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Traité des devoirs (E. Sommer)

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E. Sommer
Traité des devoirs de Ciceron : Arguments analytiques
Texte établi par Henri MarchandHachette (p. 11-26).

ARGUMENT ANALYTIQUE LIVRE PREMIER.


I. Cicéron exhorte son fils à faire marcher de front les études latines et grecques, à lire ses discours et les traités de philosophie, pour arriver à une égale facilité dans les deux langues.
II. C'est pour aider son fils à atteindre ce but, que Cicéron a composé le Traité des devoirs, comme l'ouvrage qui convenait le mieux à l'âge du fils et à l'autorité du père. Il annonce qu'il se conformera sur cette question à l'opinion des stoïciens, et surtout de Panétius tout en conservant son entière liberté d'appréciation.
III. Division des devoirs : 1° ceux qui se rapportent à la connaissance des vrais biens ; 2° les préceptes particuliers qui doivent régler toutes les actions de la vie. - Autre division : 1° le devoir parfait, rectum, en grec katñryvma ; 2° le devoir moyen, medium, en grec kay°kon . De là, selon Panétius, trois parties, qui en contiennent réellement cinq : l'honnête, mais sous un double aspect, l'utile, sous un aspect également double, enfin la comparaison de l'utile et de l'honnête.
IV. Examen rapide de ce que l'on appelle honnête. - Les animaux ont un instinct naturel de conservation, et un soin particulier de leur progéniture. - L'homme, outre ces qualités naturelles, secondées et développées, par la raison; a une curiosité qui le porte à la recherche de la vérité. - Il a de plus encore un amour de la prééminence qui, dans un homme bien élevé, fait naître la grandeur d'âme et le mépris des choses humaines.
V. Quatre sources de l'honnête : la prudence ou sagesse, la justice, la force, la tempérance. - A la première appartiennent particulièrement la recherche et la découverte de la vérité ; aux trois autres, l'acquisition et la conservation des choses nécessaires à la vie, des biens, des honneurs, des dignités, du pouvoir.
VI. La prudence ou sagesse est ce qui touche le plus intimement à la nature humaine. - Le désir de connaître est un penchant naturel, mais il y a deux excès à éviter : l'un, de croire comme vrai ce qui

ne l'est pas, et d'y donner un assentiment irréfléchi ; l'autre, de consacrer trop de temps et d'études à des questions obscures, difficiles et inutiles.
VII. La justice, sur laquelle repose tout l'ordre social, se divise en deux branches : la justice proprement dite, et la bienfaisance. - La première loi de la justice est de ne nuire à personne, à moins d'y être provoqué ; la seconde est d'user comme d'un bien commun de ce qui est à tous, comme d'un bien propre de ce qui est à nous. C'est la bonne foi qui est 1e fondement de la justice. - L'injustice est de deux sortes : celle que l'on fait, et celle qu'on laisse faire, quand on pourrait l'empêcher. La cupidité est la principale source de l'injustice.
VIII. On aime les richesses, soit pour satisfaire aux besoins de la vie et pour se procurer des jouissances, soit, comme un moyen d'arriver aux commandements, aux honneurs, à la gloire. - Allusion à l'ambition de César.
IX. Plusieurs causes des injustices que l'on commet, en négligeant de défendre autrui, et en négligeant ses devoirs, - On craint les inimitiés, le travail, la dépense. - L'amour des études personnelles, le soin d'intérêts particuliers. - D'ailleurs, l'équité se fait facilement reconnaître, et le doute cet la marque fie l'injustice.
X. Il y a des circonstances où les choses qui paraissent le plus dignes d'un homme juste prennent un caractère tout opposé. - Remonter alors aux principes qui sont le fondement de la justice : d'abord ne nuire à personne; ensuite agir en vue de l’intérêt commun. Ainsi on ne doit pas accomplir une promesse dont la réalisation serait funeste à ceux qui l'ont reçue, ni un engagement qui nous est plus préjudiciable qu'avantageux à celui envers lequel nous l'avons pris. Il en est de même des promesses arrachées par crainte ou par surprise. - Éviter aussi comme une injustice un raffinement de légalité, une extrême justice. - Trait de Cléomène de Lacédémone et de Q. Fabius Labéon.
XI. Devoirs à remplir envers ceux de qui on a reçu une injure. - La punition et la vengeance ont leurs bornes. Respecter les droits de la guerre, n'entreprendre la guerre que pour avoir la paix. - Après la victoire, épargner ceux qui n'ont été ni cruels ni barbares. -. Conduite des Romains envers les Eques et les Volsques, envers Carthage et Numance. - Accueillir ceux qui déposent les armes. - Droit fécial. - Opinion de Caton à l'égard du serment militaire ; ses lettres à Popilius et à Caton son fils.
XII. Règles que l'on doit suivre dans les guerres. - Les unes ont pour but la suprématie ; elles doivent être faites avec moins d'acharnement que les autres, qui ont pour but la conservation de l'existence. - Exemples de Pyrrhus et d'Annibal.

XIII. Les promesses faites individuellement par des citoyens à l'ennemi doivent être observées avec bonne foi. - Conduite, de Régulus, d'un autre Romain après la bataille de Cannes, de Fabricius à l'égard du transfuge de Pyrrhus. - Enfin il faut éviter l'injustice envers les esclaves. - Or l'injustice se commet par la fraude ou par la ruse ; mais la fraude est plus odieuse.
XIV. Vient ensuite la bienfaisance. La pratique de cette vertu exige beaucoup de précaution. D'abord elle ne doit nuire ni à ceux envers lesquels on veut paraître bienfaisant ni aux autres . - Allusion à Sylla et à César. - En second lieu, nos largesses ne doivent pas être plus grandes que notre fortune.
XV. Il y a deux espèces de libéralité, l'une qui consiste à donner, l'autre à rendre. - Il dépend de nous de donner ou de ne pas donner ; mais il n'est pas permis à l'honnête homme de ne pas rendre, quand il peut le faire sans injustice, les bienfaits qu'il a reçus. - Cependant beaucoup font du bien sans discernement. - De tels bienfaits ne doivent pas être regardés comme aussi grands que ceux qui sont accordés avec réflexion et avec choix. - Obliger d'abord celui qui a le plus de besoin de nos services.
XVI. Le meilleur moyen de maintenir la société des hommes entre eux, est d'accorder à celui qui nous tient de plus près la plus grande part dans notre bienveillance. - Or ce lien de cette association, c'est la raison et la parole. - Cette première société exige qu'on laisse en commun tout ce que la nature a créé pour le commun usage des hommes. Il faut donc emprunter, et apporter tour à tour à la communauté.
XVII. Plusieurs degrés dans cette grande association du genre humain. - La communauté d'origine, de nation et de langage ; le lien plus intime de la cité ; un lien plus resserré encore, celui qui unit les parents entre eux. - Mais nulle société n'est plus belle et plus solide que l'union des gens de bien qui ont le même caractère. Enfin la société la plus respectable, la première de toutes, c'est la patrie, dans l'amour de laquelle viennent se confondre toutes les autres affections. - Classification des objets ou des personnes auxquelles nous devons notre amour.
XVIII. Examiner les besoins de chacun, et ce que chacun peut ou ne peut pas obtenir sans nous. - Il y a de bon offices qui sont dus plutôt aux uns qu'aux autres : on doit aider plutôt son voisin que son frère ou son ami à faire sa récolté ; mais on doit défendre son parent ou son ami dans un procès, plutôt qu'un voisin. - Il ne suffit pas d'avoir tous ces préceptes, il faut les mettre en pratique. - Parmi les quatre principes généraux dont émanent l'honnêteté et le devoir, brille au premier rang cette grandeur d'âme qui fait les actions

héroïques. - Allusion aux grandes victoires des Grecs et à la magnanimité des plus illustres Romains.
XIX. Cette élévation d'âne devient coupable, si elle est injuste ou égoïste. - Sans la justice rien d'honnête. - Malheureusement les hommes d'un grand caractère veulent être les premiers dans l'État. - Or il est difficile de conserver avec l'ambition l'esprit d'équité. - De là les largesses et les intrigues des ambitieux. - On appellera donc courageux non pas ceux qui commettent l'injustice, mais ceux qui la repoussent.
XX. Une âme forte se reconnaît à deux traits principaux le mépris des choses extérieures et le désir des notions grandes, mais utiles avant tout. - Se défendre de la soif de l'or, qui dénote une âme étroite et petite. - Se tenir en garde contre la passion de la gloire. - Ne pas désirer les commandements, ou plutôt, selon les circonstances, les refuser ou s'en démettre. - L'âme doit être libre de ce qui peut la troubler, pour conserver ce calme et cette sécurité qu'on trouve dans l'éloignement des affaires, et qui sont recherchés par les vrais philosophes.
XXI. Peut-être les ambitieux et ceux qui aiment avant tout la retraite sont-ils également excusables. - Quant à ceux qui se vantent de mépriser ce que les autres admirent, ils sont plus dignes de blâme que d'éloge. - Ils paraissent craindre les fatigues, les ennuis, les mauvais succès. - Ceux qui ont reçu de la nature un talent propre aux affaires doivent prendre part à l'administration de l'État. - D'un autre côté, celui qui entre dans les charges publiques doit d'abord considérer combien elles sont honorables, puis se demander s'il aura le talent de les bien remplir. - En un mot, en toutes sortes d'affaires, il faut, avant d'entreprendre, préparer soigneusement les moyens de succès.
XXII. C'est à tort que l'on met les services militaires bien au-dessus des fonctions civiles. - L'histoire grecque et l'histoire romaine prouvent que les services civils sont beaucoup plus grands et plus glorieux. - Exemples à l'appui de cette opinion. - L'auteur fait son propre éloge.
XXIII. Suite des développements de la même idée. - Il faut attacher plus de prix à lit sagesse qui décide qu'à la force qui combat. - Si la guerre doit se faire, qu'elle se fasse uniquement en vue de la paix. - Le général doit se conduire avec sagesse et prudence et ne pas s'exposer témérairement, mais cependant préférer la mort à l'esclavage et au déshonneur.
XXIV. Si l'on est contraint de détruire les villes, ne pas le faire légèrement ni avec cruauté. Suivre dans l'une et l'autre fortune les règles de l'honneur et de l'équité. - Ne pas s'exposer avec témérité, mais exposer plus hardiment sa sûreté que celle de l'Etat, et combattre

avec plus de résolution, pour l'honneur et pour la gloire que pour tout autre intérêt. - Exemples de Gallicratidas, de Cléombrote, de Fabius Cunctator.
XXV. Ceux qui aspirent à diriger les affaires doivent observer deux préceptes de Platon : se dévouer entièrement à l'intérêt de leurs concitoyens, et embrasser dans leur sollicitude tout le corps politique, afin de ne pas consacrer leurs soins à une seule partie su préjudice des autres. - Ne pas écouter ceux qui croient qu'il faut poursuivre ses ennemis d'une haine vigoureuse, et que c'est le propre d'une âme forte et virile. - Au châtiment et à la réprimande ne pas ajouter l'outrage. - Savoir proportionner les peines aux fautes. - Que les magistrats, ressemblent aux lois, qui punissent, non parce qu'elles sont irritées, mais parce qu'elles sont justes.
XXVI. Dans la prospérité il faut éviter l'orgueil, le dédain et 1a fierté. - Rien n'est plus beau qu'un caractère égal. - C'est au comble de la prospérité qu'il est le plus nécessaire de prendre conseil de ses amis et de fermer l'oreille aux flatteurs. - D'un autre côté, même dans une vie inactive, dans une condition privée, on peut montrer de la grandeur d'âme. - Certains hommes ont partagé avec leurs amis et avec la république la fortune qu'ils avaient noblement acquise. Ceux-là tiennent le milieu entre les philosophes et les hommes d'État.
XXVII. Reste la quatrième source de l'honnêteté, qui comprend le respect de soi-même et des autres, la tempérance et la modestie : c'est la bienséance, tò pr¡pon - On ne peut la séparer de l'honnête, car tout ce qui est honnête est bienséant, et tout ce qui est bienséant est honnête. - De même toute action juste, toute action virile est honnête. - Deux branches de la bienséance, l'une qui est générale, et qui consiste dans l'honnêteté en général, l'autre qui est subordonnée à chaque. partie de l'honnêteté.
XXVIII. Nous devons tous avoir an certain respect pour nos semblables. - La loi de la bienséance consiste à observer à leur égard la justice, qui défend de leur nuire, et le respect, qui défend de les choquer. - Le premier, devoir que nous impose cette loi, c'est de suivre pour guide la nature, qui ne nous trompe jamais. - Il faut régler les mouvements de l'âme aussi bien que ceux du corps. - Or, l'âme a deux principes, l'appétit et la raison.
XXIX. Nous ne devons rien faire dont nous ne paissions donner une raison plausible ; c'est là comme le sommaire des devoirs. - Il faut donc que les appétits obéissent à 1a raison. - Les jeux et les amusements ne sont pas interdits ; mais il faut en user comme du sommeil et des autres délassements, après les affaires sérieuses, et il faut y mettre une certaine mesure. - Deux manières de plaisanter, l'une grossière et blessante, l'autre délicate et polie ; il est facile de les distinguer.

XXX. Dans toute question sur le devoir, ne jamais oublier la supériorité de l'homme sur les animaux. - Les bêtes ne sentent que le plaisir ; l'homme se nourrit de connaissances. -Lorsqu'il est trop enclin aux plaisirs, il cache son penchant par pudeur : preuve que les plaisirs ne sont pas dignes de lui. - La nourriture et le soin du corps doivent avoir pour but la santé et la force, non la volupté. - La nature nous a donné deux caractères, l'un général, qui résulte de la part que nous avons tous à la raison, l'autre personnel et particulier à chacun de nous. - Grande diversité dans les esprits comme dans le corps. - Exemples grecs et romains.
XXXI. Chacun de nous doit suivre ses inclinations, non les mauvaises, mais pourtant les siennes ; c'est le moyen de conserver la. bienséance. - Ne rien faire contre la loi générale de la nature. - Mener une vie toujours égale. - La différence des caractères va si loin, qu'il y a des situations où un homme doit se donner la mort, tandis qu'un autre ne le doit pas. - Exemples de Caton, d'Ulysse et d’Ajax. - Il faut connaître son naturel, et ne pas être au-dessous des comédiens, qui choisissent les rôles les mieux appropriés à leur talent.
XXXII. A ces deux caractères s'en joignent deux autres l'un, qui nous est imposé par le hasard et par les conjonctures ; l'autre, que chacun prend librement et par choix. - Déterminer avant tout ce que nous voulons être, et quel genre de vie nous voulons embrasser. - C'est une question très difficile. - Exemple de l'Hercule de Prodicus. - Le plus souvent nous nous laissons aller aux habitudes et aux moeurs de nos parents.
XXXIII. Dans le choix d'un genre de vie, il faut tenir compte de la nature et de la fortune, mais principalement de la nature, et persévérer dans le plan de vie qu'on aura choisi, à moins que l'on ne s'aperçoive qu'on s'est trompé. - Alors il faut changer d'habitudes et de vues. - Ne rien négliger, dans ce cas, pour mettre en évidence la pureté de ses intentions.
XXXIV. Les devoirs sont différents selon les âges. - Respect des jeunes gens pour les vieillards. - Choisir les plus honnêtes et les plus considérés parmi les vieillards, pour s'appuyer de leurs conseils et de leur autorité. - De la part des vieillards, dévouement à leurs amis, à la jeunesse, et surtout à la république. - Devoirs des magistrats, des particuliers, des étrangers.
XXXV. Bienséance dans le maintien du corps ; grâce, régularité des mouvements ; manière convenable de s'habiller. - La nature a mis en évidence le visage et toutes les parties dont l'aspect est honnête, et elle a caché celles dont la vue 'aurait blessé la décence. - De là des actions qu'il est impudent de faire devant témoin,

aussi bien qu'il y a un langage obscène. - Réfutation de la doctrine des cyniques. - Que nos mouvements, nos attitudes ne s'écartent jamais de la bienséance ; qu'il n'y ait rien d'efféminé, rien de dur et de grossier dans nos manières.
XXXVI. Il y a deux genres de beauté, dont l'un consiste dans les agréments de la personne, l'autre dans la dignité : les agréments conviennent à la femme ; la dignité, à l'homme. - Rejeter toute parure indigne de notre sexe. - A l'homme convient un teint viril, qui se conserve par l'exercice, une propreté sans recherche. - Éviter une négligence qui sent la mauvaise compagnie. - En cela comme dans tout le reste, il faut un juste milieu. - Veiller encore avec plus de soin aux mouvements de l'âme. - Ces mouvements sont doubles, et comprennent la pensée et les appétits.
XXXVII. La puissance de la parole est grande et s'exerce de deux manières, par le discours soutenu et par le langage familier. - Le premier appartient aux assemblées publiques ; le second, aux entretiens et aux réunions d'amis. - Préceptes généraux qui conviennent à l'un et à l'autre. - Deux qualités nécessaires à la voix, la clarté, et la douceur. - Exemples des deux Catulus, de Crassus, de César, frère de Catulus le père. - Règles particulières du langage familier. - Que nos discours ne révèlent pas en nous quelque vice de caractère. - Savoir mettre un terme à la conversation.
XXXVIII. Bannir des entretiens le émotions violentes. - Témoigner à ceux avec qui nous conversons du respect et de l'affection. - Employer quelquefois des paroles de blâme, mais seulement quand la nécessité l'exige. - Que la fermeté soit mêlée de douceur. - Ne jamais se donner des éloges à soi-même. surtout quand ces éloges sont faux.
XXXIX. Ce que doit être la maison d'un grand et honorable citoyen. - II faut qu'elle réunisse deux choses, la dignité et la commodité. - Exemples de Cn. Octavius et de Scaurus. - Ce n'est pas la maison qui doit honorer le maître, c'est le maître qui doit honorer la maison. - Éviter le luxe et la magnificence., - Il faut savoir encore ici tenir un juste milieu.
XL. Considérations : 1° sur l'ordre dans les choses ; 2° sur l'à-propos dans le temps. - L'ordre que nous mettons dans nos actions doit être tel que, dans notre vie, tout se tienne et soit en harmonie. .- Trait de Sophocle. - Les fautes même qui semblent petites sont celles dont. il faut se garder avec le plus de soin.
XLI. Observer les regards, les mouvements des autres, afin que par cette étude nous évitions nous-mêmes ce que nous trouvons en eux d'inconvenant. - Dans les cas douteux, consulter les hommes d'expérience. - Examiner ce qu'on dit, ce qu'on pense, et pourquoi on pense ainsi. - Rien à prescrire pour ce qui est réglé par la coutume et

les institutions civiles ; elles sont elles-mêmes des préceptes. - Respect pour les magistrats, pour la vieillesse. - Faire une différence entre le citoyen et l'étranger, entre le particulier et l'homme public.
XLII. Quels sont, parmi les arts et les métiers, ceux qui sont libéraux et ceux qui sont serviles. - Les uns sont détestés : ce sont les usuriers, les préposés aux péages, les revendeurs. Les autres peu estimables ; ce sont ceux qui servent à la sensualité. - Les professions qui exigent le plus de savoir sont la médecine, l'architecture, l'enseignement des arts libéraux. - Qualités que doit avoir le commerçant. - Éloge de l'agriculture.
XLIII. Comparaison, des choses honnêtes entre elles.- De deux choses honnêtes, chercher laquelle l'est davantage ; question omise par Panétius. -- II faut songer plutôt à maintenir la société qu'à s'instruire dans les choses de la sagesse, parce que la justice est au-dessus de la prudence. - Le sage abandonne ses études pour voler au secours de la patrie, d'un père, d'un ami. - Les devoirs de la justice passent donc avant les études.
XLIV. Cependant ceux qui ont consacré leur vie à l'étude, n'ont pas laissé pour cela de contribuer au bien-être de leurs. semblables. - Exemples de Lysis et de Platon. - Ils servent encore leur patrie après leur mort par les oeuvres de leur génie. - Ainsi le talent de la parole est préférable aux dons les plus heureux de la pensée.

XLV. Le bien de la société doit-il prévaloir toujours sur les droits de la modération et de la pudeur ? Non. - Un sage, pour sauver sa patrie, ne se livrerait pas à des actions flétrissantes ; la patrie même ne le voudrait pas.

LIVRE II

résumé des chapitres repris dans : Cicéron, de officiis, par E. Sommer, Hachette, 1877
I. Cicéron va examiner quelles sont les choses utiles, quelles sont les choses nuisibles, et, entre plusieurs choses utiles, laquelle est plus utile qu'une autre ou la plus utile de toutes. Mais, auparavant, il dira un mot de son dessein et de la pensée qui l'a inspiré. - Tant que la République a été bien gouvernée, tous ses soins ont été pour elle ; quand il l'a vue soumise au despotisme d'un seul, comme son esprit ne pouvait rester oisif, il s'est adonné à la philosophie.
II. Éloge de la sagesse. - Soit que l'on cherche un amusement et une distraction pour esprit, soit que l'on attache du prix à la constance et à la vertu, c'est dans la sagesse qu'on trouvera les moyens de bien

vivre et les règles qui enseignent la vertu. - Réfutation d'une objection faite par des hommes pleins de savoir : Est-ce être conséquent avec soi-même que d’enseigner qu'il n'y a rien de certain, et de se proposer cependant des questions à résoudre ?
III. Il ne faut pas séparer l'utile de l'honnête. - Parmi les objets qui contribuent au soutien de la vie, il y en a d'inanimés et d'animés. Ces derniers se divisent en deux classes, les êtres privés de raison et les êtres raisonnables. - Les êtres raisonnables se subdivisent en deux branches, les dieux et les hommes. - On ne peut supposer que les dieux nous nuisent; c'est donc l'homme qui fait le plus de mal à l'homme. - La plupart des choses inanimées sont l'ouvrage de l'homme.
IV. Si les hommes n'étaient pas réunis en commun, nous n'aurions ni maison, ni aqueducs, ni canaux, etc. - A quoi nous serviraient les animaux, si nous ne les avions domptés ? - Comment pourrions-nous soutenir et embellir notre vie sans l'invention des arts ? - Construction des villes, lois, coutumes, tout cela est l'ouvrage des hommes réunis en société.
V. Les grands généraux, les grands politiques n'ont rien fait sans la coopération d'autres hommes. - Mais l'homme est aussi pour ses semblables la cause la plus active des maux les plus affreux. - Le propre de la vertu est donc de gagner la bienveillance des hommes et de s'en faire des auxiliaires dévouée. - Or, disposer des volontés humaines et les intéresser à notre agrandissement et à notre bonheur, c'est l'oeuvre de la sagesse.
VI. Réflexions sur l'influence et sur les coups soudains de la fortune. - Les événements les plus extraordinaires n'arriveraient pas sans les moyens dont les hommes disposent, et sans les passions qui les animent. - Comment donc pourrons-nous mériter l'attachement des hommes et les mettre dans nos intérêts ? - Les hommes sont conduits en tout par la bienveillance, l'estime, la confiance, la crainte, par l'espérance ou par l'attrait de la récompense.
VII. De tous les moyens de fonder sa grandeur, il n'en est pas de meilleur que de se faire aimer, de plus mauvais que de se faire craindre. - La crainte est une mauvaise garantie de durée ; la bienveillance est fidèle à jamais. - Exemples de Denys l'Ancien, d'Alexandre de Phères, de Phalaris, de Démétrius et des Lacédémoniens.
VIII. Exemple de Rome : domination de Sylla et de César, humiliation de Marseille. - Malheur de Rome, que les citoyens ne doivent qu'à l'envie d'avoir voulu inspirer la crainte plutôt que l'attachement et la reconnaissance. - Il en est des particuliers comme des États. - Il faut donc avoir des amis sûrs et fidèles.
IX. De la gloire. - Elle se forme de trois éléments : l'amour du peuple, sa confiance, l'admiration qui le porte à nous croire dignes des honneurs. - Le meilleur moyen de gagner l'amour du peuple, ce sont

les bienfaits, et la volonté de faire le bien, lors même qu'on n'en aurait pas le pouvoir. - Nous pouvons obtenir la confiance, si l'on reconnaît en nous la réunion de la prudence et de la justice. - C'est la justice qui est la plus efficace.
X. Le troisième moyen est l'admiration publique. - Quels sont ceux qui attirent l'admiration, et ceux que l'on dédaigne.
XI. C'est la justice qui excite chez la multitude les plus vifs transports. - Or, nul ne peut être juste, s'il craint la mort, la douleur et l'indigence, ou s'il préfère à l'équité le contraire de ces choses. - La justice est nécessaire à tous, même à celui qui vit seul à la campagne, à plus forte raison à ceux qui sont dans le commerce. - Elle existe même chez les brigands et les pirates. - Exemples de Bardylis et de Viriathe.
XII. - Motifs de la création des rois et de l'institution des lois. - Nécessité de pratiquer la justice. - Distinguer la gloire véritable et la fausse gloire. - Exemples de Tibérius Gracchus et de ses fils.
XIII. Nous devons paraître tels que nous sommes. - Le premier titre d'un jeune homme à la gloire, c'est de se distinguer dans la carrière des armes. - La première qualité qui recommande un jeune homme, c'est la modestie jointe à la piété filiale et là l'affection pour ses proches. - S'attacher aux hommes illustres, sages et dévoués à la République. - Exemples de P. Rutilius et de L. Crassus.
XIV. L'éloquence est aussi un moyen efficace pour parvenir à la gloire. - Une grande admiration est assurée à celui qui parle avec abondance et avec sagesse. - Or, c'est dans les jugements que la parole obtient les plus beaux triomphes; elle s'y exerce de deux manières, dans l'accusation et dans la défense. - La défense est plus louable. - L'accusation a aussi été souvent approuvée. - Exemples de Crassus, d'Antonius et de Sulpicius. - Il ne faut pas accuser souvent ; dans quelles circonstances on doit le faire. - Ne jamais intenter à un innocent une accusation capitale. - Ne pas toujours se faire un scrupule de défendre un coupable, pourvu que ce ne soit pas un impie et un scélérat. - Cicéron cite son propre exemple
XV. De la bienséance et de la générosité. - Double aspect de ces deux vertus. - Nous pouvons aider ou de nos services ou de notre argent. - Le dernier moyen est le plus facile ; l'autre, plus honorable. - Lettre de Philippe à Alexandre. - Beaucoup de patrimoines ont été dissipés en largesses irréfléchies. - Il ne faut ni fermer sa bourse, ni la tenir ouverte à tous, mais savoir garder une certaine mesure.
XVI. Deux espèces de gens qui donnent, le prodigue et le libéral.- Définition de l'un et de l'autre. - Pensées de Théophraste et d'Aristote à ce sujet. - Les profusions excessives ne soulagent personne, n'augmentent la dignité de personne. - Dépenses honorables de

la part des édiles de Rome. - Plusieurs exemples de magnificence en ce genre.
XVII. Éviter le soupçon d'avarice. - Exemples de Mamercus, d'Orestès et de Séius, de Milon, de Cicéron lui-même. - Critique des théâtres, des portiques, des temples nouveaux. - Ces dépenses doivent être proportionnées à la fortune et limitées par la modération
XVIII. Mettre du discernement dans ses largesses. - La bienfaisance doit pencher de préférence vers le malheureux, à moins qu'il n'ait mérité son sort. - Il est des actes généreux qui profitent même à la République, comme de racheter des captifs, d'enrichir des familles pauvres. - D'un autre côté, ne pas exiger avec dureté ce qui nous est dû. - II faut savoir être équitable, se relâcher quelquefois de son droit et fuir les procès, sans abandonner le soin de sa fortune. - Éloge de l’hospitalité. - Exemple de Timon.
XIX. Les services qui coûtent un travail personnel ont pour objet ou l'État ou les particuliers. - La connaissance et l'interprétation du droit civil étaient autrefois très importantes ; c'était le partage des chefs de la cité. - Vient en second lieu l’éloquence, à laquelle les anciens Romains donnaient le premier rang parmi les arts de la paix. - Décadence de l'éloquence. - On peut rendre encore service en sollicitant pour les autres, en les recommandant aux magistrats, en leur procurant des conseils ou des défenseurs. Cependant il ne faut pas offenser les uns pour obliger les autres.
XX. Quand on oblige, on a tort de préférer le crédit de l'homme riche et puissant à la cause de l'honnête homme pauvre. - Différence entre les résultats d'un service rendu à un riche et d'un service rendu à un pauvre. - Un bienfait est mieux placé chez l'honnête homme que chez le riche. - Parole de Thémistocle. - Ne rien prétendre contre l'équité et Injustice.
XXI. Bienfaits qui se rapportent à l'État et aux citoyens en général. - Ils n'excluent pas les services rendus aux particuliers, à condition toutefois que la République en retire de l'avantage ou n'en soit pas lésée. - Exemples de C. Gracchus et de M. Octavius. - Mot de Philippe au sujet de la loi agraire. - Éviter les impôts. - Entretenir dans l'État l'abondance des choses nécessaires à la vie. - Écarter de soi, dans la gestion des affaires publiques, le soupçon d'avarice. - Parole de Pontius le Samnite. - Loi de Pison sur les concassions, suivies d'autres plus sévères, qui n'ont pas arrêté les rapines et les déprédations.
XXII. - Éloge du désintéressement. - Exemples du second Africain, de Paul-Émile, de L. Mummius, de Sparte. - Blâme sévère contre ceux qui, en vue de la popularité, remettent en question la loi agraire.
XXIII. Suite de cette idée. - Conduite des Lacédémoniens à l'égard

de l'éphore Lysandre et du roi Agis. - Conduite des Gracques. - Conduite contraire d'Aratus de Sicyone. - Critique des lois sur l'abolition des dettes.
XXIV. Plusieurs moyens d'éviter que l'on contracte des dettes qui mettent la République en danger. - Le plus solide appui de l'ordre public, c'est la confiance. - Éloge de ce qui s’est fait à cet égard sous le consulat de Cicéron. - Allusion à César. - Faire en sorte qu'une équitable distribution de la justice assure à chacun son droit. - Que la mauvaise foi n'abuse point à son profit de la faiblesse du pauvre, et que le riche qui veut conserver ou recouvrer son bien n'en soit pas empêché par l'envie. - Ne pas omettre le soin de sa santé et de sa fortune ; conserver l'une par l'éloignement des plaisirs, l'autre par la vigilance et l'économie.
XXV. La comparaison de l'utile avec l'utile est souvent. nécessaire. - Comparaison des avantages corporels et des biens extérieurs. - Comparaison des avantages du corps entre eux, des biens extérieurs entre eux. - Paroles du vieux Caton à ce sujet.

LIVRE III
résumé des chapitres repris dans : Cicéron, de officiis, par E. Sommer, Hachette, 1877
I. Comparaison des loisirs du premier Africain et de ceux de Cicéron. - Ceux de Scipion étaient volontaires ; celui de Cicéron est forcé, parce qu'il fuit l'aspect des scélérats qu'il rencontre partout. - De plus, Scipion ne s'est livré qu'à la méditation, il n'a rien écrit ; Cicéron, au contraire, a rempli le vide de sa solitude par le travail de la composition.
II. Éloge des leçons de Cratippe, qui apprennent au fils de Cicéron les règles et les maximes d'une vie honnête et constante. - On attend de ce jeune homme la continuation des travaux de son père ; il serait honteux pour lui de revenir à Rome les mains vides. - Cicéron l'engage donc à se livrer à un travail opiniâtre. - Cicéron rappelle la division établie par Panétius, et la troisième question que ce philosophe n'a pas traitée. - Pourquoi l'a-t-il donc omise ?
III. Il est hors de doute que l’utile ne doit jamais entrer en concurrence avec l'honnête. - C'est l'avis de Socrate et des stoïciens. - Discussion de leur opinion. - Si les hommes ne peuvent atteindre à la perfection de la sagesse, et par conséquent à la perfection de l'honnête, ils peuvent du moins en approcher. - De là ce que les stoïciens appellent devoirs

IV. Il y a donc comme une honnêteté de second ordre qui n'appartient pas exclusivement aux sages, mais qui leur est commune avec le genre humain. - Exemples de Décius, des deux Scipions, de Fabricius, d’Aristide, de Caton et de Lélius, qui ne furent pas complètement sages. - Les sept sages eux-mêmes ne le furent pas. - Lorsque de deux choses l'une semble utile et l'autre honnête, c'est la plus honteuse faiblesse; non seulement de préférer la première, mais encore d'hésiter sur le choix. - C'est la doctrine des stoïciens que Cicéron suit de préférence.
V. Le tort que l'on fait à autrui, les avantages que l'on se procure à son préjudice, sont plus contraires à la nature que la mort, que la pauvreté, etc. - De tels actes détruisent l'ordre social. - La nature même ne nous donne pas ce droit. - Les lois, de leur côté, ne veulent que le maintien du pacte social. - La raison naturelle, qui est la loi divine et humaine, l'exige encore davantage. - Erreur de ceux qui croient le contraire,.ou qui pensent que les maux du corps sont bien plus à éviter que l'injustice.
VI. Nous devons tous n'avoir qu'un seul but, c'est que l'intérêt particulier se confonde avec l'intérêt général. - La nature veut que tous les intérêts soient communs. - Erreur de ceux qui croient qu'il n'existe aucune relation de droit entre eux et leurs concitoyens on les étrangers. - Objection : Le sage sur le point de mourir de faim pourra-t-il ravir un peu de nourriture à un autre homme ? - Peut-on dépouiller même un tyran pour ne pas mourir de froid ? - Réfutation.
VII. Cicéron suppose que ce sont là des matières que Panétius aurait traitées. - Au sujet des doutes qu'elles pourraient faire naître, méditer les deux livres précédents, qui fourniront un assez bon nombre de préceptes. - Cicéron demande qu'on lui accorde que rien, excepté l'honnêteté, n'est désirable en soi, ou au moins que ce qu'il y a de plus désirable en soi, c'est l'honnêteté. - Discussion de la doctrine de Panétius au sujet de l'honnêteté.
VIII. Déduction de raisonnements qui prouvent que l'honnête est le seul bien ; or, ce qui est un bien est certainement utile ; donc tout ce qui est honnête est utile. - Résultats funestes de l'erreur des hommes sans probité qui saisissent le fantôme de l'utile et le séparent de l'honnête. - Il faut repousser ces hommes qui délibèrent s'ils se rangeront du côté où ils voient l'honnête, ou s'ils iront sciemment du côté où est le crime. - Un pareil doute est coupable, aussi bien que l'espérance du secret.
IX. Histoire de Gygès. - Donnez au sage l’anneau de ce roi, il ne se croira pas plus libre de faire mal que s'il ne l'avait point. - Objection de quelques philosophes au sujet de la véracité de ce récit. - Discussion et réfutation.

X. Souvent l'apparence de l'utile nous met dans une grande perplexité, comme lorsqu'il s'agit de savoir si la chose qui semble utile se peut faire sans honte. - Conduite de Brutus à l'égard de Tarquin Collatin, de Romulus à l'égard dé son frère. - Dans la vie on a le droit de chercher ce qui peut être utile, mais non de l'enlever à autrui. - Rien de ce qui parait utile ne doit en aucun cas prévaloir sur l'amitié. - Mais l’honnête homme ne sacrifie pas à son ami l'intérêt public, le serment, la probité. - Trait de Damon et de Pythius.
XI. En politique surtout, l'apparence de l'utilité fait commettre bien des fautes. - Conduite de Rome à l'égard de Corinthe, des Athéniens à l’égard des Éginètes. - Il ne faut pas non plus fermer la ville aux étrangers. - Une apparence d'utilité publique est souvent sacrifiée à l'honneur. - Exemple des Romains après la bataille de Cannes, des Athéniens qui transportent leurs femmes et leurs enfants à Trézène. - Projet de Thémistocle soumis au jugement d’Aristide.
XII. Il est des circonstances oh l'utile semble en désaccord avec l'honnête. - Examiner alors si l'opposition est réelle, ou si les choses peuvent se concilier. - Questions posées à ce sujet. - Dans ces questions, Diogène de Babylone et son disciple Antipater de Tyr sont d'avis opposés. - Développement de leurs avis.
XIII. Suite de cette discussion. - Taire les défauts que l'on connaît dans un objet qu'on met en vente est le fait d'un esprit souple, dissimulé, trompeur.
XIV. Ceux qui ont parlé pour mentir sur un objet à vendre sont bien plus condamnables. - Histoire de C. Canius et de Pythius
XV. Bannir entièrement de la vie les faux semblants 'et la dissimulation. - Le dol est réprimé par toutes les lois. - Bannir de toutes les transactions toute espèce de mensonge. - Conduite de Q. Scévola. - Doctrine d'Hécaton de Rhodes, disciple de Panétius.
XVI. A l'égard des biens-fonds, le droit civil prescrit au vendeur de déclarer les vices qu'il connaît. - Trait de Tib. Claudius Centumalus. - Sentence de M. Caton à ce sujet. - Trait de Marius Gratidianus : Crassus plaide contre lui, Antoine pour lui.
XVII. Toutes ces manoeuvres ne sont pas flétries par l'opinion publique ni réprimées par la loi écrite, mais elles sont interdites par la loi naturelle. - Distinction entre le droit civil et le droit des gens. - Opinion du grand pontife Scévola à. ce sujet. - Il y a aussi dans la vente des esclaves une garantie contre les fraudes des vendeurs. - Il suit de tout cela que le voeu de la nature est que personne ne cherche à lever un tribut sur l'ignorance d'autrui.
XVIII. Examinons les actes de ceux qu'on appelle honnêtes gens, actes que le commun des hommes croit peut-être innocents. - Faux testament de L. Minutius Basilus. - Les hérédités même véritables n'ont rien d'honnête, si elles ont été mendiées par des caresses insidieuses et par les empressements d'une feinte amitié.
XIX. Si

un honnête homme pouvait sans aucune peine se glisser dans le testament des riches, il ne le ferait pas, quand même il saurait que personne n'en soupçonnera jamais rien. En eût-il été de même de Crassus ? - Une affaire n'est ni bonne ni avantageuse, lorsqu'elle est injuste. - Conduite de Fimbria à l'égard de M. Lutatius Pinthia, dont il était le juge. - Donc une action honteuse, quelque secrète qu'elle soit, ne sera jamais honnête, et ce qui n'est pas honnête ne sera jamais utile en dépit de la nature et contre les lois.
XX. Objection : Un grand intérêt peut excuser certaines fautes. - Conduite de C. Marius lorsqu'il brigua le consulat. - Conduite de Marius Gratidianus lorsque les tribuns s'adjoignirent aux préteurs pour régler l'affaire des monnaies. - Jugement de Cicéron sur ces deux citoyens.
XXI. II y en a pour qui la justice et l'honnêteté ne sont rien, pourvu qu'ils acquièrent du pouvoir. - Critique de la conduite de Pompée et de César, du gendre et du beau-père, surtout de celle de César, devenu tyran de sa patrie.
XXII. Aucune chose n'est utile à moins qu'elle ne soit honnête. - Vérité prouvée par la conduite de Fabricius dans la guerre de Pyrrhus, à l'égard du médecin de ce roi. -. Conduite de L. Philippus au sujet des villes affranchies par Sylla. - Conduite de Caton à l'égard des Transpadans, qui réclamaient le droit de cité. .
XXIII. Examen du sixième livre d'Hécaton sur les devoirs, et des questions qu'il renferme. - Avis opposés de Diogène et d'Antipater.
XXIV. Faut-il toujours exécuter les conventions et les promesses qui ne sont le fait ni de la violence ni du dol?
XXV. Il ne faut pas non plus accomplir les promesses qui nuiraient à ceux même à qui on les a faites. - Fables de Phaéthon, de Thésée, d'Agamemnon. - Restent deux parties de l'honnêteté, dont l'une se manifeste par la grandeur et la force de l'âme, l'autre par la mesure qu'on apporte dans sa conduite.
XXVI. Ulysse croyait qu'il lui était utile de feindre la folie; examen de sa conduite.
XXVII. L’ histoire de Régulus. Examen de sa conduite.
XXVIII. C'est renverser les lois fondamentales de la nature que de séparer l'utile de l'honnête. - On ne peut trouver futile que dans une conduite estimable, bienséante, honnête.- C'est là le bien suprême. - Objections contre la conduite de Régulus.
XXIX. Réfutation de ces objections. - Toute chose jurée doit être accomplie.
XXX Conduite des Romains à l'égard de Véturius et de Postumius qui, après les Fourches Caudines, avaient fait la paix avec les Samnites. -

Exemple imité par C. Mancinus, qui se livra aux Numantins. - Régulus aussi sacrifia tout à l'intérêt de l'État.
XXXI. Suite de l'éloge de Régulus. - Conduite du fils de L. Manlius et de Pomponius. - Ce Manlius, si généreux à l'égard de son père, fut inflexible pour son fils.
XXXII. Nouvelles réflexions sur la conduite de Régulus ; elle est la condamnation des dix Romains envoyés par Annibal à Rome, sous la foi du serment, après la bataille de Cannes, pour traiter du rachat des prisonniers. - Ce que fit le sénat dans cette circonstance. - Des actions de cette nature ne sont pas utiles, parce, qu'elles sont lâches, honteuses, flétrissantes.
XXXIII. Quatrième partie de l'honnêteté, qui consiste dans la bienséance, la modération, la modestie, la retenue, la tempérance. - Doctrine d'Aristippe, d'Épicure. - Réfutation.

XXXIV. Critique du système de Calliphon et de Dinomaque, qui associent la volupté avec l'honnêteté. - La valeur du livre que Cicéron envoie à son fils dépend de la manière dont il le recevra. - Il allait lui-même à Athènes développer ses idées à son fils, mais la patrie l'a rappelé au milieu de son voyage.