Chansons populaires du Canada, 1880/p142

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Texte établi par Robert Morgan,  (p. 142-144).


le p’tit bois d’l’ail


Le beau chanteux qui a fait la chanson du P’ tit bois d’ l’ ail a évidemment voulu la mener sur l’air de J’ai fait une maîtresse, mais il lui aura été plus facile de changer un peu la forme de la strophe, dès le premier couplet ; de là altération dans la mélodie.

Les paroles de cette chanson sont tout-à-fait couleur locale, et, parlant, elles sont précieuses à recueillir.

« Le petit bois de l’ail » est le nom d’une concession de la paroisse du Cap-Santé. C’est là qu’est né notre artiste peintre M. le chevalier Falardeau.





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\addlyrics { 
Qui veut sa -- voir la lis -- te des i -- vrogn’ 
à pré -- sent? C’est dans le P’tit bois d’Ail -- le 
Yen a -- t-un ré -- gi -- ment; Et moi, le 
ca -- pi -- taine, Et Fran -- çois, le Gros, mar -- chaud; É --
douard y porte en -- sei -- gne, Au bout du ré -- gi -- ment. 
}

  
Qui veut savoir la liste
Des ivrogn’ à présent ?
C’est dans le P’ tit bois d’l’Aille
Yen a-t-un régiment ;
Et moi le capitaine,
Et François le Gros, marchand ;
Édouard y porte enseigne
Au bout du régiment.

Par un dimanche au soir
M’en allant promener,
Et moi et puis François,
Tous deux de compagnée,
Chez le bonhomm’ Gauthier
Nous avons’ té veiller ;
Je vais vous raconter
Le tour qui m’est arrivé.

J’y allumai ma pipe
Comm’ c’était la façon,
Disant quelques paroles
Aux gens de la maison.
Je dis à Délima :
— Me permettriez-vous
De m’éloigner des autres
Pour m’approcher de vous ?

— Ah ! oui, vraiment, dit-elle,
Avec un grand plaisir.
Tu es venu ce soir
C’est seul’ ment pour en rire ;

Tu es trop infidèle
Pour me parler d’amour ;
T’as ta p’ tit’ Jérémie
Que tu aimes toujours.

Revenons au bonhomme
Qu’est dans son lit couché,
Criant à haute voix :
— « Lima, va te coucher !
Les gens de la campagne,
Des ville’ et des faubourgs,
Retirez-vous d’ icite
Car il fait bientôt jour ! »

J’ n’attends pas qu’on me l’ dise
Pour la seconde fois,
Et je dis à François :
T’ en viens-tu quand et moi (avec moi) ?
Bonsoir ma Délima,
Je file mon chemin !
Je m’en allais nu-tête,
Mon chapeau à la main.

Va t’en faire tes plaintes
À monsieur le curé ;
Dis-lui que sa paroisse
Est tout bouleversée ;
Dis-lui que sa paroisse
Est sans dessus dessous,
Que dans le P’ tit bois d’Aille
On n’y voit qu’ des gens soûls.

On dit que je suis fier,
Ivrogne et paresseux.
Du vin dans ma bouteille
J’en ai ben quand je veux ;
On ne voit point de graisse
Figer sur mon capot ;
Il est toujours ben net-te
Quoiqu’il ne soit pas beau.