Quoi ! Lisette, est-ce vous ?
Vous, en riche toilette !
Vous, avec des bijoux !
Vous, avec une aigrette !
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Vos pieds dans le satin
N’osent fouler l’herbette.
Des fleurs de votre teint
Où faites-vous emplette ?
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Dans un lieu décoré
De tout ce qui s’achète,
L’opulence a doré
Jusqu’à votre couchette.
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Votre bouche sourit
D’une façon discrète.
Vous montrez de l’esprit ;
Du moins on le répète.
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Comme ils sont loin ces jours
Où, dans votre chambrette,
La reine des amours
N’était qu’une grisette !
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Quand d’un cœur amoureux
Vous prisiez la conquête,
Vous faisiez dix heureux,
Et n’étiez pas coquette.
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Maîtresse d’un seigneur
Qui paya sa défaite,
De l’ombre du bonheur
Vous êtes satisfaite.
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
Si l’Amour est un dieu,
C’est près d’une fillette.
Adieu, madame, adieu :
En duchesse on vous traite.
Eh ! non, non, non,
Vous n’êtes plus Lisette.
Eh ! non, non, non,
Ne portez plus ce nom.
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