Contes et légendes annamites/Légendes/093 La princesse Ngoc

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Contes et légendes annamitesImprimerie coloniale (p. 225-226).


XCIII

LA PRINCESSE NGOC.



Sur les limites du Quâng nam et de la province de Hué, se trouve, dans le village de Chu mai, la montagne de Ai vàn où l’on voit un temple dédié à la princesse Ngoc.

Cette princesse appartenait à la famille royale des Ly. Quand cette dynastie eut été renversée, elle se réfugia dans le Tràn ninh, district de montagnes qui dépend du Quâng nam. Elle vécut avec les gens du peuple et épousa le capitaine d’un bateau chinois dont elle eut deux enfants.

Le capitaine, nommé Làn, repartit pour la Chine, et sa femme vint avec ses enfants habiter au village de Chu mai pour attendre son retour, mais ce fut en vain. Désespérée, après l’avoir attendu longtemps, elle se tua avec ses enfants, et ils devinrent aussitôt des esprits qui manifestèrent leur puissance. Ils apparaissent pendant la nuit sous la forme de trois lueurs rouges étincelantes.

Les bateliers leur font des offrandes et les bateaux qui vont faire le commerce accostent à cet endroit pour sacrifier et demander que leurs opérations soient fructueuses, quand il y a tempête, les barques qui sont en mer ne voient plus l’entrée du port ; mais alors il s’élève de la mer deux feux qui la leur montrent. C’est pourquoi les commerçants de ces parages se sont réunis pour bâtir un temple à ces esprits.

Du temps de Minh mang un vaisseau de guerre fut surpris par la tempête. Il resta trois jours et trois nuits sans pouvoir entrer au port. Enfin deux feux se montrèrent sur l’avant du bateau et le guidèrent. Au bout d’un instant, il eut échappé aux vents et se trouva dans le port. Le roi Minh mang décerna à la princesse Ngoc le titre de : Dame puissante.