Chants populaires de la Basse-Bretagne/Le Prinsaüs

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LE PRINSAÜS[1]
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I

  Le seigneur Prinsaüs disait,
En marchant sur le grand chemin :
— Dites-moi, jeune fille, si vous le savez,
Va-t-il beaucoup de monde à la foire ?

  — Oui, on y va par bandes,
Par crainte des voleurs qui sont dans les bois,
Mais celui-là, le petit mercier,
Va tout seul par le grand chemin.

  Le Seigneur Prinsaüs ayant entendu (cela).
Donna un coup d’étrier à son cheval ;
Il donna un coup d’étrier à son cheval,
Et rejoignit le petit mercier.

  — Je te souhaite le bonjour, petit mercier,
Ton panier est-il lourd ?
Ton panier est-il lourd ?
Je veux aussi être mercier.

  — Si tu veux être mercier,
Prends la moitié de mon panier,
Et me laisse l’autre moitié,
Pour nourrir ma femme, qui est en France.

  J’ai femme et enfants
Et cinq cents écus de dettes dans la ville de Rennes.
— Si tu as femme et enfants
Et cinq cents écus de dettes dans la ville de Rennes ;

  Et cinq cents écus de dettes dans la ville de Rennes,
Je t’en ferai avoir quittance ;
Je te donnerai une bonne quittance
Et qui sera signée avec ton sang.

  Il n’avait pas fini de parler,
Qu’il lui donna sept coups de couteau ;
Il lui donna sept coups de couteau.
Et le tua sur la place !


II

  Le Seigneur Prinsaüs souhaitait le bonjour,
En arrivant dans la maison :
— Bonjour et joie à tous dans cette maison,
N’a-t-on point besoin de mercerie ?

  Une bordure d’or ou une bordure d’argent,
Ce qui sied aux jolies filles ?
La petite servante, du coin du feu,
Répondit aussitôt :

  — On n’a pas besoin de mercerie :
Ce panier-là a encore été ici aujourd’hui ;
Ce panier-là a encore été ici, aujourd’hui,
C’est ici le panier du petit mercier !

  Et lui de sortir de la maison,
En mettant son doigt sur son nez ;
Il sort alors de la cour,
Et va se cacher dans le courtil.

III

  Le coq n’avait pas chanté (pour annoncer) le jour,
Qu’il y avait du nouveau dans le pays ;
Sept archers étaient arrivés de Rennes,
Pour emmener le seigneur en prison.

  Le seigneur Prinsaüs disait,
En passant par Pédernec….[2]
Quand il passa par Pédernec,
Il demanda une bouteille d’eau-de-vie.

  Quand il eût bu son eau-de-vie,
Il fit ses adieux à l’hôtesse :
— Hôtesse, je vous dis adieu.
Quand j’aurai de l’argent, je vous paierai.

  Le seigneur Prinsaüs disait
Aux habitants de Pédernec, ce jour-là :
— Si jamais je reviens dans mon pays,
Habitants de Pédernec, je vous causerai de la douleur ;



  Je mettrai le feu à Runangoff,
À Kermataman et au Colledo ;
Je mettrai le feu à Runanspern,[3]
À Kermataman et au village de Skern (?) ;

  Je ferai courir les souris
Dans votre église paroissiale de Pédernec !….


Chanté par Marguerite Philippe.







  1. (1) Ce nom doit être altéré, mais je ne sais comment lui restituer sa véritable orthographe.
  2. Il y a, probablement une petite lacune.
  3. Ce sont autant de manoirs de la commune de Pédernec, au pied de la montagne du Bré.