Chants populaires de la Basse-Bretagne/La Petite Bergère

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LA PETITE BERGÈRE
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I

Quand la petite bergère était à abreuver les bestiaux,
Deux soldats sont passés, (bis)

— Sauf votre grâce, deux jeunes soldats,
Ce n’est pas ici qui est votre chemin ; (bis)

On ne passe plus par là,
Depuis qu’on a fait un nouveau chemin….

— Nous le savons bien, bergère,
Que le passage n’est pas par ici ;

— Ce n’est pas la première fois que je les abreuve,
Mais je crains que ce ne soit la dernière.

— Si vous le voulez, bergère, ce ne sera pas,
(Si vous voulez) faire comme on vous dira.

— J’aimerais mieux mourir mille fois
Qu’offenser Dieu une seule fois !…

Ils avaient été trois heures d’horloge
À essayer d’amener la bergère au péché ;

À essayer d’amener la bergère au péché,
Jusqu’à ce qu’ils entendirent l’horloge de la Trinité.

II

Le fermier Marco disait,
À la fenêtre de sa chambre, ce soir-là :

— Je vois venir mes vaches et mes moutons,
Ma petite bergère ; je ne la vois pas :

Hâtez-vous de souper,
Pour aller chercher la bergère.

Comme ils allaient par le chemin,
Ils aperçurent la coiffe de la bergère ;

Ils aperçurent la coiffe de la bergère,
Avec une mèche de cheveux blonds dedans.

Le Fermier Marco disait,
À sa petite bergère, quand il la vit :

— Petite bergère, ô mon Dieu,
Petite bergère, où es-tu ?

Petite bergère, lève la tête,
Et tourne vers moi ton regard.

— Comment pourrais-je lever la tête ?
Mon petit cœur est sur mes genoux.

Fermier Marco si vous m’aimez,
Vous érigerez un calvaire à ma place ;

Et vous y marquerez ma vie,
Vous direz que je suis sainte et martyre.

Le dernier mot qu’elle dit,
Ce fut dans le cimetière de la Trinité,

Pour (recommander) de lui élever un tombeau
Et de marquer dessus sa vie ;

De marquer dessus sa vie,
Et de dire qu’elle était sainte et martyre !….


Chanté par Jeanne Keraudren,
Pluzunet, 1867.