Annales de pomologie belge et étrangère/Pêche Drap d’or

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DRAP D’OR. (d’Avoine.)

Pêche Drap d’or.

(d’Avoine.)

La culture des Pêchers mérite en Belgique une attention toute particulière. Il y a des considérations dont on doit tenir compte, lorsqu’il s’agit de l’introduction d’une variété nouvelle. Il ne suffit pas que ce soit un beau et bon fruit, il faut encore que l’époque de sa maturité coïncide avec la température, et que l’arbre soit de nature à se prêter facilement aux formes de l’espalier, car sa durée dépend de sa conduite.

À notre avis, une nouvelle Pêche ne peut être avantageuse que quand elle est d’une qualité supérieure, ou qu’elle sert à prolonger la saison de cet excellent fruit ; ce qui est fort difficile en Belgique, où peu de variétés sont bonnes après la mi-septembre. La pêche Drap d’or réunit tous ces avantages ; car elle mûrit toujours parfaitement vers le 20 septembre ; elle est d’une finesse et d’une saveur remarquables, et l’arbre d’une rare docilité. C’est donc une variété recommandable, que nous conseillons toutefois de cultiver avec quelque circonspection. L’arbre est très-fertile, mais on doit le traiter de manière à ne pas le fatiguer par une trop grande production. Il est d’ailleurs infiniment préférable de cueillir 100 pêches belles et mûres à point, que d’en obtenir 300 d’une maturité irrégulière et d’un volume inégal.

Nous devons cette excellente variété à feu notre collègue, M. d’Avoine. Son premier rapport a eu lieu en 1848, et ce n’est qu’en 1850 qu’il l’a fait connaître à l’exposition de Vilvorde, où le jury, d’accord sur ses bonnes qualités, lui a décerné le premier prix et donné le nom de Drap d’or. M. Rogier, ministre de l’intérieur, l’avait remarquée à cette exposition ; l’auteur de cet article la lui fit goûter, ainsi qu’aux personnes qui l’accompagnaient, et il n’y eut qu’une voix pour la trouver aussi bonne que belle. M. Rogier en ayant demandé le nom, le président lui dit qu’elle n’en avait pas encore, mais que le jury se proposait, s’il voulait bien le sanctionner, de lui donner le nom de pêche Drap d’or. « Très-bien, dit M. Rogier, elle est assez splendide pour justifier un si beau nom. » M. d’Avoine fut très-flatté du suffrage de l’honorable ministre, dont l’administration fut si féconde en bienfaits pour la Pomologie, comme pour toutes les autres branches de l’agriculture.

Ce Pêcher est un arbre d’une vigueur moyenne, et, ainsi que nous l’avons déjà dit, d’une grande fertilité. Les rameaux sont moyens, lisses, verts du côté de l’ombre, rouge-carminé du côté frappé par le soleil. Les feuilles sont allongées, étroites, pointues, finement dentées, plissées fortement le long de la médiane, vert-foncé. Le pétiole est court, vert-clair et profondément cannelé ; il supporte ordinairement deux petites glandes arrondies, aplaties et concaves en dessus, placées sur un rudiment de feuilles ; parfois ces glandes sont au nombre de trois, parfois elles sont absentes.

Le fruit est gros, arrondi, déprimé ; il mesure 65 millimètres en hauteur sur 75 en diamètre. La peau est très-fine, duveteuse, jaune-clair, ponctuée finement de carmin, parfois colorée de carmin-foncé du côté exposé au soleil ; elle se détache difficilement de la chair. Le sillon est profond. Le point pistillaire est petit, brun, placé dans une profonde cavité. Le pédoncule est très-gros, court, placé dans une cavité très-profonde, très-large et très-évasée. La chair est très-fine, blanc-jaunâtre, légèrement colorée du côté de la coloration de la peau. L’eau est abondante, sucrée, vineuse, de toute première qualité. Le noyau, auquel restent attachés quelques filaments et lambeaux de chair, est très-gros, ovale-arrondi, pointu au sommet, obtus à la base. Les joues sont convexes, rugueuses. Les arêtes dorsales sont arrondies et divisées par des sillons étroits et profonds ; celles du ventre sont obtuses et crénelées, et le sillon est très-profond. Le noyau mesure 35 millimètres en longueur, 25 en largeur et 18 en épaisseur.

La maturité de cette pêche a lieu vers le 20 septembre.

L. de Bavay.