons un devoir envers nos Alliés. Nous devons reconstituer et reconstruire à nouveau la Force expéditionnaire britannique, sous son courageux commandant en chef, Lord Gort. Tout ceci est en cours, mais en attendant nous devons organiser nos défenses sur cette Île de manière à ce que le plus petit nombre possible de personnes soit requis pour la défendre efficacement pour que l’on puisse réaliser le plus grand potentiel possible d’effort offensif. Nous y sommes déjà engagés. Il serait très pratique, si c’est le désir de la Chambre, de discuter sur ce sujet lors d’une session à huit clos. Ce n’est pas que le gouvernement serait nécessairement habilité à révéler avec précision des secrets militaires, mais nous aimerions avoir une discussion libre, sans les restrictions imposées par le fait qu’elles seront lues par l’ennemi le lendemain ; de plus, le gouvernement bénéficierait des points de vue partagés en toute liberté de tous les partis de la Chambre des communes avec leurs savoirs respectifs de tant de coins de ce pays. Je comprends qu’une demande va être faite en ce sens, laquelle va rapidement être approuvée par le gouvernement de Sa Majesté.

Nous pensons qu’il est nécessaire de prendre des mesures de plus en plus strictes, pas seulement contre les ennemis étrangers et les membres trompeurs d’autres nations, mais aussi contre les sujets britanniques qui peuvent devenir un danger ou une nuisance si la guerre se transporte au Royaume-Uni. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui sont des ennemis passionnés de l’Allemagne nazie et qui sont affectés par les ordres que nous avons donnés. Je suis profondément désolé pour eux, mais nous ne pouvons pas, à ce moment et sous cette pression, établir toutes les distinctions que nous aimerions faire. Si des parachutages étaient effectués et que des combats féroces s’en suivaient, ces pauvres gens seraient beaucoup mieux hors du chemin, pour leur propre bien ainsi que pour le nôtre. Il y a, cependant, une autre sorte de gens pour laquelle je ne ressens aucune sympathie. Le parlement nous a donné les pouvoirs pour faire cesser d’une main ferme les activités de la cinquième colonne, et nous allons utiliser ce pouvoir, soumis à la supervision et la correction de la Chambre, sans la moindre hésitation jusqu’à ce que nous soyons satisfaits, et plus que satisfaits, que cette malice en notre sein soit bel et bien éradiquée.

Retournant encore une fois, et cette fois plus généralement, à la question de l’invasion, je constate qu’il n’y a jamais eu une période au cours de ces longs siècles de navigation durant laquelle nous avons pu donner une garantie absolue contre une invasion, encore moins contre d’importants raids, à notre peuple. Du temps de Napoléon, le même vent qui aurait transporté sa flotte à travers la Manche aurait pu faire dériver le blocus. Il y a toujours ce risque, et c’est ce risque qui a excité et trompé l’imagination de tant de tyrans continentaux. Plusieurs sont de vieilles fables. Nous sommes sûrs que de nouvelles méthodes seront adoptées, et quand nous voyons l’originalité de la malice, l’ingéniosité de l’agression, lesquelles nos ennemies possèdent, nous devons assurément nous préparer à toutes sortes de nouveaux stratagèmes et toute sortes de manœuvres perfides. Je pense qu’aucune idée n’est assez folle pour qu’elle ne soit pas considérée et scrutée avec un œil studieux, et en même temps, je l’espère, sérieux. Nous ne devons jamais oublier les menaces sérieuses des forces marines et aériennes, qui peuvent être exercées de manière ciblée.

J’ai, moi-même, une confiance absolue que si tous font leurs devoirs, si rien n’est négligé et que les meilleures dispositions sont prises, comme il est fait en ce moment, que nous allons nous montrer une fois de plus capables de défendre notre Île natale, de traverser la tempête de la guerre, et de survivre à la menace de la tyrannie, pendant des années si nécessaire, tout seul s’il le faut.

De toute façon, c’est ce que nous allons essayer de faire. C’est la décision du gouvernement de Sa Majesté — de chaque homme qui le constitue. C’est la volonté du parlement et de la nation.

L’Empire britannique et la République française, unis ensemble dans leur quête et dans leurs besoins, défendront jusqu’à la mort leur terre natale, s’entraidant comme de bons camarades au mieux de leur force.

Même si de grandes parties de l’Europe et de plusieurs vieux et réputés États sont tombés ou risquent de tomber sous l’emprise de la Gestapo et de tous les autres instruments du régime nazi, nous ne faiblirons pas, nous n’échouerons pas.

Nous irons jusqu’au bout, nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu’une force grandissante dans les airs, nous défendrons notre Île, peu importe ce qu’il en coûtera, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains de débarquement, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les collines ; nous ne nous rendrons jamais, et même si, bien que je n’y crois pas un seul instant, cette Île ou une grande partie de cette Île serait asservie et affamée, alors notre Empire au-delà des mers, armé et gardé par la flotte britannique, continuera de lutter, jusqu’à ce que, quand Dieu le voudra, le Nouveau Monde, avec tout son pouvoir et sa puissance, viendra à la rescousse libérer l’Ancien.

  1. note Wikisource : Discours prononcé à la Chambre des communes de Westminster le 4 juin 1940