Astronomie populaire (Arago)/XIV/25

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 171-172).

CHAPITRE XXV

intensité absolue de la lumière solaire comparée
aux lumières terrestres


Lorsqu’on place la flamme d’une bougie de telle manière qu’elle se projette sur les régions atmosphériques les plus voisines du disque circulaire du Soleil, elle disparaît totalement et l’on ne voit plus que la mèche sous la forme d’une tache noire. Cet effet est encore plus marqué, comme de raison, quand la flamme se projette sur le disque même de l’astre. De là on peut tirer la conséquence que la lumière de cette flamme est moins vive que celle d’une portion correspondante du Soleil, que celle d’une portion correspondante de l’atmosphère environnante, et même qu’elle ne forme pas la trentième partie de cette dernière. Or, l’intensité de la lumière atmosphérique étant la cinq centième partie de celle du Soleil dans le voisinage de cet astre, on voit que l’intensité de la flamme d’une bougie n’est que , ou la quinze millième partie de celle du Soleil.

La lumière la plus vive que les hommes soient parvenus à produire est celle nommée lumière électrique, qu’on engendre à l’aide de la pile, cette magnifique invention de Volta.

Il n’y a rien d’exagéré à dire que la lumière électrique est comparable à la lumière solaire, car, si l’on projette sur le disque du Soleil la lumière qu’on obtient en rendant incandescents deux charbons mis en communication avec les deux pôles d’une pile, on ne parvient point du tout au résultat que donne une bougie ou même une lampe Carcel ; la lumière électrique ne s’efface pas devant celle du Soleil. Selon l’énergie de la pile employée, on trouve que la lumière électrique varie de la cinquième partie au quart de celle du Soleil, ou, en d’autres termes, qu’elle équivaut à celle répandue par un nombre de bougies variable entre 3 000 et 3 750.

Ajoutons qu’une lampe Carcel éclaire comme 7 bougies, et que la lumière d’un bec de gaz est égale à celle de 9 bougies.

Le lecteur voudra bien remarquer que nous ne parlons que de l’éclat du Soleil à la surface de la Terre, et non pas de l’intensité absolue de la lumière de cet astre près de sa surface.