Bible Sacy/I Rois

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ROIS


LIVRE PREMIER.
__________



IL y avait dans les montagnes d’Ephraïm un homme de la ville de Ramatha surnommée Sophim, qui s’appelait Elcana : il était le fils de Jéroham, fils d’Esliu, fils de Tohu, fils de Suph, et était établi dans la tribu d’Ephraïm.

2 Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et la seconde Phénenna. Phénenna avait des enfants, et Anne n’en avait point.

3 Cet homme allait de sa ville à Silo aux jours solennels, pour y adorer le Seigneur des armées et pour lui offrir des sacrifices. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinéès, y faisaient la fonction de prêtres du Seigneur.

4 Un jour donc Elcana ayant offert son sacrifice, il donna à Phénenna, sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles, leur part de l’hostie.

5 Il n’en donna qu’une à Anne, et en la lui donnant il était triste, parce qu’il l’aimait, et que le Seigneur l’avait rendue stérile.

6 Phénenna, sa rivale, l’affligeait aussi et la tourmentait excessivement, jusqu’à lui insulter de ce que le Seigneur l’avait rendue stérile.

7 Elle en usait ainsi tous les ans, lorsque le temps était venu de monter au temple du Seigneur ; elle la piquait ainsi de jalousie, et Anne se mettait à pleurer, et ne mangeait point.

8 Elcana, son mari, lui dit donc : Anne, pourquoi pleurez-vous ? pourquoi ne mangez-vous point ? et pourquoi votre cœur s’afflige-t-il ? Ne vous suis-je pas plus que ne vous seraient dix enfants ?

9 Après donc qu’Anne eut mangé et bu à Silo, elle se leva : et dans le même temps que le grand prêtre Héli était assis sur son siège devant la porte du temple du Seigneur,

10 Anne qui avait le cœur plein d’amertume, pria le Seigneur en répandant beaucoup de larmes,

11 et elle fit un vœu en ces termes : Seigneur des armées ! si vous daignez regarder l’affliction de votre servante, si vous vous souvenez de moi, si vous n’oubliez point votre servante, et si vous donnez à votre esclave un enfant mâle, je vous le donnerai pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête.

12 Comme Anne demeurait ainsi longtemps en prière devant le Seigneur, Héli observa le mouvement de ses lèvres.

13 Or Anne parlait dans son cœur, et l’on voyait seulement remuer ses lèvres, sans qu’on entendît aucune parole. Héli crut donc qu’elle avait bu avec excès ;

14 et il lui dit : Jusqu’à quand serez-vous ainsi ivre ? Laissez un peu reposer le vin qui vous trouble.

15 Anne lui répondit : Pardonnez-moi, mon seigneur, je suis une femme comblée d’affliction : je n’ai bu ni vin, ni rien qui puisse enivrer ; mais j’ai répandu mon âme en la présence du Seigneur.

16 Ne croyez pas que votre servante soit comme l’une des filles de Bélial : car il n’y a que l’excès de ma douleur et de mon affliction qui m’ait fait parler jusqu’à cette heure.

17 Alors Héli lui dit : Allez en paix ; et que le Dieu d’Israël vous accorde la demande que vous lui avez faite.

18 Anne lui répondit : Plût à Dieu que votre servante trouvât grâce devant vos yeux ! Elle s’en alla ensuite retrouver son mari, elle mangea, et elle ne changea plus de visage comme auparavant.

19 S’étant levés dès le matin, ils adorèrent le Seigneur, s’en retournèrent et arrivèrent à leur maison à Ramatha. Elcana connut sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle.

20 Quelque temps après, elle conçut, et enfanta un fils, qu’elle appela Samuel, c’est-à-dire, qui est accordé de Dieu, parce qu’elle l’avait demandé au Seigneur.

21 Elcana, son mari, vint ensuite avec toute sa maison, pour immoler au Seigneur l’hostie ordinaire, et pour lui rendre son vœu.

22 Mais Anne n’y alla point, ayant dit à son mari : Je n’irai point au temple jusqu’à ce que l’enfant soit sevré, et que je le mène, afin que je le présente au Seigneur, et qu’il demeure toujours devant lui.

23 Elcana, son mari, lui dit : Faites comme vous le jugerez à propos ; et demeurez jusqu’à ce que vous ayez sevré l’enfant. Je prie le Seigneur qu’il accomplisse sa parole. Anne demeura donc, et elle nourrit son fils de son lait, jusqu’à ce qu’elle l’eût sevré.

24 Et lorsqu’elle l’eut sevré, elle prit avec elle trois veaux, trois boisseaux de farine, et un vaisseau plein de vin, et elle amena son fils à Silo, en la maison du Seigneur. Or l’enfant était encore tout petit.

25 Ils le présentèrent à Héli, après avoir immolé un veau.

26 Et Anne lui dit : Je vous conjure, mon seigneur, de croire comme il est vrai que vous vivez, que je suis cette femme que vous avez vue ici prier le Seigneur.

27 Je le suppliais de me donner cet enfant, et le Seigneur m’a accordé la demande que je lui ai faite.

28 C’est pourquoi je le lui remets entre les mains, afin qu’il soit à lui tant qu’il vivra. Ils adorèrent donc le Seigneur en ce lieu, et Anne fit sa prière, en ces termes :



MON cœur a tressailli d’allégresse dans le Seigneur, et mon Dieu a relevé ma gloire. Ma bouche s’est ouverte pour répondre à mes ennemis, parce que je me suis réjouie dans le salut que j’ai reçu de vous.

2 Nul n’est saint comme le Seigneur : car il n’y en a point, Seigneur ! d’autre que vous, et nul n’est fort comme notre Dieu.

3 Cessez donc à l’avenir de vous glorifier avec des paroles insolentes. Que votre ancien langage ne sorte plus de votre bouche ; parce que le Seigneur est le Dieu de toute connaissance, et qu’il pénètre le fond des pensées.

4 L’arc des forts a été brisé, et les faibles ont été remplis de force.

5 Ceux qui étaient auparavant comblés de biens, se sont loués pour avoir du pain, et ceux qui étaient pressés de la faim, ont été rassasiés. Celle qui était stérile est devenue mère de beaucoup d’enfants ; et celle qui avait beaucoup d’enfants est tombée dans l’impuissance d’en avoir.

6 C’est le Seigneur qui ôte et qui donne la vie ; qui conduit aux enfers et qui en retire.

7 C’est le Seigneur qui fait le pauvre et qui fait le riche ; c’est lui qui abaisse et qui élève.

8 Il tire le pauvre de la poussière et l’indigent du fumier, pour le faire asseoir entre les princes, et lui donner un trône de gloire. C’est au Seigneur qu’appartiennent les fondements de la terre, et il a posé le monde sur eux.

9 Il gardera les pieds de ses saints, et les impies seront réduits au silence dans leurs ténèbres, parce que l’homme ne sera point affermi par sa propre force.

10 Les ennemis du Seigneur trembleront devant lui ; il tonnera sur eux du haut des cieux. Le Seigneur jugera toute la terre : il donnera l’empire à celui qu’il a fait Roi, et il comblera de gloire le règne de son Christ.

11 Après cela Elcana s’en retourna à sa maison à Ramatha. Et l’enfant servait en la présence du Seigneur devant le grand prêtre Héli.

12 Or les enfants d’Héli étaient des enfants de Bélial, qui ne connaissaient point le Seigneur,

12 ni le devoir des prêtres à l’égard du peuple : car qui que ce soit qui eût immole une victime, le serviteur du prêtre venait pendant qu’on en faisait cuire la chair, et tenant à la main une fourchette à trois dents,

14 il la mettait dans la chaudière ou dans le chaudron, dans la marmite ou dans le pot, et tout ce qu’il pouvait enlever avec la fourchette était pour le prêtre. Ils traitaient ainsi tout le peuple d’Israël qui venait à Silo.

15 Avant qu’on fît aussi brûler la graisse de l’hostie, le serviteur du prêtre venait, et disait à celui qui immolait : Donnez-moi de la chair, afin que je la fasse cuire pour le prêtre ; car je ne recevrai point de vous de chair cuite, mais j’en veux de crue.

16 Celui qui immolait lui disait : Qu’on fasse auparavant brûler la graisse de l’hostie selon la coutume, et après cela prenez de la chair autant que vous en voudrez. Mais le serviteur lui répondait : Non, vous en donnerez présentement, ou j’en prendrai par force.

17 Et ainsi le péché de ces enfants d’Héli était très-grand devant le Seigneur, parce qu’ils détournaient les hommes du sacrifice du Seigneur.

18 Cependant l’enfant Samuel servait devant le Seigneur, vêtu d’un éphod de lin.

19 Et sa mère lui faisait une petite tunique qu’elle apportait aux jours solennels, lorsqu’elle venait avec son mari pour offrir le sacrifice ordinaire.

20 Héli bénit Elcana et sa femme, et il dit à Elcana : Que le Seigneur vous rende des enfants de cette femme pour le dépôt que vous avez mis entre les mains du Seigneur. Et ils s’en retournèrent chez eux.

21 Le Seigneur visita donc Anne, et elle conçut, et enfanta trois fils et deux filles ; et l’enfant Samuel croissait devant le Seigneur.

22 Or Héli était extrêmement vieux ; et ayant appris la manière dont ses enfants se conduisaient à l’égard de tout le peuple d’Israël, et qu’ils dormaient avec les femmes qui venaient veiller à l’entrée du tabernacle,

23 il leur dit : Pourquoi faites-vous toutes ces choses que j’apprends, ces crimes détestables dont j’entends que tout le peuple parle ?

24 Ne faites plus cela, mes enfants : car il est bien fâcheux que l’on publie de vous, que vous portez le peuple du Seigneur à violer ses commandements.

25 Si un homme pèche contre un homme, on peut lui rendre Dieu favorable ; mais si un homme pèche contre le Seigneur, qui priera pour lui ? Et les enfants d’Héli n’écoutèrent point la voix de leur père, parce que le Seigneur voulait les perdre.

26 Cependant l’enfant Samuel s’avançait et croissait, et il était agréable à Dieu et aux hommes.

27 Or un homme de Dieu vint trouver Héli, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Ne me suis-je pas fait connaître visiblement à la maison de votre père, lorsqu’ils étaient en Égypte sous la domination de Pharaon ?

28 Je l’ai choisi de toutes les tribus d’Israël pour être mon prêtre, pour monter à mon autel, pour m’offrir des parfums et porter l’éphod en ma présence ; et j’ai donné part à la maison de votre père à tous les sacrifices des enfants d’Israël.

29 Pourquoi avez-vous foulé aux pieds mes victimes et les dons que j’ai commandé qu’on m’offrît dans le temple ? et pourquoi avez-vous plus honoré vos enfants que moi, pour manger avec eux les prémices de tous les sacrifices de mon peuple d’Israël ?

30 C’est pourquoi, voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d’Israël : J’avais déclaré et promis que votre maison et la maison de votre père servirait pour jamais devant ma face. Mais maintenant je suis bien éloigne de cette pensée, dit le Seigneur : car je glorifierai quiconque m’aura rendu gloire ; et ceux qui me méprisent, tomberont dans le mépris.

31 Il va venir un temps où je couperai votre bras, et le bras de la maison de votre père : en sorte qu’il n’y aura point de vieillard dans votre maison.

32 Et lorsque tout Israël sera dans la prospérité, vous verrez dans le temple un homme qui sera l’objet de votre envie ; et il n’y aura jamais de vieillard dans votre maison.

33 Néanmoins je n’éloignerai pas entièrement de mon autel tous ceux de votre race ; mais je ferai que vos yeux seront obscurcis, et que votre âme séchera de langueur ; et une grande partie de ceux de votre maison mourront, lorsqu’ils seront venus en âge d’homme.

34 La marque que vous en aurez, est ce qui arrivera à vos deux fils, Ophni et Phinéès, qui mourront tous deux en un même jour.

35 Et je me susciterai un prêtre fidèle, qui agira selon mon cœur et selon mon âme. Je lui établirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon christ.

36 Alors quiconque restera de votre maison viendra, afin que l’on prie pour lui ; et il offrira une pièce d’argent et un morceau de pain, en disant : Donnez-moi, je vous prie, une portion sacerdotale, afin que j’aie une bouchée de pain à manger.



OR le jeune Samuel servait le Seigneur en la présence d’Héli. La parole du Seigneur était alors rare et précieuse, et on ne connaissait plus guère de vision ni de prophétie.

2 Les yeux d’Héli s’étaient obscurcis, et il ne pouvait voir. Il arriva un jour, lorsqu’il était couché en son lieu ordinaire,

3 que Samuel dormant dans le temple du Seigneur, où était l’arche de Dieu, avant que la lampe qui brûlait dans le temple de Dieu fût éteinte,

4 le Seigneur appela Samuel, et Samuel lui répondit : Me voici.

5 Il courut aussitôt à Héli, et lui dit : Me voici, car vous m’avez appelé. Héli lui dit : Je ne vous ai point appelé ; retournez et dormez. Samuel s’en alla et se rendormit.

6 Le Seigneur appela encore une fois Samuel. Et Samuel s’étant levé, s’en alla à Héli, et lui dit : Me voici, car vous m’avez appelé. Héli lui répondit : Mon fils, je ne vous ai point appelé : retournez et dormez.

7 Or Samuel ne connaissait point encore les voies du Seigneur, et jusqu’alors la parole du Seigneur ne lui avait point été révélée.

8 Le Seigneur appela donc encore Samuel pour la troisième fois, et Samuel se levant s’en alla à Héli,

9 et lui dit : Me voici, car vous m’avez appelé. Héli reconnut alors que le Seigneur appelait l’enfant : et il dit à Samuel : Allez et dormez ; et si l’on vous appelle encore une fois, répondez : Parlez, Seigneur ! parce que votre serviteur vous écoute. Samuel s’en retourna donc en son lieu, et s’endormit.

10 Le Seigneur vint encore, et étant près de Samuel, il l’appela, comme il avait fait les autres fois : Samuel ! Samuel ! Samuel lui répondit : Parlez, Seigneur ! parce que votre serviteur vous écoute.

11 Et le Seigneur dit à Samuel : Je vais faire dans Israël une chose que nul ne pourra entendre sans être frappé d’un profond étonnement.

12 En ce jour-là j’exécuterai tout ce que j’ai dit contre Héli et contre sa maison : je commencerai et j’achèverai.

13 Car je lui ai prédit que j’exercerais mon jugement contre sa maison pour jamais à cause de son iniquité : parce que sachant que ses fils se conduisaient d’une manière indigne, il ne les a point punis.

14 C’est pourquoi j’ai juré à la maison d’Héli, que l’iniquité de cette maison ne sera jamais expiée, ni par des victimes ni par des présents.

15 Or Samuel ayant dormi jusqu’au matin, alla ouvrir les portes de la maison du Seigneur : et il craignait de dire à Héli la vision qu’il avait eue.

16 Héli appela donc Samuel, et lui dit : Samuel, mon fils. Il lui répondit : Me voici.

17 Héli lui demanda : Qu’est-ce que le Seigneur vous a dit ? Ne me le cachez point, je vous prie. Que le Seigneur vous traite dans toute sa sévérité, si vous me cachez rien de toutes les paroles qui vous ont été dites.

18 Samuel lui dit donc tout ce qu’il avait entendu, et ne lui cacha rien. Héli répondit : Il est le Seigneur : qu’il fasse ce qui est agréable à ses yeux.

19 Or Samuel croissait en âge : le Seigneur était avec lui, et nulle de ses paroles ne tomba par terre.

20 Et tout Israël connut, depuis Dan jusqu’à Bersabée, que Samuel était le fidèle prophète du Seigneur.

21 Le Seigneur continua à paraître dans Silo : car ce fut à Silo qu’il se découvrit à Samuel, et qu’il lui fit connaître sa parole. Et tout ce que Samuel dit à tout le peuple d’Israël fut accompli.



Or il arriva dans ce temps-là que les Philistins s’assemblèrent pour faire la guerre. Le peuple d’Israël se mit aussi en campagne pour aller combattre les Philistins, et l’armée campa près de la Pierre du secours. Les Philistins vinrent à Aphec,

2 et rangèrent leurs troupes pour combattre contre Israël. La bataille s’étant donnée, les Israélites furent mis en fuite par les Philistins, qui courant partout au travers des champs, en tuèrent environ quatre mille dans ce combat.

3 Lorsque le peuple fut revenu dans le camp, les plus anciens d’Israël dirent : Pourquoi le Seigneur nous a-t-il frappés aujourd’hui de cette plaie devant les Philistins ? Amenons ici de Silo l’arche de l’alliance du Seigneur, et qu’elle vienne au milieu de nous, afin qu’elle nous sauve de la main de nos ennemis.

4 Le peuple avant donc envoyé à Silo, on en fit venir l’arche de l’alliance du Seigneur des armées assis sur les chérubins ; et les deux fils d’Héli, Ophni et Phinéès, accompagnaient l’arche de l’alliance de Dieu.

5 Lorsque l’arche de l’alliance du Seigneur fut venue dans le camp, tout le peuple d’Israël jeta un grand cri dont la terre retentit.

6 Les Philistins l’ayant entendu, s’entre-disaient : Que veut dire ce grand bruit qui vient du camp des Hébreux ? Et ils apprirent que l’arche du Seigneur était venue dans le camp.

7 Les Philistins eurent donc peur, et ils dirent : Dieu est venu dans leur camp.

8 Malheur à nous ! ajoutèrent-ils en soupirant : car ils n’étaient point dans une si grande joie ni hier ni avant-hier. Malheur à nous ! Qui nous sauvera de la main de ce Dieu puissant ? C’est ce Dieu qui a frappé l’Egypte d’une si grande plaie dans le désert.

9 Mais prenez courage, Philistins, et agissez en hommes de cœur. Ne devenez point les esclaves des Hébreux, comme ils ont été les vôtres. Prenez courage et combattez vaillamment.

10 Les Philistins donnèrent donc la bataille, et Israël fut défait. Tous s’enfuirent dans leurs tentes ; et la perte fut si grande du côté des Israélites, qu’il demeura trente mille hommes de pied sur la place.

11 L’arche de Dieu fut prise, et les deux fils d’Héli, Ophni et Phinéès, y furent tués.

12 Le jour même un homme de la tribu de Benjamin, échappé du combat, vint en courant à Silo. Il avait ses habits déchirés, et sa tête couverte de poussière.

13 Dans le temps que cet homme arrivait, Héli était assis sur son siège et tourné vers le chemin : car son cœur tremblait de crainte pour l’arche de Dieu. Cet homme étant donc entré dans la ville, et ayant dit les nouvelles du combat, il s’éleva des cris lamentables parmi tout le peuple.

14 Héli ayant entendu le bruit de ces clameurs, dit : Qu’est-ce que ce bruit confus que j’entends ? Sur cela cet homme vint à Héli en grande hâte, et lui dit cette nouvelle.

15 Héli avait alors quatre-vingt-dix-huit ans : ses yeux s’étaient obscurcis, et il ne pouvait plus voir.

16 Cet homme dit donc à Héli : C’est moi qui reviens de la bataille, et qui suis échappé aujourd’hui du combat. Héli lui dit : Qu’est-il arrivé, mon fils ?

17 Cet homme qui avait apporté la nouvelle lui répondit : Israël a fui devant les Philistins : une grande partie du peuple a été taillée en pièces ; et même vos deux fils, Ophni et Phinéès, ont été tués ; et l’arche de Dieu a été prise.

18 Lorsqu’il eut nommé l’arche de Dieu, Héli tomba de son siège à la renverse près de la porte ; et s’étant cassé la tête, il mourut. Il était vieux et fort avancé en âge, et il avait jugé Israël pendant quarante ans.

19 La femme de Phinéès, belle-fille d’Héli, était alors grosse et près d’accoucher ; et ayant appris la nouvelle que l’arche de Dieu avait été prise, et que son beau-père et son mari étaient morts, se trouvant surprise tout d’un coup par la douleur, elle se baissa, et accoucha.

20 Et comme elle allait mourir, les femmes qui étaient auprès d’elle lui dirent : Ne craignez point, car vous avez enfanté un fils. Elle ne leur répondit rien, et ne fit point d’attention à ce qu’elles lui disaient.

21 Mais elle appela son fils, Ichabod, c’est-à-dire, où est la gloire ? en disant : Israël a perdu sa gloire. Ce qu’elle dit à cause que l’arche de Dieu avait été prise, et à cause de la mort de son beau-père et de son mari :

22 et elle dit qu’Israël avait perdu sa gloire, parce que l’arche de Dieu avait été prise.



LES Philistins ayant donc pris l’arche de Dieu, l’emmenèrent de la Pierre du secours à Azot.

2 Ils mirent l’arche de Dieu qu’ils avaient prise dans le temple de Dagon, et la placèrent auprès de Dagon.

3 Le lendemain ceux d’Azot s’étant levés dès le point du jour, trouvèrent Dagon tombé le visage contre terre devant l’arche du Seigneur : ils le relevèrent et le remirent à sa place.

4 Le jour suivant s’étant encore levés dès le matin, ils trouvèrent Dagon tombé par terre sur le visage devant l’arche du Seigneur : mais la tête et les deux mains en ayant été coupées, étaient sur le seuil de la porte ;

5 et le tronc seul de Dagon était demeuré en sa place, C’est pour cette raison que jusqu’aujourd’hui les prêtres de Dagon, et tous ceux qui entrent en son temple dans Azot, ne marchent point sur le seuil de la porte.

6 Or la main du Seigneur s’appesantit sur ceux d’Azot, et les réduisit a une extrême désolation. Il frappa ceux de la ville et de la campagne de maladie dans les parties secrètes du corps. Il sortit tout d’un coup des champs et des villages une multitude de rats, et l’on vit dans toute la ville une confusion de mourants et de morts.

7 Ceux d’Azot voyant une telle plaie, s’entre-dirent : Que l’arche du Dieu d’Israël ne demeure point parmi nous, parce que sa main nous frappe, nous et Dagon, notre Dieu, d’une manière insupportable.

8 Et avant envoyé quérir tous les princes des Philistins, ils leur dirent : Que ferons-nous de l’arche du Dieu d’Israël ? Ceux de Geth répondirent : Qu’on mène l’arche du Dieu d’Israël de ville en ville, lis commencèrent donc à mener l’arche du Dieu d’Israël d’un lieu en un autre.

9 Et pendant qu’ils la menaient de cette sorte, le Seigneur étendait sa main sur chaque ville, et y tuait un grand nombre d’hommes. Il en frappait de maladie tous les habitants depuis le plus petit jusqu’au plus grand ; et les intestins sortant hors du conduit naturel, se pourrissaient. C’est pourquoi ceux de Geth ayant consulté ensemble, se firent des sièges de peaux.

10 Ils envoyèrent ensuite l’arche de Dieu à Accaron. Et lorsque l’arche de Dieu fut venue à Accaron, ceux de la ville commencèrent à crier et à dire : Ils nous ont amené l’arche du Dieu d’Israël, afin qu’elle nous tue, nous et notre peuple.

11 Ils envoyèrent donc à tous les princes des Philistins, qui s’étant assemblés leur dirent : Renvoyez l’arche du Dieu d’Israël, et qu’elle retourne au lieu où elle était, afin qu’elle ne nous tue plus, nous et notre peuple.

12 Car chaque ville où elle allait était remplie de la frayeur de la mort, et la main de Dieu s’y faisait sentir effroyablement, (eux qui n’en mouraient pas étaient frappés de maladie dans les secrètes parties du corps : et les cris de chaque ville montaient jusqu’au ciel.



L’ARCHE du Seigneur ayant été dans le pays des Philistins pendant sept mois,

2 les Philistins firent venir leurs prêtres et leurs devins, et leur dirent : Que ferons-nous de l’arche du Seigneur ? Dites-nous comment nous la renverrons au lieu où elle était. Ils leur répondirent :

3 Si vous renvoyez l’arche du Dieu d’Israël, ne la renvoyez point vide ; mais rendez-lui ce que vous lui devez pour l’expiation de votre péché ; et alors vous serez guéris, et vous saurez pourquoi sa main ne se retire point de dessus vous.

4 Ils leur demandèrent ensuite ; Qu’est-ce que nous devons lui rendre pour notre péché ? Les prêtres répondirent :

5 Faites cinq anus d’or, et cinq rats d’or, selon le nombre des provinces des Philistins ; parce que vous avez tous été frappés, vous et vos princes, d’une même plaie. Vous ferez donc des figures de la partie qui a été malade, et des figures des rats qui ont ravagé la terre ; et vous rendrez gloire au Dieu d’Israël, pour voir s’il retirera sa main de dessus vous, de dessus vos dieux, et de dessus votre terre.

6 Pourquoi appesantissez-vous vos coeurs, comme l’Egypte et comme Pharaon appesantit son cœur ? Ne renvoya-t-il pas enfin les Israélites après avoir été frappé de diverses plaies, et ne les laissa-t-il pas aller ?

7 Prenez donc un chariot que vous ferez faire tout neuf, et attelez-y deux vaches qui nourrissent leurs veaux, auxquelles on n’aura point encore imposé le joug, et renfermez leurs veaux dans l’étable.

8 Prenez l’arche du Seigneur, mettez-la sur le chariot, et ayant mis à côté dans une cassette les figures d’or que vous lui aurez payées pour votre péché, laissez-la aller.

9 Et vous verrez ce qui en arrivera. Si elle va par le chemin qui mène en son pays vers Beth-samès, ce sera le Dieu d’Israël qui nous aura fait tous ces grands maux. Si elle n’y va pas, nous reconnaîtrons que ce n’a point été sa main qui nous a frappés, mais que ces maux sont arrivés par hasard.

10 Ils firent donc ce que leurs prêtres leur avaient conseillé ; et prenant deux vaches qui nourrissaient leurs veaux de leur lait, ils les attelèrent au chariot, après avoir renfermé leurs veaux dans l’étable ;

11 et ils mirent l’arche de Dieu sur le chariot avec la cassette où étaient les rats d’or et les figures des anus.

12 Les vaches ayant commencé d’aller, marchèrent tout droit par le chemin qui mène à Beth-samès, et avançaient toujours d’un même pas en meuglant, sans se détourner ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins les suivirent jusqu’à ce qu’elles fussent arrivées sur les terres de Beth-samès.

13 Les Bethsamites sciaient alors le blé dans une vallée : et levant les yeux ils aperçurent l’arche, et eurent une grande joie en la voyant.

14 Le chariot vint se rendre dans le champ de Josué, Bethsamite, et s’arrêta là. Il y avait au même lieu une grande pierre ; et les Bethsamites ayant coupé en pièces le bois du chariot, mirent les vaches dessus et les offrirent au Seigneur en holocauste.

15 Les Lévites descendirent l’arche de Dieu avec la cassette qui était auprès, où étaient les figures d’or, et ils les mirent sur cette grande pierre. Les Bethsamites offrirent alors des holocaustes, et immolèrent des victimes au Seigneur.

16 Les cinq princes des Philistins ayant vu ceci, retournèrent le même jour à Accaron.

17 Voici les cinq anus d’or que les Philistins rendirent au Seigneur pour leur péché : Azot, Gaza, Ascalon, Geth et Accaron en donnèrent chacun un,

18 avec autant de rats d’or qu’il y avait de villes capitales dans les cinq provinces des Philistins, et autant même qu’il y avait de villes murées et jusqu’aux villages sans murs, jusqu’à la pierre nommée le grand Abel, sur laquelle ils mirent l’arche du Seigneur, et qui est encore aujourd’hui dans le champ de Josué, Bethsamite.

19 Or, le Seigneur punit de mort les habitants de Beth-samès, parce qu’ils avaient regardé l’arche du Seigneur ; et il fit mourir soixante et dix personnes des principaux de la ville, et cinquante mille hommes du petit peuple : et ils pleurèrent tous de ce que le Seigneur avait frappé le peuple d’une si grande plaie.

20 Alors les Bethsamites dirent : Qui pourra subsister en la présence du Seigneur, qui est un Dieu si saint ? et chez qui d’entre nous pourra-t-il demeurer ?

21 Ils envoyèrent donc des gens aux habitants de Cariath-iarim, et leur firent dire : Les Philistins ont ramené l’arche du Seigneur : venez, et emmenez-la chez vous.



CEUX de Cariath-iarim étant venus, ramenèrent l’arche du Seigneur : ils la mirent dans la maison d’Abinadab à Gabaa, et consacrèrent son fils Eléazar, afin qu’il gardât l’arche du Seigneur.

2 Il s’était passé beaucoup de temps depuis que l’arche du Seigneur demeurait a Cariath-iarim ; et il y avait déjà vingt ans, lorsque toute la maison d’Israël commença à chercher son repos dans le Seigneur.

3 Alors Samuel dit à toute la maison d’Israël : Si vous revenez au Seigneur de tout votre cœur, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, Baal et Astaroth : tenez vos cœurs prêts à obéir au Seigneur, et ne servez que lui seul ; et il vous délivrera de la main des Philistins.

4 Les enfants d’Israël rejetèrent donc Baal et Astaroth, et ne servirent que le Seigneur.

5 Et Samuel leur dit : Assemblez tout Israël à Masphath, afin que je prie le Seigneur pour vous.

6 Et ils s’assemblèrent à Masphath : ils puisèrent de l’eau qu’ils répandirent devant le Seigneur, ils jeûnèrent ce jour-là, et dirent : Nous avons péché contre le Seigneur. Or Samuel jugea les enfants d’Israël à Masphath.

7 Les Philistins ayant appris que les enfants d’Israël s’étaient assemblés à Masphath, leurs princes marchèrent contre Israël : ce que les enfants d’Israël ayant appris, ils eurent peur des Philistins.

8 Et ils dirent a Samuel : Ne cessez point de crier pour nous au Seigneur, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins.

9 Samuel prit un agneau qui tétait encore ; il l’offrit tout entier en holocauste au Seigneur. Samuel cria au Seigneur pour Israël, et le Seigneur l’exauça.

10 Lorsque Samuel offrait son holocauste, les Philistins commencèrent le combat contre Israël, et le Seigneur fit éclater en ce jour-là son tonnerre avec un bruit épouvantable sur les Philistins, et les frappa de terreur. Ainsi ils furent défaits par Israël.

11 Les Israélites étant sortis de Masphath, poursuivirent les Philistins en les taillant en pièces jusqu’au lieu qui est au-dessous de Bethchar.

12 Et Samuel prit une pierre qu’il mit entre Masphath et Sen ; et il appela ce lieu, la Pierre du secours, en disant : Le Seigneur est venu jusqu’ici à notre secours.

13 Les Philistins furent alors humiliés, et ils n’osèrent plus venir sur les terres d’Israël. Car la main du Seigneur fut sur les Philistins tant que Samuel gouverna le peuple.

14 Les villes que les Philistins avaient prises sur Israël, depuis Accaron jusqu’à Geth, furent rendues avec toutes leurs terres au peuple d’Israël. Ainsi Samuel délivra les Israélites de la main des Philistins ; et il y avait paix entre Israël et les Amorrhéens.

15 Samuel jugea Israël pendant tous les jours de sa vie.

16 Il allait tous les ans à Béthel, à Gaigala et à Masphath, et il y rendait la justice à Israël.

17 Il retournait de là à Ramatha, qui était le lieu de sa demeure, et où il jugeait aussi le peuple. Il y bâtit même un autel au Seigneur.



SAMUEL étant devenu vieux, établit ses enfants pour juges sur Israël.

2 Son fils aîné s’appelait Joël, et le second Abia. Ils exerçaient la fonction de juges dans Bersabée.

3 Mais ils ne marchèrent point dans ses voies : ils se laissèrent corrompre par l’avarice, reçurent des présents, et rendirent des jugements injustes.

4 Tous les anciens d’Israël s’étant donc assemblés, vinrent trouver Samuel à Ramatha,

5 et lui dirent : Vous voilà devenu vieux, et vos enfants ne marchent point dans vos voies. Etablissez donc sur nous un roi, comme en ont toutes les nations, afin qu’il nous juge.

6 Cette proposition déplut à Samuel, voyant qu’ils lui disaient : Donnez-nous un roi, afin qu’il nous juge. Il offrit sa prière au Seigneur,

7 et le Seigneur lui dit : Ecoutez la voix de ce peuple dans tout ce qu’ils vous disent : car ce n’est point vous, mais c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne point sur eux.

8 C’est ainsi qu’ils ont toujours fait depuis le jour où je les ai tirés de l’Egypte jusqu’aujourd’hui. Comme ils m’ont abandonné, et qu’ils ont servi des dieux étrangers, ils vous traitent aussi de même.

9 Ecoutez donc maintenant ce qu’ils vous disent ; mais protestez-leur de ma part, et déclarez-leur quel sera le droit du roi qui doit régner sur eux.

10 Samuel rapporta au peuple, qui lui avait demandé un roi, tout ce que le Seigneur lui avait dit ;

11 et il ajouta : Voici quel sera le droit du roi qui vous gouvernera : Il prendra vos enfants pour conduire ses chariots ; il s’en fera des gens de cheval, et les fera courir devant son char ;

12 il en fera ses officiers pour commander, les uns mille hommes, et les autres cent ; il prendra les uns pour labourer ses champs et pour recueillir ses blés, et les autres pour lui faire des armes et des chariots.

13 Il fera de vos filles des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères.

14 Il prendra aussi ce qu’il y aura de meilleur dans vos champs, dans vos vignes, et dans vos plants d’oliviers, et le donnera à ses serviteurs.

15 Il vous fera payer la dîme de vos blés et du revenu de vos vignes, pour avoir de quoi donner à ses eunuques et à ses officiers.

16 Il prendra vos serviteurs, vos servantes, et les jeunes gens les plus forts, avec vos ânes, et les fera travailler pour lui.

17 Il prendra aussi la dîme de vos troupeaux, et vous serez ses serviteurs.

18 Vous crierez alors contre votre roi que vous vous serez élu, et le Seigneur ne vous exaucera point, parce que c’est vous-mêmes qui avez demandé d’avoir un roi.

19 Le peuple ne voulut point écouter ce discours de Samuel : Non, lui dirent-ils, nous aurons un roi qui nous gouvernera :

20 nous serons comme toutes les autres nations : notre roi nous jugera, il marchera à notre tête, et il combattra pour nous dans toutes nos guerres.

21 Samuel ayant entendu toutes ces paroles du peuple, les rapporta au Seigneur.

22 Et le Seigneur dit à Samuel : Faites ce qu’ils vous disent, et donnez-leur un roi qui les gouverne. Samuel dit donc au peuple d’Israël : Que chacun retourne en sa ville.



IL y avait un homme de la tribu de Benjamin qui s’appelait Cis. Il était fils d’Abiel, fils de Séror, fils de Béchorath, fils d’Aphia, fils d’un homme de la race de Benjamin. C’était un homme puissant et fort.

2 Il avait un fils appelé Saül, qui était parfaitement bien fait ; et de tous les enfants d’Israël il n’y en avait point de mieux fait que lui. Il était plus grand qu’aucun du peuple de toute la tête.

3 Or les ânesses de Cis, père de Saül, s’étant égarées, il dit à son fils Saül : Prenez avec vous un de mes serviteurs, et allez chercher ces ânesses. Ayant donc passé par la montagne d’Ephraïm,

4 et par le pays de Salisa, sans les avoir trouvées, ils parcoururent encore le pays de Salim sans les rencontrer, et le pays de Jémini sans en avoir de nouvelles.

5 Lorsqu’ils furent venus sur la terre de Suph, Saül dit à ce serviteur qui était avec lui : Allons, retournons-nous-en ; de peur que mon père ne commence à oublier ses ânesses, et ne soit plus en peine que de nous.

6 Le serviteur lui dit : Voici une ville où il y a un homme de Dieu qui est fort célèbre : tout ce qu’il dit arrive infailliblement. Allons donc le trouver présentement : peut-être qu’il nous donnera quelque lumière sur le sujet qui nous a fait venir ici.

7 Saül dit à son serviteur : Allons-y : mais que porterons-nous à l’homme de Dieu ? Le pain qui était dans notre sac nous a manqué, et nous n’avons ni argent ni quoi que ce soit pour donner à l’homme de Dieu.

8 Le serviteur répliqua à Saül : Voici le quart d’un sicle d’argent que j’ai trouvé sur moi : donnons-le à l’homme de Dieu, afin qu’il nous découvre ce que nous devons faire.

9 (Autrefois dans Israël tous ceux qui allaient consulter Dieu, s’entre-disaient : Venez, allons au voyant. Car celui qui s’appelle aujourd’hui prophète, s’appelait alors le voyant.)

10 Saül répondit à son serviteur ; Vous dites très-bien. Venez, allons-y. Et ils allèrent dans la ville où était l’homme de Dieu.

11 Lorsqu’ils montaient par le coteau qui mène à la ville, ils trouvèrent des filles qui en sortaient pour aller puiser de l’eau ; et ils leur dirent : Le voyant est-il ici ?

12 Elles leur répondirent : Il y est ; le voilà devant vous : allez vite le trouver ; car il est venu aujourd’hui dans la ville, parce que le peuple doit offrir un sacrifice sur le lieu haut.

13 Vous ne serez pas plutôt entrés dans la ville, que vous le trouverez avant qu’il monte au lieu haut pour manger ; et le peuple ne mangera point jusqu’à ce qu’il soit venu, parce que c’est lui qui bénit l’hostie ; et après cela ceux qui y ont été appelés commencent à manger. Montez donc présentement : car aujourd’hui vous le trouverez.

14 Ils montèrent donc à la ville ; et y étant entrés, ils virent Samuel qui venait au-devant d’eux, prêt à monter au lieu haut.

15 Or le Seigneur avait révélé à Samuel la venue de Saül, le jour de devant qu’il fût arrivé, en lui disant :

16 Demain à cette même heure je vous enverrai un homme de la tribu de Benjamin, que vous sacrerez pour être le chef d’Israël, mon peuple ; et il sauvera mon peuple de la main des Philistins : parce que j’ai regardé mon peuple, et que leurs cris sont venus jusqu’à moi.

17 Samuel ayant donc envisagé Saül, le Seigneur lui dit : Voici l’homme dont je vous avais parlé : c’est celui-là qui régnera sur mon peuple.

18 Saül étant encore au milieu de la place qui était à la porte de la ville, s’approcha de Samuel, et lui dit : Je vous prie de me dire où est la maison du voyant.

19 Samuel répondit à Saül : C’est moi qui suis le voyant. Montez avant moi au lieu haut, afin que vous mangiez aujourd’hui avec moi ; et demain matin je vous renverrai. Je vous dirai tout ce que vous avez dans le cœur :

20 et pour les ânesses que vous avez perdues il y a trois jours, n’en soyez pas en peine, parce qu’elles sont retrouvées. Et à qui sera tout ce qu’il y a de meilleur dans Israël, sinon à vous et à toute la maison de votre père ?

21 Saül lui répondit : Ne suis-je pas de la tribu de Benjamin, qui est la plus petite d’Israël ? et ma famille n’est-elle pas la moindre de toutes celles de cette tribu ? Pourquoi donc me parlez-vous de cette sorte ?

22 Samuel ayant pris Saül et son serviteur, les mena dans la salle ; et les ayant fait asseoir au-dessus des conviés qui étaient environ trente personnes,

23 il dit au cuisinier : Servez ce morceau de viande que je vous ai donné, et que je vous ai commandé de mettre à part.

24 Le cuisinier avant pris une épaule, la servit devant Saül. Et Samuel lui dit : Voilà ce qui est demeuré ; mettez-le devant vous, et mangez : parce que je vous l’ai fait garder exprès lorsque j’ai invité le peuple. Et Saül mangea ce jour-là avec Samuel.

25 Après cela ils descendirent du lieu haut dans la ville. Samuel parla à Saül sur la terrasse du logis, et il y fit préparer un lit où Saül dormit.

26 S’étant levés au matin lorsqu’il faisait déjà jour, Samuel appela Saül qui était sur la terrasse, et lui dit : Venez, que je vous renvoie. Saül étant allé à lui, ils sortirent tous deux, lui et Samuel.

27 Et lorsqu’ils descendaient au bas de la ville, Samuel dit à Saül : Dites à votre serviteur qu’il passe, et qu’il aille devant nous. Pour vous, demeurez un peu, afin que je vous fasse savoir ce que le Seigneur m’a dit.



EN même temps Samuel prit une petite fiole d’huile, qu’il répandit sur la tête de Saül, et il le baisa, et lui dit : Le Seigneur par cette onction vous sacre pour prince sur son héritage ; et vous délivrerez son peuple de la main de ses ennemis qui l’environnent. Voici la marque que vous aurez que Dieu vous a sacré pour prince :

2 Lorsque vous m’aurez quitté aujourd’hui, vous trouverez deux hommes près du sépulcre de Rachel sur la frontière de Benjamin vers le midi, qui vous diront : Les ânesses que vous étiez allé chercher, sont retrouvées, votre père n’y pense plus : mais il est en peine de vous ; et il dit : Que ferai-je pour retrouver mon fils ?

3 Lorsque vous serez sorti de là, et qu’ayant passé outre vous serez arrivé au chêne de Thabor, vous serez rencontré là par trois hommes qui iront adorer Dieu a Béthel, dont l’un portera trois chevreaux, l’autre trois tourteaux, et l’autre une bouteille de vin.

4 Après qu’ils vous auront salué, ils vous donneront deux pains, et vous les recevrez de leurs mains.

5 Vous viendrez après à la colline de Dieu, où il y a une garnison de Philistins ; lorsque vous serez entré dans la ville, vous rencontrerez une troupe de prophètes qui descendront du lieu haut, précédés de personnes qui ont des lyres, des tambours, des flûtes et des harpes, et ces prophètes prophétiseront.

6 En même temps l’Esprit du Seigneur se saisira de vous ; vous prophétiserez avec eux, et vous serez changé en un autre homme.

7 Lors donc que tous ces signes vous seront arrivés, faites tout ce qui se présentera à faire, parce que le Seigneur sera avec vous.

8 Vous irez avant moi à Galgala, où j’irai vous trouver, afin que vous offriez un sacrifice au Seigneur, et que vous lui immoliez des victimes pacifiques. Vous m’attendrez pendant sept jours, jusqu’à ce que je vienne vous trouver, et que je vous déclare ce que vous aurez à faire.

9 Aussitôt donc que Saül se fut retourné en quittant Samuel, Dieu lui changea le cœur, et lui en donna un autre, et tous ces signes lui arrivèrent le même jour.

10 Lorsqu’il fut venu avec son serviteur à la colline qui lui avait été marquée, il fut rencontré par une troupe de prophètes. L’Esprit du Seigneur se saisit de lui, et il prophétisa au milieu d’eux.

11 Tous ceux qui l’avaient connu peu auparavant, voyant qu’il était avec les prophètes et qu’il prophétisait, s’entredisaient : Qu’est-il donc arrivé au fils de Cis ? Saül est-il aussi prophète ?

12 Et d’autres leur répondaient : Et qui est le père des autres prophètes ? C’est pourquoi cette parole passa en proverbe : Saül est-il aussi prophète ?

13 Saül ayant cessé de prophétiser, vint au haut lieu ;

14 et son oncle lui dit, à lui et à son serviteur : Où avez-vous donc été ? Ils lui répondirent : Nous avons été chercher des ânesses ; et ne les ayant point trouvées, nous nous sommes adressés à Samuel.

15 Son oncle lui dit : Dites-moi ce que Samuel vous a dit.

16 Saül répondit à son oncle : Il nous a appris que les ânesses étaient retrouvées. Mais il ne découvrit rien à son oncle de ce que Samuel lui avait dit touchant sa royauté.

17 Après cela Samuel fit assembler tout le peuple devant le Seigneur à Maspha,

18 et il dit aux enfants d’Israël : Voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d’Israël : C’est moi qui ai tiré Israël de l’Egypte, et qui vous ai délivrés de la main des Egyptiens, et de la main de tous les rois qui vous affligeaient.

19 Mais vous avez aujourd’hui rejeté votre Dieu, qui seul vous a sauvés de tous les maux et de toutes les misères qui vous accablaient. Nous ne vous écouterons point, m’avez-vous répondu ; mais établissez un roi sur nous. Maintenant donc présentez-vous devant le Seigneur, chacun dans le rang de sa tribu et de sa famille.

20 Et Samuel ayant jeté le sort sur toutes les tribus d’Israël, le sort tomba sur la tribu de Benjamin.

21 Il jeta ensuite le sort sur les familles de la tribu de Benjamin ; et le sort tomba sur la famille de Métri, et enfin jusque sur la personne de Saül, fils de Cis. On le chercha donc ; mais il ne se trouva point.

22 Ils consultèrent ensuite le Seigneur, pour savoir s’il viendrait en ce lieu-là ; et le Seigneur leur répondit : Vous le trouverez caché dans sa maison.

23 Ils y coururent donc, le prirent, et l’emmenèrent ; et lorsqu’il fut au milieu du peuple, il parut plus grand que tous les autres de toute la tête.

24 Samuel dit alors à tout le peuple : Vous voyez quel est celui que le Seigneur a choisi, et qu’il n’y en a point dans tout le peuple qui lui soit semblable. Et tout le peuple s’écria : Vive le roi !

25 Samuel prononça ensuite devant le peuple la loi du royaume, qu’il écrivit dans un livre, et il le mit en dépôt devant le Seigneur. Après cela Samuel renvoya tout le peuple chacun chez soi.

26 Saül s’en retourna aussi chez lui à Gabaa, accompagné d’une partie de l’armée, qui étaient ceux dont Dieu avait touché le cœur.

27 Les enfants de Bélial commencèrent à dire au contraire : Comment celui-ci pourrait-il nous sauver ? Et ils le méprisèrent, et ne lui firent point de présents ; mais Saül faisait semblant de ne les entendre pas.



ENVIRON un mois après, Naas, roi des Ammonites, se mit en campagne, et attaqua Jabès en Galaad. Et tous les habitants de Jabès dirent à Naas : Recevez-nous à composition, et nous vous serons assujettis.

2 Naas, roi des Ammonites, leur répondit : La composition que je ferai avec vous, sera de vous arracher à tous l’œil droit, et de vous rendre l’opprobre de tout Israël.

3 Les anciens de Jabès lui répondirent : Accordez-nous sept jours, afin que nous envoyions des courriers dans tout Israël ; et s’il ne se trouve personne pour nous défendre, nous nous rendrons à vous.

4 Les courriers étant venus à Gabaa, où Saül demeurait, firent ce rapport devant le peuple ; et tout le peuple élevant la voix se mit à pleurer.

5 Saül retournait alors de la campagne en suivant ses bœufs, et il dit : Qu’a le peuple pour pleurer de cette sorte ? Ou lui raconta ce que les habitants de Jabès avaient envoyé dire.

6 Aussitôt que Saül eut entendu ces paroles, l’Esprit du Seigneur se saisit de lui, et il entra dans une grande colère.

7 Il prit ses deux bœufs, les coupa en morceaux, et les envoya par les courriers de Jabès dans toutes les terres d’Israël, en disant : C’est ainsi qu’on traitera les bœufs de tous ceux qui ne se mettront point eu campagne pour suivre Saül et Samuel. Alors le peuple fut frappé de la crainte du Seigneur, et ils sortirent tous en armes comme s’ils n’eussent été qu’un seul homme.

8 Saül en ayant fait la revue à Bézech, il se trouva dans son armée trois cent mille hommes des enfants d’Israël, et trente mille de la tribu de Juda.

9 Et ils firent cette réponse aux courriers qui étaient venus de Jabès : Vous direz ceci aux habitants de Jabès en Galaad : Vous serez secourus demain, lorsque le soleil sera dans sa force. Les courriers portèrent donc cette nouvelle aux habitants de Jabès, qui la reçurent avec grande joie.

10 Et ils dirent aux Ammonites : Demain au matin nous nous rendrons à vous, et vous nous traiterez comme il vous plaira.

11 Le lendemain étant venu, Saül divisa son armée en trois corps ; et étant entré dès la pointe du jour dans le camp des ennemis, il tailla en pièces les Ammonites jusqu’à ce que le soleil fût dans sa force. Ceux qui échappèrent furent dispersés çà et là, sans qu’il en demeurât seulement deux ensemble.

12 Alors le peuple dit à Samuel : Qui sont ceux qui ont dit : Saül sera-t-il notre roi ? Donnez-nous ces gens-là, et nous les ferons mourir présentement.

13 Mais Saül leur dit : On ne fera mourir personne en ce jour, parce que c’est le jour auquel le Seigneur a sauvé Israël.

14 Après cela Samuel dit au peuple : Venez, allons à Galgala, et y renouvelons l’élection du roi.

15 Tout le peuple alla donc à Galgala, et il y reconnut de nouveau Saül pour roi en la présence du Seigneur. Ils immolèrent au Seigneur des victimes pacifiques ; et Saül et tous les Israélites firent en ce lieu-là une très-grande réjouissance.



ALORS Samuel dit à tout le peuple d’Israël : Vous voyez que je me suis rendu à tout ce que vous m’avez demandé, et que je vous ai donné un roi.

2 Votre roi maintenant marche à votre tête. Pour moi je suis vieux et déjà tout blanc, et mes enfants sont avec vous. Ayant donc vécu parmi vous depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour, me voici prêt à répondre de toute ma vie.

3 Déclarez devant le Seigneur et devant son christ, si j’ai pris le bœuf ou l’âne de personne ; si j’ai imputé à quelqu’un de faux crimes ; si j’ai opprimé quelqu’un par violence ; si j’ai reçu des présents de qui que ce soit ; et je vous ferai connaître le peu d’attache que j’y ai, en vous le rendant présentement.

4 Ils lui répondirent : Vous ne nous avez point opprimés ni par de fausses accusations, ni par violence, et vous n’avez rien pris de personne.

5 Samuel ajouta : Le Seigneur m’est donc témoin aujourd’hui contre vous, et son christ m’est aussi témoin, que vous n’avez rien trouvé en moi qu’on puisse me reprocher. Le peuple lui répondit : Oui, ils en sont témoins.

6 Alors Samuel dit au peuple : Le Seigneur qui a fait Moïse et Aaron, et qui a tiré nos pères de la terre d’Egypte m’est donc témoin.

7 Venez maintenant en sa présence, afin que je vous appelle en jugement devant lui touchant toutes les miséricordes que le Seigneur a faites à vous et à vos pères.

8 Vous savez de quelle manière Jacob entra dans l’Egypte ; comment vos pères crièrent au Seigneur, et le Seigneur envoya Moïse et Aaron, tira vos pères de l’Egypte, et les établit en ce pays-ci.

9 Ils oublièrent depuis le Seigneur, leur Dieu ; et il les livra entre les mains de Sisnra, général d’armée d’Hasor, entre les mains des Philistins, et entre les mains du roi de Moab, qui combattirent contre eux.

10 Ils crièrent ensuite au Seigneur, et ils lui dirent : Nous avons péché, parce que nous avons abandonné le Seigneur, et servi Baal et Astaroth ; mais délivrez-nous maintenant de la main de nos ennemis, et nous vous servirons.

11 Et le Seigneur envoya Jérobaal, Badan, Jephté et Samuel ; il vous délivra de la main des ennemis qui vous environnaient, et vous avez habité dans vos maisons en une pleine assurance.

12 Cependant voyant que Naas, roi des enfants d’Ammon, marchait contre vous, vous êtes venus me dire : Non, nous ne ferons point ce que vous dites ; mais nous aurons un roi pour nous commander ; quoique alors le Seigneur, votre Dieu, fût le roi qui vous commandait.

13 Maintenant donc vous avez votre roi que vous avez choisi et que vous avez demandé. Vous voyez que le Seigneur vous a donné un roi.

14 Si vous craignez le Seigneur, si vous le servez, si vous écoutez sa voix, et que vous ne vous rendiez point rebelles à sa parole ; vous serez, vous et le roi qui vous commande, à la suite du Seigneur, votre Dieu, comme son peuple.

15 Mais si vous n’écoutez point la voix du Seigneur, et que vous vous rendiez rebelles à sa parole, la main du Seigneur sera sur vous, comme elle a été sur vos pères.

16 Et maintenant prenez garde, et considérez bien cette grande chose que le Seigneur va faire devant vos yeux.

17 Ne fait-on pas aujourd’hui la moisson du froment ? Et cependant je vais invoquer le Seigneur, et il fera éclater les tonnerres et tomber la pluie : afin que vous sachiez et que vous voyiez combien est grand devant le Seigneur le mal que vous avez fait en demandant un roi.

18 Samuel cria donc au Seigneur, et le Seigneur en ce jour-là fit éclater les tonnerres, et tomber la pluie.

19 Et tout le peuple fut saisi de la crainte du Seigneur et de Samuel. Et ils dirent tous ensemble à Samuel : Priez le Seigneur, votre Dieu, pour vos serviteurs, afin que nous ne mourions pas. Car nous avons encore ajouté ce péché à tous les autres que nous avions faits, de demander un roi qui nous gouverne.

20 Samuel répondit au peuple : Ne craignez point. Il est vrai que vous avez fait tout ce mal ; mais néanmoins ne quittez point le Seigneur, et servez-le de tout votre cœur.

21 Ne vous détournez point de lui, pour suivre des choses vaines, qui ne vous serviront point, et qui ne vous délivreront point, parce qu’elles sont vaines.

22 Le Seigneur n’abandonnera point son peuple à cause de son grand nom ; parce qu’il a juré qu’il vous rendrait son peuple.

23 Pour moi, Dieu me garde de commettre ce péché contre lui, que je cesse jamais de prier pour vous. Je vous enseignerai toujours la bonne et la droite voie.

24 Craignez donc le Seigneur, et servez-le dans la vérité, et de tout votre cœur : car vous avez vu les merveilles qu’il a faites parmi vous.

25 Si vous persévérez à faire le mal, vous périrez tous ensemble, vous et votre roi.



SAÜL était comme un enfant d’un an lorsqu’il commença de régner, et il régna deux ans sur Israël.

2 Il choisit trois mille hommes du peuple d’Israël, dont il y en avait deux mille avec lui à Machmas, et sur la montagne de Béthel, et mille avec Jonathas à Gabaa, dans la tribu de Benjamin ; et il renvoya le reste du peuple chacun chez soi.

3 Jonathas avec ses mille hommes battit la garnison des Philistins qui étaient à Gabaa. De quoi les Philistins furent aussitôt avertis ; et Saül le fit publier à son de trompe dans tout le pays, en disant : Que les Hébreux entendent ceci.

4 Ainsi le bruit se répandit dans tout Israël : Que Saül avait battu la garnison des Philistins, et qu’Israël s’était élevé contre eux : et le peuple s’assembla avec de grands cris auprès de Saül à Galgala.

5 Les Philistins s’assemblèrent aussi pour combattre contre Israël, ayant trente mille chariots, six mille chevaux, et une multitude de gens de pied aussi nombreuse que le sable qui est sur le rivage de la mer. Et ils vinrent se camper à Machmas, vers l’orient de Beth-aven.

6 Les Israélites se voyant ainsi réduits à l’extrémité, le peuple fut tout abattu, et ils allèrent se cacher dans les cavernes, dans les lieux les plus secrets, dans les rochers, dans les antres et dans les citernes.

7 Les autres Hébreux passèrent le Jourdain, et vinrent au pays de Gad et de Galaad. Saül était encore à Galgala ; mais tout le peuple qui le suivait était dans l’effroi.

8 Il attendit sept jours, comme Samuel lui avait ordonné. Cependant Samuel ne venait point à Galgala, et peu à peu tout le peuple l’abandonnait.

9 Saül dit donc : Apportez-moi l’holocauste et les pacifiques. Et il offrit l’holocauste.

10 Lorsqu’il achevait d’offrir l’holocauste, Samuel arriva. Et Saül alla au-devant de lui pour le saluer.

11 Samuel lui dit : Qu’avez-vous fait ? Saül lui répondit ; Voyant que le peuple me quittait ; que vous n’étiez point venu au jour que vous aviez dit ; et que les Philistins s’étaient assemblés à Machmas ;

12 j’ai dit en moi-même : Les Philistins vont venir m’attaquer à Galgala, et je n’ai point encore apaisé le Seigneur. Etant donc contraint par cette nécessité, j’ai offert l’holocauste.

13 Samuel dit à Saül : Vous avez fait une folie, et vous n’avez point gardé les ordres que le Seigneur, votre Dieu, vous avait donnés. Si vous n’aviez point fait cette faute, le Seigneur aurait maintenant affermi pour jamais votre règne sur Israël.

14 Mais votre règne ne subsistera point à l’avenir. Le Seigneur s’est pourvu d’un homme selon son cœur, et il a ordonné qu’il soit le chef de son peuple : parce que vous n’avez point observé les ordres qu’il vous a donnés.

15 Samuel s’en alla ensuite, et passa de Galgala à Gabaa de la tribu de Benjamin ; et le reste du peuple marchant avec Saül contre les troupes qui les attaquaient, passa aussi de Galgala à Gabaa, sur la colline de Benjamin. Saül ayant fait la revue du peuple qui était demeuré avec lui, trouva environ six cents hommes.

16 Saül et Jonathas, son fils, étaient donc à Gabaa de Benjamin avec ceux qui les avaient suivis ; et les Philistins étaient campés à Machmas.

17 Il sortit alors trois partis du camp des Philistins pour aller piller : l’un prit le chemin d’Ephra vers le pays de Suai ;

18 l’autre marcha comme pour aller à Beth-horon ; et le troisième tourna vers le chemin du coteau qui borne la vallée de Séboïm du côté du désert.

19 Or il ne se trouvait point de forgeron dans toutes les terres d’Israël. Car les Philistins avaient pris cette précaution, pour empêcher que les Hébreux ne forgeassent ni épées ni lances.

20 Et tous les Israélites étaient obligés d’aller chez les Philistins pour faire aiguiser le soc de leurs charrues, leurs hoyaux, leurs cognées et leurs serfouettes.

21 C’est pourquoi le tranchant des socs de leurs charrues, des boyaux, des fourches et des cognées était usé, sans qu’ils eussent seulement de quoi aiguiser une pointe.

22 Et lorsque le jour du combat fut venu, hors Saül et Jonathas, son fils, il ne se trouva personne de tous ceux qui les avaient suivis, qui eût une lance ou une épée à la main.

23 Et la garde avancée des Philistins étant sortie de Machinas, s’avança vers Gabaa.



UN jour il arriva que Jonathas, fils de Saül, dit à un jeune homme qui était son écuyer : Venez avec moi, et passons jusqu’à cette garde avancée des Philistins, qui est au delà de ce lieu que vous voyez. Et il n’en dit rien à son père.

2 Saul cependant était logé à l’extrémité de Gabaa, sous un grenadier qui était à Magron ; et il avait environ six cents hommes avec lui.

3 Achias, fils d’Achitob, frère d’Ichabod, fils de Phinéès, fils d’Héli, grand prêtre du Seigneur à Silo, portait l’éphod. Et le peuple ne savait point non plus où était allé Jonathas.

4 Le lieu par où Jonathas tâchait de monter au poste que les Philistins occupaient, était bordé de côté et d’autre de deux rochers fort hauts et fort escarpés, qui s’élevaient en pointe comme des dents : l’un s’appelait Bosès, et l’autre Séné.

5 L’un de ces rochers était situé du côté du septentrion, vis-à-vis de Machmas, et l’autre du côté du midi, vis-à-vis de Gabaa.

6 Jonathas dit donc au jeune homme, son écuyer : Venez, passons jusqu’au poste de ces incirconcis : peut-être que le Seigneur combattra pour nous ; car il lui est également aisé de donner la victoire avec un grand ou avec un petit nombre.

7 Son écuyer lui répondit : Faites tout ce qu’il vous plaira ; allez où vous voudrez, et je vous suivrai partout.

8 Jonathas lui dit : Nous allons vers ces gens-là. Lors donc qu’ils nous auront aperçus,

9 s’ils nous parlent de cette sorte : Demeurez là jusqu’à ce que nous allions à vous ; demeurons à notre place, et n’allons point à eux.

10 Mais s’ils nous disent : Montez vers nous ; montons-y : car ce sera la marque que le Seigneur les aura livrés entre nos mains.

11 Lors donc que la garde des Philistins les eut aperçus tous deux, les Philistins dirent : Voilà les Hébreux qui sortent des cavernes où ils s’étaient cachés.

12 Et les plus avancés de leur camp s’adressant à Jonathas et à son écuyer, leur dirent : Montez ici, et nous vous ferons voir quelque chose. Jonathas dit alors à son écuyer : Montons, suivez-moi : car le Seigneur les a livrés entre les mains d’Israël.

13 Jonathas monta donc, grimpant avec les mains et les pieds, et son écuyer derrière lui : aussitôt on vit les uns tomber sous la main de Jonathas, et son écuyer qui le suivait tuait les autres.

14 Ce fut là la première défaite des Philistins, où Jonathas et son écuyer tuèrent d’abord environ vingt hommes, dans la moitié d’autant de terre qu’une paire de bœufs peut en labourer dans un jour.

15 L’effroi se répandit aussitôt dans la campagne, par toute l’armée des Philistins. Tous les gens de leur camp qui étaient allés pour piller, furent frappés d’étonnement, tout le pays fut en trouble, et il parut que c’était Dieu qui avait fait ce miracle.

16 Les sentinelles de Saül qui étaient à Gabaa de Benjamin, jetant les yeux de ce côté-là, virent un grand nombre de gens étendus sur la place, et d’autres qui fuyaient en désordre çà et là.

17 Alors Saül dit à ceux qui étaient avec lui : Cherchez, et voyez qui est sorti de notre camp. Et quand on eut fait cette recherche, on trouva que Jonathas et son écuyer n’y étaient pas.

18 Saül dit donc à Achias : Consultez l’arche de Dieu. Car l’arche de Dieu était là alors avec les enfants d’Israël.

19 Pendant que Saül parlait au prêtre, on entendit un bruit confus et tumultueux, qui venant du camp des Philistins, s’augmentait peu à peu, et qui retentissait de plus en plus. Saül dit donc au prêtre : C’est assez.

20 Et aussitôt il jeta un grand cri, qui fut accompagné de celui de tout le peuple : et étant venus au lieu du combat, ils trouvèrent que les Philistins s’étaient percés l’un l’autre de leurs épées, et qu’il s’en était fait un grand carnage.

21 Les Hébreux aussi qui avaient été avec les Philistins il n’y avait que deux ou trois jours, et qui étaient allés dans leur camp avec eux, vinrent se rejoindre aux Israélites qui étaient avec Saül et Jonathas.

22 Tous les Israélites aussi qui s’étaient cachés dans la montagne d’Ephraïm, ayant appris que les Philistins fuyaient, se réunirent avec leurs gens pour les combattre ; et il y avait déjà environ dix mille hommes avec Saül.

23 En ce jour-là le Seigneur sauva Israël : on poursuivit les ennemis jusqu’à Beth-aven ;

24 et les Israélites se réunirent en ce jour-là. Saül fit alors devant le peuple cette protestation avec serment : Maudit soit celui qui mangera avant le soir, jusqu’à ce que je me sois vengé de mes ennemis ! C’est pourquoi tout le peuple s’abstint de manger.

25 En même temps ils vinrent tous dans un bois où la terre était couverte de miel.

26 Le peuple y étant entre, vit paraître ce miel qui découlait, et personne n’osa en porter à sa bouche, parce qu’ils craignaient le serment du roi.

27 Mais Jonathas n’avait point entendu cette protestation que son père avait faite avec serment devant le peuple : c’est pourquoi étendant la baguette qu’il tenait en sa main, il en trempa le bout dans un rayon de miel, et en ayant ensuite porté à sa bouche avec la main, ses yeux reprirent une nouvelle vigueur.

28 Quelqu’un du peuple lui dit : Votre père a engagé tout le peuple par serment, en disant : Maudit soit celui qui mangera d’aujourd’hui ! Or ils étaient tous extrêmement abattus.

29 Jonathas répondit : Mon père a troublé tout le monde : vous avez vu vous-mêmes que mes yeux ont repris une nouvelle vigueur, parce que j’ai goûté un peu de ce miel.

30 Combien donc le peuple se serait-il plus fortifié, s’il eût mangé de ce qu’il a rencontré dans le pillage des ennemis ? La défaite des Philistins n’en aurait-elle pas été plus grande ?

31 Les Hébreux battirent les Philistins en ce jour-là, et les poursuivirent depuis Machmas jusqu’à Aïalou. Et le peuple étant extrêmement las,

32 se jeta sur le butin, prit des brebis, des bœufs et des veaux, et les tuèrent sur la place, et le peuple mangea de la chair avec le sang.

33 Saül en fut averti, et on lui dit, que le peuple avait péché contre le Seigneur en mangeant des viandes avec le sang. Saül leur dit : Vous avez violé la loi : qu’on me roule ici une grande pierre.

34 Et il ajouta : Allez par tout le peuple, et dites-leur : Que chacun amène ici son bœuf et son bélier : égorgez-les sur cette pierre, et après cela vous en mangerez, et vous ne pécherez pas contre le Seigneur en mangeant de la chair avec le sang. Chacun vint donc amener là son bœuf jusqu’à la nuit, et ils les tuèrent sur la pierre.

35 Alors Saül bâtit un autel au Seigneur ; et ce fut là la première fois qu’il lui éleva un autel.

36 Saül dit ensuite : Jetons-nous cette nuit sur les Philistins, et taillons-les en pièces jusqu’au point du jour sans qu’il en reste un seul d’entre eux. Le peuple lui répondit : Faites tout ce qu’il vous plaira. Alors le prêtre lui dit : Allons ici consulter Dieu.

37 Saül consulta donc le Seigneur, et lui dit : Poursuivrai-je les Philistins, et les livrerez-vous entre les mains d’Israël ? Mais le Seigneur ne lui répondit point pour cette fois.

38 Alors Saül dit : Faites venir ici tous les principaux du peuple ; qu’on s’informe, et qu’on sache qui est celui par qui le péché est venu aujourd’hui parmi nous.

39 Je jure par le Seigneur, qui est le Sauveur d’Israël, que si Jonathas, mon fils, se trouve coupable de ce péché, il mourra sans rémission. Et nul du peuple ne le contredit lorsqu’il parla de la sorte.

40 Saül dit donc à tout Israël : Mettez-vous tous d’un côté, et je me tiendrai moi et mon fils Jonathas de l’autre. Le peuple répondit à Saûl : Faites tout ce qu’il vous plaira.

41 Et Saül dit au Seigneur, le Dieu d’Israël : Seigneur, Dieu d’Israël ! faites-nous connaître d’où vient que vous n’avez point répondu aujourd’hui à votre serviteur : si cette iniquité est en moi ou en mon dis Jonathas, découvrez-le-nous ; ou si elle est dans votre peuple, sanctifiez-le. Le sort tomba sur Jonathas et sur Saül, et le peuple fut hors de péril.

42 Saül dit alors : Jetez le sort entre moi et Jonathas, mon fils. Et le sort tomba sur Jonathas.

43 Saül dit donc à Jonathas : Découvrez-moi ce que vous avez fait. Jonathas avoua tout, et lui dit : J’ai pris un peu de miel au bout d’une baguette que je tenais à la main, et j’en ai goûté ; et je meurs pour cela.

44 Saül lui dit : Que Dieu me traite avec toute sa sévérité, si vous ne mourez très-certainement aujourd’hui, Jonathas !

45 Le peuple dit à Saül : Quoi donc ! Jonathas mourra-t-il, lui qui vient de sauver Israël d’une manière si merveilleuse ? Cela ne se peut. Nous jurons par le Seigneur qu’il ne tombera pas sur la terre un seul cheveu de sa tête : car il a agi aujourd’hui trop visiblement avec Dieu. Le peuple délivra donc Jonathas, et le sauva de la mort.

46 Après cela Saül se retira, sans poursuivre davantage les Philistins ; et les Philistins s’en retournèrent aussi chez eux.

47 Saül ayant ainsi affermi son règne sur Israël, combattait de tous côtés contre tous ses ennemis : contre Moab, contre les enfants d’Ammon, contre Edoni, contre les rois de Soba, et contre les Philistins. Et de quelque côté qu’il tournât ses armes, il en revenait victorieux.

48 Ayant assemblé son armée, il défit les Amalécites, et délivra Israël de la main de ceux qui pillaient toutes ses terres.

49 Or Saül eut trois fils, Jonathas, Jessui et Melchisua ; et deux filles, dont l’aînée s’appelait Mérob, et la plus jeune Michol.

50 La femme de Saül se nommait Achinoain, et était fille d’Achimaas. Le général de son année était Abner, fils de Ner, cousin germain de Saül.

51 Car Cis, père de Saül, et Ner, père d’Abner, étaient tous deux fils d’Abiel.

52 Pendant tout le règne de Saül il y eut une forte guerre contre les Philistins. Et aussitôt que Saül avait reconnu qu’un homme était vaillant, et propre à la guerre, il le prenait auprès de lui.



APRÈS cela Samuel vint dire à Saül : C’est moi que le Seigneur a envoyé pour vous sacrer roi sur Israël, son peuple. Ecoutez donc maintenant ce que le Seigneur vous commande :

2 Voici ce que dit le Seigneur des armées : J’ai rappelé en ma mémoire tout ce qu’Amalec a fait autrefois à Israël, et de quelle sorte il s’opposa à lui dans son chemin lorsqu’il sortait de l’Egypte.

3 C’est pourquoi marchez contre Amalec, taillez-le en pièces, et détruisez tout ce qui est à lui. Ne lui pardonnez point : ne désirez rien de ce qui lui appartient ; mais tuez tout, depuis l’homme jusqu’à la femme, jusqu’aux petits enfants, et ceux qui sont encore à la mamelle, jusqu’aux bœufs, aux brebis, aux chameaux et aux ânes.

4 Saül commanda donc au peuple de prendre les armes, et en ayant fait la revue comme s’ils avaient été des agneaux, il se trouva deux cent mille hommes de pied, et dix mille hommes de la tribu de Juda.

5 Il marcha ensuite jusqu’à la ville d’Amalec, il dressa des embuscades le long du torrent ;

6 et il dit aux Cinéens : Allez, retirez-vous, séparez-vous des Amalécites, de peur que je ne vous enveloppe avec eux. Car vous avez usé de miséricorde envers tous les enfants d’Israël lorsqu’ils revenaient de l’Egypte. Les Cinéens se retirèrent donc du milieu des Amalécites.

7 Et Saül tailla en pièces les Amalécites, depuis Hévila jusqu’à Sur, qui est vis-à-vis de l’Egypte.

8 Il prit vif Agag, roi des Amalécites, et fit passer tout le peuple au fil de l’épée.

9 Mais Saül avec le peuple épargna Agag. Il réserva ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux de brebis et de bœufs, dans les béliers, dans les meubles et les habits, et généralement tout ce qui était de plus beau ; et ils ne voulurent point le perdre : mais ils tuèrent, ou ils détruisirent tout ce qui se trouva de vil et de méprisable.

10 Le Seigneur adressa alors sa parole à Samuel, et lui dit :

11 Je me repens d’avoir fait Saül roi, parce qu’il m’a abandonné, et qu’il n’a point exécuté mes ordres. Samuel en fut tout attristé, et il cria au Seigneur toute la nuit.

12 Et s’étant levé avant le jour pour aller trouver Saül au matin, on vint lui dire que Saül était venu sur le Carmel, où il s’était dressé un arc de triomphe, et qu’au sortir de là il était descendu à Galgala. Samuel vint donc trouver Saül, qui offrait au Seigneur un holocauste des prémices du butin qu’il avait emmené d’Amalec.

13 Samuel s’étant approché de Saül, Saül lui dit : Béni soyez-vous du Seigneur ! J’ai accompli la parole du Seigneur.

14 Samuel lui dit : D’où vient donc ce bruit de troupeaux de brebis et de bœufs que j’entends ici, et qui retentit à mes oreilles ?

15 Saül lui dit : On les a amenés d’Amalec : car le peuple a épargné ce qu’il y avait de meilleur parmi les brebis et les bœufs, pour les immoler au Seigneur, votre Dieu ; et nous avons tué tout le reste.

16 Samuel dit à Saül : Permettez-moi de vous dire ce que le Seigneur m’a dit cette nuit. Dites, répondit Saül.

17 Samuel ajouta : Lorsque vous étiez petit à vos yeux, n’êtes-vous pas devenu le chef de toutes les tribus d’Israël ? Le Seigneur vous a sacré roi sur Israël ;

18 il vous a envoyé à cette guerre, et il vous a dit : Allez, faites passer au fil de l’épée les Amalécites qui sont des méchants : combattez contre eux jusqu’à ce que vous ayez tout tué.

19 Pourquoi donc n’avez-vous point écouté la voix du Seigneur ? pourquoi vous êtes-vous laissé aller au désir du butin, et pourquoi avez-vous péché aux yeux du Seigneur ?

20 Saül dit à Samuel : Au contraire, j’ai écouté la voix du Seigneur : j’ai exécuté l’entreprise pour laquelle il m’avait envoyé ; j’ai amené Agag, roi d’Amalec, et j’ai tué les Amalécites.

21 Mais le peuple a pris du butin, des brebis et des bœufs, qui sont les prémices de ce qui a été tué, pour les immoler au Seigneur, son Dieu, à Galgala.

22 Samuel lui répondit : Sont-ce des holocaustes et des victimes que le Seigneur demande ? et ne demande-t-il pas plutôt que l’on obéisse à sa voix ? L’obéissance est meilleure que les victimes, et il vaut mieux se rendre à sa voix, que de lui offrir les béliers les plus gras.

23 Car la désobéissance aux ordres du Seigneur est un péché égal à celui de la magie ; et la résistance à sa volonté est un crime égal à l’idolâtrie. Puis donc que vous avez rejeté la parole du Seigneur, le Seigneur vous a rejeté, et il ne veut plus que vous soyez roi.

24 Saül dit à Samuel : J’ai péché, parce que j’ai agi contre la parole du Seigneur, et contre ce que vous m’aviez dit, par la crainte du peuple, et par le désir de le satisfaire.

25 Mais portez, je vous prie, mon péché ; et venez avec moi, afin que j’adore le Seigneur.

26 Samuel répondit à Saül : Je n’irai point avec vous, parce que vous avez rejeté la parole du Seigneur, et que le Seigneur vous a rejeté, et ne veut plus que vous soyez roi d’Israël.

27 En même temps Samuel se retourna pour s’en aller ; mais Saül le prit par le coin de son manteau, qui se déchira.

28 Alors Samuel lui dit : Le Seigneur a déchiré aujourd’hui le royaume d’Israël, et vous l’a arraché des mains pour le donner à un autre, qui vaut mieux que vous.

29 Celui qui triomphe dans Israël, ne pardonnera point, et il demeurera inflexible sans se repentir de ce qu’il a fait : car il n’est pas un homme pour se repentir.

30 Saül lui dit : J’ai péché, mais honorez-moi maintenant devant les anciens de mon peuple et devant Israël ; et revenez avec moi, afin que j’adore le Seigneur, votre Dieu.

31 Samuel retourna donc, et suivit Saül ; et Saül adora le Seigneur.

32 Alors Samuel dit : Amenez-moi Agag, roi d’Amalec. On lui présenta Agag, qui était fort gras, et tout tremblant. Et Agag dit : Faut-il qu’une mort amère me sépare ainsi de tout ?

33 Samuel lui dit : Comme votre épée a ravi les enfants à tant de mères ; ainsi votre mère parmi les femmes sera sans enfants. Et il le coupa en morceaux devant le Seigneur à Galgala.

34 Samuel s’en retourna ensuite à Ramatha, et Saül s’en alla en sa maison à Gabaa.

35 Depuis ce jour-là Samuel ne vit plus Saül jusqu’au jour de sa mort ; mais il le pleurait sans cesse, parce que le Seigneur se repentait de l’avoir établi roi sur Israël.



ENFIN le Seigneur dit à Samuel : Jusqu’à quand pleurerez-vous Saül, puisque je l’ai rejeté, et que je ne veux plus qu’il règne sur Israël ? Emplissez d’huile la corne que vous avez, et venez, afin que je vous envoie à Isaï de Bethléhem : car je me suis choisi un roi entre ses enfants.

2 Samuel lui répondit : Comment irai-je ? car Saül l’apprendra, et il me fera mourir. Le Seigneur lui dit : Prenez avec vous un veau du troupeau, et vous direz : Je suis venu pour sacrifier au Seigneur.

3 Vous appellerez Isaï au festin du sacrifice ; je vous ferai savoir ce que vous aurez à faire, et vous sacrerez celui que je vous aurai montré.

4 Samuel fit donc ce que le Seigneur lui avait dit. Il vint à Bethléhem, et les anciens de la ville en furent tout surpris : ils allèrent au-devant de lui, et lui dirent : Nous apportez-vous la paix ?

5 Il leur répondit : Je vous apporte la paix : je suis venu pour sacrifier au Seigneur. Purifiez-vous, et venez avec moi, afin que j’offre la victime. Samuel purifia donc Isaï et ses fils, et les appela à son sacrifice.

6 Et lorsqu’ils furent entrés, Samuel dit en voyant Eliab ; Est-ce là celui que le Seigneur a choisi pour être son christ ?

7 Le Seigneur dit à Samuel : N’ayez égard ni à sa bonne mine, ni à sa taille avantageuse, parce que je l’ai rejeté, et que je ne juge pas des choses par ce qui en paraît aux yeux des hommes : car l’homme ne voit que ce qui paraît au dehors ; mais le Seigneur regarde le fond du cœur.

8 Isaï appela ensuite Abinadab, et le présenta à Samuel. Et Samuel lui dit : Ce n’est point non plus celui-là que le Seigneur a choisi.

9 Il lui présenta Samma ; et Samuel lui dit : Le Seigneur n’a point encore choisi celui-là.

10 Isaï fit donc venir ses sept fils devant Samuel ; et Samuel lui dit : Le Seigneur n’en a choisi aucun de ceux-ci.

11 Alors Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous vos enfants ? Isaï lui répondit : Il en reste encore un petit qui garde les brebis. Envoyez-le quérir, dit Samuel : car nous ne nous mettrons point à table qu’il ne soit venu.

12 Isaï l’envova donc quérir, et le présenta à Samuel, Or il était roux, d’une mine avantageuse, et il avait le visage fort beau. Le Seigneur lui dit : Sacrez-le présentement, car c’est celui-là.

13 Samuel prit donc la corne pleine d’huile, et il le sacra au milieu de ses frères : depuis ce temps-là l’Esprit du Seigneur fut toujours en David. Et quant à Samuel, il s’en retourna à Ramatha.

14 Or l’Esprit du Seigneur se retira de Saül, et il était agité du malin esprit envoyé par le Seigneur.

15 Alors les officiers de Saül lui dirent : Vous voyez que le malin esprit envoyé de Dieu vous inquiète.

16 S’il plaît au roi, notre seigneur, de l’ordonner, vos serviteurs qui sont auprès de votre personne, chercheront un homme qui sache toucher la harpe, afin qu’il en joue lorsque le malin esprit envoyé par le Seigneur vous agitera, et que vous en receviez du soulagement.

17 Saül dit à ses officiers : Cherchez-moi donc quelqu’un qui sache bien jouer de la harpe, et amenez-le-moi.

18 L’un d’entre eux lui répondit : J’ai vu l’un des fils d’Isaï de Bethléhem, qui sait fort bien jouer de la harpe. C’est un jeune homme très-fort, propre à la guerre, sage dans ses paroles, d’une mine avantageuse ; et le Seigneur est avec lui.

19 Saül fit donc dire à Isaï : Envoyez-moi votre fils David, qui est avec vos troupeaux.

20 Isaï aussitôt prit un âne qu’il chargea de pain, d’une bouteille de vin et d’un chevreau, et il les envoya à Saül par son fils David.

21 David vint donc trouver Saül, et se présenta devant lui. Saül l’aima fort, et le fit son écuyer.

22 Il envoya ensuite dire à Isaï : Que David demeure auprès de ma personne : car il a trouvé grâce devant mes yeux.

23 Ainsi toutes les fois que l’esprit malin envoyé du Seigneur se saisissait de Saül, David prenait sa harpe et en jouait ; et Saül en était soulagé, et se trouvait mieux : car l’esprit malin se retirait de lui.



LES Philistins assemblèrent de nouveau toutes leurs troupes pour combattre Israël : ils se rendirent tous à Socho dans la tribu de Juda, et se campèrent entre Socho et Azéca, dans le pays de Dommim.

2 Saül d’autre part et les enfants d’Israël s’étant aussi assemblés, vinrent en la vallée du Térébinthe, et mirent leur armée en bataille pour combattre les Philistins.

3 Les Philistins étaient d’un côté sur une montagne, Israël était de l’autre sur une autre montagne ; et il y avait une vallée entre deux.

4 Or il arriva qu’un homme qui était bâtard sortit du camp des Philistins. Il s’appelait Goliath ; il était de Geth, et il avait six coudées et un palme de haut.

5 Il avait en tête un casque d’airain ; il était revêtu d’une cuirasse à écailles, qui pesait cinq mille sicles d’airain.

6 Il avait sur les cuisses des cuissards d’airain ; et un bouclier d’airain lui couvrait les épaules.

7 La hampe de sa lance était comme ces grands bois dont se servent les tisserands ; et le fer de sa lance pesait six cents sicles de fer : et son écuyer marchait devant lui.

8 Cet homme vint se présenter devant les bataillons d’Israël, et leur criait : Pourquoi venez-vous donner bataille ? Ne suis-je pas Philistin, et vous serviteurs de Saül ? Choisissez un homme d’entre vous, et qu’il vienne se battre seul à seul.

9 S’il ose se battre contre moi et qu’il m’ôte la vie, nous serons vos esclaves ; mais si j’ai l’avantage sur lui, et que je le tue, vous serez nos esclaves, et vous nous serez assujettis.

10 Et ce Philistin disait : J’ai défié aujourd’hui toute l’armée d’Israël, et je leur ai dit : Donnez-moi un homme, et qu’il vienne se battre contre moi.

11 Saül et tous les Israélites entendant ce Philistin parler de la sorte, étaient frappés d’étonnement, et tremblaient de peur.

12 Or David était fils de cet homme d’Ephrata, dont il a été parlé auparavant, de la ville de Bethléhem en Juda, qui s’appelait Isaï et avait huit fils, et qui était l’un des plus vieux et des plus avancés en âge du temps de Saül.

13 Les trois plus grands de ses fils avaient suivi Saül à l’armée : l’aîné de ces trois qui étaient allés à la guerre, s’appelait Eliab, le second Abinadab, et le troisième Samma.

14 David était le plus petit de tous. Et les trois plus grands ayant suivi Saül,

15 il était revenu d’auprès de Saül, et s’en était allé à Bethléhem pour mener paître les troupeaux de son père.

16 Cependant ce Philistin se présentait au combat le matin et le soir, et cela dura pendant quarante jours.

17 Il arriva qu’au même temps Isaï dit à David, son fils : Prenez pour vos frères une mesure de farine d’orge et ces dix pains, et courez à eux jusqu’au camp.

18 Portez aussi ces dix fromages pour leur mestre de camp : voyez comment vos frères se portent, et sachez en quelle compagnie ils sont.

19 Or Saül, et ces fils d’Isaï, et tous les enfants d’Israël étaient prêts à combattre contre les Philistins en la vallée du Térébinthe.

20 David s’étant donc levé dès la pointe du jour, laissa à un homme le soin de son troupeau, et s’en alla chargé au camp, selon l’ordre qu’Isaï lui avait donné. Il vint au lieu appelé Magala, où l’armée s’était avancée pour donner bataille ; et l’on entendait déjà les cris pour le signal du combat.

21 Car Israël avait rangé en bataille toutes ses troupes ; et de l’autre côté les Philistins se préparaient à les combattre.

22 David ayant donc laissé au bagage tout ce qu’il avait apporté, entre les mains d’un homme pour en avoir soin, courut au lieu du combat, et s’enquit de l’état de ses frères, et s’ils se portaient bien.

23 Lorsqu’il leur parlait encore, ce Philistin de Geth, appelé Goliath, qui était bâtard, sortit du camp des Philistins ; et David lui entendit dire les mêmes paroles qu’il disait toujours.

24 Tous les Israélites ayant vu Goliath, fuirent devant lui tremblants de peur.

25 Et quelqu’un du peuple d’Israël se mit à dire : Voyez-vous cet homme qui se présente au combat ? Il vient pour insulter Israël. S’il se trouve un homme qui puisse le tuer, le roi le comblera de richesses, lui donnera sa fille en mariage, et rendra la maison de son père exempte de tribut dans Israël.

26 David dit donc à ceux qui étaient auprès de lui : Que donnera-t-on à celui qui tuera ce Philistin, et qui ôtera l’opprobre d’Israël ? Car qui est ce Philistin incirconcis, pour insulter ainsi l’armée du Dieu vivant ?

27 Et le peuple lui répétait les mêmes choses, en disant : On donnera telle récompense à celui qui l’aura tué.

28 Mais Eliab, frère aîné de David, l’ayant entendu parler ainsi avec d’autres, se mit en colère contre lui, et lui dit : Pourquoi êtes-vous venu, et pourquoi avez-vous abandonné dans le désert ce peu de brebis que nous avons ? Je sais quel est votre orgueil et la malignité de votre cœur, et que vous n’êtes venu ici que pour voir le combat.

29 David lui dit : Qu’ai-je fait ? N’est-il pas permis de parler ?

30 Et s’étant un peu détourné de lui, il s’en alla vers un autre, et il dit la même chose ; et le peuple lui répondit comme auparavant.

31 Or ces paroles de David ayant été entendues, elles furent rapportées à Saül.

32 Et Saül l’ayant fait venir devant lui, David lui parla de cette sorte : Que personne ne s’épouvante de ce Philistin ; votre serviteur est prêt à aller le combattre.

33 Saül lui dit : Vous ne sauriez résister à ce Philistin, ni combattre contre lui ; parce que vous êtes encore tout jeune, et que celui-ci est un homme nourri à la guerre depuis sa jeunesse.

34 David répondit à Saül : Lorsque votre serviteur menait paître le troupeau de son père, il venait quelquefois un lion ou un ours qui emportait un bélier du milieu du troupeau.

35 Alors je courais après eux, je les battais, et je leur arrachais le bélier d’entre les dents ; et lorsqu’ils se jetaient sur moi, je les prenais à la gorge, je les étranglais et je les tuais.

36 C’est ainsi que votre serviteur a tué un lion et un ours ; et il en sera autant de ce Philistin incirconcis. J’irai contre lui, et je ferai cesser l’opprobre du peuple. Car qui est ce Philistin incirconcis qui ose maudire l’armée du Dieu vivant ?

37 Et David ajouta : Le Seigneur qui m’a délivré des griffes du lion et de la gueule de l’ours, me délivrera encore de la main de ce Philistin. Saül dit donc à David : Allez, et que le Seigneur soit avec vous !

38 Il le revêtit ensuite de ses armes, lui mit sur la tête un casque d’airain, et l’arma d’une cuirasse.

39 Et David s’étant mis une épée au côté, commença à essayer s’il pourrait marcher avec ces armes, ne l’ayant point fait jusqu’alors. Et il dit à Saül : Je ne saurais marcher ainsi ; parce que je n’y suis pas accoutumé. Ayant donc quitté ces armes,

40 il prit le bâton qu’il avait toujours à la main ; il choisit dans le torrent cinq pierres très-polies, et les mit dans sa panetière qu’il avait sur lui ; et tenant à la main sa fronde, il marcha contre le Philistin.

41 Le Philistin s’avança aussi, et s’approcha de David, ayant devant lui son écuyer.

42 Et lorsqu’il eut aperçu David, et qu’il l’eut envisagé, voyant que c’était un jeune homme roux et fort beau, il le méprisa,

43 et lui dit : Suis-je un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? Et ayant maudit David en jurant par ses dieux,

44 il ajouta : Viens à moi, et je donnerai ta chair à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre.

45 Mais David dit au Philistin : Tu viens à moi avec l’épée, la lance et le bouclier ; mais moi je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu des troupes d’Israël, auxquelles tu as insulté aujourd’hui.

46 Le Seigneur te livrera entre mes mains ; je te tuerai, et je te couperai la tête ; et je donnerai aujourd’hui les corps morts des Philistins aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre : afin que toute la terre sache qu’il y a un Dieu dans Israël,

47 et que toute cette multitude d’hommes reconnaisse que ce n’est point par l’épée ni par la lance que le Seigneur sauve ; parce qu’il est l’arbitre de la guerre, et ce sera lui qui vous livrera entre nos mains.

48 Le Philistin s’avança donc, et marcha contre David. Et lorsqu’il en fut proche, David se hâta, et courut contre lui pour le combattre.

49 Il mit la main dans sa panetière, il en prit une pierre, la lança avec sa fronde, et en frappa le Philistin dans le front. La pierre s’enfonça dans le front du Philistin, et il tomba le visage contre terre.

50 Ainsi David remporta la victoire sur le Philistin avec une fronde et une pierre seule : il le renversa par terre, et le tua. Et comme il n’avait point d’épée à la main,

51 il courut, et se jeta sur le Philistin : il prit son épée, la tira du fourreau, et acheva de lui ôter la vie en lui coupant la tête. Les Philistins voyant que le plus vaillant d’entre eux était mort, s’enfuirent.

52 Et les Israélites et ceux de Juda s’élevant avec un grand cri, les poursuivirent jusqu’à la vallée et aux portes d’Accaron. Et plusieurs des Philistins tombèrent percés de coups dans le chemin de Saraïm, jusqu’à Geth et Accaron.

53 Les enfants d’Israël étant revenus après avoir poursuivi les Philistins, pillèrent leur camp.

54 Et David prit la tête du Philistin, la porta à Jérusalem, et mit ses armes dans son logement.

55 Lorsque Saül vit David qui marchait pour combattre le Philistin, il dit à Abner, général de son armée : Abner, de quelle famille est ce jeune homme ? Abner lui répondit : Seigneur, je vous jure que je n’en sais rien.

56 Et le roi lui dit : Enquérez-vous de qui ce jeune homme est fils.

57 Et lorsque David fut retourné du combat après avoir tué le Philistin, Abner l’emmena et le présenta à Saül, ayant la tête du Philistin à la main.

58 Et Saül dit à David : Jeune homme, de quelle famille êtes-vous ? David lui répondit : Je suis fils de votre serviteur Isaï, qui est de Bethléhem.



LORSQUE David achevait de parler à Saül, l’âme de Jonathas s’attacha étroitement à celle de David, et il l’aima comme lui-même.

2 Saül depuis ce jour-là voulut toujours avoir David auprès de lui, et il ne lui permit plus de retourner en la maison de son père.

3 David et Jonathas firent aussi alliance ensemble : car Jonathas l’aimait comme lui-même.

4 C’est pourquoi il se dépouilla de la tunique dont il était revêtu, et la donna à David avec le reste de ses vêtements, jusqu’à son épée, son arc et son baudrier.

5 David allait partout où Saül l’envoyait, et il se conduisait avec beaucoup de prudence ; et Saül lui donna le commandement sur des gens de guerre : il était fort aimé du peuple, et surtout des officiers de Saül.

6 Or, quand David revint après avoir tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d’Israël au-devant du roi Saül en chantant et en dansant, témoignant leur réjouissance avec des tambours et des timbales.

7 Et les femmes dans leurs danses et dans leurs chansons se répondaient l’une à l’autre, et disaient : Saül en a tué mille, et David en a tué dix mille.

8 Cette parole mit Saül dans une grande colère, et lui déplut étrangement. Ils ont donné, dit-il, dix mille hommes à David, et à moi mille : que lui reste-t-il après cela que d’être roi ?

9 Depuis ce jour-là Saül ne regarda plus David de bon œil.

10 Le lendemain il arriva que l’esprit malin envoyé de Dieu se saisit de Saül, et il était agité au milieu de sa maison, comme un homme qui a perdu le sens. David jouait de la harpe devant lui, comme il avait accoutumé de faire ; et Saül ayant la lance à la main,

11 la poussa contre David, dans le dessein de le percer d’outre en outre avec la muraille : mais David se détourna, et évita le coup par deux fois.

12 Saül commença donc à appréhender David, voyant que le Seigneur était avec David, et qu’il s’était retiré de lui.

13 C’est pourquoi il l’éloigna d’auprès de sa personne, et lui donna le commandement de mille hommes. Ainsi David menait le peuple à la guerre et le ramenait.

14 David aussi se conduisait dans toutes ses actions avec grande prudence, et le Seigneur était avec lui.

15 Saül voyant donc qu’il était extraordinairement prudent, commença à s’en donner plus de garde.

16 Mais tout Israël et tout Juda aimait David, parce que c’était lui qui allait en campagne avec eux, et qui marchait à leur tête.

17 Alors Saül dit à David : Vous voyez Mérob, ma fille aînée ; c’est elle que je vous donnerai en mariage : soyez seulement courageux, et combattez pour le service du Seigneur. Et en même temps il disait en lui-même : Je ne veux point le tuer de ma main ; mais je veux qu’il meure par la main des Philistins.

18 David répondit à Saül : Qui suis-je moi ? quelle est la vie que j’ai menée, et quelle est dans Israël la famille de mon père, pour que je devienne gendre du roi ?

19 Mais le temps étant venu que Mérob, fille de Saül, devait être donnée à David, elle fut donnée en mariage à Hadriel, Molathite.

20 Michol, seconde fille de Saül, avait de l’affection pour David : ce qui ayant été rapporté à Saül, il en fut bien aise,

21 et il dit : Je donnerai celle-ci à David, afin qu’elle soit la cause de sa ruine, et qu’il tombe entre les mains des Philistins. C’est pourquoi il lui dit : Vous serez aujourd’hui mon gendre à deux conditions.

22 Et Saül donna cet ordre à ses serviteurs : Parlez à David comme de vous-mêmes, et dites-lui : Vous voyez que le roi a de la bonne volonté pour vous, et que tous ses officiers vous aiment. Pensez donc maintenant à devenir gendre du roi.

23 Les officiers de Saül dirent tout ceci à David. Et David leur répondit : Croyez-vous que ce soit peu de chose que d’être gendre du roi ? Pour moi je suis pauvre, je n’ai point de bien.

24 Les serviteurs de Saül lui rapportèrent ceci, et lui dirent : David nous a fait cette réponse.

25 Mais Saül leur dit : Voici ce que vous direz à David : Le roi n’a point besoin de douaire pour sa fille : il ne vous demande pour cela que cent prépuces de Philistins, afin que le roi soit vengé de ses ennemis. Mais le dessein de Saül était de faire tomber David entre les mains des Philistins.

26 Les serviteurs de Saül ayant rapporté à David ce que Saül leur avait dit, il agréa la proposition qu’ils lui firent pour devenir gendre du roi.

27 Peu de jours après il marcha avec les gens qu’il commandait ; et ayant tué deux cents Philistins, il en apporta les prépuces au roi, qu’il lui donna par compte, afin de devenir son gendre. Saül lui donna donc en mariage sa fille Michol.

28 Et il comprit clairement que le Seigneur était avec David. Quant à Michol, sa fille, elle avait beaucoup d’affection pour David.

29 Saül commença à le craindre de plus en plus ; et son aversion pour lui croissait tous les jours.

30 Les princes des Philistins se mirent encore depuis en campagne. Et d’abord qu’ils parurent, David fit paraître plus de conduite que tous les officiers de Saül ; de sorte que son nom devint très-célèbre.



OR Saül parla à Jonathas, son fils, et à tous ses officiers pour les porter à tuer David ; mais Jonathas, son fils, qui aimait extrêmement David,

2 vint lui en donner avis, et lui dit : Saül, mon père, cherche le moyen de vous tuer : c’est pourquoi tenez-vous sur vos gardes, je vous prie, demain matin : retirez-vous en un lieu secret, où vous vous tiendrez caché.

3 Et pour moi, je sortirai avec mon père, et je me tiendrai auprès de lui dans le champ où vous serez. Je parlerai de vous à mon père, et je viendrai vous dire tout ce que j’aurai pu apprendre.

4 Jonathas parla donc favorablement de David à Saül, son père, et lui dit : Seigneur roi, ne faites point de mal à David, votre serviteur, parce qu’il ne vous en a point fait, et qu’il vous a rendu au contraire des services très-importants.

5 Il a exposé sa vie à un extrême péril ; il a tué le Philistin, et le Seigneur a sauvé tout Israël d’une manière pleine de merveilles. Vous l’avez vu, et vous en avez eu de la joie. Pourquoi donc voulez-vous maintenant faire une faute en répandant le sang innocent, et en tuant David qui n’est point coupable ?

6 Saül ayant entendu ce discours de Jonathas, fut apaisé par ses raisons, et fit cette protestation : Vive le Seigneur, je vous promets qu’il ne mourra point !

7 Jonathas ensuite fit venir David, lui rapporta tout ce qui s’était passé, le présenta de nouveau à Saül ; et David demeura auprès de Saül, comme il y avait été auparavant.

8 La guerre ensuite recommença, et David marcha contre les Philistins, les combattit, en tailla en pièces un grand nombre, et mit le reste en fuite.

9 Alors le malin esprit envoyé par le Seigneur se saisit encore de Saül : il était assis dans sa maison une lance à la main. Et comme David jouait de la harpe,

10 Saül tâcha de le percer de sa lance d’outre en outre avec la muraille ; mais David qui s’en aperçut, se détourna, et la lance, sans l’avoir blessé, donna dans la muraille. Il s’enfuit aussitôt, et se sauva ainsi pour cette nuit-là.

11 Saül envoya donc ses gardes en la maison de David pour s’assurer de lui, et le tuer le lendemain dès le matin. Michol, femme de David, lui rapporta tout ceci, et lui dit : Si vous ne vous sauvez cette nuit, vous êtes mort demain au matin.

12 Elle le descendit aussitôt en bas par une fenêtre. David s’échappa, s’enfuit et se sauva.

13 Michol ensuite prit une statue qu’elle coucha sur le lit de David. Elle lui mit autour de la tête une peau de chèvre avec le poil, et sur le corps la couverture du lit.

14 Saül envoya dès le matin des archers pour prendre David, et on leur dit qu’il était malade.

15 Il envoya encore d’autres gens avec ordre de le voir, et il leur dit : Apportez-le-moi dans son lit, afin qu’il meure.

16 Ces gens étant venus, on ne trouva sur le lit qu’une statue, qui avait la tête couverte d’une peau de chèvre.

17 Alors Saül dit à Michol : Pourquoi m’avez-vous trompé de la sorte, et pourquoi avez-vous laissé échapper mon ennemi ? Michol répondit à Saül : C’est qu’il m’a dit : Laissez-moi aller, ou je vous tuerai.

18 C’est ainsi que David s’enfuit, et se sauva ; et étant venu trouver Samuel à Ramatha, il lui rapporta la manière dont Saül l’avait traité, et ils s’en allèrent ensemble à Naïoth, où ils demeurèrent quelque temps.

19 Quelques gens vinrent en donner avis à Saül, et lui dirent : David est à Naïoth auprès de Ramatha.

20 Saül donc envoya des archers pour prendre David : mais les archers ayant vu une troupe de prophètes qui prophétisaient, et Samuel qui présidait parmi eux, ils furent saisis eux-mêmes de l’Esprit du Seigneur, et ils commencèrent à prophétiser comme les autres.

21 Saül en ayant été averti, envoya d’autres gens, qui prophétisèrent aussi comme les premiers. Il en envoya pour la troisième fois, et ils prophétisèrent encore. Et alors entrant dans une grande colère,

22 il s’en alla lui-même à Ramatha, s’avança jusqu’à la grande citerne qui est à Socho, et demanda en quel lieu étaient Samuel et David ; on lui répondit : Ils sont à Naïoth de Ramatha.

23 Aussitôt il s’y en alla, et fut saisi lui-même de l’Esprit du Seigneur ; et il prophétisait durant tout le chemin, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Naïoth près de Ramatha.

24 Il se dépouilla aussi lui-même de ses habits ; prophétisa avec les autres devant Samuel, et demeura nu par terre tout le jour et toute la nuit : ce qui donna lieu à ce proverbe : Saül est-il donc aussi devenu prophète ?



OR David s’enfuit de Naïoth près de Ramatha ; et étant venu parler à Jonathas, il lui dit : Qu’ai-je fait ? Quel est mon crime ? Quelle faute ai-je commise contre votre père, pour l’obliger à vouloir ainsi m’ôter la vie ?

2 Jonathas lui dit : Non, vous ne mourrez point : car mon père ne fait aucune chose, ni grande ni petite, sans m’en parler. N’y aurait-il donc que cela seul qu’il aurait voulu me cacher ? Non, cela ne sera point.

3 Et il se lia de nouveau à David par serment. Mais David lui dit : Votre père sait très-bien que j’ai l’honneur d’être dans vos bonnes grâces : c’est pourquoi il aura dit en lui-même : Il ne faut point que Jonathas sache ceci, afin qu’il ne s’en afflige point : car je vous jure par le Seigneur, et je vous jure par votre vie, qu’il n’y a, pour ainsi dire, qu’un point entre ma vie et ma mort.

4 Jonathas lui répondit : Je ferai pour vous tout ce que vous me direz.

5 Il est demain, dit David, le premier jour du mois, et j’ai accoutumé de m’asseoir auprès du roi pour manger : permettez-moi donc de me cacher dans un champ jusqu’au soir du troisième jour.

6 Si votre père regardant à côté de lui me demande, vous lui répondrez : David m’a prié que j’agréasse qu’il fît promptement un tour à Bethléhem d’où il est, parce qu’il y a là un sacrifice solennel pour tous ceux de sa tribu.

7 S’il vous dit : A la bonne heure ; il n’y a rien à craindre pour votre serviteur : mais s’il se met en colère, soyez persuadé que sa mauvaise volonté est arrivée à son comble.

8 Faites-moi donc cette grâce, puisque vous avez voulu qu’étant votre serviteur, comme je le suis, nous nous promissions amitié l’un à l’autre en la présence du Seigneur : Si je suis coupable de quelque chose, ôtez-moi vous-même la vie ; mais ne m’obligez point de paraître devant votre père.

9 Jonathas lui dit : Dieu vous garde de ce malheur ! mais si je reconnais que la haine que mon père a conçue contre vous, soit sans remède, assurez-vous que je ne manquerai pas de vous le faire savoir.

10 David dit à Jonathas : S’il arrive que lorsque vous parlerez de moi à votre père, il vous donne une réponse fâcheuse, par qui le saurai-je ?

11 Jonathas lui répondit : Venez, et sortons à la campagne. Etant tous deux sortis dans les champs,

12 Jonathas dit à David : Seigneur Dieu d’Israël ! si je puis découvrir le dessein de mon père demain ou après-demain, et si voyant quelque chose de favorable pour David, je ne le lui envoie pas dire aussitôt, et ne le lui fais pas savoir,

13 traitez, ô Seigneur ! Jonathas avec toute votre sévérité. Mais si la mauvaise volonté de mon père continue toujours contre vous, je vous en donnerai avis, et je vous renverrai, afin que vous alliez en paix, et que le Seigneur soit avec vous comme il a été avec mon père.

14 Si je vis, vous me traiterez avec toute la bonté possible ; et si je meurs,

15 vous ne cesserez jamais d’en user avec bonté et compassion envers ma maison, quand le Seigneur aura exterminé les ennemis de David de dessus la terre jusqu’au dernier. Si je vous manque de parole, que Dieu retranche Jonathas de sa maison, et que le Seigneur venge David de ses ennemis.

16 Jonathas fit donc alliance avec la maison de David ; mais le Seigneur voulut punir les ennemis de David.

17 Jonathas conjura encore David de ceci pour l’amour qu’il lui portait, car il l’aimait comme sa vie.

18 Et il dit à David : C’est demain le premier jour du mois ; et on demandera où vous serez.

19 Car on verra votre place vide ces deux jours-ci. Vous viendrez donc promptement le jour d’après le sabbat ; vous vous rendrez au lieu où vous devez être caché, et vous vous tiendrez près de la pierre qui s’appelle Ezel.

20 Je tirerai trois flèches près de cette pierre, comme si je m’exerçais à tirer au blanc.

21 J’enverrai aussi un petit garçon, et je lui dirai : Allez, et apportez-moi mes flèches.

22 Si je lui dis : Les flèches sont en deçà de vous, ramassez-les : venez me trouver, car tout sera en paix pour vous ; et vous n’aurez rien à craindre, je vous en assure par le nom du Seigneur. Si je dis à l’enfant : Les flèches sont au delà de vous : allez-vous-en en paix ; parce que le Seigneur veut que vous vous retiriez.

23 Mais pour la parole que nous nous sommes donnée l’un à l’autre, que le Seigneur en soit témoin pour jamais entre vous et moi.

24 David se cacha donc dans le champ, et le premier jour du mois étant venu, le roi se mit à table pour manger ;

25 et étant assis, selon la coutume, sur son siège qui était contre la muraille, Jonathas se leva, Abner s’assit au côte de Saûl, et la place de David demeura vide.

26 Saûl n’en parla point ce premier jour, ayant cru que peut-être David ne se serait pas trouvé pur ce jour-là.

27 Le second jour étant venu, la place de David se trouva encore vide. Alors Saül dit à Jonathas, son fils : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il pas venu manger ni hier ni aujourd’hui ?

28 Jonathas répondit à Saül : Il m’a prié avec beaucoup d’instance d’agréer qu’il allât à Bethléhem,

29 en me disant : Laissez-moi aller, je vous prie, parce qu’il y a un sacrifice solennel en notre ville, et l’un de mes frères est venu me prier d’y aller : si donc j’ai trouvé grâce devant vos yeux, permettez-moi d’y faire un tour pour voir mes frères. C’est pour cela qu’il n’est pas venu manger avec le roi.

30 Alors Saül se mettant en colère contre Jonathas, lui dit : Fils de femme prostituée, est-ce que j’ignore que tu aimes le fils d’Isaï à ta honte et à la honte de ta mère infâme ?

31 Car tant que le fils d’Isaï vivra sur la terre, tu ne seras jamais en sûreté, ni pour ta vie, ni pour le droit que tu as à la couronne. Envoie donc présentement le chercher, et amène-le-moi : car il faut qu’il meure.

32 Jonathas répondit à Saül, son père : Pourquoi mourra-t-il ? qu’a-t-il fait ?

33 Saül prit une lance pour l’en percer. Jonathas reconnut donc que son père était résolu de faire mourir David ;

34 et il se leva de table tout en colère, et ne mangea point ce second jour, parce qu’il était affligé de l’état de David, et de ce que son père l’avait outragé lui-même.

35 Le lendemain dès le point du jour Jonathas vint dans le champ, selon qu’il en était demeuré d’accord avec David, et il amena avec lui un petit garçon,

36 auquel il dit : Allez, et rapportez-moi les flèches que je tire. L’enfant ayant donc couru pour rapporter la première, Jonathas en tira une autre plus loin.

37 L’enfant étant donc venu au lieu où était la première flèche que Jonathas avait tirée, Jonathas cria derrière lui, et lui dit : Voilà la flèche qui est au delà de vous.

38 Il lui cria encore, et lui dit : Allez vite, hâtez-vous, ne demeurez point. L’enfant ayant ramassé les flèches de Jonathas, les rapporta à son maître,

39 sans rien comprendre à ce qui se faisait : car il n’y avait que Jonathas et David qui le sussent.

40 Jonathas ensuite donna ses armes à l’enfant, et lui dit : Allez, et reportez-les à la ville.

41 Quand l’enfant s’en fut allé, David sortit du lieu où il était, qui regardait le midi. Il fit par trois fois une profonde révérence à Jonathas en se baissant jusqu’en terre ; et s’étant salués en se baisant, ils pleurèrent tous deux, mais David encore plus.

42 Jonathas dit donc à David : Allez en paix ; que ce que nous avons juré tous deux au nom du Seigneur demeure ferme ; et que le Seigneur, comme nous avons dit, soit témoin entre vous et moi, et entre votre race et ma race pour jamais.

43 David en même temps se retira, et Jonathas rentra dans la ville.



APRÈS cela David alla à Nobé vers le grand prêtre Achimélech. Achimélech fut surpris de sa venue, et lui dit : D’où vient que vous venez seul, et qu’il n’y a personne avec vous ?

2 David répondit au grand prêtre Achimélech : Le roi m’a donné un ordre, et m’a dit : Que personne ne sache pourquoi je vous envoie, ni ce que je vous ai commandé. J’ai même donné rendez-vous à mes gens en tel et tel lieu.

3 Si donc vous avez quelque chose à manger, quand ce ne serait que cinq pains, ou quoi que ce soit, donnez-le-moi.

4 Le grand prêtre répondit à David : Je n’ai point ici de pain pour le peuple : je n’ai que du pain qui est saint, pourvu que vos gens soient purs, particulièrement à l’égard des femmes.

5 David répondit au grand prêtre, et lui dit : Pour ce qui regarde les femmes, depuis hier et avant-hier que nous sommes partis, nous ne nous en sommes point approchés, et nos vêtements aussi étaient purs. Il est vrai qu’il y est arrivé quelque impureté légale en chemin ; mais ils en seront aujourd’hui purifiés.

6 Le grand prêtre lui donna donc du pain sanctifié : car il n’y en avait point là d’autre que les pains exposés devant le Seigneur, qui avaient été ôtés de devant sa présence, pour y en mettre de chauds en la place.

7 Or un certain homme des officiers de Saül se trouva alors au dedans du tabernacle du Seigneur. C’était un Iduméen, nommé Doëg, et le plus puissant d’entre les bergers de Saül.

8 David dit encore à Achimélech : N’avez-vous point ici une lance, ou une épée ? Car je n’ai point apporté avec moi mon épée, ni mes armes, parce que l’ordre du roi pressait fort.

9 Le grand prêtre lui répondit : Voilà l’épée de Goliath le Philistin, que vous avez tué dans la vallée du Térébinthe. Elle est enveloppée dans un drap derrière l’éphod. Si vous la voulez, prenez-la ; parce qu’il n’y en a point d’autre ici. David lui dit : Il n’y en a point qui vaille celle-là, donnez-la-moi.

10 David partit donc alors ; et s’enfuyant de devant Saül, il se réfugia vers Achis, roi de Geth.

11 Les officiers d’Achis ayant vu David, dirent à Achis : N’est-ce pas là ce David qui est comme roi dans son pays ? N’est-ce pas pour lui qu’on a chanté dans les danses publiques : Saül en a tué mille, et David dix mille ?

12 David fut frappé de ces paroles jusqu’au cœur ; et il commença à craindre extrêmement Achis, roi de Geth.

13 C’est pourquoi il se contrefit le visage devant les Philistins, il se laissait tomber entre leurs mains, il se heurtait contre les poteaux de la porte, et sa salive découlait sur sa barbe.

14 Achis dit donc à ses officiers : Vous voyiez bien que cet homme était fou : pourquoi me l’avez-vous amené ?

15 Est-ce que nous n’avons pas assez de fous sans nous amener celui-ci, afin qu’il fît des folies en ma présence ? Doit-on laisser entrer un tel homme dans ma maison ?



DAVID sortit donc ainsi de Geth, et se retira dans la caverne d’Odollam. Ses frères et toute la maison de son père l’ayant appris, vinrent l’y trouver.

2 Et tous ceux qui avaient de méchantes affaires, et ceux qui étaient accablés de dettes ou mécontents, s’assemblèrent auprès de lui. Il devint leur chef, et il se trouva avec lui environ quatre cents hommes.

3 Il s’en alla de là à Maspha, qui est au pays de Moab ; et il dit au roi de Moab : Je vous prie de permettre que mon père et ma mère demeurent avec vous, jusqu’à ce que je sache ce que Dieu ordonnera de moi.

4 Il les laissa auprès du roi de Moab, et ils y demeurèrent tout le temps que David fut dans cette forteresse.

5 Ensuite le prophète Gad dit à David : Ne demeurez point dans ce fort ; sortez-en, et allez en la terre de Juda. David partit donc de ce lieu-là, et vint dans le bois de Haret.

6 Saül aussitôt fut averti que David avait paru avec les gens qui l’accompagnaient. Pendant que Saül demeurait à Gabaa, un jour qu’il était dans un bois près de Rama, ayant une lance à la main, et étant environné de tous ses officiers,

7 il dit à tous ceux qui étaient auprès de lui : Ecoutez-moi, enfants de Benjamin : Le fils d’Isaï vous donnera-t-il à tous des champs et des vignes, et vous fera-t-il tous tribuns et centeniers,

8 pour que vous ayez tous conjuré contre moi, sans qu’il y ait personne qui me donne aucun avis de ce que fait David ; jusque-là même que mon fils s’est lié d’une étroite amitié avec le fils d’Isaï ? Il n’y en a pas un d’entre vous qui soit touché de mon malheur, ni qui m’avertisse de ce qui se passe ; à cause que mon propre fils a soulevé contre moi l’un de mes serviteurs, qui ne cesse jusqu’aujourd’hui de me tendre des pièges pour me perdre.

9 Doëg, Iduméen, qui était alors présent, et le premier d’entre les officiers de Saül, lui repondit : J’ai vu le fils d’Isaï à Nobé, chez le grand prêtre Achimélech, fils d’Achitob,

10 qui a consulté le Seigneur pour lui, qui lui a donné des vivres, et l’épée même de Goliath le Philistin.

11 Le roi envoya donc quérir le grand prêtre Achimélech, fils d’Achitob, avec tous les prêtres de la maison de son père, qui étaient à Nobé ; et ils vinrent tous trouver le roi.

12 Saül dit alors à Achimélech : Ecoutez, fils d’Achitob. Achimélech lui répondit : Que vous plaît-il, seigneur ?

13 Saül ajouta : Pourquoi avez-vous conjuré contre moi, vous et le fils d’Isaï ? Pourquoi lui avez-vous donné des pains et une épée ? et pourquoi avez-vous consulté Dieu pour lui, afin qu’il s’élevât contre moi, lui qui ne cesse point jusqu’aujourd’hui de chercher des moyens pour me perdre ?

14 Achimélech répondit au roi : Y a-t-il ; quelqu’un entre tous vos serviteurs qui vous soit aussi fidèle que David, lui qui est le gendre du roi, qui marche pour exécuter vos ordres, et qui a tant d’autorité dans votre maison ?

15 Est-ce d’aujourd’hui que j’ai commencé à consulter le Seigneur pour lui ? J’étais bien éloigné de prétendre rien faire en cela contre votre service ; et je prie le roi de ne pas concevoir un soupçon si désavantageux ni de moi, ni de toute la maison de mon père : car pour ce qui est de ce que vous dites présentement contre David, votre serviteur n’en a su quoi que ce soit.

16 Le roi lui dit : Vous mourrez présentement, Achimélech, vous et toute la maison de votre père.

17 Et il dit ensuite aux gardes qui l’environnaient : Tournez vos armes contre les prêtres du Seigneur, et tuez-les : car ils sont d’intelligence avec David. Ils savaient bien qu’il s’enfuyait, et ils ne m’en ont point donné avis. Mais les officiers du roi ne voulurent point porter leurs mains sur les prêtres du Seigneur.

18 Alors le roi dit a Doëg : Vous, Doëg, allez et jetez-vous sur ces prêtres. Doeg, Iduméen, se tournant contre les prêtres, se jeta sur eux, et tua en ce jour-là quatre-vingt-cinq hommes qui portaient l’éphod de lin.

19 Il alla ensuite à Nobé, qui était la ville des prêtres, et il fit passer au fil de l’épée les hommes et les femmes, sans épargner les petits enfants, ni ceux mêmes qui étaient à la mamelle, ni les bœufs, ni les ânes, ni les brebis.

20 L’un des fils d’Achimélech, fils d’Achitoh, qui s’appelait Abiathar, s’étant échappé de ce carnage, s’enfuit vers David,

21 et vint lui dire que Saül avait tué les prêtres du Seigneur.

22 David répondit à Abiathar : Je savais bien que Doëg l’Iduméen s’étant trouvé là lorsque j’y étais, ne manquerait pas d’avertir Saül. Je suis cause de la mort de toute la maison de votre père.

23 Demeurez avec moi, et ne craignez rien. Il faudra entreprendre sur ma vie, pour entreprendre sur la vôtre ; et si je suis en sûreté, vous y serez aussi.



APRÈS cela on vint dire à David : Voilà les Philistins qui attaquent Céila, et qui pillent les granges.

2 Sur quoi David consulta le Seigneur, et lui dit : Marcherai-je contre les Philistins, et pourrai-je les défaire ? Le Seigneur répondit à David : Allez ; vous déferez les Philistins, et vous sauverez Céila.

3 Les gens qui étaient avec David, lui dirent alors : Vous voyez qu’étant ici en Judée, nous n’y sommes pas sans crainte : combien serons-nous plus en danger si nous allons à Céila attaquer les troupes des Philistins !

4 David consulta encore le Seigneur, qui lui répondit : Allez, marchez à Céila : car je vous livrerai les Philistins entre les mains.

5 David s’en alla donc avec ses gens à Céila ; il combattit contre les Philistins, en fit un grand carnage, emmena leurs troupeaux, et sauva les habitants de Céila.

6 Or, quand Abiathar, fils d’Achimélech, se réfugia vers David à Céila, il apporta avec lui l’éphod du grand prêtre.

7 Lorsque Saül eut appris que David était venu à Céila, il dit : Dieu me l’a livré entre les mains. Il est pris, puisqu’il est entré dans une ville ou il y a des portes et des serrures.

8 Il commanda donc à tout le peuple de marcher contre Céila, et d’y assiéger David et ses gens.

9 David fut averti que Saül se préparait secrètement à le perdre : et il dit au prêtre Abiathar : Prenez l’éphod.

10 Et David dit : Seigneur Dieu d’Israël ! votre serviteur a entendu dire que Saül se prépare à venir à Céila, pour détruire cette ville à cause de moi.

11 Les habitants de Céila me livreront-ils entre ses mains ? Et Saül y viendra-t-il comme votre serviteur l’a ouï dire ? Seigneur Dieu d’Israël ! faites-le connaître à votre serviteur. Le Seigneur répondit : Saül viendra.

12 David dit encore : Ceux de Céila me livreront-ils avec mes gens entre les mains de Saül ? Le Seigneur lui répondit : Ils vous livreront.

13 David s’en alla donc aussitôt avec ses gens, qui étaient environ six cents ; et étant partis de Céila, ils erraient çà et là, sans savoir où s’arrêter. Saül ayant appris que David s’était retiré de Céila, et s’était sauvé, il ne parla plus d’y aller.

14 Or David demeurait dans le désert, en des lieux très-forts ; et il se retira sur la montagne du désert de Ziph, qui était fort couverte d’arbres. Saül le cherchait sans cesse ; mais Dieu ne le livra point entre ses mains.

15 David sut que Saül s’était mis en campagne pour trouver moyen de le perdre : c’est pourquoi il demeura toujours au désert de Ziph dans la forêt.

16 Jonathas, fils de Saül, vint l’y trouver, et le fortifia en Dieu, en lui disant :

17 Ne craignez point : car Saül, mon père, quoi qu’il fasse, ne vous trouvera point. Vous serez roi d’Israël, et je serai le second après vous ; et mon père le sait bien lui-même.

18 Ils firent donc tous deux alliance devant le Seigneur. Et David demeura dans la forêt, et Jonathas retourna en sa maison.

19 Cependant ceux de Ziph vinrent trouver Saül à Gabaa, et lui dirent : Ne savez-vous pas que David est caché parmi nous, dans l’endroit le plus fort de la forêt, vers la colline d’Hachila, qui est à la droite du désert ?

20 Puis donc que vous désirez de le trouver, vous n’avez qu’à venir, et ce sera à nous à le livrer entre les mains du roi.

21 Saül leur répondit : Bénis soyez-vous du Seigneur, vous qui avez été touchés de mes maux.

22 Allez donc, je vous prie ; faites toute sorte de diligence ; cherchez avec tout le soin possible ; considérez bien où il peut être, ou qui peut l’avoir vu : car il se doute bien que je l’observe, et que je l’épie pour le surprendre.

23 Examinez et remarquez tous les lieux où il a accoutumé de se cacher : et lorsque vous vous serez bien assurés de tout, revenez me trouver, afin que j’aille avec vous. Quand il se serait caché au fond de la terre, j’irai l’y chercher avec tout ce qu’il y a d’hommes dans Juda.

24 Ceux de Ziph s’en retournèrent ensuite chez eux avant Saül. Or David et ses gens étaient alors dans le désert de Maon dans la plaine, à la droite de Jésimon.

25 Saül accompagné de tous ses gens alla donc l’y chercher. David en ayant eu avis, se retira aussitôt au rocher du désert de Maon, dans lequel il demeurait. Saül en fut averti, et il entra dans le désert de Maon pour l’y poursuivre.

26 Saül côtoyait la montagne d’un côté, et David avec ses gens la côtoyait de l’autre. David désespérait de pouvoir échapper des mains de Saül : car Saül et ses gens tenaient David, et ceux qui étaient avec lui, environnés comme dans un cercle pour les prendre.

27 Mais en même temps un courrier vint dire à Saül : Hâtez-vous de venir, car les Philistins sont entrés en grand nombre sur les terres d’Israël.

28 Saül cessa donc de poursuivre David, pour aller faire tête aux Philistins. C’est pourquoi l’on a appelé ce lieu-là, le Rocher de séparation.



DAVID étant sorti de ce lieu-là, demeura à Engaddi, dans des lieux tres-sûrs.

2 Et Saül étant revenu après avoir poursuivi les Philistins, on vint lui dire que David était dans le désert d’Engaddi.

3 Il prit donc avec lui trois mille hommes choisis de tout Israël, et il se mit en campagne, résolu d’aller chercher David et ses gens jusque sur les rochers les plus escarpés, où il n’y a que les chèvres sauvages qui puissent monter.

4 Et étant venu à des parcs de brebis qu’il rencontra dans son chemin, il se trouva là une caverne, où il entra pour une nécessité naturelle. Or David et ses gens s’étaient cachés dans le fond de la même caverne.

5 Les gens de David lui dirent : Voici le jour dont le Seigneur vous a dit : Je vous livrerai votre ennemi, afin que vous le traitiez comme il vous plaira. David s’étant donc avancé, coupa tout doucement le bord de la casaque de Saül.

6 Et aussitôt il se repentit en lui-même, de ce qu’il lui avait coupé le bord de son vêtement.

7 Et il dit à ses gens : Dieu me garde de commettre cet excès à l’égard de celui qui est mon maître et l’oint du Seigneur, que de mettre la main sur lui, puisqu’il est le christ et l’oint du Seigneur !

8 David par ses paroles arrêta la violence de ses gens, et les empêcha de se jeter sur Saül. Saül étant sorti de la caverne continua son chemin.

9 David le suivit ; et étant sorti de la caverne il cria après lui, et lui dit : Mon seigneur et mon roi. Saül regarda derrière lui ; et David lui fit une profonde révérence en se baissant jusqu’en terre,

10 et lui dit : Pourquoi écoutez-vous les paroles de ceux qui vous disent : David ne cherche qu’une occasion de vous perdre ?

11 Vous voyez aujourd’hui de vos yeux que le Seigneur vous a livré entre mes mains dans la caverne. On a voulu me porter à vous ôter la vie, mais je n’ai point voulu le faire. Car j’ai dit : Je ne porterai point la main sur mon maître, parce que c’est le christ et l’oint du Seigneur.

12 Voyez vous-même, mon père, et reconnaissez si ce n’est pas là le bord de votre casaque que je tiens dans ma main, et qu’en coupant l’extrémité de votre vêtement, je n’ai point voulu porter la main sur vous. Après cela considérez, et voyez vous-même que je ne suis coupable d’aucun mal ni d’aucune injustice, et que je n’ai point péché contre vous. Et cependant vous cherchez tous les moyens de m’ôter la vie.

13 Que le Seigneur soit le juge entre vous et moi. Que le Seigneur me venge lui-même de vous ; mais pour moi je ne porterai jamais la main sur vous.

14 C’est aux impies à faire des actions impies, selon l’ancien proverbe. Ainsi il ne m’arrivera jamais de porter la main sur vous.

15 Qui poursuivez-vous, ô roi d’Israël ? qui poursuivez-vous ? Vous poursuivez un chien mort et une puce.

16 Que le Seigneur en soit le juge, et qu’il juge lui-même entre vous et moi ; qu’il considère ce qui se passe, qu’il prenne la défense de ma cause, et me délivre de vos mains.

17 Après que David eut parlé de cette sorte à Saül, Saül lui dit : N’est-ce pas là votre voix que j’entends, ô mon fils David ? En même temps il jeta un grand soupir, et versa des larmes ;

18 et il ajouta : Vous êtes plus juste que moi : car vous ne m’avez fait que du bien, et je ne vous ai rendu que du mal.

19 Et vous m’avez fait connaître aujourd’hui la bonté de votre cœur à mon égard, lorsque le Seigneur m’ayant livré entre vos mains, vous m’avez conservé la vie.

20 Car qui est celui qui ayant trouvé son ennemi à son avantage, le laisse aller sans lui faire aucun mal ? Que le Seigneur récompense lui-même cette bonté que vous m’avez témoignée aujourd’hui.

21 Et comme je sais que vous régnerez très-certainement, et que vous posséderez le royaume d’Israël,

22 jurez-moi par le Seigneur, que vous ne détruirez point ma race après moi, et que vous n’exterminerez point mon nom de la maison de mon père.

23 David le jura à Saül. Ainsi Saül retourna en sa maison ; et David et ses gens se retirèrent en des lieux plus sûrs.



EN ce temps-là Samuel mourut. Tout Israël s’étant assemblé le pleura ; et il fut enterré en sa maison de Ramatha. Alors David se retira dans le désert de Pharan.

2 Or il y avait dans le désert de Maon un homme qui avait son bien sur le Carmel. Cet homme était extrêmement riche : il avait trois mille brebis et mille chèvres. Il arriva qu’il fit tondre alors ses brebis sur le Carmel.

3 Il s’appelait Nabal, et sa femme Abigaïl. Cette femme était très-prudente et fort belle ; mais pour son mari, c’était un homme dur, brutal et très-méchant. Il était de la race de Caleb.

4 David ayant donc appris dans le désert, que Nabal faisait tondre ses brebis,

5 lui envoya dix jeunes hommes, auxquels il dit : Allez-vous-en sur le Carmel trouver Nabal : saluez-le de ma part civilement,

6 et dites-lui : Que la paix soit à mes frères et à vous ! que la paix soit en votre maison ! que la paix soit sur tout ce que vous possédez !

7 J’ai su que vos pasteurs qui étaient avec nous dans le désert, tondent vos brebis : nous ne leur avons jamais fait aucune peine ; et ils n’ont rien perdu de leur troupeau pendant tout le temps qu’ils ont été avec nous sur le Carmel.

8 Demandez-le à vos gens, et ils vous le diront. Maintenant donc, que vos serviteurs trouvent grâce devant vos yeux : car nous venons à vous dans un jour de joie. Donnez à vos serviteurs et à David, votre fils, tout ce qu’il vous plaira.

9 Les gens de David étant venus trouver Nabal, lui dirent toutes ces mêmes paroles de la part de David, et attendirent sa réponse.

10 Mais Nabal leur répondit : Qui est David, et qui est le fils d’Isaï ? On ne voit autre chose aujourd’hui que des serviteurs qui fuient leurs maîtres.

11 Quoi donc ! j’irai prendre mon pain et mon eau, et la chair des bêtes que j’ai fait tuer pour ceux qui tondent mes brebis, et je les donnerai à des gens que je ne connais point !

12 Les gens de David étant retournés sur leurs pas, vinrent le retrouver, et lui rapportèrent tout ce que Nabal leur avait dit.

13 Alors David dit à ses gens : Que chacun prenne son épée. Tous prirent leurs épées ; et David prit aussi la sienne, et marcha suivi d’environ quatre cents hommes, et deux cents demeurèrent pour garder le bagage.

14 Alors un des serviteurs de Nabal dit à Abigaïl, sa femme : David vient d’envoyer du désert quelques-uns de ses gens pour faire compliment à notre maître ; et il les a rebutés avec rudesse.

15 Ces gens-là nous ont été très-utiles, et ils ne nous ont fait aucune peine. Tant que nous avons été avec eux dans le désert, il ne s’est rien perdu de ce qui était à vous.

16 Ils nous servaient comme de muraille tant de nuit que de jour, pendant le temps que nous avons été au milieu d’eux avec nos troupeaux.

17 C’est pourquoi voyez, et pensez à ce que vous avez à faire : car quelque grand malheur est près de tomber sur votre mari et sur votre maison, parce que cet homme-là est un fils de Bélial, et personne ne saurait plus lui parler.

18 En même temps Abigaïl prit en grande hâte deux cents pains, deux vaisseaux pleins de vin, cinq moutons tout cuits, cinq boisseaux de farine d’orge, cent paquets de raisins secs, et deux cents cabas de figues sèches. Elle mit tout cela sur des ânes,

19 et elle dit à ses gens : Allez devant moi, je vais vous suivre. Et elle ne dit rien de tout cela à Nabal, son mari.

20 Etant donc montée sur un âne, comme elle descendait au pied de la montagne, elle rencontra David et ses gens, qui venaient dans le même chemin.

21 David disait alors ; C’est bien en vain que j’ai conservé dans le désert tout ce qui était à cet homme, sans qu’il s’en soit rien perdu, puisqu’après cela il me rend le mal pour le bien.

22 Que Dieu traite les ennemis de David dans toute sa sévérité, comme il est vrai que je ne laisserai en vie demain au matin de tout ce qui appartient à Nabal, ni homme, ni bête.

23 Or Abigaïl n’eut pas plutôt aperçu David, qu’elle descendit de dessus son âne ; elle lui fit une profonde révérence, en se prosternant le visage contre terre,

24 et se jetant à ses pieds, elle lui dit : Que cette iniquité, mon seigneur, tombe sur moi. Permettez seulement, je vous prie, à votre servante de vous parler, et ne refusez pas d’entendre les paroles de votre servante.

25 Que le cœur de mon seigneur et de mon roi ne soit point sensible à l’injustice de Nabal : parce qu’il est insensé ; et son nom même marque sa folie. Car pour moi, mon seigneur, je n’ai point vu les gens que vous avez envoyés.

26 Maintenant donc, mon seigneur, comme Dieu est vivant, et comme votre âme est vivante, il est vrai aussi que le Seigneur vous a empêché de venir répandre le sang, et qu’il a conservé vos mains innocentes. Que vos ennemis qui cherchent les moyens de vous nuire, deviennent semblables à Nabal.

27 Mais recevez, je vous prie, ce présent que votre servante vous apporte a vous, mon seigneur, et faites-en part aux gens qui vous suivent.

28 Remettez l’iniquité de votre servante : car le Seigneur très-certainement établira votre maison, parce que vous combattez pour lui. Qu’il ne se trouve donc en vous, mon seigneur, aucun mal pendant tous les jours de votre vie.

29 S’il s’élève un jour quelqu’un qui vous persécute, mon seigneur, et qui cherche à vous ôter la vie, votre âme précieuse au Seigneur, votre Dieu, sera du nombre de celles des vivants qu’il tient comme en sa garde ; mais l’âme de vos ennemis sera agitée et jetée bien loin, comme une pierre lancée d’une fronde avec grand effort.

30 Lors donc que le Seigneur vous aura fait tous les grands biens qu’il a prédits de vous, et qu’il vous aura établi chef sur Israël,

31 le cœur de mon seigneur n’aura point ce scrupule ni ce remords, d’avoir répandu le sang innocent, et de s’être vengé lui-même. Et quand Dieu vous aura comblé de biens, vous vous souviendrez, mon seigneur, de votre servante.

32 David répondit à Abigaïl : Que le Seigneur, le Dieu d’Israël, soit béni de vous avoir envoyée aujourd’hui au-devant de moi ! Que votre parole soit bénie,

33 et soyez bénie vous-même, de ce que vous m’avez empêché de répandre le sang, et de me venger de ma propre main !

34 Car à moins de cela, je jure parle Seigneur, le Dieu d’Israël, qui m’a empêché de vous faire du mal, que si vous ne fussiez venue promptement au-devant de moi, il ne serait resté en vie demain au matin dans la maison de Nabal, ni homme, ni bête.

35 David reçut donc de sa main tout ce qu’elle avait apporté, et lui dit : Allez en paix en votre maison : j’ai fait ce que vous m’avez demandé, et j’ai eu de la considération pour votre personne.

36 Abigaïl ensuite vint à Nabal ; et elle trouva qu’il faisait dans sa maison un festin de roi. Son cœur nageait dans la joie ; car il avait tant bu qu’il était tout ivre. Abigaïl ne lui parla de rien jusqu’au matin.

37 Mais le lendemain, lorsqu’il eut un peu dissipé les vapeurs du vin, sa femme lui rapporta tout ce qui s’était passé ; et son cœur fut comme frappé de mort en lui-même, et demeura insensible comme une pierre.

38 Dix jours s’étant passés, le Seigneur frappa Nabal, et il mourut.

39 David ayant appris la mort de Nabal, dit : Béni soit le Seigneur qui m’a vengé de la manière outrageuse dont Nabal m’avait traité, qui a préservé son serviteur du mal qu’il était près de faire, et qui a fait que l’iniquité de Nabal est retombée sur sa tête. David envoya donc vers Abigaïl, et lui fit parler pour la demander en mariage.

40 Les gens de David vinrent la trouver sur le Carmel, et lui dirent : David nous a envoyés vers vous, pour vous témoigner qu’il souhaite de vous épouser.

41 Abigaïl aussitôt se prosterna jusqu’en terre, et dit : Votre servante serait trop heureuse d’être employée à laver les pieds des serviteurs de mon seigneur.

42 Abigaïl ensuite se levant promptement, monta sur un âne, et cinq filles qui la servaient allèrent avec elle. Elle suivit les gens de David, et elle l’épousa.

43 David épousa aussi Achinoam, qui était de Jezrahel ; et l’une et l’autre fut sa femme.

44 Mais Saül de son côté donna Michol, sa fille, femme de David, à Phalti, fils de Laïs, qui était de Gallim.



CEPENDANT ceux de Ziph vinrent trouver Saül à Gabaa, et lui dirent : David est caché dans la colline d’Hachila, qui est vis-à-vis du désert.

2 Saül aussitôt prit avec lui trois mille hommes choisis de tout Israël, et alla chercher David dans le désert de Ziph.

3 Il campa sur la colline d’Hachila, qui est vis-à-vis du désert sur le chemin. David demeurait alors dans ce désert. Comme on lui dit que Saül venait l’y chercher,

4 il envoya des gens pour le reconnaître, et il apprit qu’il était venu très-certainement.

5 Il partit donc sans bruit, et s’en vint au lieu où était Saül ; il remarqua l’endroit où était la tente de Saül, et d’Abner, fils de Ner, général de son armée. Et voyant que Saül dormait dans sa tente, et tous ses gens autour de lui,

6 il dit à Achimélech, Héthéen,et à Abisaï, fils de Sarvia, frère de Joab : Qui veut venir avec moi dans le camp de Saül ? Abisaï lui dit : J’irai avec vous.

7 David et Abisaï allèrent donc la nuit parmi les gens de Saül, et ils trouvèrent Saül couché et dormant dans sa tente : sa lance était à son chevet fichée en terre, et Abner avec tous ses gens dormaient autour de lui.

8 Alors Abisaï dit à David : Dieu vous livre aujourd’hui votre ennemi entre les mains : je vais donc avec ma lance le percer jusqu’en terre d’un seul coup, et il n’en faudra pas un second.

9 David répondit à Abisaï : Ne le tuez point : car qui étendra la main sur l’oint du Seigneur, et sera innocent ?

10 Et il ajouta : Vive le Seigneur, à moins que le Seigneur ne frappe lui-même Saül, ou que le jour de sa mort n’arrive, ou qu’il ne soit tué dans une bataille, il ne mourra point !

11 Dieu me garde de porter la main sur l’oint du Seigneur ! Prenez seulement sa lance qui est à son chevet, et sa coupe ; et allons-nous-en.

12 David prit donc la lance et la coupe qui était au chevet de Saül, et ils s’en allèrent. Il n’y eut personne qui les vît, ni qui sût ce qui se passait, ou qui s’éveillât ; mais tous dormaient, parce que le Seigneur les avait assoupis d’un profond sommeil.

13 David étant passé de l’autre côté, s’arrêta sur le haut d’une montagne qui était fort loin, y ayant un grand intervalle entre lui et le camp.

14 Il appela de là à haute voix les gens de Saül, et Abner, fils de Ner, et lui cria : Abner, ne répondrez-vous donc point ? Abner répondit : Qui êtes-vous qui criez de la sorte, et qui troublez le repos du roi ?

15 David dit à Abner : N’êtes-vous pas un homme de cœur ? et y a-t-il quelqu’un dans Israël qui vous soit égal ? Pourquoi donc n’avez-vous pas gardé le roi, votre seigneur ? Car il est venu quelqu’un d’entre le peuple pour tuer le roi, votre seigneur.

16 Ce n’est pas là bien faire votre devoir. Je jure par le Seigneur, que vous méritez tous la mort, pour avoir si mal gardé votre maître, qui est l’oint du Seigneur. Voyez donc maintenant où est la lance du roi, et la coupe qui était à son chevet.

17 Saül reconnut la voix de David, et lui dit : N’est-ce pas là votre voix que j’entends, mon fils David ? David lui dit : C’est ma voix, mon seigneur et mon roi.

18 Et il ajouta : Pourquoi mon seigneur persécute-t-il son serviteur ? Qu’ai-je fait ? De quel mal ma main est-elle souillée ?

19 Souffrez donc, mon seigneur et mon roi, que votre serviteur vous dise cette parole : Si c’est le Seigneur qui vous pousse contre moi, qu’il reçoive l’odeur du sacrifice que je lui offre ; mais si ce sont les hommes, ils sont maudits devant le Seigneur, de me chasser ainsi aujourd’hui, afin que je n’habite point dans l’héritage du Seigneur, en me disant : Allez, servez les dieux étrangers.

20 Que mon sang ne soit donc point répandu sur la terre à la vue du Seigneur. Et fallait-il que le roi d’Israël se mît en campagne pour courir après une puce, comme on court par les montagnes après une perdrix ?

21 Saül lui répondit : J’ai péché ; revenez, mon fils David, je ne vous ferai plus de mal à l’avenir, puisque ma vie a été aujourd’hui précieuse devant vos yeux. Car il paraît que j’ai agi comme un insensé, et que j’ai été mal informé de beaucoup de choses.

22 David dit ensuite : Voici la lance du roi ; que l’un de ses gens passe ici, et qu’il l’emporte.

23 Au reste le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et selon sa fidélité : car le Seigneur vous a livré aujourd’hui entre mes mains, et je n’ai point voulu porter la main sur l’oint du Seigneur.

24 Comme donc votre âme a été aujourd’hui précieuse devant mes yeux, qu’ainsi mon âme soit précieuse devant les yeux du Seigneur, et qu’il me délivre de tous les maux.

25 Saül répondit à David : Béni soyez-vous, mon fils David ; vous réussirez certainement dans vos entreprises, et votre puissance sera grande. David ensuite s’en alla, et Saül s’en retourna chez lui.



APRÈS cela David dit en lui-même : Je tomberai l’un de ces jours entre les mains de Saül. Ne vaut-il pas mieux que je m’enfuie, et que je me sauve au pays des Philistins ; afin que Saül désespère de me trouver, et qu’il cesse de me chercher, comme il fait, dans toutes les terres d’Israël ? Je me retirerai donc d’entre ses mains.

2 Ainsi David partit, et s’en alla avec ses six cents hommes chez Achis, fils de Maoch, roi de Geth.

3 Il y demeura avec ses gens, dont chacun avait sa famille ; et il y amena ses deux femmes, Achinoam de Jezrahel, et Abigaïl, qui avait été femme de Nabal du Carmel.

4 Saül fut averti aussitôt, que David s’était retiré à Geth, et il ne se mit plus en peine d’aller le chercher.

5 Or David dit à Achis : Si j’ai trouvé grâce devant vos yeux, donnez-moi un lieu dans une des villes de ce pays où je puisse demeurer : car pourquoi votre serviteur demeurera-t-il avec vous dans la ville royale ?

6 Achis lui donna donc alors Siceleg pour sa demeure ; et c’est en cette manière que Siceleg est venue aux rois de Juda, qui la possèdent encore aujourd’hui.

7 David demeura dans les terres des Philistins pendant quatre mois.

8 Il faisait des courses avec ses gens, et pillait Gessuri, Gerzi et les Amalécites : car ces bourgs étaient autrefois habités vers le chemin de Sur, jusqu’au pays d’Egypte.

9 Et il tuait tout ce qu’il rencontrait dans le pays, sans laisser en vie ni homme ni femme ; et après qu’il avait enlevé les brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux et les habits, il revenait trouver Achis.

10 Et lorsque Achis lui disait : Où avez-vous couru aujourd’hui ? David lui répondait : Vers la partie méridionale de Juda, vers le midi de Jéraméel, et le midi de Céni.

11 David ne laissait en vie ni homme ni femme, et il n’en amenait pas un à Geth : de peur, disait-il, que ces gens-là ne parlent contre nous. C’est ainsi que David se conduisait, et c’est ce qu’il avait accoutumé de faire pendant tout le temps qu’il demeura parmi les Philistins.

12 Achis se fiait donc tout à fait à David, et il disait en lui-même : Il a fait de grands maux à Israël, son peuple : c’est pourquoi il demeurera toujours attaché à mon service.



EN ce temps-là les Philistins assemblèrent leurs troupes, et se préparèrent à combattre contre Israël. Alors Achis dit à David : Assurez-vous que je vous mènerai avec moi à la guerre, vous et vos gens.

2 David lui répondit : Vous verrez maintenant ce que votre serviteur fera. Et moi, lui dit Achis, je vous confierai toujours la garde de ma personne.

3 Or Samuel était mort ; tout Israël l’avait pleuré, et il avait été enterré dans la ville de Ramatha, lieu de sa naissance. Et Saül avait chassé les magiciens et les devins de son royaume.

4 Les Philistins s’étant donc assemblés, vinrent camper à Sunam. Saül de son côté assembla toutes les troupes d’Israël, et vint à Gelboé.

5 Et ayant vu l’armée des Philistins, il fut frappé d’étonnement, et la crainte le saisit jusqu’au fond du cœur.

6 Il consulta le Seigneur ; mais le Seigneur ne lui répondit ni en songes, ni par les prêtres, ni par les prophètes.

7 Alors Saul dit à ses officiers : Cherchez-moi une femme qui ait un esprit de Python, afin que j’aille la trouver, et que par son moyen je puisse le consulter. Ses serviteurs lui dirent : Il y a à Endor une femme qui a un esprit de Python.

8 Saül se déguisa donc, prit d’autres habits, et s’en alla accompagné de deux hommes seulement. Il vint la nuit chez cette femme, et lui dit : Découvrez-moi l’avenir par l’esprit de Python qui est en vous, et faites-moi venir celui que je vous dirai.

9 Cette femme lui répondit : Vous savez tout ce qu’a fait Saül, et de quelle manière il a exterminé les magiciens et les devins de toutes ses terres : pourquoi donc me tendez-vous un piége pour me faire perdre la vie ?

10 Saül lui jura par le Seigneur, et lui dit : Vive le Seigneur, il ne vous arrivera de ceci aucun mal !

11 La femme lui dit : Qui voulez-vous que je vous fasse venir ? Il lui répondit : Faites-moi venir Samuel.

12 La femme ayant vu paraître Samuel, jeta un grand cri, et dit à Saül : Pourquoi m’avez-vous trompée ? car vous êtes Saül.

13 Le roi lui dit : Ne craignez point : qu’avez-vous vu ? J’ai vu, lui dit-elle, un dieu qui sortait de la terre.

14 Saül lui dit : Comment est-il fait ? C’est, dit-elle, un vieillard couvert d’un manteau. Saül reconnut que c’était Samuel, et il lui fit une profonde révérence en se baissant jusqu’en terre.

15 Samuel dit à Saül : Pourquoi avez-vous troublé mon repos, en me faisant venir ici ? Saül lui répondit : Je suis dans une étrange extrémité : car les Philistins me font la guerre, et Dieu s’est retiré de moi. Il ne m’a voulu répondre, ni par les prophètes, ni en songes : c’est pourquoi je vous ai fait évoquer, afin que vous m’appreniez ce que je dois faire.

16 Samuel lui dit : Pourquoi vous adressez-vous a moi, puisque le Seigneur vous a abandonné, et qu’il est passé à votre rival ?

17 Car le Seigneur vous traitera comme je vous l’ai dit de sa part : il déchirera votre royaume, et l’arrachera d’entre vos mains, pour le donner à David, votre gendre ;

18 parce que vous n’avez point obéi à la voix du Seigneur, et que vous n’avez point exécuté l’arrêt de sa colère contre les Amalécites : c’est pour cela que le Seigneur vous envoie aujourd’hui ce que vous souffrez.

19 Le Seigneur livrera aussi Israël avec vous entre les mains des Philistins : demain vous serez avec moi, vous et vos fils ; et le Seigneur abandonnera aux Philistins le camp même d’Israël.

20 Saül tomba aussitôt, et demeura étendu sur la terre : car les paroles de Samuel l’avaient épouvanté, et les forces lui manquèrent, parce qu’il n’avait point mangé de tout ce jour-là.

21 La magicienne vint trouver Saül dans ce grand trouble où il était, et elle lui dit : Vous voyez que votre servante vous a obéi ; que j’ai exposé ma vie pour vous, et que je me suis rendue à ce que vous avez désiré de moi.

22 Ecoutez donc aussi maintenant votre servante, et souffrez que je vous serve un peu de pain, afin qu’ayant mangé vous repreniez vos forces, et que vous puissiez vous mettre en chemin.

23 Saül le refusa, et lui dit : Je ne mangerai point. Mais ses serviteurs et cette femme le contraignirent de manger ; et s’étant enfin rendu à leurs prières, il se leva de terre, et s’assit sur le lit.

24 Or cette femme avait dans sa maison un veau gras, qu’elle alla tuer aussitôt : elle prit de la farine, la pétrit, et en fit des pains sans levain,

25 qu’elle servit devant Saül et ses serviteurs. Après donc qu’ils eurent mangé, ils s’en allèrent, et marchèrent toute la nuit.



CEPENDANT toutes les troupes des Philistins s’étant assemblées à Aphec, Israël vint aussi camper à la fontaine de Jezrahel.

2 Les princes des Philistins marchaient à la tête de leurs troupes distribuées par cent et par mille. Et David accompagné de ses gens était à l’arrière-garde avec Achis.

3 Alors les princes des Philistins dirent à Achis : Que font là ces Hébreux ? Achis répondit aux princes des Philistins : Est-ce que vous ne connaissez pas David, qui a servi Saül, roi d’Israël ? Il y a plus d’un an qu’il est avec moi ; et je n’ai rien trouvé à redire en lui, depuis le jour qu’il s’est réfugié auprès de moi, jusqu’aujourd’hui.

4 Mais les princes des Philistins se mirent en colère contre lui, et lui dirent : Que cet homme-là s’en retourne, qu’il demeure au lieu où vous l’avez mis ; et qu’il ne se trouve point avec nous à la bataille, de peur qu’il ne se tourne contre nous quand nous aurons commencé à combattre. Car comment pourra-t-il autrement apaiser son maître, que par notre sang ?

5 N’est-ce pas là ce David, à qui ceux qui dansaient disaient dans leurs chants de réjouissance : Saül en a tué mille, et David dix mille ?

6 Achis appela donc David, et lui dit : Je vous jure par le Seigneur, que pour moi je ne trouve en vous que sincérité et fidélité ; j’approuve la manière dont vous vous êtes conduit dans mon camp, et je n’ai trouvé en vous aucun sujet de plainte, ; depuis le temps où vous êtes venu auprès de moi, jusqu’aujourd’hui : mais vous n’agréez pas aux princes.

7 Retournez-vous-en donc, et allez en paix ; afin que vous ne blessiez point les yeux des princes des Philistins.

8 David dit à Achis : Qu’ai-je donc fait, et qu’avez-vous trouvé dans votre serviteur, depuis le temps où j’ai paru devant vous jusqu’à ce jour, pour ne me permettre pas d’aller avec vous, et de combattre contre les ennemis de mon seigneur et de mon roi ?

9 Achis répondit à David : Pour moi je sais que vous êtes un homme de bien, et je vous regarde comme un ange de Dieu ; mais les princes des Philistins ont résolu absolument que vous ne vous trouveriez point avec eux dans le combat.

10 C’est pourquoi tenez-vous prêt dès le matin, vous et les serviteurs de votre maître qui sont venus avec vous : levez-vous avant le jour, et dès qu’il commencera à paraître, allez-vous-en.

11 Ainsi David se leva avec ses gens pendant la nuit, pour partir dès le matin, et pour retourner au pays des Philistins ; et les Philistins marchèrent à Jezrahel.



TROIS jours après, David étant arrivé avec ses gens à Siceleg, trouva que les Amalécites ayant fait des courses du côté du midi, étaient venus à Siceleg, l’avaient prise, et y avaient mis le feu.

2 Ils en avaient emmené les femmes captives, et tous ceux qu’ils y avaient trouvés, depuis le plus petit jusqu’au plus grand. Ils n’avaient tué personne ; mais ils emmenaient tout avec eux, et s’en retournaient.

3 David et ses gens étant donc arrivés à Siceleg, et ayant trouvé la ville brûlée, et leurs femmes, leurs fils, et leurs filles emmenées captives,

4 ils commencèrent tous à crier et à pleurer jusqu’à ce que leurs larmes fussent épuisées.

5 Les deux femmes de David, Achinoam de Jezrahel, et Abigaïl, veuve de Nabal du Carmel, avaient aussi été emmenées captives.

6 David fut saisi d’une extrême affliction : car le peuple voulait le lapider, tous étant dans une douleur amère pour avoir perdu leurs fils et leurs filles. Mais il mit sa force et sa confiance dans le Seigneur, son Dieu.

7 Et il dit au grand prêtre Abiathar, fils d’Achimélech : Prenez pour moi l’éphod. Et Abiathar se revêtit de l’éphod pour David.

8 Et David consulta le Seigneur, en lui disant : Poursuivrai-je ces brigands, et les prendrai-je, ou ne les prendrai-je pas ? Le Seigneur lui répondit : Poursuivez-les : car indubitablement vous les prendrez, et vous retirerez de leurs mains tout ce qu’ils ont pris.

9 David marcha aussitôt avec les six cents hommes qui l’accompagnaient, et ils vinrent jusqu’au torrent de Bésor, où quelques-uns d’entre eux s’arrêtèrent, étant fatigués.

10 Et David poursuivit les Amalécites avec quatre cents hommes de ses gens : car deux cents s’étaient arrêtés, n’ayant pu passer le torrent de Résor, parce qu’ils étaient las.

11 Ils trouvèrent en chemin un Egyptien qu’ils amenèrent à David, et à qui ils donnèrent du pain à manger, et de l’eau à boire,

12 avec une partie d’un cabas de figues, et deux paquets de raisins secs. L’Egyptien ayant mangé, reprit ses esprits et revint à lui : car il y avait déjà trois jours et trois nuits qu’il n’avait ni mangé de pain, ni bu d’eau.

13 David lui dit : A qui es-tu ? d’où viens-tu ? et où vas-tu ? Il lui répondit : Je suis un esclave égyptien, qui sers un Amalécite. Mon maître m’a laissé là, parce que je tombai malade avant-hier.

14 Car nous avons fait une irruption vers la partie méridionale des Céréthiens, vers Juda et vers le midi de Caleb, et nous avons brûlé Siceleg.

15 David lui dit : Pourras-tu me mener à ces gens-là ? L’Egyptien lui répondit : Jurez-moi par le nom de Dieu, que vous ne me tuerez point, et que vous ne me livrerez point entre les mains de mon maître, et je vous mènerai où ils sont. David le lui jura.

16 L’Egyptien l’ayant donc conduit, ils trouvèrent les Amalécites qui étaient couchés sur la terre par toute la campagne, mangeant et buvant, et faisant une espèce de fête, pour tout le butin et les dépouilles qu’ils avaient prises sur les terres des Philistins et de Juda.

17 David les chargea, et les tailla en pièces depuis ce soir-là jusqu’au soir du lendemain, et il ne s’en échappa aucun, hors quatre cents jeunes hommes qui montèrent sur des chameaux, et s’enfuirent.

18 David recouvra donc tout ce que les Amalécites avaient pris, et il délivra de leurs mains ses deux femmes.

19 Il ne se trouva rien de perdu depuis le plus petit jusqu’au plus grand, tant des garçons que des filles, ni de toutes les dépouilles ; et David ramena généralement tout ce qu’ils avaient pris.

20 Il reprit tous les troupeaux de moutons et de bœufs, et les fit marcher devant lui. Sur quoi ses gens disaient : Voilà le butin de David.

21 David vint joindre ensuite les deux cents hommes qui étant las s’étaient arrêtés et n’avaient pu le suivre, et à qui il avait commandé de demeurer sur le bord du torrent de Bésor. Ils vinrent au-devant de lui et de ceux qui l’accompagnaient. David s’approchant d’eux leur fit bon visage.

22 Mais tout ce qu’il y avait de gens méchants et corrompus qui avaient suivi David, commencèrent à dire : Puisqu’ils ne sont point venus avec nous, nous ne leur donnerons rien du butin que nous avons pris. Que chacun se contente qu’on lui rende sa femme et ses enfants ; et après cela qu’il s’en aille.

23 Mais David leur dit : Ce n’est pas ainsi, mes frères, que vous devez disposer de ce que le Seigneur nous a mis entre les mains : Puisque c’est lui qui nous a conservés, et qui nous a livré ces brigands qui étaient venus nous piller.

24 Personne n’écoutera cette proposition que vous faites. Car celui qui aura combattu et celui qui sera demeuré au bagage, auront la même part au butin, et ils partageront également.

25 C’est ce qui s’est pratiqué depuis ce temps-là, et il s’en est fait ensuite une règle stable dans Israël, et comme une loi qui dure encore aujourd’hui.

26 David étant arrive à Siceleg, envoya du butin qu’il avait pris, aux anciens de Juda qui étaient ses proches, en leur faisant dire : Recevez cette bénédiction des dépouilles des ennemis du Seigneur.

27 Il en envoya à ceux qui étaient à Béthel, à ceux de Ramoth vers le midi, à ceux de Jéther,

28 à ceux d’Aroër, de Séphamoth, d’Esthamo,

29 et de Rachal, à ceux qui étaient dans les villes de Jéraméel, et dans les villes de Céni,

30 à ceux d’Arama, à ceux du lac d’Asan, à ceux d’Athach,

31 à ceux d’Hébron, et à tous les autres qui étaient dans les lieux où David avait demeuré avec ses gens.



CEPENDANT la bataille se donna entre les Philistins et les Israélites. Les Israélites furent mis en fuite devant les Philistins, et il en fut tué un grand nombre sur la montagne de Gelboé.

2 Les Philistins vinrent fondre sur Saül et sur ses enfants ; ils tuèrent Jonathas, Abinadab, et Melchisua, fils de Saül,

3 et tout l’effort du combat tomba sur Saül. Les archers le joignirent, et le blessèrent dangereusement.

4 Alors Saül dit à son écuyer : Tirez votre épée et tuez-moi, de peur que ces incirconcis ne m’insultent encore en m’ôtant la vie. Mais son écuyer, tout épouvanté de ces paroles, ne voulut point le faire. Saül prit donc son épée, et se jeta dessus.

5 Et son écuyer voyant qu’il était mort, se jeta lui-même sur son épée, et mourut auprès de lui.

6 Ainsi Saül mourut en ce jour-là, et avec lui trois de ses fils, son écuyer, et tous ceux qui se trouvèrent auprès de sa personne.

7 Or les Israélites qui étaient au delà de la vallée de Jezrahel, et au deçà du Jourdain, ayant appris la défaite de l’année d’Israël, et la mort de Saül et de ses enfants, abandonnèrent leurs villes et s’enfuirent ; et les Philistins y vinrent, et s’y établirent.

8 Le lendemain les Philistins vinrent dépouiller ceux qui avaient été tués à la bataille, et ils trouvèrent Saül avec ses trois fils, étendus morts sur la montagne de Gelboé.

9 Ils coupèrent la tête de Saül, et lui ôtèrent ses armes ; et ils envoyèrent des courriers par tout le pays des Philistins, pour publier cette nouvelle dans le temple de leurs idoles, et la répandre parmi tous les peuples.

10 Ils mirent les armes de Saûl dans le temple d’Astaroth, et ils pendirent son corps sur la muraille de Bethsan.

11 Les habitants de Jabès de Galaad ayant appris le traitement que les Philistins avaient fait à Saül,

12 tous les plus vaillants d’entre eux sortirent, marchèrent toute la nuit, et ayant enlevé les corps de Saül et de ses enfants qui étaient sur la muraille de Bethsan, ils revinrent à Jabès de Galaad, où ils les brûlèrent.

13 Ils prirent leurs os, les ensevelirent dans le bois de Jabès, et jeûnèrent pendant sept jours.


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