Contes et légendes annamites/Légendes/122 Histoires de revenants

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Contes et légendes annamitesImprimerie coloniale (p. 300-301).


CXXII

HISTOIRES DE REVENANTS.



I


Des gens riches avaient une fille qu’ils aimaient beaucoup. À l’âge de quinze ans, étant encore vierge, elle vint à mourir, mais ses parents, ne pouvant consentir à se séparer d’elle, ne l’enterrèrent pas et conservèrent le cercueil dans la maison. Pendant trois ans on entretint des bougies devant le cercueil ; au bout de ce temps, par la vertu des deux principes[1], la jeune fille se mit à apparaître dans la maison sous la forme d’une ombre vague.

Un jour un bateau de commerce vint mouiller devant la maison. Le patron était un beau garçon qui aimait beaucoup la musique et se plaisait à en faire pendant la nuit. La jeune fille, attirée par les sons, entra dans son bateau et vint trois ou quatre nuits causer avec lui. Une nuit elle l’invita à venir chez elle ; l’autre, qui ne savait pas que la demeure de cette jeune fille était un cercueil, la suivit, et il fut trouvé au matin couché mort sur le cercueil.

Les parents à cette vue furent extrêmement effrayés et s’empressèrent d’enterrer les deux morts.


II


Un mandarin avait deux femmes qui n’eurent pas d’enfants. Elles moururent, et il les fit enterrer l’une dans un jardin de pêchers, l’autre dans un jardin de saules. Quand le mandarin fut mort lui-même, les jardins tombèrent à l’abandon. Un étudiant les trouvant à son gré vint s’y établir ; pendant le jour il allait suivre les leçons de ses maîtres, pendant la nuit il restait dans le jardin.

Jusqu’à son arrivée, les deux mortes n’ayant trouvé dans le sol que le principe femelle, abondamment engendré par l’ombre des arbres, n’avaient pu prendre forme[2] ; mais quand l’étudiant eut séjourné en ce lieu environ un an les deux principes se trouvèrent en quantité suffisante, et elles lui apparurent sous la forme de deux belles filles.

Elles demeurèrent avec lui et, quand il eut passé ses examens avec succès, l’accompagnèrent dans son pays. Elles lui dirent alors ce qu’elles étaient ; et l’influence des deux principes étant efficace, elles purent vivre et avoir des enfants.



  1. Nhièm khi âm duong.
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