L’Encyclopédie/1re édition/APÉRITIFS

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* APÉRITIFS, adj. pl. m. (Medecine.) On donne cette épithete à tous les médicamens qui, considérés relativement aux parties solides du corps humain, rendent le cours des liqueurs plus libre dans les vaisseaux qui les renferment, en détruisant les obstacles qui s’y opposent. Cet effet peut être produit par tout ce qui entretient la souplesse & la flexibilité des fibres dont les membranes vasculaires sont composées. On doit mettre dans cette classe les émolliens & les relâchans, sur-tout si l’on anime leur action par l’addition de quelque substance saline, active, & pénétrante, & qu’on les employe dans un degré de chaleur qui ne soit pas capable de dissiper leurs parties les plus volatiles. Ces médicamens operent non-seulement sur les vaisseaux, mais encore sur les liqueurs auxquelles ils donnent, en s’y mêlant, un degré de fluidité qui les fait circuler. Les apéritifs conviennent dans tous les cas où l’obstruction est ou la cause ou l’effet de la maladie ; ainsi leur usage est très-salutaire dans la fievre de lait qui survient aux femmes nouvellement accouchées, dans le période inflammatoire de la petite vérole, ou dans le tems de l’éruption : & les évacuans peuvent être compris sous le nom général d’apéritifs, parce qu’ils produisent l’effet de ces derniers, par la façon dont on les administre & le lieu où on les applique. Dans ce sens les diurétiques, les sudorifiques, les diaphorétiques, les emmenagogues, les suppuratifs, les corrosifs, les caustiques, &c. appartiendront à la même classe. On y rangera encore les résolutifs qui, divisant les humeurs épaisses & les forçant de rentrer dans leurs voies naturelles, font à cet égard l’office d’apéritifs.

On compte cinq grandes racines apéritives. Ces cinq racines sont celle d’ache, de fenouil, de persil, de petit houx, d’asperge ; elles entrent dans le sirop qui en porte le nom ; elles poussent par les urines & par les regles ; elles sont d’un grand usage ; on en fait des conserves, des eaux distillées & le sirop.

Sirop des cinq acines. Prenez de racines d’ache, de fenouil, de persil, de houx, d’asperge, de chacune quatre onces. Faites-les cuire dans quatorze livres d’eau commune, réduites à huit livres. Passez la décoction, & y ajoûtez sucre cinq livres. Clarifiez & faites cuire le tout en consistance de sirop. On tire de ces racines par la distillation une eau avec laquelle on pourroit faire le sirop. (N)