Bible Sacy/Aux Hébreux

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ÉPITRE DE SAINT PAUL


AUX


HÉBREUX.
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DIEU ayant parlé autrefois à nos pères en divers temps et en diverses manières par les prophètes, nous a enfin parlé en ces derniers jours par son propre Fils,

2 qu’il a fait héritier de toutes choses, et par qui il a même créé les siècles.

3 Et comme il est la splendeur de sa gloire, et le caractère de sa substance, et qu’il soutient tout par la puissance de sa parole, après nous avoir purifiés de nos péchés, il est assis au plus haut du ciel à la droite de la souveraine Majesté,

4 étant aussi élevé au-dessus des anges, que le nom qu’il a reçu est plus excellent que le leur.

5 Car qui est l’ange à qui Dieu ait jamais dit : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui ? Et ailleurs : Je serai son Père, et il sera mon Fils.

6 Et encore, lorsqu’il introduit son premier-né dans le monde, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent.

7 Aussi, quant aux anges, l’Écriture dit : Dieu se sert des esprits, pour en faire ses ambassadeurs et ses anges ; et des flammes ardentes, pour en faire ses ministres.

8 Mais quant au Fils, elle dit : Votre trône, ô Dieu ! sera un trône éternel ; le sceptre de votre empire sera un sceptre d’équité.

9 Vous avez aimé la justice, et vous avez haï l’injustice ; c’est pourquoi, ô Dieu ! votre Dieu vous a sacré d’une huile de joie en une manière plus excellente que tous ceux qui participeront à votre gloire.

10 Et ailleurs : Seigneur ! vous avez créé la terre dès le commencement du monde, et les cieux sont l’ouvrage de vos mains :

11 ils périront, mais vous demeurerez ; ils vieilliront tous comme un vêtement,

12 et vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés ; mais pour vous, vous serez toujours le même, et vos années ne finiront point.

13 Enfin, qui est l’ange à qui le Seigneur ait jamais dit : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que j’aie réduit vos ennemis à vous servir de marchepied ?

14 Tous les anges ne sont-ils pas des esprits qui tiennent lieu de serviteurs et de ministres, étant envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut ?



NOUS devons donc à proportion nous attacher avec plus de soin aux choses que nous avons entendues, pour n’être pas comme de l’eau qui s’écoule et se perd.

2 Car si la loi qui a été annoncée par les anges est demeurée ferme, et si tous les violements de ses préceptes et toutes les désobéissances ont reçu la juste punition qui leur était due ;

3 comment pourrons-nous l’éviter, si nous négligeons l’Évangile du véritable salut, qui ayant été premièrement annoncé par le Seigneur même, a été confirmé parmi nous par ceux qui l’ont entendu,

4 auxquels Dieu même a rendu témoignage par les miracles, par les prodiges, par les différents effets de sa puissance, et par la distribution des grâces du Saint-Esprit, qu’il a partagées comme il lui a plu ?

5 Car Dieu n’a point soumis aux anges le monde futur dont nous parlons.

6 Or quelqu’un a dit dans un endroit de l’Écriture : Qu’est-ce que l’homme, pour mériter votre souvenir ? et qu’est-ce que le Fils de l’homme, pour être honoré de votre visite ?

7 Vous l’avez rendu pour un peu de temps inférieur aux anges : vous l’avez couronné de gloire et d’honneur ; vous lui avez donné l’empire sur les ouvrages de vos mains ;

8 vous lui avez assujetti et mis sous ses pieds toutes choses. Or en disant qu’il lui a assujetti toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ; et cependant nous ne voyons pas encore que tout lui soit assujetti.

9 Mais nous voyons que Jésus, qui avait été rendu pour un peu de temps inférieur aux anges, a été couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte ; Dieu par sa bonté ayant voulu qu’il mourût pour tous.

10 Car il était bien digne de Dieu, pour qui et par qui sont toutes choses, que voulant conduire à la gloire plusieurs enfants, il consommât et perfectionnât par les souffrances celui qui devait être le chef et l’auteur de leur salut.

11 Aussi celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, viennent tous d’un même principe. C’est pourquoi il ne rougit point de les appeler ses frères,

12 en disant : J’annoncerai votre nom à mes frères ; je chanterai vos louanges au milieu de l’assemblée de votre peuple.

13 Et ailleurs : Je mettrai ma confiance en lui. Et en un autre lieu : Me voici, avec les enfants que Dieu m’a donnés.

14 Comme donc les enfants sont d’une nature mortelle, composée de chair et de sang, c’est pour cela que lui-même a pris aussi cette même nature, afin de détruire par sa mort celui qui était le prince de la mort, c’est-à-dire, le diable ;

15 et de mettre en liberté ceux que la crainte de la mort tenait dans une continuelle servitude pendant leur vie.

16 Car il ne s’est pas rendu le libérateur des anges, mais il s’est rendu le libérateur de la race d’Abraham.

17 C’est pourquoi il a fallu qu’il fût en tout semblable à ses frères, pour être envers Dieu un pontife compatissant et fidèle en son ministère, afin d’expier les péchés du peuple.

18 Car c’est des peines et des souffrances mêmes, par lesquelles il a été tenté et éprouvé, qu’il tire la vertu et la force de secourir ceux qui sont aussi tentés.



VOUS donc, mes saints frères, qui avez part à la vocation céleste, considérez Jésus, qui est l’apôtre et le pontife de la religion que nous professons ;

2 qui est fidèle à celui qui l’a établi dans cette charge, comme Moïse lui a été fidèle en toute sa maison.

3 Car il a été jugé digne d’une gloire d’autant plus grande que celle de Moïse, que celui qui a bâti la maison, est plus estimable que la maison même :

4 car il n’y a point de maison qui n’ait été bâtie par quelqu’un. Or celui qui est l’architecte et le créateur de toutes choses, est Dieu.

5 Quant à Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme un serviteur envoyé pour annoncer au peuple tout ce qu’il lui était ordonné de dire.

6 Mais Jésus-Christ, comme le Fils, a l’autorité sur sa maison ; et c’est nous qui sommes sa maison, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin une ferme confiance, et une attente pleine de joie des biens que nous espérons.

7 C’est pour cela que le Saint-Esprit a dit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix,

8 n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva au temps du murmure qui excita ma colère, et au jour de la tentation dans le désert,

9 où vos pères me tentèrent, où ils voulurent éprouver ma puissance, et où ils virent les grandes choses que je fis.

10 J’ai supporté ce peuple avec peine et avec dégoût durant quarante ans, et j’ai dit en moi-même : Ils se laissent toujours emporter à l’égarement de leur cœur, ils ne connaissent point mes voies ;

11 c’est pourquoi je leur ai juré dans ma colère, qu’ils n’entreront point dans le lieu de mon repos.

12 Prenez donc garde, mes frères, que quelqu’un de vous ne tombe dans un dérèglement de cœur, et dans une incrédulité qui le sépare du Dieu vivant.

13 Mais plutôt exhortez-vous chaque jour les uns les autres, pendant que dure ce temps que l’Écriture appelle, Aujourd’hui ; de peur que quelqu’un de vous, étant séduit par le péché, ne tombe dans l’endurcissement.

14 Car il est vrai que nous sommes entrés dans la participation de Jésus-Christ ; mais à condition toutefois de conserver inviolablement jusqu’à la fin le commencement de l’être nouveau qu’il a mis en nous ;

15 pendant que l’on nous dit : Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme il arriva au temps du murmure qui excita ma colère.

16 Car quelques-uns l’ayant entendue, irritèrent Dieu par leurs murmures ; mais cela n’arriva pas à tous ceux que Moïse avait fait sortir de l’Égypte.

17 Or qui sont ceux que Dieu supporta avec peine et avec dégoût durant quarante ans, sinon ceux qui avaient péché, dont les corps demeurèrent étendus dans le désert ?

18 Et qui sont ceux à qui Dieu jura qu’ils n’entreraient jamais dans son repos, sinon ceux qui n’obéirent pas à sa parole ?

19 En effet, nous voyons qu’ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité.



CRAIGNONS donc que, négligeant la promesse qui nous est faite d’entrer dans le repos de Dieu, il n’y ait quelqu’un d’entre vous qui en soit exclu.

2 Car on nous l’a annoncée aussi bien qu’à eux ; mais la parole qu’ils entendirent, ne leur servit de rien, n’étant pas accompagnée de la foi dans ceux qui l’avaient entendue.

3 Pour nous qui avons cru, nous entrerons en ce repos, dont il est dit : C’est pourquoi j’ai juré dans ma colère qu’ils n’entreront point dans mon repos. Et Dieu parle du repos qui suivit l’accomplissement de ses ouvrages dans la création du monde :

4 car l’Écriture dit en quelque lieu, parlant du septième jour : Dieu se reposa le septième jour, après avoir achevé toutes ses œuvres.

5 Et il est dit encore ici : Ils n’entreront point dans mon repos.

6 Puisqu’il faut donc que quelques-uns y entrent, et que ceux à qui la parole en fut premièrement portée, n’y sont point entrés à cause de leur infidélité ;

7 Dieu détermine encore un jour particulier, qu’il appelle Aujourd’hui, en disant tant de temps après par David, ainsi que je viens de dire : Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs.

8 Car si Josué les avait établis dans ce repos, l’Écriture n’aurait jamais parlé d’un autre jour postérieur.

9 Il y a donc encore un sabbat et un repos réservé au peuple de Dieu.

10 Car celui qui est entré dans le repos de Dieu, se repose aussi lui-même en cessant de travailler, comme Dieu s’est reposé après ses ouvrages.

11 Efforçons-nous donc d’entrer dans ce repos, de peur que quelqu’un ne tombe dans une désobéissance semblable à celle de ces incrédules.

12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et elle perce plus qu’une épée à deux tranchants : elle entre et pénètre jusque dans les replis de l’âme et de l’esprit, jusque dans les jointures et dans les moëlles ; et elle démêle les pensées et les mouvements du cœur.

13 Nulle créature ne lui est cachée : car tout est à nu et à découvert devant les yeux de celui de qui nous parlons.

14 Ayant donc pour grand pontife Jésus, Fils de Dieu, qui est monté au plus haut des cieux, demeurons fermes dans la foi dont nous avons fait profession.

15 Car le pontife que nous avons, n’est pas tel qu’il ne puisse compatir à nos faiblesses ; mais il a éprouvé comme nous toutes sortes de tentations et d’épreuves, hormis le péché.

16 Allons donc nous présenter avec confiance devant le trône de la grâce, afin d’y recevoir miséricorde, et d’y trouver le secours de sa grâce dans nos besoins.



CAR tout pontife étant pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés ;

2 et qu’il puisse être touché d’une juste compassion pour ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, comme étant lui-même environné de faiblesse :

3 et c’est ce qui l’oblige à offrir le sacrifice de l’expiation des péchés aussi bien pour lui-même que pour le peuple.

4 Or nul ne s’attribue à soi-même cet honneur ; mais il faut y être appelé de Dieu, comme Aaron.

5 Ainsi Jésus-Christ ne s’est point élevé de lui-même à la dignité de souverain pontife ; mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui

6 Selon qu’il lui dit aussi, dans un autre endroit : Vous êtes le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech.

7 Aussi durant les jours de sa chair, ayant offert avec un grand cri et avec larmes ses prières et ses supplications à celui qui pouvait le tirer de la mort, il a été exaucé à cause de son humble respect pour son Père.

8 Et quoiqu’il fût le Fils de Dieu, il n’a pas laissé d’apprendre l’obéissance par tout ce qu’il a souffert ;

9 et étant entré dans la consommation de sa gloire, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent,

10 Dieu l’ayant déclaré pontife selon l’ordre de Melchisédech.

11 Sur quoi nous aurions beaucoup de choses à dire, qui sont difficiles à expliquer à cause de votre lenteur et de votre peu d’application pour les entendre.

12 Car au lieu que depuis le temps qu’on vous instruit, vous devriez déjà être maîtres, vous auriez encore besoin qu’on vous apprît les premiers éléments par où l’on commence à expliquer la parole de Dieu ; et vous êtes devenus comme des personnes à qui l’on ne devrait donner que du lait, et non une nourriture solide.

13 Or quiconque n’est nourri que de lait, est incapable d’entendre les discours de la parfaite justice, comme étant encore enfant.

14 Mais la nourriture solide est pour les parfaits, c’est-à-dire, pour ceux dont l’esprit par une habitude et un long exercice s’est accoutumé à discerner le bien et le mal.



QUITTANT donc les instructions que l’on donne à ceux qui ne font que commencer à croire en Jésus-Christ, passons à ce qu’il y a de plus parfait, sans nous arrêter à établir de nouveau ce qui n’est que le fondement de la religion, comme est la pénitence des œuvres mortes, la foi en Dieu,

2 et ce qu’on enseigne touchant les baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts, et le jugement éternel.

3 Et c’est aussi ce que nous ferons, si Dieu le permet.

4 Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don du ciel, qui ont été rendus participants du Saint-Esprit,

5 qui se sont nourris de la sainte parole de Dieu et de l’espérance des grandeurs du siècle à venir,

6 et qui après cela sont tombés ; il est impossible, dis-je, qu’ils se renouvellent par la pénitence, parce qu’autant qu’il est en eux, ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu, et l’exposent à l’ignominie.

7 Car lorsqu’une terre étant souvent abreuvée des eaux de la pluie qui y tombe, produit des herbages propres à ceux qui la cultivent, elle reçoit la bénédiction de Dieu.

8 Mais quand une terre ne produit que des ronces et des épines, elle est en aversion à son maître, elle est menacée de sa malédiction, et à la fin il y met le feu.

9 Or nous avons une meilleure opinion de vous et de votre salut, mes chers frères, quoique nous parlions de cette sorte.

10 Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier vos bonnes œuvres, et la charité que vous avez témoignée par les assistances que vous avez rendues en son nom, et que vous rendez encore aux saints.

11 Or nous souhaitons que chacun de vous fasse paraître jusqu’à la fin le même zèle, afin que votre espérance soit accomplie ;

12 et que vous ne soyez pas lents et paresseux, mais que vous vous rendiez les imitateurs de ceux qui par leur foi et par leur patience sont devenus les héritiers des promesses.

13 Car Dieu, dans la promesse qu’il fit à Abraham, n’ayant point de plus grand que lui par qui il pût jurer, jura par lui-même,

14 et lui dit ensuite : Assurez-vous que je vous comblerai de bénédictions, et que je multiplierai votre race à l’infini.

15 Et ainsi ayant attendu avec patience, il a obtenu l’effet de cette promesse.

16 Car comme les hommes jurent par celui qui est plus grand qu’eux, et que le serment est la plus grande assurance qu’ils puissent donner pour terminer tous leurs différends ;

17 Dieu, voulant aussi faire voir avec plus de certitude aux héritiers de la promesse la fermeté immuable de sa résolution, a ajouté le serment à sa parole :

18 afin qu’étant appuyés sur ces deux choses inébranlables, par lesquelles il est impossible que Dieu nous trompe, nous ayons une puissante consolation, nous qui avons mis notre refuge dans la recherche et l’acquisition des biens qui nous sont proposés par l’espérance ;

19 laquelle sert à notre âme comme d’une ancre ferme et assurée, et qui pénètre jusqu’au sanctuaire qui est au dedans du voile,

20 où Jésus comme précurseur est entré pour nous, ayant été établi pontife éternel selon l’ordre de Melchisédech.



CAR ce Melchisédech, roi de Salem, et prêtre du Dieu très-haut, qui vint au-devant d’Abraham, lorsqu’il retournait de la défaite des rois, et qui le bénit,

2 auquel aussi Abraham donna la dîme de tout ce qu’il avait pris ; qui s’appelle premièrement, selon l’interprétation de son nom, Roi de justice, puis Roi de Salem, c’est-à-dire, Roi de paix ;

3 qui est sans père, sans mère, sans généalogie ; qui n’a ni commencement ni fin de sa vie, étant ainsi l’image du Fils de Dieu, demeure prêtre pour toujours.

4 Considérez donc combien grand il doit être, puisque le patriarche même Abraham lui donna la dîme de ses dépouilles.

5 Aussi ceux qui étant de la race de Lévi entrent dans le sacerdoce, ont droit, selon la loi, de prendre la dîme du peuple, c’est-à-dire, de leurs frères, quoique ceux-ci soient sortis d’Abraham aussi bien qu’eux.

6 Mais celui qui n’a point de place dans leur généalogie, a pris la dîme d’Abraham, et a béni celui à qui les promesses ont été faites.

7 Or il est sans contredit que celui qui reçoit la bénédiction, est inférieur à celui qui la lui donne.

8 En effet, dans la loi ceux qui reçoivent la dîme sont des hommes mortels ; au lieu que celui qui la reçoit ici, n’est représenté que comme vivant.

9 Et de plus Lévi, qui reçoit la dîme des autres, l’a payée lui-même, pour ainsi dire, en la personne d’Abraham ;

10 puisqu’il était encore dans Abraham, son aïeul, lorsque Melchisédech vint au devant de ce patriarche.

11 Si le sacerdoce de Lévi, sous lequel le peuple a reçu la loi, avait pu rendre les hommes justes et parfaits, qu’aurait-il été besoin qu’il se levât un autre prêtre, qui fût appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et non pas selon l’ordre d’Aaron ?

12 Or le sacerdoce étant changé, il faut nécessairement que la loi soit aussi changée.

13 En effet celui dont ces choses ont été prédites, est d’une autre tribu, dont nul n’a jamais servi à l’autel ;

14 puisqu’il est certain que Notre-Seigneur est sorti de Juda, qui est une tribu à laquelle Moïse n’a jamais attribué le sacerdoce.

15 Et ceci paraît encore plus clairement en ce qu’il se lève un autre prêtre selon l’ordre de Melchisédech,

16 qui n’est point établi par la loi d’une ordonnance et d’une succession charnelle, mais par la puissance de sa vie immortelle ;

17 ainsi que l’Écriture le déclare par ces mots : Vous êtes le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech.

18 Car la première ordonnance touchant le sacerdoce est abolie comme impuissante et inutile :

19 parce que la loi ne conduit personne à une parfaite justice ; mais une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu, a été substituée en sa place.

20 Et autant qu’il est constant que ce sacerdoce n’a pas été établi sans serment ;

21 (car au lieu que les autres prêtres ont été établis sans serment, celui-ci l’a été avec serment, Dieu lui ayant dit : Le Seigneur a juré, et son serment demeurera immuable, que vous serez le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech ;)

22 autant est-il vrai que l’alliance dont Jésus est le médiateur et le garant, est plus parfaite que la première.

23 Aussi y a-t-il eu autrefois successivement plusieurs prêtres, parce que la mort les empêchait de l’être toujours.

24 Mais comme celui-ci demeure éternellement, il possède un sacerdoce qui est éternel.

25 C’est pourquoi il peut sauver pour toujours ceux qui s’approchent de Dieu par son entremise, étant toujours vivant pour intercéder pour nous.

26 Car il était bien raisonnable que nous eussions un pontife comme celui-ci, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux ;

27 qui ne fût point obligé comme les autres pontifes à offrir tous les jours des victimes, premièrement pour ses propres péchés, et ensuite pour ceux du peuple ; ce qu’il a fait une fois en s’offrant lui-même.

28 Car la loi établit pour pontifes des hommes faibles ; mais la parole de Dieu, confirmée par le serment qu’il a fait depuis la loi, établit pour pontife le Fils, qui est saint et parfait pour jamais.



MAIS ce qui met le comble à tout ce que nous venons de dire, c’est que le pontife que nous avons est si grand, qu’il est assis dans le ciel à la droite du trône de la souveraine Majesté ;

2 étant le ministre du sanctuaire, et de ce véritable tabernacle que Dieu a dressé, et non pas un homme.

3 Car tout pontife est établi pour offrir à Dieu des dons et des victimes : c’est pourquoi il est nécessaire que celui-ci ait aussi quelque chose qu’il puisse offrir.

4 Si donc c’était quelqu’une des choses qui sont sur la terre, il n’aurait point du tout été prêtre, y en ayant déjà pour offrir des dons selon la loi,

5 et qui rendent en effet à Dieu le culte qui consiste en des figures et des ombres des choses du ciel ; ainsi que Dieu dit à Moïse, lorsqu’il devait dresser le tabernacle : Ayez soin de faire tout selon le modèle qui vous en a été montré sur la montagne.

6 Au lieu que le nôtre a reçu une sacrificature d’autant plus excellente, qu’il est le médiateur d’une meilleure alliance, et qui est établie sur de meilleures promesses.

7 Car s’il n’y avait eu rien de défectueux à la première alliance, il n’y aurait pas eu lieu d’y en substituer une seconde.

8 Et cependant Dieu parle ainsi, en blâmant ceux qui l’avaient reçue : Il viendra un temps, dit le Seigneur, où je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda ;

9 non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir de l’Égypte : car ils ne sont point demeurés dans cette alliance que j’avais faite avec eux ; et c’est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur.

10 Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après que ce temps-là sera venu, dit le Seigneur : J’imprimerai mes lois dans leur esprit, et je les écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ;

11 et chacun d’eux n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère, en disant, Connaissez le Seigneur ; parce que tous me connaîtront depuis le plus petit jusqu’au plus grand.

12 Car je leur pardonnerai leurs iniquités, et je ne me souviendrai plus de leurs péchés.

13 En appelant cette alliance une alliance nouvelle, il a montré que la première se passait et vieillissait : or ce qui se passe et vieillit, est proche de sa fin.



CETTE première alliance a eu aussi des lois et des règlements touchant le culte de Dieu, et un sanctuaire terrestre.

2 Car dans le tabernacle qui fut dressé, il y avait une première partie où était le chandelier, la table, et les pains de proposition, et cette partie s’appelait, le Saint.

3 Après le second voile était le tabernacle, appelé, le Saint des saints ;

4 où il y avait un encensoir d’or, et l’arche de l’alliance toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or pleine de manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les deux tables de l’alliance.

5 Au-dessus de l’arche il y avait des chérubins pleins de gloire, qui couvraient le propitiatoire de leurs ailes. Mais ce n’est pas ici le lieu de parler de tout ceci en détail.

6 Or ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entraient en tout temps dans le premier tabernacle, lorsqu’ils étaient dans l’exercice des fonctions sacerdotales ;

7 mais il n’y avait que le seul pontife qui entrât dans le second, et seulement une fois l’année, non sans y porter du sang qu’il offrait pour ses propres ignorances, et pour celles du peuple :

8 le Saint-Esprit nous montrant par là, que la voie du vrai sanctuaire n’était point encore découverte, pendant que le premier tabernacle subsistait.

9 Et cela même était l’image de ce qui se passait en ce temps-là, pendant lequel on offrait des dons et des victimes, qui ne pouvaient rendre juste et parfaite la conscience de ceux qui rendaient à Dieu ce culte ;

10 puisqu’ils ne consistaient qu’en des viandes, en des breuvages, en diverses ablutions et en des cérémonies charnelles, et qu’ils n’avaient été imposés que jusqu’au temps où cette loi serait corrigée.

11 Mais Jésus-Christ, le pontife des biens futurs, étant venu dans le monde, est entré une seule fois dans le sanctuaire, par un tabernacle plus grand et plus excellent, qui n’a point été fait de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’a point été formé par la voie commune et ordinaire ;

12 et il y est entré, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.

13 Car si le sang des boucs et des taureaux, et l’aspersion de l’eau mêlée avec la cendre d’une génisse, sanctifie ceux qui ont été souillés, en leur donnant une pureté extérieure et charnelle ;

14 combien plus le sang de Jésus-Christ, qui par le Saint-Esprit s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour nous faire rendre un vrai culte au Dieu vivant !

15 C’est pourquoi il est le médiateur du testament nouveau, afin que par la mort qu’il a soufferte pour expier les iniquités qui se commettaient sous le premier testament, ceux qui sont appelés de Dieu, reçoivent l’héritage éternel qu’il leur a promis.

16 Car où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne ;

17 parce que le testament n’a lieu que par la mort, n’ayant point de force tant que le testateur est encore en vie.

18 C’est pourquoi le premier même ne fut confirmé qu’avec le sang.

19 Car Moïse ayant récité devant tout le peuple toutes les ordonnances de la loi, prit du sang des veaux et des boucs, avec de l’eau, de la laine teinte en écarlate, et de l’hysope, et en jeta sur le livre même et sur tout le peuple,

20 en disant : C’est le sang du testament et de l’alliance que Dieu a faite en votre faveur.

21 Il jeta encore du sang sur le tabernacle et sur tous les vases qui servaient au culte de Dieu.

22 Et selon la loi, presque tout se purifie avec le sang, et les péchés ne sont point remis sans effusion de sang.

23 Il était donc nécessaire que ce qui n’était que la figure des choses célestes, fût purifié par le sang des animaux ; mais que les célestes mêmes le fussent par des victimes plus excellentes que n’ont été les premières.

24 Car Jésus-Christ n’est point entré dans ce sanctuaire fait de main d’homme, qui n’était que la figure du véritable ; mais il est entré dans le ciel même, afin de se présenter maintenant pour nous devant la face de Dieu.

25 Et il n’y est pas aussi entré pour s’offrir soi-même plusieurs fois, comme le grand prêtre entre tous les ans dans le sanctuaire, en portant un sang étranger, et non le sien propre.

26 Car autrement il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde : au lieu qu’il n’a paru qu’une fois, vers la fin des siècles, pour abolir le péché, en s’offrant lui-même pour victime.

27 Et comme il est arrêté que les hommes meurent une fois, et qu’ensuite ils soient jugés :

28 ainsi Jésus-Christ a été offert une fois pour effacer les péchés de plusieurs ; et la seconde fois il apparaîtra sans avoir plus rien du péché, pour le salut de ceux qui l’attendent.



CAR la loi n’ayant que l’ombre des biens à venir, et non l’image même des choses, ne peut jamais, par l’oblation des mêmes hosties qui s’offrent toujours chaque année, rendre justes et parfaits ceux qui s’approchent de l’autel.

2 Autrement on aurait cessé de les offrir ; parce que ceux qui rendent ce culte à Dieu, n’auraient plus senti leur conscience chargée de péché, en ayant été une fois purifiés.

3 Et cependant on y parle de nouveau tous les ans de péchés.

4 Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés.

5 C’est pourquoi le Fils de Dieu, entrant dans le monde, dit : Vous n’avez point voulu d’hostie, ni d’oblation ; mais vous m’avez formé un corps.

6 Vous n’avez point agréé les holocaustes, ni les sacrifices pour le péché ;

7 alors j’ai dit : Me voici ; je viens, selon qu’il est écrit de moi dans le livre, pour faire, ô Dieu ! votre volonté.

8 Après avoir dit, Vous n’avez point voulu, et vous n’avez point agréé les hosties, les oblations, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, qui sont toutes choses qui s’offrent selon la loi ;

9 il ajoute ensuite : Me voici ; je viens pour faire, ô Dieu ! votre volonté. Il abolit ces premiers sacrifices pour établir le second.

10 Et c’est cette volonté de Dieu qui nous a sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ, qui a été faite une seule fois.

11 Aussi, au lieu que tous les prêtres se présentent tous les jours à Dieu, sacrifiant et offrant plusieurs fois les mêmes hosties, qui ne peuvent jamais ôter les péchés :

12 celui-ci ayant offert une seule hostie pour les péchés, il est assis pour toujours à la droite de Dieu,

13 où il attend ce qui reste à accomplir : que ses ennemis soient réduits à lui servir de marchepied.

14 Car par une seule oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés.

15 Et c’est ce que le Saint-Esprit nous a déclaré lui-même : car après avoir dit,

16 Voici l’alliance que je ferai avec eux, après que ce temps-là sera arrivé, dit le Seigneur, J’imprimerai mes lois dans leur cœur, et je les écrirai dans leur esprit ;

17 il ajoute : Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités.

18 Or quand les péchés sont remis, on n’a plus besoin d’oblation pour les péchés.

19 C’est pourquoi, mes frères, puisque nous avons la liberté d’entrer avec confiance dans le sanctuaire par le sang de Jésus-Christ,

20 en suivant cette voie nouvelle et vivante qu’il nous a le premier tracée par l’ouverture du voile, c’est-à-dire, de sa chair,

21 et que nous avons un grand prêtre qui est établi sur la maison de Dieu ;

22 approchons-nous de lui avec un cœur vraiment sincère, et avec une pleine foi, ayant le cœur purifié des souillures de la mauvaise conscience par une aspersion intérieure, et le corps lavé dans l’eau pure :

23 demeurons fermes et inébranlables dans la profession que nous avons faite d’espérer ce qui nous a été promis ; puisque celui qui nous l’a promis est très-fidèle dans ses promesses ;

24 et considérons-nous les uns les autres, afin de nous entr’exciter à la charité et aux bonnes œuvres ;

25 ne nous retirant point des assemblées des fidèles, comme quelques-uns ont accoutumé de faire ; mais nous exhortant les uns les autres, d’autant plus que vous voyez que le jour s’approche.

26 Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n’y a plus désormais d’hostie pour les péchés ;

27 mais il ne reste qu’une attente effroyable du jugement, et l’ardeur d’un feu jaloux qui doit dévorer les ennemis de Dieu.

28 Celui qui a violé la loi de Moïse, est condamné à mort sans miséricorde, sur la déposition de deux ou trois témoins ;

29 combien donc croyez-vous que celui-là sera jugé digne d’un plus grand supplice, qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu ; qui aura tenu pour une chose vile et profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui aura fait outrage à l’Esprit de la grâce ?

30 Car nous savons qui est celui qui a dit : La vengeance m’est réservée, et je saurai bien la faire, dit le Seigneur. Et ailleurs : Le Seigneur jugera son peuple.

31 C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.

32 Or rappelez en votre mémoire ce premier temps où, après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu de grands combats au milieu de diverses afflictions ;

33 ayant été d’une part exposés devant tout le monde aux injures et aux mauvais traitements ; et de l’autre, ayant été compagnons de ceux qui ont souffert de semblables indignités.

34 Car vous avez compati à ceux qui étaient dans les chaînes, et vous avez vu avec joie tous vos biens pillés, sachant que vous aviez d’autres biens plus excellents, et qui ne périront jamais.

35 Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, et qui doit être récompensée d’un grand prix.

36 Car la patience vous est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis.

37 Encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et ne tardera pas.

38 Or le juste qui m’appartient, dit le Seigneur, vivra de la foi. Que s’il se retire, il ne me sera pas agréable.

39 Mais quant à nous, nous n’avons garde de nous retirer en perdant courage, ce qui serait notre ruine ; mais nous demeurons fermes dans la foi pour le salut de nos âmes.



OR la foi est ce qui nous rend présentes les choses qu’on espère, et ce qui nous convainc de celles qu’on ne voit point.

2 C’est par la foi que les anciens pères ont reçu de Dieu un témoignage si avantageux.

3 C’est par la foi que nous savons que le monde a été fait par la parole de Dieu, et que tout ce qui est visible a été formé, n’y ayant rien auparavant que d’invisible.

4 C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu une hostie plus excellente que celle de Caïn, et qu’il est déclaré juste, Dieu lui-même rendant témoignage qu’il a accepté ses dons ; c’est à cause de sa foi qu’il parle encore après sa mort.

5 C’est par la foi qu’Énoch a été enlevé du monde, afin qu’il ne mourût pas ; en sorte qu’on ne l’y a plus vu, parce que Dieu l’avait transporté ailleurs. Car l’Écriture lui rend ce témoignage, qu’avant d’avoir été ainsi enlevé, il plaisait à Dieu.

6 Or il est impossible de plaire à Dieu sans la foi : car pour s’approcher de Dieu, il faut croire premièrement qu’il y a un Dieu, et qu’il récompensera ceux qui le cherchent.

7 C’est par la foi que Noé, ayant été divinement averti de ce qui devait arriver, et appréhendant ce qu’on ne voyait point encore, bâtit l’arche pour sauver sa famille, et en la bâtissant condamna le monde, et devint héritier de la justice qui naît de la foi.

8 C’est par la foi que celui qui reçut depuis le nom d’Abraham, obéit en s’en allant dans la terre qu’il devait recevoir pour héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait.

9 C’est par la foi qu’il demeura dans la terre qui lui avait été promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes avec Isaac et Jacob, qui devaient être héritiers avec lui de cette promesse.

10 Car il attendait cette cité bâtie sur un ferme fondement, de laquelle Dieu même est le fondateur et l’architecte.

11 C’est aussi par la foi que Sara étant stérile, reçut la vertu de concevoir un enfant, lorsqu’elle n’était plus en âge d’en avoir ; parce qu’elle crut fidèle et véritable celui qui le lui avait promis.

12 C’est pourquoi il est sorti d’un homme seul, et qui était déjà comme mort, une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel, et que le sable innombrable qui est sur le bord de la mer.

13 Tous ces saints sont morts dans la foi, n’ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis ; mais les voyant et comme les saluant de loin, et confessant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre.

14 Car ceux qui parlent de la sorte, font bien voir qu’ils cherchent leur patrie.

15 S’ils avaient eu dans l’esprit celle dont ils étaient sortis, ils avaient assez de temps pour y retourner ;

16 mais ils en désiraient une meilleure, qui est la patrie céleste. Aussi Dieu ne rougit point d’être appelé leur Dieu, parce qu’il leur a préparé une cité.

17 C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsque Dieu voulut le tenter : car c’était son fils unique qu’il offrait, lui qui avait reçu les promesses de Dieu,

18 et à qui il avait été dit : La race qui portera votre nom, est celle qui naîtra d’Isaac.

19 Mais il pensait en lui-même, que Dieu pourrait bien le ressusciter après sa mort ; et ainsi il le recouvra comme d’entre les morts, en figure de la résurrection de Jésus-Christ.

20 C’est par la foi qu’Isaac donna à Jacob et à Esaü une bénédiction qui regardait l’avenir.

21 C’est par la foi que Jacob mourant bénit chacun des enfants de Joseph, et qu’il s’inclina profondément devant le bâton de commandement que portait son fils.

22 C’est par la foi que Joseph mourant parla de la sortie des enfants d’Israël hors de l’Égypte, et qu’il ordonna qu’on en transportât ses os.

23 C’est par la foi qu’après que Moïse fut né, son père et sa mère le tinrent caché durant trois mois, ayant vu dans cet enfant une beauté extraordinaire, et qu’ils n’appréhendèrent point l’édit du roi.

24 C’est par la foi que lorsque Moïse fut devenu grand, il renonça à la qualité de fils de la fille de Pharaon ;

25 et qu’il aima mieux être affligé avec le peuple de Dieu, que de jouir du plaisir si court qui se trouve dans le péché ;

26 jugeant que l’ignominie de Jésus-Christ était un plus grand trésor que toutes les richesses de l’Égypte, parce qu’il envisageait la récompense.

27 C’est par la foi qu’il quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi : car il demeura ferme et constant, comme s’il eût vu l’Invisible.

28 C’est par la foi qu’il célébra la pâque, et qu’il fit l’aspersion du sang de l’agneau, afin que l’ange qui tuait tous les premiers-nés, ne touchât point aux Israélites.

29 C’est par la foi qu’ils passèrent à pied sec la mer Rouge : au lieu que les Égyptiens, ayant voulu tenter le même passage, furent engloutis par les eaux.

30 C’est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent par terre, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours.

31 C’est par la foi que Rahab, qui était une femme débauchée, ayant sauvé les espions de Josué, qu’elle avait reçus chez elle, ne fut point enveloppée dans la ruine des incrédules.

32 Que dirai-je davantage ? Le temps me manquera, si je veux parler encore de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et des prophètes ;

33 qui par la foi ont conquis les royaumes, ont accompli les devoirs de la justice et de la vertu, ont reçu l’effet des promesses, ont fermé la gueule des lions,

34 ont arrêté la violence du feu, ont évité le tranchant des épées, ont été guéris de leurs maladies, ont été remplis de force et de courage dans les combats, ont mis en fuite les armées des étrangers ;

35 et ont rendu aux femmes leurs enfants, les ayant ressuscités après leur mort. Les uns ont été cruellement tourmentés, ne voulant point racheter leur vie présente, afin d’en trouver une meilleure dans la résurrection.

36 Les autres ont souffert les moqueries et les fouets, les chaînes et les prisons.

37 Ils ont été lapidés, ils ont été sciés ; ils ont été éprouvés en toute manière ; ils sont morts par le tranchant de l’épée ; ils étaient vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, étant abandonnés, affligés, persécutés,

38 eux dont le monde n’était pas digne ; et ils ont passé leur vie errant dans les déserts et dans les montagnes, et se retirant dans les antres et dans les cavernes de la terre.

39 Cependant toutes ces personnes, à qui l’Écriture rend un témoignage si avantageux à cause de leur foi, n’ont point reçu la récompense promise ;

40 Dieu ayant voulu, par une faveur particulière qu’il nous a faite, qu’ils ne reçussent qu’avec nous l’accomplissement de leur bonheur.



PUIS donc que nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, dégageons-nous de tout le poids de la douleur qui nous abat, et des pièges du péché qui nous assiège, et courons par la patience dans cette carrière qui nous est ouverte ;

2 jetant les yeux sur Jésus, comme sur l’auteur et le consommateur de la foi, qui au lieu de la vie tranquille et heureuse dont il pouvait jouir, a souffert la croix en méprisant la honte et l’ignominie, et maintenant est assis à la droite du trône de Dieu.

3 Pensez donc en vous-mêmes à celui qui a souffert une si grande contradiction de la part des pécheurs qui se sont élevés contre lui, afin que vous ne vous découragiez point, et que vous ne tombiez pas dans l’abattement.

4 Car vous n’avez pas encore résisté jusqu’à répandre votre sang, en combattant contre le péché.

5 Et avez-vous oublié cette exhortation, qui s’adresse à vous comme aux enfants de Dieu : Mon fils, ne négligez pas le châtiment dont le Seigneur vous corrige, et ne vous laissez pas abattre lorsqu’il vous reprend :

6 car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de verges tous ceux qu’il reçoit au nombre de ses enfants.

7 Ne vous lassez donc point de souffrir ; Dieu vous traite en cela comme ses enfants. Car qui est l’enfant qui ne soit point châtié par son père ?

8 Et si vous n’êtes point châtiés, tous les autres l’ayant été, vous n’êtes donc pas du nombre des enfants, mais des bâtards.

9 Si nous avons eu du respect pour les pères de notre corps, lorsqu’ils nous ont châtiés, combien plus devons-nous être soumis à celui qui est le Père des esprits, afin de jouir de la vie ?

10 Car quant à nos pères, ils nous châtiaient comme il leur plaisait, par rapport à une vie qui dure peu ; mais Dieu nous châtie autant qu’il est utile, pour nous rendre participants de sa sainteté.

11 Or tout châtiment, lorsqu’on le reçoit, semble être un sujet de tristesse, et non de joie ; mais ensuite il fait recueillir en paix les fruits de la justice à ceux qui auront été ainsi exercés.

12 Relevez donc vos mains languissantes, et fortifiez vos genoux affaiblis.

13 Conduisez vos pas par des voies droites, afin que, s’il y en a quelqu’un qui soit chancelant, il ne s’égare pas du chemin, mais plutôt qu’il se redresse.

14 Tâchez d’avoir la paix avec tout le monde, et de vivre dans la sainteté, sans laquelle nul ne verra Dieu ;

15 en prenant garde que quelqu’un ne manque à la grâce de Dieu ; que quelque racine amère poussant en haut ses rejetons, n’empêche la bonne semence, et ne souille l’âme de plusieurs ;

16 qu’il ne se trouve quelque fornicateur, ou quelque profane, comme Esaü, qui vendit son droit d’aînesse pour un seul repas.

17 Car vous savez qu’ayant depuis désiré d’avoir comme premier héritier la bénédiction de son père, il fut rejeté, et ne put lui faire changer de résolution, quoiqu’il l’en eût conjuré avec larmes.

18 Considérez donc que vous ne vous êtes pas maintenant approchés d’une montagne sensible et terrestre, et d’un feu brûlant, d’un nuage obscur et ténébreux, des tempêtes et des éclairs ;

19 du son d’une trompette, et du bruit d’une voix, qui était telle que ceux qui l’entendirent, supplièrent qu’on ne leur parlât plus.

20 Car ils ne pouvaient porter la rigueur de cette menace : Que si une bête même touchait la montagne, elle serait lapidée.

21 Et Moïse dit lui-même : Je suis tout tremblant et tout effrayé ; tant ce qui paraissait était terrible.

22 Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la ville du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, d’une troupe innombrable d’anges,

23 de l’assemblée et de l’Église des premiers-nés, qui sont écrits dans le ciel ; de Dieu, qui est le juge de tous ; des esprits des justes, qui sont dans la gloire ;

24 de Jésus, qui est le médiateur de la nouvelle alliance, et de ce sang dont on a fait l’aspersion, et qui parle plus avantageusement que celui d’Abel.

25 Prenez garde de ne pas mépriser celui qui vous parle. Car si ceux qui ont méprisé celui qui leur parlait sur la terre, n’ont pu échapper la punition, nous pourrons bien moins l’éviter, si nous rejetons celui qui nous parle du ciel ;

26 lui dont la voix alors ébranla la terre, et qui a fait pour le temps où nous sommes une nouvelle promesse, en disant : J’ébranlerai encore une fois, non-seulement la terre, mais aussi le ciel.

27 Or en disant, Encore une fois, il déclare qu’il fera cesser les choses muables, comme étant faites pour un temps, afin qu’il ne demeure que celles qui sont pour toujours.

28 C’est pourquoi, commençant déjà à posséder ce royaume qui n’est sujet à aucun changement, conservons la grâce par laquelle nous puissions rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable, étant accompagné de respect et d’une sainte frayeur :

29 car notre Dieu est un feu dévorant.



CONSERVEZ toujours la charité envers vos frères.

2 Ne négligez pas d’exercer l’hospitalité : car c’est en la pratiquant que quelques-uns ont reçu pour hôtes des anges, sans le savoir.

3 Souvenez-vous de ceux qui sont dans les chaînes, comme si vous étiez vous-mêmes enchaînés avec eux ; et de ceux qui sont affligés, comme étant vous-mêmes dans un corps mortel.

4 Que le mariage, soit traité de tous avec honnêteté, et que le lit nuptial soit sans tache : car Dieu condamnera les fornicateurs et les adultères.

5 Que votre vie soit exempte d’avarice ; soyez contents de ce que vous avez, puisque Dieu dit lui-même : Je ne vous laisserai point, et ne vous abandonnerai point.

6 C’est pourquoi nous disons avec confiance : Le Seigneur est mon secours ; je ne craindrai point ce que les hommes pourront me faire.

7 Souvenez-vous de vos conducteurs, qui vous ont prêché la parole de Dieu ; et considérant quelle a été la fin de leur vie, imitez leur foi.

8 Jésus-Christ était hier, il est aujourd’hui, et il sera le même dans tous les siècles.

9 Ne vous laissez point emporter à une diversité d’opinions et à des doctrines étrangères. Car il est bon d’affermir son cœur par la grâce, au lieu de s’appuyer sur des discernements de viandes, qui n’ont point servi à ceux qui les ont observés.

10 Nous avons un autel dont les ministres du tabernacle n’ont pas pouvoir de manger.

11 Car les corps des animaux dont le sang est porté par le pontife dans le sanctuaire pour l’expiation du péché, sont brûlés hors le camp.

12 Et c’est pour cette raison que Jésus, devant sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors la porte de la ville.

13 Sortons donc aussi hors le camp, et allons à lui en portant l’ignominie de sa croix.

14 Car nous n’avons point ici de ville permanente ; mais nous cherchons celle où nous devons habiter un jour.

15 Offrons donc par lui sans cesse à Dieu une hostie de louange ; c’est-à-dire, le fruit des lèvres qui rendent gloire à son nom.

16 Souvenez-vous d’exercer la charité, et de faire part de vos biens aux autres : car c’est par de semblables hosties qu’on se rend Dieu favorable.

17 Obéissez à vos conducteurs, et soyez soumis à leur autorité : car ce sont eux qui veillent pour le bien de vos âmes, comme devant en rendre compte : soyez leur donc soumis, afin qu’ils s’acquittent de ce devoir avec joie, et non en gémissant ; ce qui ne vous serait pas avantageux.

18 Priez pour nous : car nous osons dire que notre conscience ne nous reproche rien, n’ayant point d’autre désir que de nous conduire saintement en toutes choses.

19 Et je vous conjure avec une nouvelle instance de le faire, afin que Dieu me rende plus tôt à vous.

20 Que le Dieu de paix, qui a ressuscité d’entre les morts Jésus-Christ notre Seigneur, qui par le sang du testament éternel est devenu le grand Pasteur des brebis,

21 vous rende disposés à toute bonne œuvre, afin que vous fassiez sa volonté, lui-même faisant en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, auquel soit gloire dans les siècles des siècles ! Amen !

22 Je vous supplie, mes frères, d’agréer ce que je vous ai dit pour vous consoler, ne vous ayant écrit qu’en peu de mots.

23 Sachez que notre frère Timothée est en liberté ; et s’il vient bientôt, j’irai vous voir avec lui.

24 Saluez de ma part tous ceux qui vous conduisent, et tous les saints. Nos frères d’Italie vous saluent.

25 Que la grâce soit avec vous tous ! Amen !