Coran Savary/Le Coran 006-014

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LES TROUPEAUX.


donné à la mecque, composé de 165 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Louange à l’Éternel ! Il a créé le ciel et la terre ; il a formé les ténèbres et la lumière ; et l’impie lui donne des égaux.

Il vous a créés de limon. Il a marqué le terme de vos jours, et vous doutez encore.

Il est Dieu, dans les cieux et sur la terre. Il connaît vos secrets et ce que vous dévoilez. Il est le témoin de vos actions.

Quelque évidens que soients les signes de sa puissance, ils les rejettent opiniâtrement.

Ils ont nié la vérité qu’on leur prêchait. Bientôt ils seront châtiés de leurs mépris.

Ignorez-vous combien de peuples nous avons fait disparaître de la face de la terre ? Nous leur avions donné un empire plus stable que le vôtre. Nous envoyions les nuages verser la pluie sur leurs campagnes. Nous y faisions couler des fleuves. Leurs crimes seuls ont causé leur ruine. Nous les avons remplacés par d’autres nations.

Quand même nous t’aurions envoyé un livre écrit, les infidèles, en le touchant de leurs mains, se seraient écriés : C’est une imposture.

Si un ange, disent-ils, ne vient pas accompagner le prophète, nous ne croirons point. Quand Dieu en ferait descendre un du ciel, ils resteraient incrédules. Leur perte est certaine : on n’attendra point leur repentir.

Si nous faisions descendre un ange, ce serait sous la forme et les habits d’un homme.

Mes ministres ont été le jouet des hommes avant toi ; mais ceux qui s’en sont moqués ont subi le châtiment dont ils se riaient.

Dis-leur : Parcourez la terre, et voyez quel a été le sort de ceux qui accusèrent les prophètes de mensonge.

Dis : A qui appartient ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Réponds : A Dieu. Il a pris la miséricorde pour partage. Il vous rassemblera tous au jour de la résurrection ; vous ne pouvez en douter. Ceux qui perdent leur âme ne croiront point.

Il possède tout ce que voile la nuit, tout ce que le jour éclaire. Il sait et entend tout.

Dis-leur : Chercherai-je un autre protecteur que Dieu ? Il a formé les cieux et la terre. Il nourrit et il n’est point nourri. J’ai reçu l’ordre d’embrasser le premier l’islamisme, et de ne point donner d’égal au Très-Haut.

Si je suis rebelle à sa voix, je dois craindre la peine du grand jour.

Celui qui l’évitera en sera redevable à la miséricorde divine. Son bonheur sera assuré.

Si Dieu vous envoie l’affliction, lui seul pourra vous en délivrer ; s’il vous est propice, sa puissance est sans bornes.

Il gouverne ses serviteurs. La sagesse et la science sont ses attributs.

Est-il un témoignage plus fort ? Dieu est témoin entre moi et vous. Le Coran m’a été révélé pour votre instruction et celle de ceux à qui il parviendra. Direz-vous qu’il y a plusieurs Dieux ? Je ne proférerai jamais ce blasphème. Il n’y a qu’un Dieu, et je ne dépends point de ceux que vous lui associez.

Ceux qui ont reçu les écritures connaissent le prophète comme ils connaissent leurs enfans ; mais ceux qui perdent leurs âmes ne croiront point en lui.

Quoi de plus impie que d’accuser Dieu et sa doctrine de mensonge ? Le Seigneur ne fera point prospérer les pervers.

Le jour où nous rassemblerons les humains, nous demanderons aux idolâtres : Où sont vos divinités ? Ils diront pour s’excuser : Nous jurons par le Très-Haut que nous n’avons point adoré d’idoles.

Vois comme ils mentent contre eux-mêmes, et comme leurs dieux chimériques disparaissent.

Quelques-uns d’eux écouteront la doctrine du Coran ; mais ils ne comprendront point. Nous avons couvert leurs yeux d’un voile et mis un poids dans leurs oreilles. La vue des plus éclatans prodiges ne les fera pas sortir de leur incrédulité, à moins qu’ils ne viennent s’éclairer auprès de toi. Le Coran, diront les infidèles, est un amas de fables de l’antiquité.

En s’éloignant du prophète, ils en écartent les autres. Ils ne font de tort qu’à eux-mêmes, et ils ne le comprennent pas.

Si tu les voyais à l’instant où ils descendront dans les flammes, tu les entendrais s’écrier : Plût à Dieu que nous pussions retourner sur la terre ! Nous ne blasphémerions plus contre la religion divine, et nous croirions en elle.

Ils ont vu la vérité qu’ils célaient ; quand ils reviendraient sur la terre, ils retourneraient à l’erreur. Leurs cœurs sont livrés au mensonge.

Il n’y a point d’autre vie que celle dont nous jouissons ; nous ne ressusciterons point ; tel fut leur langage.

Lorsqu’ils paraîtront devant l’Éternel, il leur demandera : N’est-ce pas là une véritable résurrection ? Elle est véritable, répondront-ils : nous en jurons par ta majesté sainte. Goûtez, ajoutera le Très-Haut, la peine de votre incrédulité.

Ceux qui niaient la résurrection ne sont plus. La mort les surprit tout à coup, et ils s’écrièrent : Malheur à nous, pour avoir oublié ce moment fatal ! Ils porteront le fardeau de leurs crimes[1] ; malheureux fardeau !

La vie humaine n’est qu’un jeu frivole ; une vie plus précieuse sera le partage de ceux qui craignent le Seigneur. Ne le comprendrez-vous pas ?

Nous savons que leurs discours t’affligent. Ils ne t’accusent pas d’imposture ; mais les impies nient la doctrine divine.

Les prophètes qui t’ont précédé furent accusés de mensonge. Ils souffrirent patiemment l’injustice des hommes, jusqu’à ce que nous vînmes à leur secours ; car la parole de Dieu est infaillible. Tu sais leur histoire.

Quelque pénible que te soit leur haine, trouveras-tu un chemin pour descendre au centre de la terre, ou une échelle pour monter aux cieux, afin de leur faire paraître des prodiges ? Si Dieu voulait, ne les appellerait-il pas tous au chemin du salut ? Ne sois donc pas au nombre des ignorans.

Certainement il exaucera ceux qui auront écouté sa voix. Il ressuscitera les morts, et ils paraîtront devant lui.

Nous ne croirons point, disent-ils, à moins qu’un signe céleste n’atteste ta mission. Dis-leur : Dieu peut opérer des miracles, et la plupart l’ignorent.

Les animaux qui couvrent la terre, les oiseaux qui traversent les airs, sont ses créatures comme vous. Tous sont écrits dans le livre. Ils reparaîtront devant lui.

Ceux qui blasphèment contre votre doctrine, sourds et muets, errent dans les ténèbres. Dieu égare ou éclaire qui il lui plaît.

Dis-leur : Si le supplice était prêt, si l’heure sonnait, invoqueriez-vous un autre que Dieu, si vous êtes véridiques ?

Certainement vous l’invoqueriez ; et si c’était sa volonté, il vous délivrerait des peines qui vous feraient implorer sa clémence. Vous oubliriez vos idoles.

Avant toi nous envoyâmes des prophètes pour avertir les peuples, et nous leur fîmes sentir des calamités afin qu’ils implorassent notre miséricorde.

La vue de nos châtimens n’excita point leur repentir. Leurs cœurs s’endurcirent, et Satan leur fit trouver des charmes dans la rébellion.

Mais tandis qu’oubliant nos avertissemens, ils consumaient dans les plaisirs les biens que nous leur avions dispensés, la vengeance divine les surprit tout à coup, et ils s’abandonnèrent au désespoir.

Ils furent exterminés au milieu de leurs forfaits. Louange en soit rendue au souverain de l’univers !

Dis-leur : Que vous en semble ? Si Dieu vous privait de l’ouïe et de la vue, s’il scellait vos cœurs, quel autre que lui pourrait vous en rendre l’usage ? Vois de combien de manières nous expliquons l’unité de Dieu ; et ils se refusent opiniâtrément à la lumière.

Dis-leur : Que vous en semble ? Si les châtimens célestes tombaient sur vous à l’improviste, ou publiquement, les impies seuls n’en seraient-ils pas les victimes ?

Nous n’envoyons des ministres que pour prêcher aux nations les récompenses et les peines futures. Ceux qui auront la foi et la vertu seront exempts de la crainte et des tourmens.

Ceux qui blasphèment contre l’islamisme recevront la peine de leur impiété.

Je ne vous dis pas que je possède les trésors célestes, que je connais les mystères, ni que je sois un ange. Je ne prêche que ce qui m’est révélé. L’aveugle et celui qui voit marchent-ils d’un pas égal ? Ne le comprenez-vous pas ?

Prêche le Coran à ceux qui craignent. Annonce-leur qu’ils seront rassemblés devant l’Éternel, qu’ils n’ont d’autre patron, d’autre protecteur que lui, afin qu’ils marchent avec précaution.

Ne repousse point ceux qui invoquent le Seigneur le matin et le soir, et qui désirent d’attirer ses regards. Ce n’est point à toi à juger de leur intention ; ils ne doivent point juger de la tienne. Ce serait une injustice de les rebuter.

Nous avons éprouvé les hommes les uns par les autres, afin qu’ils disent : Sont-ce là ceux sur qui le Seigneur a rassemblé ses grâces ? Ne connaît-il pas ceux qui sont reconnaissans ?

Lorsque les croyans viendront à toi, dis-leur : La paix soit avec vous ; votre Seigneur a pris la miséricorde pour partage ; celui d’entre vous qui aura péché par ignorance, et qui, pénétré de repentir, se corrigera, éprouvera sa clémence.

C’est ainsi que nous développons la doctrine du Coran, afin que le sentier des impies paraisse au grand jour.

Le culte de vos idoles m’est interdit. En suivant vos désirs, je me plongerais dans l’erreur, et je cesserais d’être éclairé.

La volonté de Dieu est ma loi. Vous y êtes rebelles. Il ne dépend pas de moi de hâter ce que vous demandez. À Dieu seul appartient de prononcer sur votre sort. Il jugera avec vérité. Il est le plus éclairé des juges.

Dis-leur : S’il était en mon pouvoir de hâter son jugement, notre différent serait bientôt terminé. Dieu connaît les impies.

Il tient en ses mains les clefs de l’avenir ; lui seul le connaît. Il sait ce qui est sur la terre et au fond des mers. Il ne tombe pas une feuille qu’il n’en ait connaissance. La terre ne renferme pas un grain qui ne soit écrit dans le livre de l’évidence.

Vous lui devez le sommeil de la nuit et le réveil du matin. Il sait ce que vous faites pendant le jour. Il vous laisse accomplir la carrière de la vie. Vous reparaîtrez devant lui, et il vous montrera vos œuvres.

Il domine sur ses serviteurs. Il vous donne pour gardiens des Anges chargés de terminer vos jours au moment prescrit. Ils exécutent soigneusement l’ordre du ciel.

Vous retournez ensuite devant le Dieu de vérité. N’est-ce pas à lui qu’il appartient de juger ? Il est le plus exact des juges.

Qui vous délivre des tribulations de la terre et des mers, lorsque, l’invoquant en public, ou dans le secret de vos cœurs, vous vous écriez : Seigneur, si tu écartes de nous ces maux, nous en serons reconnaissans ?

C’est Dieu qui vous en délivre. C’est sa bonté qui vous soulage de la peine qui vous oppresse ; et ensuite vous retournez à l’idolâtrie.

Dis : Il peut entasser le malheur sur vos têtes, ouvrir des abîmes sur vos pas, semer la discorde parmi vous, faire éprouver aux uns la détresse des autres. Voyez quels tableaux variés nous vous offrons de la puissance divine, afin de vous dessiller les yeux.

Ta propre nation accuse de mensonge le livre qui contient la vérité. Dis-leur : Je cesse d’être votre avocat. Chaque prédiction a son terme fixé. Vous verrez……

Fuyez ceux qui déchirent la religion, jusqu’à ce qu’ils changent de discours. Si le tentateur vous faisait oublier ce précepte, songez, après vous l’être rappelé, que vous ne devez pas vous asseoir avec les infidèles.

Que ceux qui craignent le Seigneur n’aient pour eux que du mépris ; qu’ils ne se rappellent leur souvenir que pour les éviter.

Éloigne-toi de ceux qui, aveuglés par les charmes de la vie, se jouent de la religion. Apprends que le coupable qui aura mérité la réprobation ne trouvera aucun protecteur contre Dieu. Quelque prix qu’il offre pour se racheter, il sera refusé. Victime de ses forfaits, il aura pour se désaltérer l’eau bouillante. Il expiera au milieu des tourmens son infidélité.

Dis-leur : Invoquerons-nous des divinités qui ne sauraient nous servir ni nous nuire ? Retournerons-nous sur nos pas, après avoir été éclairés, semblables à ceux que Satan a séduits ? Ils avaient des compagnons qui les appelaient au chemin du salut. La religion du Seigneur est la véritable. Nous avons reçu l’ordre d’embrasser l’islamisme, c’est le culte du Dieu de l’univers.

Faites la prière. Craignez Dieu. Vous serez tous rassemblés devant son tribunal.

Architecte des cieux et de la terre, lorsqu’il veut donner l’existence aux êtres, il dit : Soyez, et ils sont.

Sa parole est la vérité. Roi du jour[2] où la trompette sonnera, il connaît les choses secrètes et publiques, il possède la sagesse et la science.

Abraham dit à son père Azar[3] : Rendrez-vous à des simulacres le culte qui n’est dû qu’à Dieu ? Vous êtes, vous et votre peuple, dans de profondes ténèbres.

Nous montrâmes à Abraham le royaume des cieux et de la terre, afin de rendre sa foi inébranlable.

Lorsque la nuit l’eut environné de ses ombres, il vit une étoile, et s’écria : Voilà mon Dieu ! L’étoile ayant disparu, il reprit : Je n’adorerai point des dieux qui disparaissent.

Ayant vu la lune se lever, il dit : Voilà mon Dieu ! La lune s’étant couchée, il ajouta : Si le Seigneur ne m’eût éclairé, je serais dans l’erreur.

Le soleil ayant paru dans l’orient, il s’écria : Celui-ci est mon Dieu ; il est plus grand que les autres. Le soleil ayant fini sa carrière, il continua : O mon peuple, je ne participe point au culte de vos divinités.

J’ai levé mon front vers celui qui a formé les cieux et la terre. J’adore son unité. Ma main n’offrira point d’encens aux idoles.

Le peuple ayant disputé avec lui, il dit : Me contesterez-vous l’unité de Dieu ? Il m’a éclairé. Je ne crains point ceux que vous lui associez. Le Dieu que je sers fait tout ce qu’il veut. Sa science embrasse l’univers. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Comment craindrais-je ceux que vous avez égalés au Très-Haut ? Il ne vous l’a pas permis. Laquelle de nos religions est la véritable ? Le savez-vous ?

Ceux qui croient, et qui ne revêtent point leur foi du manteau de l’erreur, possèdent la paix. Ils marchent dans la voie du salut.

Telles sont les preuves de l’unité de Dieu, que nous suggérâmes à Abraham. Le Seigneur élève ceux qu’il lui plaît. Il est sage et savant.

Nous lui donnâmes pour enfans Isaac et Jacob. Ils marchèrent au flambeau de la foi. Avant lui nous avions éclairé Noé. Parmi les descendans d’Abraham, nous favorisâmes de notre lumière, David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. C’est ainsi que nous récompensons la vertu.

Zacharie, Jean, Jésus, Élie, furent au nombre des justes.

Nous élevâmes au-dessus de leurs semblables, Ismaël, Élisée, Jonas et Loth.

Nous guidâmes dans le sentier du salut ceux que nous élûmes, parmi leurs pères, leurs frères et leur postérité.

Telle est la lumière de Dieu. Il s’en sert pour conduire ses serviteurs ; mais les idolâtres perdent le fruit de leurs œuvres.

Tels furent ceux à qui nous donnâmes les écritures, la sagesse et le don de prophétie. Si leur postérité méprise ces bienfaits, nous les ferons passer à une nation plus reconnaissante.

Tels furent ceux que Dieu éclaira. Suivez donc leur doctrine. Dis aux idolâtres : Je ne vous demande point de récompense pour le Coran. Il ne m’a été envoyé que pour l’instruction des humains.

Les juifs ne rendent pas hommage à la vérité, lorsqu’ils soutiennent que Dieu n’a rien révélé aux hommes. Demande-leur : Qui a envoyé à Moyse le livre de la loi, où brille la vraie lumière ; ce livre que vous écrivez et dont vous savez soustraire une partie ? Réponds : C’est Dieu. Le Coran vous a appris ce que vous ignoriez, et ce qu’ignoraient vos pères. Laisse-les plongés dans le bourbier ténébreux où ils se débattent.

Nous l’avons fait descendre du ciel, ce livre béni, pour confirmer les anciennes écritures, pour que tu le prêches à la Mecque et dans les villes voisines. Ceux qui ont la croyance de la vie future croyent en lui. Ils seront exacts observateurs de la prière.

Quoi de plus impie, que de faire Dieu complice d’un mensonge ? Que de s’attribuer des révélations qu’on n’a point eues ; que de dire : Je ferai descendre un livre semblable à celui que Dieu a envoyé. Quel spectacle lorsque les pervers seront dans les angoisses de la mort, lorsque l’ange étendant son bras sur eux, prononcera ces mots : Rendez-moi vos âmes ! Aujourd’hui vous allez subir un supplice ignominieux, digne prix de vos blasphèmes, et de l’orgueil avec lequel vous méprisez le culte du Très-Haut.

Vous revenez à nous dépouillés de tout, tels que nous vous créâmes. Vous laissez derrière vous les biens que nous vous avions départis. Ils ne paraissent point ces intercesseurs que vous égaliez au Tout-Puissant. Vos liens sont brisés. La protection que vous attendiez d’eux s’est évanouie.

Dieu sépare le grain de l’épi et le noyau de la datte. Il fait sortir la vie de la mort, et la mort de la vie. Il est votre Seigneur. Comment pourrait-il vous tromper ?

Il sépare l’aurore des ténèbres. Il a établi la nuit pour le repos. Le soleil et la lune marquent le cours du temps. Tel est l’ordre établi par celui qui est puissant et sage.

C’est lui qui a placé les astres au firmament, pour vous conduire au milieu des ténèbres, sur la terre et les mers. Le sage voit dans tout l’Univers l’empreinte de sa puissance.

C’est lui qui vous a formés d’un seul homme. C’est lui qui vous prépare un lieu de repos dans le sein de vos mères, et qui vous dispose dans les reins de vos pères. Le sage y reconnaît les effets de sa puissance. C’est lui qui fait descendre la pluie pour féconder les germes des plantes, qui couvre la terre de verdure, qui forme les grains rassemblés dans l’épi, qui fait croître les palmiers et leur fruit suspendu en grappes. Vous lui devez ces raisins, ces olives, ces grenades qui enrichissent vos jardins. Considérez la naissance et la maturité des fruits, et si vous avez la foi, vous y reconnaîtrez la puissance du Très-Haut.

Ils ont égalé les génies à Dieu[4], et ils sont ses créatures. Ils lui ont attribué, dans leur ignorance, des enfans. Louange à Dieu ! Loin de lui ces blasphèmes !

Il est le créateur des cieux et de la terre. Il n’a point de compagne ; comment aurait-il des enfans ? L’Univers est l’ouvrage de ses mains ; sa science en embrasse l’étendue.

Il est votre Seigneur. Il n’y a point d’autre Dieu que lui. Tous les êtres lui doivent l’existence. Rendez hommage à sa puissance. Il conserve ses ouvrages.

Il voit l’œil, et l’œil ne saurait l’apercevoir. Tout est plein de sa bonté et de sa science.

Il vous a manifesté sa religion. Celui qui a ouvert les yeux aura pour partage la lumière. Celui qui les a fermés restera dans les ténèbres. Dieu ne m’a point confié le soin de vous garder.

C’est ainsi que nous expliquons sa doctrine, afin qu’on rende témoignage de notre zèle, et que la religion soit dévoilée aux yeux des sages.

Suis les inspirations du Seigneur. Il est le Dieu unique. Éloigne-toi des idolâtres.

S’il eût voulu, ils n’auraient pas adoré de faux dieux. Tu ne seras ni leur gardien ni leur avocat.

Ne traite point leurs idoles ignominieusement, de peur qu’ils ne s’en prennent à Dieu, dans leur ignorance. Nous montrons aux hommes leurs devoirs. Ils paraîtront devant l’Éternel qui leur présentera le tableau de leurs œuvres.

Ils se sont engagés, par un serment solennel, à croire en Dieu, s’il opérait devant eux des miracles. Dis-leur : Les merveilles sont en sa puissance ; mais il n’en produit pas, parce qu’à leur vue vous resteriez dans l’incrédulité.

Nous détournerons leurs yeux et leurs cœurs de la vérité. Ils n’ont pas cru au premier miracle. Nous les laisserons s’égarer dans la nuit de l’erreur.

Quand nous eussions fait descendre les anges du ciel, quand les morts leur auraient parlé, quand nous eussions rassemblé devant eux tous les prodiges, ils n’auraient pas cru, si Dieu ne l’eût permis. La plupart d’entre eux ignore cette vérité.

Nous avons donné, pour ennemi aux Prophètes, le tentateur des hommes et des génies. Il emploie des discours séduisans pour tromper. Fuis-le, et abhorre ses mensonges.

Laisse ceux qui nient la vie future ouvrir leurs cœurs à la séduction, qu’ils aiment. Laisse-les gagner ainsi le prix dont ils sont dignes.

Chercherai-je un autre juge que Dieu ? C’est lui qui a envoyé le Coran, où le mal et le bien sont pesés. Les juifs savent qu’il est véritablement descendu, du ciel ; garde-toi d’en douter.

La parole de Dieu s’est accomplie avec vérité et avec justice. Rien ne peut changer les décrets de celui qui voit et entend.

La plupart des hommes n’ont pour règle que l’opinion et le mensonge. Si tu les suis, ils t’écarteront du sentier de Dieu.

Ton Dieu connaît ceux qui sont dans l’erreur, et ceux que la foi éclaire.

Si vous croyez en sa doctrine, ne mangez que des animaux sur lesquels on aura invoqué son nom.

Pourquoi ne suivriez-vous pas ce précepte ? Il vous a fait connaître les alimens qui vous sont défendus. La loi de la nécessité peut seule vous les rendre licites. La plupart des hommes s’égarent, séduits par leurs passions et aveuglés par l’ignorance : mais Dieu connaît les prévaricateurs.

Évitez le crime en secret et en public. Le méchant recevra le prix de ses œuvres.

Ne mangez point des animaux sur lesquels on n’aura pas invoqué le nom de Dieu : c’est un crime. Les démons inspireront à leurs adorateurs de combattre ce précepte. Si vous cédez à leurs instances, vous deviendrez idolâtres.

Celui qui était mort, et à qui nous avons donné la vie et la lumière, pour se conduire parmi les hommes, sera-t-il semblable à celui qui est plongé dans des ténèbres, d’où il ne sortira point ? Le crime s’embellit aux yeux des pervers.

Nous avons mis dans chaque ville des scélérats pour tromper ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne le savent pas.

Après que les habitans de la Mecque ont été témoins d’un prodige, ils ont dit : Nous ne croirons point jusqu’à ce que nous ne voyons des merveilles semblables à celles qu’opérèrent les prophètes. Dieu sait où il doit diriger sa mission. Les coupables seront dévoués à l’opprobre et à la rigueur des tourmens, digne prix de leurs iniquités.

Dieu dilatera le cœur de celui qu’il voudra éclairer. Il lui fera goûter les douceurs de l’islamisme. Celui qu’il égarera aura le cœur oppressé, semblable à l’homme qui s’efforcerait de s’élever dans les airs. L’abomination sera le partage des incrédules.

Cette doctrine est celle de Dieu. Elle est la véritable. Nous l’avons démontrée à ceux qui sont intelligens.

Ils habiteront le séjour de la paix que le Seigneur leur a préparé. Sa protection sera le prix de leurs œuvres.

Au jour de l’assemblée universelle, nous dirons aux génies : Vous avez trop long-temps trompé les hommes. Seigneur, répondront leurs adorateurs, ils ont secouru beaucoup d’entre nous pendant la vie dont nous avons accompli le cours. Le Seigneur répliquera : Le feu sera votre demeure ; vous y resterez à ma volonté. Le Très-Haut est savant et sage.

Nous établirons un ordre entre les coupables, suivant leurs actions.

Une voix criera : O assemblée d’hommes et de génies ! n’avez-vous pas eu au milieu de vous les ministres du Seigneur ? Ne vous ont-ils pas raconté ses merveilles ? Ne vous ont-ils pas rappelé le souvenir du grand jour ? Les réprouvés répondront : Nous le confessons contre nous-mêmes. La vie du monde les avait séduits. Ils témoigneront qu’ils ont été infidèles.

Dieu leur envoya les prophètes, parce qu’il ne punit les villes coupables qu’après avoir averti les habitans.

Les récompenses seront proportionnées aux mérites. Dieu ne néglige point vos œuvres.

Le Tout-Puissant est riche et miséricordieux. Il peut à son gré vous faire disparaître et produire à votre place des hommes nouveaux, de même qu’il vous a fait sortir des générations passées.

Il accomplira ses promesses, et vous ne pourrez les anéantir.

Dis à l’homme : Travaille suivant tes forces ; je proportionnerai mes bienfaits à ma puissance.

Vous verrez quels seront ceux à qui le paradis sera ouvert. Les idolâtres ne jouiront point de la félicité.

Ils ont donné à Dieu une portion de leurs moissons et de leurs troupeaux, et une autre à leurs divinités[5]. Ce qu’ils leur ont offert a été rejeté de Dieu ; et l’offrande qu’ils lui devaient, ils l’ont présentée à leurs idoles. Malheur à l’iniquité de leurs jugemens !

Pour cimenter leur culte, et attirer leurs semblables dans l’abîme, ils se sont fait un mérite du massacre de leurs enfans. Si le Très-Haut eût voulu, il eût empêché cette barbarie. Fuis-les, eux et leurs blasphèmes.

Ils ont dit : Ces troupeaux et ces moissons sont défendus. Personne ne pourra s’en nourrir sans notre permission. Ils se perdent dans de faux raisonnemens. Ils ont des animaux qu’ils défendent de charger ; d’autres qu’ils égorgent sans invoquer le nom de Dieu. Ils font Dieu complice de leurs mensonges. Ils les récompensera suivant leurs œuvres.

Ils permettent aux hommes et interdisent aux femmes les intestins des animaux. Tous mangent de ceux qui sont morts. Dieu les récompensera suivant leurs œuvres. Il est savant et sage.

L’abîme a englouti ceux qui, dans leur aveugle ignorance, immolaient leurs enfans, et qui, appuyés sur le mensonge, défendaient les alimens qu’il a permis. Ils se sont perdus, et n’ont point connu la lumière.

C’est Dieu qui a produit les légumes et les arbres qui ornent vos jardins. C’est lui qui fait éclore les olives, les oranges, les fruits divers dont la forme et le goût sont variés à l’infini. Usez des dons qu’il vous a faits. Donnez les décimes aux jours de la moisson. Évitez l’excès. Il hait la prodigalité.

Parmi vos animaux domestiques, les uns sont faits pour porter, les autres en sont incapables. Mangez de ceux dont la nourriture vous est permise, et n’écoutez pas les séductions du tentateur. Il est votre ennemi déclaré.

Les idolâtres prétendent que Dieu a défendu huit couples d’animaux, deux couples de moutons, deux couples de chèvres. Demande-leur : Sont-ce les mâles ou les femelles qu’il a interdits, ou indifféremment ce qu’elles portent ? Répondez-moi, avec quelque fondement, si vous êtes véridiques.

Ils ajoutent deux couples de chameaux et deux couples de bœufs. Demande-leur : Sont-ce les mâles ou les femelles qu’il a interdits, ou indifféremment ce qu’elles portent ? Étiez-vous témoins lorsque Dieu donna ce précepte ? Quoi de plus impie que de prêter un mensonge au Seigneur, afin d’égarer les ignorans ? Certainement il ne dirigera point les pervers.

Dis-leur : La loi que Dieu m’a révélée au sujet des alimens, ne défend que les animaux morts, le sang et le porc : tout cela est immonde. Les animaux sur lesquels on a invoqué un autre nom que celui de Dieu, sont compris dans la défense. Celui qui, pressé par la nécessité et non par le désir de satisfaire son appétit, ou par l’envie de désobéir, aura transgressé le précepte, éprouvera la clémence du Seigneur.

Pour les juifs, nous leur avons interdit tous les animaux qui n’ont pas la corne du pied fendue, et la graisse des bœufs et des moutons, excepté celle du dos, des entrailles, et celle qui est mêlée avec des os. Cette défense est la peine de leurs crimes. Nous sommes équitables.

S’ils t’accusent d’imposture, dis-leur : Votre Dieu est plein de miséricorde ; mais il fera sentir sa vengeance aux scélérats.

Si Dieu eût voulu, disent les idolâtres, ni nous ni nos pères n’aurions offert de l’encens aux idoles. On ne nous en a point fait la défense. Tel fut le langage de ceux qui les ont précédés, jusqu’au moment où nos fléaux fondirent sur eux. Réponds leur : Si ce discours a quelque fondement, faites-nous le connaître. Ne prenez pas l’opinion pour guide, et ne mentez pas impudemment.

Dis-leur : Le jugement du Seigneur sera le véritable ; s’il veut, il vous éclairera tous.

Dis leur : Appelez vos témoins, pour attester que Dieu vous a défendu les animaux que vous prohibez. S’ils prêtent ce témoignage, garde-toi de les imiter. Ne suis pas les désirs de ceux qui blasphèment contre l’islamisme, ni de ceux qui nient la vie future et qui offrent de l’encens aux idoles.

Dis-leur : Venez entendre les commandemens du ciel. Ne donnez point d’égal à Dieu. Soyez bienfaisans envers vos proches. Ne tuez point vos enfans, par la crainte de la pauvreté. Nous vous donnerons de la nourriture pour vous et pour eux. Évitez le crime en public et en secret. Ne mettez point votre semblable à mort, excepté en justice. Le Seigneur vous en fait la défense expresse. Tels sont les préceptes que Dieu vous a donnés afin de vous rendre sages.

Ne touchez point aux biens de l’orphelin, à moins que ce ne soit pour les faire fructifier, jusqu’à ce qu’il soit parvenu à l’âge fixé. Remplissez la mesure. Pesez avec équité. Nous n’exigerons de chacun que ce qu’il peut. Soyez vrais dans vos discours, dans vos sermens, fut-ce contre vous mêmes. Tels sont les préceptes du Seigneur. Gardez-en le souvenir.

Tel est le chemin du salut. Il est droit. Ne suivez pas des sentiers détournés qui vous en écarteraient. Le Seigneur vous donne des lois afin que vous le craigniez.

Nous apportâmes à Moïse les tables sacrées. Elles conduisent le juste à la perfection. Les juifs y trouvent la distinction de toutes choses, la lumière, la miséricorde et la croyance de la vie future.

Croyez au Coran, ce livre béni que nous avons fait descendre des cieux. Craignez le Seigneur et vous éprouverez les effets de sa miséricorde.

Vous ne direz plus : Deux peuples ont reçu avant nous les écritures, et nous en avons négligé l’étude.

Vous ne direz plus : Si l’on nous eût envoyé un livre nous aurions été plus éclairés qu’eux. Vous avez reçu les oracles divins, la lumière et les grâces du ciel. Quoi de plus injuste maintenant que de blasphémer contre la religion sainte, et de s’en éloigner ? Nous réservons à ceux qui la rejettent un supplice digne de leur rébellion.

Attendent-ils la venue des anges, l’apparition de Dieu ou les signes de ses vengeances ? Le jour où il les manifestera, la foi sera inutile à celui qui n’aura pas cru et fait le bien auparavant. Dis-leur : Attendez. Nous attendrons.

N’embrasse point le parti de ceux qui, divisés dans leur croyance, ont formé différentes sectes. C’est à Dieu à juger de leurs débats et à leur montrer leurs actions.

Les bonnes œuvres auront pour prix un bien dix fois aussi grand. Le mal aura le mal pour récompense. Personne ne sera trompé.

Dis : Le Seigneur m’a conduit dans le droit chemin. Il m’a enseigné une religion sainte, le culte d’Abraham qui crut en l’unité de Dieu, et qui refusa de l’encens aux idoles.

Dis-leur : Ma prière, ma foi, ma vie et ma mort sont voués à l’Éternel. Il est le souverain de l’univers. Il n’a point d’égal. Il m’a commandé cette croyance. Je suis le premier des croyans.

Chercherai-je un autre Seigneur que celui qui gouverne le monde ? Chacun aura pour soi ses œuvres. Personne ne portera le fardeau d’autrui. Tous les hommes paraîtront devant le tribunal de Dieu. Il leur dira en quoi ils se sont écartés de ses commandemens.

Il vous a établis sur la terre après les générations passées. Il élève les uns au dessus des autres ; ses faveurs sont une épreuve. Il est prompt à punir ; mais il est clément et miséricordieux.





ELARAF.


donné à la macque, composé de 205 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. S. [6] Le Coran t’a été envoyé du Ciel. Ne crains point de t’en servir pour menacer les méchans et exhorter les fidèles.

Suivez la doctrine qui vous est venue de Dieu. N’ayez point d’autre patron que lui. Combien peu écouteront ces avertissemens !

Combien de villes nous avons détruites pendant les ténèbres de la nuit, ou à la clarté du jour, tandis que les habitans goûtaient les douceurs du repos !

Poursuivis par notre vengeance, ils s’écriaient : Nous sommes coupables.

Nous demanderons compte aux peuples à qui nous avons envoyé des ministres, et à nos ministres eux-mêmes.

Nous leur dévoilerons, avec connaissance, ce qu’ils auront fait, car nous avons été témoins.

Le jugement du grand jour sera équitable. Ceux qui feront pencher la balance[7], jouiront de la félicité.

Ceux dont les œuvres ne se trouveront pas de poids, auront perdu leurs âmes, parce qu’ils auront méprisé la religion.

Nous vous avons placés sur la terre ; nous vous y avons donné la nourriture. Combien peu vous êtes reconnaissans !

Nous vous créâmes et nous vous formâmes dans le premier homme ; ensuite nous dîmes aux anges : Adorez Adam, et ils l’adorèrent. Eblis seul lui refusa son hommage.

Pourquoi n’obéis-tu pas à ma voix ? lui dit le Seigneur. Pourquoi n’adores-tu pas Adam ? Je suis d’une nature supérieure à la sienne, répondit Eblis. Tu m’as créé de feu, et tu l’as formé d’un vil limon.

Fuis loin de ces lieux, ajouta le Seigneur ; le paradis n’est point le séjour des superbes. Fuis : l’abjection sera ton partage.

Diffère tes vengeances, repartit l’esprit rebelle, jusqu’au jour de la résurrection.

Le Tout-Puissant lui accorda sa demande.

Puisque tu m’as tenté, continua Satan, je m’efforcerai d’écarter les hommes de tes voies.

Je multiplierai mes attaques. Je sèmerai des pièges devant et derrière eux, à leur droite, à leur gauche. Bien peu te rendront des actions de grâces.

L’Éternel prononça ces mots : Sors du Paradis couvert d’opprobre et sans espoir de pardon. Ceux qui te suivront, seront tes compagnons dans l’enfer.

Ô Adam ! Habite le Paradis avec ton épouse. Mangez à discrétion de tous les fruits qui y croissent ; mais ne vous approchez point de cet arbre, de peur que vous ne deveniez coupables.

Le diable voulant leur ouvrir les yeux sur leur nudité, leur dit : Dieu vous a défendu de goûter du fruit de cet arbre de peur que vous ne deveniez deux anges, et que vous ne soyez immortels.

Il leur assura, avec serment, que c’était la vérité, et qu’il était un conseiller fidèle.

Trompés par cette ruse, ils mangèrent du fruit défendu. Aussitôt ils virent leur nudité[8]. Ils se couvrirent avec des feuilles. Ne vous avais-je pas interdit l’approche de cet arbre, leur dit le Seigneur ? Ne vous avais-je pas averti que Satan était votre ennemi ?

Seigneur, nous sommes coupables, et si ta miséricorde n’éclate en notre faveur, notre perte est certaine.

Descendez, leur dit Dieu ; vous avez été ennemis l’un de l’autre. La terre sera votre habitation jusqu’au temps.

Vous y vivrez ; vous y mourrez ; et vous en sortirez un jour.

Enfans d’Adam, nous vous avons donné des vêtemens pour vous couvrir ; mais le plus précieux est la piété. Dieu a opéré ces merveilles pour vous instruire.

Enfans d’Adam, que Satan ne vous séduise pas, comme il a séduit vos pères. Il leur enleva le Paradis, quand il fit tomber le voile qui couvrait leur nudité. Lui et ses compagnons nous voient. Vous ne les voyez pas. Ils sont les chefs des infidèles.

Les pervers disent en violant les lois : Nous suivons les usages de nos pères. Le ciel nous a ordonné d’agir ainsi. Réponds-leur : Dieu ne saurait commander le crime. Direz-vous de lui ce que vous ignorez ?

Dis : Dieu m’a commandé la justice. Tournez votre front vers le lieu où on l’adore. Invoquez son nom. Montrez-lui une religion pure. Tels il vous a créés, tels vous retournerez à lui. Il éclaire une partie des hommes et laisse les autres dans l’erreur, parce qu’ils ont choisi les démons pour patrons. Ils croient posséder la lumière.

O enfans d’Adam ! Prenez vos plus beaux habits quand vous allez au temple. Mangez, buvez avec modération. Le Seigneur hait les excès.

Dis : Qui peut défendre aux serviteurs de Dieu de se parer en son honneur des biens qu’ils ont reçus de lui, et de se nourrir des alimens purs qu’ils tiennent de sa libéralité. Ce sont les droits des fidèles qui croient à cette vie et au jour du jugement. C’est ainsi que nous dévoilons la doctrine divine aux yeux des sages.

Dieu a défendu le crime public et secret. Il a défendu l’injustice et la violence sans droit. Il ne vous a point donné le pouvoir de créer des idoles, ni de dire de lui ce que vous ne savez pas.

Le terme de la vie est fixé. Nul ne saurait le prévenir, ni le différer d’un instant.

Enfans d’Adam ! Il se lèvera du milieu de vous des apôtres. Ils vous manifesteront mes volontés. Celui qui craindra le Seigneur et pratiquera la vertu, sera exempt des frayeurs et des supplices.

L’orgueilleux qui s’écartera de l’islamisme, et qui en niera la vérité, sera dévoué aux flammes éternelles.

Quoi de plus impie que de blasphémer contre le Très-Haut, et d’accuser ses oracles de mensonge ! Les idolâtres jouiront d’une partie des avantages annoncés dans le Coran, jusqu’à ce que l’ange de la mort vienne leur demander : Où sont les dieux que vous invoquiez ? Ils répondront qu’ils ont disparu, et ce témoignage mettra le sceau à leur réprobation.

Dieu leur dira : Entrez dans l’enfer avec les génies et les hommes qui y sont condamnés. Descendez dans les flammes. Ils maudiront les sectes qui les ont précédés, jusqu’à ce qu’ils y soient tous rassemblés. Seigneur, s’écrieront les derniers, voilà les sectaires qui nous ont séduits. Fais-leur endurer des tourmens doubles des nôtres. Dieu leur dira : Nous les avons augmentés pour vous tous ; mais vous l’ignorez.

Qu’avez-vous de plus que nous, répondront les sectaires ? Souffrez donc la peine qu’ont méritée vos crimes.

L’impie qui, dans son orgueil, accusera notre doctrine de fausseté, trouvera les portes du ciel fermées[9]. Il n’y entrera que quand un chameau passera dans le trou d’une aiguille. C’est ainsi que nous récompenserons les scélérats.

L’enfer sera leur lit, le feu leur couverture ; juste prix de leurs attentats.

Nous n’exigerons de chacun que ce qu’il peut. Les croyans qui auront exercé la bienfaisance habiteront le paradis, séjour d’éternelles délices.

Je bannirai l’envie de leurs cœurs. Les ruisseaux couleront sous leurs pas. Ils s’écrieront : Louange à l’Éternel qui nous a introduits dans ce séjour ! Si sa lumière ne nous eût éclairés, nous n’aurions pas trouvé la route qui y conduit. Les promesses des prophètes se sont vérifiées. Une voix fera entendre ces paroles : Voilà le paradis, dont vos œuvres vous ont acquis l’héritage.

Les bienheureux diront aux habitans du feu : Nous avons éprouvé la vérité des promesses du Seigneur ; avez-vous fait la même épreuve ? On leur répondra : Nous l’avons faite. Un héraut prononcera du milieu d’eux ces mots : Malédiction de Dieu sur les impies !

Ils ont écarté leurs semblables de sa loi ; ils se sont efforcés d’en corrompre la pureté. Ils ont nié la vie future.

Une barrière s’élèvera entre les élus et les réprouvés. Sur Elaraf[10] seront des hommes qui connaîtront les uns et les autres à des signes certains. Ils diront aux hôtes du paradis : La paix soit avec vous ! et malgré l’ardeur de leurs désirs ils ne pourront y entrer.

Lorsqu’ils tourneront leurs regards vers les victimes du feu, ils s’écrieront : Seigneur, ne nous précipite pas avec les pervers.

Ils crieront aux réprouvés qu’ils reconnaîtront au sceau de réprobation gravé sur leurs fronts : A quoi vous ont servi vos richesses et votre orgueil ?

Ceux qui, suivant vos sermens, ne devaient jamais éprouver la miséricorde divine, n’ont-ils pas entendu ces consolantes paroles ? Entrez dans le paradis ; que la crainte et la tristesse soient bannies de vos cœurs.

Les réprouvés crieront aux bienheureux : Répandez sur nous de cette eau et de ces biens dont Dieu vous nourrit. On leur répondra : Cet avantage est interdit aux infidèles.

Ils ont fait un jeu de la religion. Ils se sont laissé séduire par les charmes de la vie mondaine. Nous les oublions aujourd’hui, parce qu’ils ont oublié le jour du jugement, et qu’ils ont rejeté nos oracles.

Nous avons apporté aux hommes un livre où brille la science qui doit éclairer les fidèles, et leur procurer la miséricorde divine.

Attendent-ils l’accomplissement du Coran ? Le jour où il sera accompli, ceux qui auront vécu dans l’oubli de ses maximes, diront : Les ministres du Seigneur nous prêchaient la vérité. Où trouverons-nous maintenant des intercesseurs ? Quel espoir avons-nous de retourner sur la terre, pour nous corriger ? Ils ont perdu leurs âmes, et leurs illusions se sont évanouies.

Votre Dieu créa les cieux et la terre en six jours ; ensuite il s’assit sur son trône. Il fit succéder la nuit au jour. Elle le suit sans interruption. Il forma le soleil, la lune et les étoiles, humblement soumis à ses ordres. Les créatures et le droit de les gouverner lui appartiennent. Béni soit le Dieu souverain de l’univers !

Invoquez le Seigneur en public et en secret, mais évitez l’ostentation ; il hait les superbes.

Ne souillez pas la terre après qu’elle a été purifiée ; priez Dieu avec crainte et espérance ; sa miséricorde est proche des bienfaisans.

C’est lui qui envoie les vents avant-coureurs de ses bienfaits, porter les nuages chargés d’eau sur les campagnes arides. La pluie féconde la terre stérile et lui fait produire des fruits en abondance ; ainsi nous ferons ressusciter les morts, nous opérerons ces merveilles pour votre instruction.

La bonne terre produit de bons fruits par la permission de Dieu ; la mauvaise terre ne donne que de mauvais fruits. C’est ainsi que nous expliquons la doctrine divine au peuple qui en est reconnaissant.

Noé, chargé de notre mission[11], dit à son peuple : Adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui ; je crains pour vous la peine du grand jour.

Ton aveuglement est extrême, répondirent les princes du peuple.

Je ne suis point dans l’erreur, reprit Noé ; je suis le ministre du souverain de l’univers.

Je viens vous annoncer les ordres du Très-Haut, et vous donner des conseils salutaires ; Dieu m’a donné des connaissances que vous n’avez pas.

Est-il étonnant qu’il ait choisi parmi vous un homme pour être l’organe de ses promesses et de ses menaces, afin que vous le craigniez et que vous méritiez son indulgence ?

Noé fut traité d’imposteur ; nous le sauvâmes avec ceux qui étaient dans l’arche ; les aveugles qui avaient nié notre doctrine furent ensevelis dans les eaux.

Nous envoyâmes Hod aux Adéens[12] ses frères. O mon peuple ! leur dit-il, adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui ; ne le craindrez-vous donc pas ?

Tu es un insensé et un imposteur, lui dirent les principaux du peuple qui étaient voués à l’infidélité.

Je ne suis point un insensé, répondit Hod ; je suis le ministre du souverain de l’univers.

Je remplis la mission dont il m’a chargé, et je viens vous donner des conseils salutaires.

Est-il surprenant que le Très-Haut ait choisi un homme d’entre vous pour vous faire connaître ses volontés ? Souvenez-vous qu’il vous a fait remplacer sur la terre les descendans de Noé, qu’il vous a multipliés, qu’il a augmenté votre puissance ; rappelez-vous ses bienfaits si vous voulez être heureux.

Es-tu venu, repartirent les Adéens, nous prêcher le culte d’un seul Dieu, et nous exhorter à quitter ceux qu’ont adorés nos pères ? Si tes menaces sont véritables, fais-nous en voir l’accomplissement.

La vengeance et la colère de Dieu vont fondre sur vous, ajouta le prophète. Disputerez-vous avec moi sur les noms que vous et vos pères avez donnés à vos idoles ? Dieu ne leur a accordé aucune puissance. Attendez, je vais être spectateur de votre ruine.

Nous sauvâmes Hod[13] et ceux qui furent dociles à sa voix, par un effet de notre miséricorde, et nous exterminâmes jusqu’au dernier des incrédules qui accusaient notre doctrine de mensonge.

Saleh[14], ministre de nos volontés, auprès des Thémudéens, leur dit : Adorez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui. Cette femelle de chameau est un signe de sa puissance. Laissez-la paître dans le champ du Seigneur. N’attentez pas à ses jours, vous en seriez rigoureusement punis.

Souvenez-vous qu’il vous a fait remplacer sur la terre la postérité d’Aod, qu’il vous y a établis, qu’il vous a donné des plaines ou vous élevez des palais, et des rochers que vous taillez en maisons ; Souvenez-vous des faveurs du ciel, et ne répandez pas la corruption sur la terre.

Les chefs des Thémudéens, que l’orgueil dominait, dirent au peuple qui plus humble avoit cru au prophète : Croyez-vous que Saleh soit l’envoyé du Seigneur ? Nous croyons à sa mission répondit le peuple.

Persistant dans leur orgueil, les chefs ajoutèrent : Nous rejetons votre croyance.

Ils coupèrent les pieds de la femelle de chameau, violèrent la défense de Dieu, et dirent à Saleh : Fais-nous voir l’accomplissement de tes menaces, si tu es l’interprète du ciel.

À l’instant ils sentirent la terre trembler sous leurs pas, et le matin on les trouva étendus morts dans leurs maisons.

Le prophète, en quittant le peuple, leur dit : Je vous ai donné de sages avertissemens, mais vous ne les aimez pas.

Loth dit aux habitans de Sodôme : Vous abandonnerez-vous à un crime inconnu à toutes les nations de la terre ?

Vous approcherez-vous des hommes, dans vos désirs criminels, au lieu des femmes ? Violerez-vous les lois de la nature ?

Les habitans de Sodôme ne répondirent rien. Ils se dirent les uns aux autres, chassons Loth de notre ville, puisqu’il ne veut pas suivre notre exemple.

Nous sauvâmes Loth et sa famille : Mais sa femme fut punie[15].

Une pluie vengeresse[16] fit périr les coupables. Voyez quelle est la fin des scélérats ?

Nous envoyâmes Chaïb[17] aux Madianites ses frères : O mon peuple, leur dit-il, rendez hommage au seul Dieu de l’univers. Il vous a fait voir des marques de sa puissance. Remplissez la mesure. Rendez la balance égale. Ne retranchez rien de ce que vous devez. Ne souillez pas la terre après qu’elle a été purifiée. Vous retirerez les fruits de cette conduite, si vous avez la foi.

Ne répandez point la terreur sur les chemins. Ne détournez point de la loi divine celui qui croit en elle. Ne lui donnez point de fausses interprétations. Souvenez-vous que vous étiez en petit nombre et que Dieu vous a multipliés. Promenez vos regards sur la terre, et voyez quel a été le sort des méchans.

Si une partie de vous croit à ma mission, tandis que les autres la rejettent, attendez que Dieu prononce entre nous. Il est le plus équitable des juges.

Les principaux des Madianites, énivrés d’orgueil, dirent au prophète : Nous te chasserons de notre ville avec ceux qui ont ta croyance, ou vous reviendrez à notre culte. En vain, reprit Chaïb, vous voudriez vaincre l’horreur qu’il nous inspire.

Nous mentirions à Dieu si nous embrassions votre croyance. Il nous en a délivrés. Lui seul peut nous ordonner de la reprendre. Sa science embrasse l’univers. Nous avons mis en lui notre confiance. Seigneur, tiens la balance entre nous et le peuple. Tu es le plus équitable des juges.

Les chefs, qui avaient refusé de croire, dirent au peuple : Si vous suivez Chaïb, votre perte est certaine.

Ils furent renversés par un tremblement de terre, et le matin on les trouva morts dans leurs maisons, le visage prosterné contre terre.

Ceux qui accusèrent Chaïb d’imposture ont disparu, et sont dévoués à la réprobation.

Il dit aux Madianites, en les quitant : J’ai rempli auprès de vous la mission de Dieu ; je vous ai donné de sages avis ; pourquoi m’affligerais-je sur le sort des incrédules ?

Nos châtimens ont toujours accompagné nos ministres, dans les villes où nous les avons envoyés. Nous punissons les peuples afin de les rendre humbles.

Après le malheur, nous les avons fait jouir de la prospérité, et tandis qu’enorgueillis de nos faveurs ils disaient : Ainsi que nos pères nous avons éprouvé la bonne et la mauvaise fortune, nous les avons exterminés à l’instant où ils ne s’y attendaient pas.

Si les habitans des villes coupables eussent eu la foi et la crainte de Dieu, nous les aurions enrichis des biens célestes et terrestres. Nos fléaux ont été le prix de leurs mensonges.

Qui pouvait les assurer que notre vengeance ne les surprendrait pas, au milieu de la nuit et dans les bras du sommeil ?

Qui pouvait les assurer qu’elle n’éclaterait point sur leurs têtes pendant le jour, et au milieu de leurs amusemens ?

Pensaient-ils échapper à la vigilance de Dieu ? Les pervers seraient-ils donc les seuls qui pussent s’y soustraire ?

Héritiers de la terre que leur ont laissée des générations anéanties, ne voient-ils pas que nous pouvons les punir ? Nous gravons notre sceau sur leur cœur, afin qu’ils ne puissent comprendre.

Nous te racontons les malheurs des villes auxquelles nous envoyâmes des apôtres avec la puissance des miracles. Leurs habitans rejetèrent constamment une doctrine qu’ils avaient taxée de fausseté. Ainsi Dieu ferme le cœur des infidèles.

Dans ces villes nous trouvâmes bien peu d’hommes fidèles à leur alliance. La plupart étaient prévaricateurs.

Moïse, qui suivit ces envoyés, se présenta à la cour de Pharaon. Il y opéra des prodiges, sans pouvoir vaincre l’opiniâtreté du roi et des grands. Voyez quelle est la fin des impies.

Je suis le ministre du souverain de l’univers, dit Moïse au prince.

Les ordres que je t’annoncerai de la part de Dieu sont véritables. Je ferai éclater devant toi des signes de sa puissance. Laisse partir avec moi les enfans d’Israël. Si tu as le pouvoir d’opérer des miracles, répondit le roi, qu’ils servent à attester ta mission.

Moïse jeta sa baguette, et elle se changea en serpent.

Il tira sa main de son sein, et sa blancheur étonna les spectateurs.

Cet homme, dirent les courtisans, est un enchanteur habile.

Il veut nous faire abandonner notre pays. Que dois-je faire, dit Pharaon ?

Retenez-le, lui et son frère, et envoyez dans toutes les villes de votre empire,

Avec ordre d’amener tous les habiles magiciens.

Les Mages, rassemblés en grand nombre, firent au roi cette demande : Prince, serons-nous récompensés si nous sommes vainqueurs ?

Comptez sur ma générosité et sur ma faveur, répondit Pharaon.

Jette ta baguette, dirent les Mages à Moïse, ou bien nous jetterons les nôtres.

Commencez, dit Moïse. Ils jetèrent leurs baguettes et produisirent, aux regards des spectateurs, un spectacle étonnant.

Nous inspirâmes à notre ministre de jeter sa baguette. Elle se changea en serpent qui dévora les autres.

La vérité brilla dans tout son jour, et leurs prestiges furent vains.

Les Mages vaincus s’humilièrent.

Ils se prosternèrent pour adorer le Seigneur,

Et dirent : Nous croyons au Dieu de l’univers ;

Nous croyons au Dieu de Moïse et d’Aaron.

Vous avouez votre foi, leur dit Pharaon, avant que je vous aie permis de croire ; c’est une fourberie que vous avez préméditée dans la ville, pour en faire sortir les habitans ; mais bientôt vous verrez.

Je vous ferai couper les pieds et les mains, et vous serez crucifiés.

Nous devons tous retourner à Dieu, répondirent les magiciens.

Nous avons cru aux prodiges dont nous avons été témoins : voilà le crime qui nous attire ton indignation. Seigneur, répands sur nous la patience, et fois que nous mourions croyans.

Laisserez-vous partir Moïse et Aaron, dirent les courtisans au roi, pour qu’ils souillent la terre de leurs crimes et qu’ils abandonnent vos Dieux ? Faisons mourir leurs enfans mâles, répondit Pharaon ; n’épargnons que leurs filles, et nous serons plus puissans qu’eux.

Moïse dit aux Israëlites : Implorez le secours du ciel ; soyez patiens. La terre appartient au Très-Haut. Il en donne l’héritage à ceux qu’il lui plaît. La vie future sera le partage de ceux qui le craignent.

Nous avons été opprimés avant toi, répondirent-ils ; nous le sommes encore depuis que tu es notre guide. Dieu peut exterminer vos ennemis, ajouta le prophète, et vous donner leur royaume, pour voir comment vous vous conduirez.

Déjà nous avons fait sentir aux Égyptiens la stérilité et la famine, afin de leur ouvrir les yeux.

Ils regardaient comme une dette les biens dont ils ont joui. Ils rejettent sur Moïse et son peuple la cause de leurs calamités, et ils doivent l’attribuer à Dieu ; mais la plupart l’ignorent.

Les Égyptiens déclarèrent à Moïse qu’ils ne croiraient point, quelque prodige qu’il opérât pour les séduire.

Nous leur envoyâmes le déluge, les sauterelles, la vermine, les grenouilles et le sang, signes évidents de notre puissance ; mais ils persévérèrent dans leur orgueil et leur impiété.

Écrasés sous le bras du Très-Haut, ils dirent à Moïse : Invoque ton Dieu, suivant l’alliance que tu as contractée avec lui. S’il nous délivre de ses fléaux, nous croirons et nous laisserons partir avec toi les enfans d’Israël. Nous suspendîmes nos châtimens jusqu’au terme qu’ils avaient demandé, et ils violèrent leurs sermens.

Nous nous vengeâmes d’eux ; nous les engloutîmes dans les abîmes de la mer, parce qu’ils avaient traité nos prodiges d’imposture.

Nous donnâmes à des nations faibles l’Orient et l’Occident, sur lesquels nous répandîmes notre bénédiction. Les Israélites virent l’accomplissement de nos promesses. Ils furent récompensés de leurs souffrances. Les travaux et les édifices du pharaon et des Égyptiens furent détruits.

Nous ouvrîmes, un chemin aux Israëlites, à travers les eaux de la mer, et ils arrivèrent dans un pays idolâtre.

Aussitôt ils pressèrent Moïse de leur faire des dieux semblables à ceux qu’on y adorait. Enfans d’Israël, leur dit le prophète, quelle est votre ignorance ?

Ces divinités sont chimériques. Le culte qu’on leur rend est vain et sacrilège.

Vous proposerais-je un autre Dieu que celui qui vous a élevés au-dessus de toutes les nations.

Nous vous avons délivré de la famille du pharaon, qui vous tyrannisait, qui faisait mourir vos enfans mâles, n’épargnant que vos filles ; c’est une faveur éclatante de la bonté divine.

Nous fixâmes à quarante nuits[18] le temps que Moïse devait rester, sur la montagne. En partant il dit à son frère Aaron : Remplis ma place auprès du peuple ; conduis-toi avec sagesse, et ne suis pas le sentier des prévaricateurs.

Moïse s’étant rendu au temps marqué, et ayant entendu la voix de Dieu, lui adressa cette prière : Seigneur, daigne me laisser voir ta face. Tu ne saurais en supporter la vue, répondit Dieu ; regarde sur la montagne ; si elle demeure immobile tu me verras. Dieu ayant paru environné de sa gloire, la montagne réduite en poudre s’affaissa, et Moïse épouvanté se renversa par terre.

Moïse relevé s’écria : Louange au Très-Haut ! Soumis à ses volontés, je suis le premier des croyans.

Je t’ai choisi entre tous les hommes, lui dit le Seigneur, pour te charger de mes ordres. À toi seul j’ai fait entendre ma voix. Reçois ce don, et en sois reconnaissant.

C’étaient les tables où nous avions gravé des préceptes et des lois propres à diriger les hommes dans toutes leurs actions. Nous lui ordonnâmes de les recevoir avec affection, et de les faire observer au peuple. Je leur montrerai la demeure des prévaricateurs.

J’écarterai de la foi l’homme injuste et superbe. La vue des miracles ne vaincra point son incrédulité. La vraie doctrine lui paraîtra fausse. Il prendra le chemin de l’erreur pour celui de la vérité.

Cet aveuglement sera le prix de ses mensonges, et du mépris de nos commandemens.

Les actions de celui qui blasphème contre la religion, et qui nie la résurrection, seront vaines. Serait-il traité autrement qu’il a agi ?

Les Israélites, après le départ de Moïse, fondirent leurs anneaux et formèrent un veau mugissant[19]. Ne voyaient-ils pas qu’il ne pouvait leur parler ni les conduire ?

Ils en firent leur Dieu, et devinrent sacrilèges.

Le veau ayant été renversé au milieu d’eux, ils reconnurent leur erreur, et dirent : C’est fait de nous si le Dieu clément et miséricordieux ne nous pardonne.

Moïse, de retour vers les Israëlites, s’écria plein d’indignation : Vous vous êtes livrés à l’impiété depuis mon départ. Voulez-vous hâter la vengeance divine ? Il jeta les tables, saisit son frère par la tête et le tira à lui. O mon frère, lui dit Aaron, le peuple m’a fait violence ; il a été sur le point de me mettre à mort ; ne réjouis pas mes ennemis en m’accusant ; ne me mets pas au nombre des prévaricateurs.

Dieu clément, dit Moïse, ayez pitié de moi et de mon frère ; exerce envers nous ta miséricorde infinie.

Ceux qui adorèrent le veau, frappés de la colère divine, seront couverts d’opprobre, dans cette vie ; c’est ainsi que nous récompensons les sacrilèges.

Ceux qui, après un repentir sincère de leurs crimes croiront au Seigneur, éprouveront les effets de sa clémence.

Le courroux de Moïse s’étant apaisé, il prit les tables de la loi, où ceux qui ont la piété voient briller la lumière et la miséricorde du Seigneur.

Moïse sépara du peuple soixante-dix Israélites, suivant nos ordres. Un tremblement de terre les engloutit. Seigneur, dit Moïse, tu aurais pu les faire périr avant ce jour et m’envelopper dans leur ruine. Nous extermineras-tu par ce qu’il y a eu des insensés parmi nous ? Tu égares et diriges les humains à ton gré. Tu es notre protecteur. Tu as voulu éprouver ton peuple. Aie compassion de nous et nous pardonne : ta clémence est sans bornes.

Verse tes dons sur nous dans ce monde et dans l’autre puisque nous sommes retournés à toi. Dieu répondit : Je choisirai les victimes de mes vengeances. Ma miséricorde s’étend sur toutes les créatures. Elle sera le prix de ceux qui ont la piété, qui font l’aumône prescrite, et qui croient à mes commandemens.

Ceux qui croiront au prophète que n’éclaire point la science humaine et dont le Pentateuque et l’Évangile font mention ; ceux qui l’honoreront, l’aideront et suivront la lumière descendue du ciel, auront la félicité en partage. Il commandera la justice, proscrira l’iniquité, permettra l’usage des alimens purs, défendra ceux qui sont immondes, et déchargera les fidèles de leurs fardeaux et des chaînes qu’ils portaient.

Dis : Je suis l’interprète du ciel. Ma mission est divine. Elle embrasse tout le genre humain. Il n’y a de Dieu que le souverain du ciel et de la terre. Il donne la vie et la mort. Embrassez l’islamisme ; Suivez le prophète qui n’est point éclairé par la science humaine, qui croit en Dieu, et vous marcherez dans le chemin du salut.

Il est parmi des Israélites, des docteurs et des juges équitables.

Nous partageâmes les Hébreux en douze tribus ; et lorsqu’ils demandèrent de l’eau à Moïse, nous lui inspirâmes de frapper le rocher de sa baguette. Il en jaillit douze sources, et tout le peuple connut le lieu où il devait se désaltérer. Nous abaissâmes les nuages pour les ombrager. Nous leur envoyâmes la manne et les cailles, et nous leur dîmes : Usez des biens que nous vous offrons. Leurs murmures ne firent tort qu’à eux-mêmes.

Nous leur dîmes : Habitez cette ville. Les biens qu’elle renferme sont à votre discrétion. Adorez le Seigneur en y entrant ; implorez sa clémence ; nous vous pardonnerons vos fautes, et les justes seront comblés de mes faveurs.

Ceux d’entr’eux qui étaient livrés à l’impiété, violèrent l’ordre du Seigneur. La vengeance punit leur désobéissance.

Demandez-leur l’histoire de cette ville[20] maritime, dont les habitans transgressaient le sabbat. Ils voyaient dans ce saint jour les poissons paraître à la surface de l’eau. Les autres jours ils disparaissaient. C’est ainsi que nous leur manifestions leur impiété.

Laissez les prévaricateurs, disait-on à ceux qui les exhortaient : le ciel va les exterminer, ou leur faire subir les plus rudes châtimens. Nous les prêchons, répondaient les sages, pour nous justifier devant Dieu, et pour leur inspirer de la crainte.

Ils oublièrent des avis salutaires. Nous sauvâmes ceux qui les leur avaient donnés, et nous fîmes éprouver aux coupables des peines dignes de leur iniquité.

Ils persévérèrent orgueilleusement dans leur désobéissance, et nous les transformâmes en vils singes. Dieu annonça aux juifs que le malheur les poursuivrait jusqu’au jour du jugement. Il est prompt dans ses châtimens ; mais il est clément et miséricordieux.

Nous les avons dispersés sur la terre. Il en est parmi eux qui ont conservé la justice ; les autres se sont pervertis. Nous les avons éprouvés par la prospérité et l’infortune, afin de les ramener à nous.

Une autre génération les a remplacés sur la terre. Résignés à la Providence divine, soumis à tous ses décrets, ils ont mis leur confiance dans la miséricorde du Seigneur ; ils ont reçu l’alliance du Pentateuque, à condition qu’ils ne diraient de Dieu que la vérité, et qu’ils se livreraient avec zèle à l’étude des écritures. Le paradis sera la récompense fortunée de ceux qui marchent dans la crainte. Ne le comprenez-vous pas ?

Ceux qui, assidus à la lecture du Pentateuque, font la prière prescrite, recevront la récompense de leurs bonnes œuvres.

Quand nous élevâmes la montagne qui les ombragea ; quand ils croyaient que son sommet ébranlé allait fondre sur leurs têtes, nous leur dîmes : Recevez avec zèle ces tables que nous vous offrons ; souvenez-vous des préceptes qui y sont gravés, afin que vous craigniez le Seigneur.

Dieu ayant tiré toute la postérité d’Adam des reins de ses fils[21], leur demanda : Suis-je votre Seigneur ? Tu es notre Dieu, répondirent-ils. Nous avons gardé leur témoignage, afin qu’au jour de la résurrection vous ne puissiez vous excuser sur votre ignorance,

Ni dire : Nos pères étaient idolâtres ; serons-nous punis pour les crimes qu’ils ont commis ?

Ainsi nous expliquons notre doctrine, afin de ramener les hommes à la vraie foi.

Récite-leur l’histoire de celui qui refusa de croire à notre religion[22] ; le diable le suivit, et le fit tomber dans ses piéges.

Si nous avions voulu, nous l’aurions élevé à la sagesse ; mais il était attaché à la terre, et n’écoutait que ses passions, semblable au chien qui aboie quand tu le chasses, qui aboie quand tu t’éloignes de lui. Tels sont ceux qui nient la vérité de notre religion. Offre-leur cet exemple, et qu’il leur serve d’avertissement.

Ceux qui blasphèment contre l’islamisme, et qui souillent leurs âmes, ont une malheureuse ressemblance.

Ceux que Dieu éclaire marchent dans les voies du salut, ceux qu’il égare courent à leur perte.

Combien nous avons créé de génies et d’hommes dont l’enfer sera le partage ! Ils ont un cœur, et ils ne sentent point ; ils ont des yeux, et ils ne voient point ; ils ont des oreilles, et ils n’entendent point. Semblables aux bêtes brutes, ou plus aveugles qu’elles, ils restent dans leur abrutissement.

Les plus beaux noms appartiennent à Dieu[23]. Sers-t’en pour l’invoquer. Fuis ceux qui les emploient sacrilégement. Ils recevront le prix de leurs œuvres.

Il est des hommes qui se conduisent avec sagesse et dont l’équité règle toutes les actions.

Ceux pour qui l’islamisme n’est qu’imposture seront punis à l’instant où ils ne s’y attendront pas.

Si ma vengeance est lente, elle n’en est que plus terrible.

N’ont-ils pas dû penser que Mahomet n’était point possédé d’un esprit, lui qui n’a d’autre fonction que de prêcher la parole divine ?

N’ont-ils pas sous les yeux le spectacle du ciel et de la terre, cette chaîne d’êtres que Dieu a créés ? Ne voient-ils pas que la mort peut les surprendre ? En quel autre livre croiront-ils ?

Ceux que Dieu plongera dans l’erreur ne verront plus la lumière. Il les laissera ensevelis dans leur aveuglement.

Ils te demanderont quand arrivera l’heure ? Réponds-leur : Dieu s’en est réservé la connaissance. Lui seul peut la révéler. Ce jour effrayera les cieux et la terre. Il surprendra les mortels.

Ils te demanderont si tu en as la connaissance. Réponds-leur : Dieu seul le connaît, et la plupart des hommes ignorent cette vérité.

Je ne puis jouir d’aucun avantage, ni éprouver de disgrâce, sans la volonté de Dieu. Si l’avenir m’était dévoilé, je rassemblerais des trésors, et me mettrais à l’abri des coups du sort ; mais je ne suis qu’un homme chargé d’annoncer aux croyans les menaces et les promesses divines.

Dieu vous a tous créés d’un seul homme, dont il forma la femme pour être sa compagne. Ils eurent commerce ensemble, et elle porta d’abord un léger fardeau[24] qui ne gênait point sa marche. Il devint plus pesant, et les deux époux adressèrent au ciel cette prière : Seigneur, si tu nous donnes un enfant bien conformé, nous te rendrons des actions de grâces.

Le ciel exauça leurs vœux, et ils partagèrent entre Dieu et Satan, le tribut de leur reconnaissance. Loin de lui ce culte sacrilège !

Lui donneront-ils pour égaux des dieux qui ne sauraient rien créer, qui ont été créés, qui sont incapables de les aider, et de s’aider eux-mêmes ?

Appelez-les au chemin du salut, ils ne vous suivront point ; invoquez-les, ou non, ils ne vous procureront aucun avantage.

Ils sont esclaves comme vous. Priez-les, et qu’ils vous exaucent, si votre culte est véritable.

Ont-ils des pieds avec lesquels ils puissent marcher, des mains pour saisir, des yeux pour voir, des oreilles pour entendre ? Dis-leur : Appelez-vos dieux, et me tendez des embûches. Ne croyez pas que je les craigne.

J’aurai pour protecteur celui qui a fait descendre le Coran. Il protège les justes.

Les idoles, à qui vous offrez votre encens, ne peuvent vous secourir. Elles ne sauraient se secourir elles-mêmes.

Pressez-les d’entrer dans la voie du salut. Elles ne vous entendront point. Vous voyez leurs yeux tournés vers vous ; mais elles ne vous aperçoivent pas.

Que l’indulgence soit ton partage. Commande la justice, et fuis les ignorans.

Oppose aux pièges du tentateur l’assistance du Très-Haut. Il sait et entend tout.

Que ceux qui craignent le Seigneur se rappellent ses bienfaits quand ils seront tentés, et il les éclairera.

Mais les infidèles ne pourront plus dissiper le nuage ténébreux que Satan épaissira autour d’eux.

Si tu ne fais briller à leurs yeux quelque signe éclatant, ils diront : De quelles fables viens-tu nous bercer ? Réponds-leur : Je ne vous prêche que ce que le ciel m’a révélé. Ce livre renferme les préceptes divins; il est la lumière des croyans, et le gage de la miséricorde divine.

Écoutez en silence la lecture du Coran, afin que vous soyez dignes de la clémence du Seigneur.

Entretiens dans ton cœur le souvenir de Dieu. Prie-le avec crainte, avec humilité, et sans l’ostentation des paroles. Remplis ce devoir soir et matin.

Les anges qui sont dans la présence du Très-Haut, loin de refuser orgueilleusement d’obéir à ses lois, le louent, et l’adorent sans cesse.





LE BUTIN.


donné à médine, composé de 76 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Ils t’interrogent au sujet du butin[25]. Réponds leur : Il appartient à Dieu et à son envoyé. Craignez le Seigneur. Que l’amitié règle vos partages ; et, si vous êtes fidèles, obéissez à Dieu et au prophète.

Les croyans que la parole de Dieu pénètre de crainte, qui sentent augmenter leur foi au récit de ses merveilles, qui mettent en lui leur unique confiance,

Qui font la prière, et versent dans le sein de l’indigent une portion des biens que nous leur avons dispensés,

Sont les vrais fidèles. Ils occuperont des degrés sublimes dans le royaume céleste. Ils jouiront de l’indulgence et des bienfaits de Dieu.

C’est Dieu lui-même qui t’a fait quitter ta maison, malgré l’opposition d’une partie des fidèles.

Ils combattaient contre toi la vérité, dont l’évidence frappait leurs yeux, comme si on les eût conduits à la mort, et qu’ils l’eussent vue présente.

Le Seigneur vous promit qu’une des deux nations devait tomber sous votre glaive. Vous désiriez qu’il vous livrât celle qui était sans armes ; mais le ciel voulut accomplir ses promesses, et exterminer jusqu’au dernier des infidèles,

Afin que la vérité brillât, que la vanité s’anéantît, malgré les efforts des impies.

Lorsque vous implorâtes l’assistance du Très-Haut, il répondit : Je vous enverrai un secours de mille anges[26].

Il vous fit cette promesse, afin de porter dans vos cœurs la joie et la confiance. Toute aide vient de celui qui est puissant et sage.

Dieu vous envoya le sommeil de la sécurité. Il fit descendre la pluie du ciel pour vous purifier et vous délivrer de l’abomination de Satan, pour lier vos cœurs par la foi, et affermir votre courage.

Il dit à ses anges : Je serai avec vous ; encouragez les croyans ; j’épouvanterai les impies. Appesantissez vos bras sur leurs têtes ; frappez-les sur les pieds et les mains, et n’épargnez aucun d’eux.

Qu’ils soient punis du schisme qu’ils ont fait avec Dieu et son apôtre. Quiconque se séparera de Dieu et du prophète éprouvera qu’il est terrible dans ses vengeances.

Qu’ils subissent le tourment du feu, préparé aux infidèles.

O croyans ! lorsque vous rencontrerez l’armée ennemie marchant en ordre, ne prenez pas la fuite.

Quiconque tournera le dos au jour du combat, à moins que ce ne soit pour combattre, ou pour se rallier, sera chargé de la colère de Dieu, et aura pour demeure l’enfer, séjour de misère.

Ce n’est pas vous qui les avez tués ; ils sont tombés sous le glaive du Tout-Puissant. Ce n’est pas toi, Mahomet, qui les a assaillis ; c’est Dieu, afin de donner aux fidèles des marques de sa protection. Il sait et entend tout.

Son bras vous a protégés ; c’est lui qui renverse les stratagèmes des ennemis.

Infidèles, la victoire a assuré la décision de notre cause. Il vous importe de quitter les armes. Si vous retournez au combat, vous nous trouverez prêts ; mais quelque nombreuse que soit votre armée, vous n’éprouverez pas un meilleur sort. Le ciel protège les fidèles.

O croyans ! obéissez à Dieu et à son apôtre ; ne vous écartez jamais de ce devoir. Vous écoutez sa parole.

Ne ressemblez pas à ceux qui disent : Nous entendons et ils n’entendent point.

Un état plus vil que celui de la brute, aux yeux de l’Éternel, est d’être sourd, muet, et de ne point comprendre.

Si Dieu leur eût connu quelque bonne disposition, il leur aurait donné l’entendement ; mais ce bienfait n’eût servi qu’à les rendre plus obstinés dans leur éloignement pour la foi.

O croyans ! répondez à la voix de Dieu et du prophète, puisqu’il vous fait vivre. Souvenez-vous qu’il est entre l’homme et son cœur, et que vous retournerez tous à lui.

Craignez la rébellion. Les impies ne seront pas les seuls parmi lesquels elle se fera sentir. Sachez que le Tout-Puissant est terrible dans ses vengeances.

Souvenez-vous que faibles, et en petit nombre dans les murs de la Mecque, vous craigniez d’être exterminés par vos ennemis. Le ciel a protégé votre faiblesse. Il vous a donné un asile, une nourriture abondante, afin que vous soyez reconnaissans.

O croyans ! gardez-vous de tromper Dieu et le prophète. Écartez la fraude de vos traités, puisque vous êtes éclairés.

Songez que vos richesses et vos enfans sont un sujet de tentation, et que la récompense que Dieu vous prépare est magnifique.

O croyans ! si vous craignez le Seigneur, il vous séparera des méchans ; il expiera vos fautes ; il vous les pardonnera, et versera sur vous les trésors de ses libéralités.

Tandis que les infidèles te tendaient des embûches, tandis qu’ils voulaient te saisir, te mettre à mort ou te chasser, Dieu, dont la vigilance surpasse celle du fourbe, détruisait leurs complots.

Qu’on lise aux incrédules la doctrine divine, ils répondent : Nous l’avons entendue. Il nous serait facile d’en produire autant. Ce n’est qu’un tissu des rêveries de l’antiquité.

Dieu tout-puissant, se sont-ils écriés, si le Coran renferme la vérité, fais pleuvoir les pierres sur nos têtes, fais-nous éprouver les plus terribles fléaux.

Le ciel ne les punit pas, parce que tu étais avec eux, et qu’ils implorèrent leur pardon.

Dieu pouvait leur faire éprouver ses vengeances, quand ils détournaient les fidèles du temple de la Mecque. Ils n’étaient pas ses amis. Les hommes vertueux méritent seuls de l’être, et la plupart l’ignorent.

Leur prière dans le lieu saint n’était qu’un sifflement des lèvres et un battement de mains. Ils entendront ces mots : Goûtez la peine de votre impiété.

Ils emploient leurs richesses pour combattre la religion. Ils les dissiperont. Un repentir amer en sera le fruit, et ils seront vaincus.

Tous les infidèles seront réunis dans l’enfer.

Dieu séparera les bons d’avec les méchans. Il rassemblera les scélérats, et les livrera aux tourmens du feu. Leur perte sera consommée.

Dis aux pervers que, s’ils abandonnent l’infidélité, ils obtiendront le pardon du passé ; mais que s’ils y retombent, ils ont sous les yeux l’exemple des anciens peuples.

Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de schisme, et que la religion sainte triomphe universellement. S’ils se convertissent, Dieu sera le témoin de leur action.

S’ils persistent dans la révolte, songez que Dieu est votre maître, et que vous devez compter sur sa protection puissante.

Souvenez-vous que vous devez la cinquième part du butin à Dieu, au prophète, à ses parens, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs, si vous croyez en Dieu, et à ce que nous révélâmes à notre serviteur, dans ce jour mémorable où les deux armées se rencontrèrent. La puissance du Seigneur est infinie.

Vous étiez postés près du ruisseau[27], les ennemis étaient sur la rive opposée. Votre cavalerie était inférieure. Malgré vos conventions la discorde se serait mise parmi vous ; mais le Tout-Puissant voulut accomplir ce qui était arrêté dans ses décrets ;

Afin que celui qui devait périr succombât, et que celui qui devait survivre à la victoire fût témoin de sa gloire. Dieu sait et entend tout.

Dieu vous montra en songe l’armée ennemie peu nombreuse. S’il vous l’eût fait paraître plus formidable, vous auriez perdu courage, et la discorde vous eût désunis. Il vous épargna ce tableau parce qu’il connaît le fond des cœurs.

Lorsque vous commençâtes le combat, il diminua à vos regards le nombre des ennemis ; il diminua de même à leurs yeux le nombre de vos soldats, afin d’accomplir ce qui était déterminé dans ses décrets. Il est le terme de toutes choses.

O croyans ! lorsque vous marchez aux ennemis, soyez inébranlables. Rappelez-vous à chaque instant le souvenir du Seigneur, afin que vous soyez heureux.

Obéissez à Dieu et au prophète. Craignez la discorde, de peur qu’elle n’éteigne le feu de votre courage. Soyez fermes. Dieu est avec ceux qui souffrent avec constance.

Ne ressemblez pas à ceux qui quittent leurs foyers avec ostentation, et détournent leurs semblables des voies du Seigneur. Il voit leurs actions.

Le diable exaltant le mérite de leurs exploits leur dit : Aujourd’hui vous serez invincibles ; je marcherai à votre tête. Lorsque les deux armées furent en présence il revint sur ses pas. Je vous abandonne, ajouta-t-il : Je vois ce qui échappe à vos regards[28]. Je crains Dieu dont les chatimens sont terribles.

Les incrédules, et ceux dont le cœur est corrompu disaient : Leur foi les a trompés ; mais celui qui met sa confiance en Dieu éprouve qu’il est savant et sage.

Quel spectacle lorsque les anges donnent la mort aux infidèles[29] ! Ils frappent leurs visages et leurs reins, et font entendre ces paroles : Allez goûter la peine du feu.

Ce supplice est dû à leurs crimes ; car Dieu n’est point injuste envers ses serviteurs.

Ils ressemblaient à la famille du pharaon et aux incrédules qui les ont précédés. Dieu les a surpris au milieu de leurs forfaits, et il est terrible dans ses châtimens.

Il ne retire ses grâces d’un peuple que quand il est perverti. Il voit et entend tout.

Ils ressemblaient à la famille du pharaon et à ceux qui avant eux ont nié notre doctrine. Notre vengeance les a surpris au milieu de leurs crimes ; ainsi nous fîmes périr l’armée du pharaon dans les flots, parce qu’elle était impie.

L’incrédule qui refuse de croire à l’islamisme est plus abject que la brute aux yeux de l’Éternel.

Ceux qui violent à chaque occasion le pacte qu’ils ont contracté avec toi, n’ont point la crainte du Seigneur.

Si le sort des armes les fait tomber entre tes mains, effraye par leur supplice ceux qui les suivent, afin qu’ils y songent.

Rejette la crainte de ceux dont tu crains la fraude. Traites-les comme ils agissent ; parce que Dieu hait les trompeurs.

Que l’infidèle ne croie pas se soustraire à la vengeance divine. Il ne saurait la suspendre.

Unissez vos efforts, rassemblez vos chevaux, afin de jeter l’épouvante dans l’âme des ennemis de Dieu, des vôtres, et de ceux que vous ignorez. Dieu les connaît. Tout ce que vous aurez dépensé pour son service, vous sera rendu. Vous ne serez point trompés.

Donne ton consentement à la paix, s’ils la recherchent. Mets ta confiance dans le Seigneur. Il sait et entend tout.

S’ils voulaient te trahir, Dieu arrêtera leurs complots. Il t’a fortifié de son aide et de celui des fidèles. Il a uni leurs cœurs. Tous les trésors de la terre n’auraient pu produire cette union. Elle est un effet de sa bonté. Il est puissant et sage.

O prophète ! la protection de Dieu est un asile suffisant pour toi et pour les fidèles qui te suivront.

O prophète ! encourage les croyans au combat. Vingt braves d’entr’eux terrasseront deux cents infidèles. Cent en mettront mille en fuite, parce qu’ils n’ont point la sagesse.

Dieu veut adoucir votre tâche. Il connaît votre faiblesse. Cent braves d’entre vous vaincront deux cents ennemis, et mille triompheront de deux mille, par la permission de Dieu qui est avec les hommes courageux.

Aucun prophète n’a jamais fait de prisonniers, qu’après avoir versé le sang d’un grand nombre d’ennemis. Vous désirez les biens terrestres, et Dieu veut vous donner les trésors du ciel. Il est puissant et sage.

S’il ne vous avait envoyé ses préceptes, les dépouilles que vous avez remportées vous auraient attiré sa vengeance.

Nourrissez-vous des biens licites enlevés aux ennemis, et craignez le Seigneur. Il est clément et miséricordieux.

O prophète ! Dis aux prisonniers que vous avez faits : Si Dieu voit la droiture dans vos cœurs, il vous donnera des richesses plus précieuses que celles qu’on vous a enlevées, et il vous pardonnera, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

S’ils veulent te tromper, ils ont été fourbes envers Dieu. Il t’établit l’arbitre de leur sort, il est savant et sage.

Les croyans qui auront abandonné leurs familles, pour défendre, de leurs biens et de leurs personnes la cause de Dieu, partageront le butin avec ceux qui ont donné du secours et un asile au prophète. Vous n’aurez point de société avec les fidèles qui auront resté dans leurs maisons jusqu’à ce qu’ils aient marché au combat. S’ils implorent votre appui pour la défense de leur religion, vous le leur accorderez, à moins que ce ne soit contre vos alliés. Le Très-Haut est témoin de vos actions.

Les infidèles sont unis entr’eux. Si une semblable union ne règne parmi vous, le schisme et la corruption couvriront la terre.

Les croyans qui ont quitté leur patrie pour combattre sous l’étendard de la foi, et ceux qui ont donné un asile et du secours au prophète, sont les vrais fidèles. Ils jouiront de l’indulgence du Seigneur et des avantages glorieux du paradis.

Ceux qui dans la suite embrasseront la foi, qui s’expatrieront et combattront pour la défense de l’islamisme, deviendront vos compagnons. Ceux qui vous sont unis sont plus ou moins honorablement écrits dans le livre, parce que la science du Tout-Puissant embrasse l’univers.





LA CONVERSION.


donné à médine, composé de 130 versets
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Déclaration de la part de Dieu et du prophète, aux idolâtres avec lesquels vous aurez fait alliance.

Voyagez avec sécurité pendant quatre mois, et songez que vous ne pouvez arrêter le bras du Tout-Puissant qui couvrira d’opprobre les infidèles.

Dieu et son envoyé déclarent qu’après les jours du pélerinage, il n’y a plus de pardon pour les idolâtres. Il vous importe de vous convertir. Si vous persistez dans l’incrédulité, souvenez-vous que vous ne pourrez suspendre la vengeance céleste. Annonce aux infidèles des supplices douloureux.

Gardez fidèlement l’alliance contractée avec les idolâtres, s’ils l’observent eux-mêmes, et s’ils ne fournissent aucun secours à vos ennemis. Dieu aime ceux qui le craignent.

Les mois sacrés écoulés, mettez à mort les idolâtres, partout où vous les rencontrerez. Faites-les prisonniers. Assiégez leurs villes. Tendez-leur des embûches de toutes parts. S’ils se convertissent, s’ils accomplissent la prière, s’ils paient le tribut sacré, laissez-les en paix. Le Seigneur est clément et miséricordieux.

Accorde une sauve-garde aux idolâtres qui t’en demanderont, afin qu’ils entendent la parole divine. Qu’elle leur serve de sûreté pour s’en retourner, parce qu’ils sont ensevelis dans les ténèbres de l’ignorance.

Dieu et le prophète peuvent-ils avoir un pacte avec les idolâtres ? Cependant s’ils observent le traité formé près du temple de la Mecque, soyez-y fidèles. Dieux aime ceux qui le craignent.

Comment l’observeront-ils ? S’ils ont l’avantage sur vous, ni les liens du sang, ni la sainteté de leur alliance, ne pourront les empêcher d’être parjures.

Ils ont vendu la doctrine du Coran pour un vil intérêt. Ils ont écarté les croyans du chemin du salut. Toutes leurs actions sont marquées au coin de l’iniquité.

Ils ont rompu tous les freins. Ils violent et les liens du sang et leurs sermens.

Si, revenus de leurs erreurs, ils accomplissent la prière et paient le tribut sacré, ils seront vos frères en religion. J’explique les préceptes du Seigneur à ceux qui savent les comprendre.

Si, manquant à la solennité de leur pacte, ils troublent votre culte, attaquez les chefs des infidèles, puisque leurs sermens ne peuvent les retenir.

Refuseriez-vous de combattre un peuple parjure, qui s’est efforcé de chasser votre apôtre, qui vous a attaqué le premier ? Le craindriez-vous ? Mais la crainte de Dieu ne doit-elle pas être plus forte, si vous êtes fidèles.

Attaquez-les. Dieu les punira par vos mains. Il les couvrira d’opprobre. Il vous protégera contre eux, et fortifiera le cœur des fidèles.

Il dissipera leur indignation, et fera grâce à qui il voudra, parce qu’il est savant et sage.

Avez-vous pensé que vous seriez abandonnés, quand Dieu ne connaissait pas encore ceux d’entre vous qui devaient combattre ; quand, sans alliés, vous n’aviez pour appui que le bras du Seigneur, son apôtre et quelques fidèles ? Le Très-Haut connaît vos actions.

L’entrée du temple Saint doit être interdite aux idolâtres. L’irréligion qu’ils professent les en rend indignes. Leurs œuvres sont vaines. Le feu sera leur demeure éternelle.

Mais ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, qui font la prière, qui paient le tribut sacré, n’ayant d’autre crainte que celle de Dieu, visiteront son temple ; pour eux la voie du salut est facile.

Pensez-vous que ceux qui portent de l’eau aux voyageurs[31], ou qui visitent les saints lieux, ont un mérite égal au croyant qui défend la foi les armes à la main ? Le Seigneur attache à leurs œuvres un prix différent. Il n’éclaire point les pervers.

Les croyans qui s’arracheront du sein de leurs familles, pour se ranger sous les étendards de Dieu, sacrifiant leurs biens et leurs vies, auront les places les plus honorables dans le royaume des cieux. Ils jouiront de la félicité suprême.

Dieu leur promet sa miséricorde. Ils seront l’objet de ses complaisances, et ils habiteront les jardins de délices où régnera la souveraine béatitude.

Là, ils goûteront d’éternels plaisirs, parce que les récompenses du Seigneur sont magnifiques.

O croyans ! cessez d’aimer vos pères, vos frères, s’ils préfèrent l’incrédulité à la foi. Si vous les aimez, vous deviendrez pervers.

Si vos pères, vos enfans, vos frères, vos épouses, vos parens, les richesses que vous avez acquises, le commerce dont vous craignez la ruine, vos habitations chéries, ont plus d’empire sur vos cœurs que Dieu, son envoyé et la guerre sainte, attendez le jugement du Très-Haut. Il n’est point le guide des prévaricateurs.

Combien de fois le Tout-Puissant vous a-t-il fait sentir les effets de sa protection ? Souvenez-vous de la journée de Honein, où le nombre de vos troupes vous enflait le cœur ; à quoi vous servit cette armée formidable ? La terre vous semblait trop étroite dans votre fuite précipitée.

Dieu couvrit de sa sauve garde le prophète et les croyans ; il fit descendre des bataillons d’anges invisibles à vos yeux pour punir les infidèles. Tel est le sort des prévaricateurs.

Il pardonnera à qui il voudra. Il est indulgent et miséricordieux.

O croyans ! les idolâtres sont immondes. Qu’ils n’approchent plus du temple de la Mecque après cette année. Si vous craignez l’indigence, le ciel vous ouvrira ses trésors. Dieu est savant et sage.

Combattez ceux qui ne croient point en Dieu, et au jour dernier, qui ne défendent point ce que Dieu et le prophète ont interdit, et qui ne professent point la religion véritable des juifs et des chrétiens. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient le tribut de leurs propres mains, et qu’ils soient soumis.

Les juifs disent qu’Ozaï est fils de Dieu ; les chrétiens disent la même chose du Messie. Ils parlent comme les infidèles qui les ont précédés. Le ciel punira leurs blasphèmes.

Ils appellent seigneurs leurs pontifes, leurs moines, et le Messie, fils de Marie ; et il leur est commandé de servir un seul Dieu. Il n’y en a point d’autre. Anathème sur ceux qu’ils associent à son culte !

Ils voudraient éteindre de leur souffle la lumière de Dieu ; mais il la fera briller malgré l’horreur qu’elle inspire aux infidèles.

Il a envoyé son apôtre pour prêcher la foi véritable, et pour établir son triomphe sur la ruine des autres religions, malgré les efforts des idolâtres.

O croyans ! sachez que la plupart des prêtres et des moines dévorent inutilement les biens d’autrui, et écartent les hommes de la voie du salut. Prédis à ceux qui entassent l’or dans leurs coffres, et qui refusent de l’employer pour le soutien de la foi, qu’ils subiront des tourmens douloureux.

Un jour cet or, rougi dans le feu de l’enfer, sera appliqué sur leurs fronts, leurs côtés et leurs reins, et on leur dira : Voilà les trésors que vous aviez amassés, jouissez-en maintenant.

Quand, le Tout-Puissant créa les cieux et la terre il écrivit l’année de douze mois [32]. Ce nombre fut gravé dans le livre saint. Quatre de ces mois sont sacrés ; c’est la vraie croyance. Fuyez pendant ces jours l’iniquité ; mais combattez les idolâtres en tout temps, comme ils vous combattent. Sachez que le Seigneur est avec ceux qui le craignent.

Transporter à un autre temps les mois sacrés, est un excès d’infidélité. Les idolâtres autorisent ce changement une année, et le défendent la suivante [33], afin d’accomplir les mois sacrés. Ils permettent ce que Dieu a défendu. Ils se font gloire de leurs crimes. Dieu n’éclaire point les impies.

O croyans, quelle fut votre consternation, lorsqu’on vous dit : Allez combattre pour la foi ! Préféreriez-vous donc la vie du monde à la vie future ? Mais que sont les biens terrestres, en comparaison des jouissances du ciel ?

Si vous ne marchez au combat, Dieu vous punira sévèrement : il mettra à votre place un autre peuple, et vous ne pourrez suspendre sa vengeance, parce que sa puissance est infinie.

Si vous refusez votre secours au prophète, il aura Dieu pour appui. Son bras le protégea quand les infidèles le chassèrent. Un des compagnons[34] de sa fuite le secourut lorsqu’ils se réfugièrent dans la caverne. Ce fut alors que Mahomet lui dit : Ne t’afflige point, le Seigneur est avec nous. Le ciel lui envoya la sécurité et une escorte d’anges invisibles à vos yeux. Les discours de l’impie furent anéantis, et la parole de Dieu exaltée. Il est puissant et sage.

Jeunes et vieux, marchez au combat, et sacrifiez vos richesses et vos vies pour la défense de la foi. Il n’est point pour vous de plus glorieux avantage. Si vous saviez !

L’espoir d’un succès prochain et facile, les aurait fait voler au combat ; mais la longueur du chemin les a effrayés. Ils jureront par le nom de Dieu que, s’ils avaient pu, ils auraient suivi tes drapeaux. Ils perdent leurs armes, car Dieu connaît leurs mensonges.

Puisse le ciel te pardonner ta condescendance à leurs désirs ! Il te fallait du temps pour distinguer les menteurs d’avec ceux qui disaient la vérité.

Ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, ne te demanderont point d’exemption. Ils sacrifieront leurs richesses, et verseront leur sang pour la cause de Dieu. Il connaît ceux qui le craignent.

Mais ceux qui ne croient ni en Dieu, ni au jugement dernier, et qui errent dans le vague du doute, te prieront de les exempter du combat.

S’il avaient eu dessein de suivre l’étendard de la foi, ils auraient fait des préparatifs ; mais le ciel a rejeté leur service ; il a augmenté leur lâcheté, et on leur a dit : Restez avec les femmes.

S’ils étaient partis avec vous, ils n’auraient servi qu’à vous causer des dépenses, et à semer la division parmi vos troupes. Plusieurs eussent prêté l’oreille à leurs discours séditieux ; mais le Seigneur connaît les pervers.

Déjà ils ont voulu allumer le feu de la rébellion. Ils ont contrarié tes projets jusqu’à ce que la vérité étant descendue du ciel, la volonté de Dieu s’est manifestée contre leur opposition.

Plusieurs d’entre eux te diront : exempte-nous de la guerre ; ne nous enveloppe pas dans la dissension. N’y sont-ils pas tombés ? Mais l’enfer environnera les infidèles.

Vos succès les affligeront, et au bruit de vos disgrâces, ils s’écrieront : Nous avons pris notre parti d’avance. Ils retourneront à l’infidélité, et se réjouiront de vos malheurs.

Dis-leur : Il ne nous arrivera que ce que l’Éternel a écrit. Il est notre Seigneur. Que les fidèles mettent en lui leur confiance.

Quel est votre espoir ? Que nous soyons victorieux ou martyrs. Et nous, nous espérons que Dieu vous punira, ou remettra en nos mains sa vengeance. Attendez, nous attendrons avec vous.

Dis-leur : Offrez vos biens volontairement ou à contre cœur, ils seront refusés, parce que vous êtes impies.

Dieu rejette leurs offrandes, parce qu’ils ne croient point en lui et en son apôtre ; parce qu’ils font la prière avec tiédeur, et que leurs secours sont offerts à regret.

Que leurs trésors et le nombre de leurs enfans ne t’en imposent point. Ce sont des dons funestes, dont le ciel se servira pour les punir, en les faisant mourir dans leur infidélité.

Ils jurent, par le nom de Dieu, qu’ils sont de votre parti. La crainte de vos châtimens leur arrache ce parjure.

Les antres, les cavernes, sont les lieux qu’ils recherchent. Ils courent y cacher leur lâcheté.

Ils t’accusent dans la distribution des aumônes. Ils sont contens quand il les partagent, et s’irritent quand on les leur refuse.

Ne devraient-ils pas être satisfaits de ce qu’ils ont reçu de Dieu et du prophète ? Ne devraient-ils pas dire : La faveur du ciel nous suffit ; Dieu et le prophète nous combleront de biens, parce que nous invoquons le nom du Seigneur ?

Les aumônes doivent être employées pour le soulagement des pauvres, des indigens, de ceux qui les recueillent, de ceux qui sont résignés à la volonté de Dieu, pour la rédemption des captifs, pour secourir ceux qui sont chargés de dettes, pour les voyageurs, et pour le soutien de la guerre sainte. Telle est la distribution prescrite par le Seigneur. Il est savant et sage.

La calomnie attaque le prophète. On lui reproche de prêter l’oreille à tous les rapports. Réponds : Il écoute tout ce qui peut vous être utile ; il croit en Dieu et aux fidèles.

La miséricorde est le partage des croyans. Les tourmens seront la récompense de ceux qui calomnient le ministre du Très-Haut.

Ils prodiguent les sermens pour capter votre bienveillance. Il leur serait plus avantageux de rechercher la faveur de Dieu et du prophète, s’ils avaient la foi.

Ignorent-ils que celui qui se sépare de Dieu et de son envoyé aura pour demeure éternelle l’enfer, et sera couvert d’ignominie.

Les impies craignent que Dieu ne fasse descendre un chapitre où il dévoilera ce qui est dans leurs cœurs. Dis-leur : Riez. Dieu mettra au grand jour ce que vous cachez.

Interrogez-les sur cette crainte, ils répondent : Ce n’était qu’une feinte. Nous nous moquions de vous. Réponds-leur : Vous vouliez donc vous jouer de Dieu, de sa religion et de son ministre ?

N’apportez plus d’excuse. Vous avez quitté la foi pour suivre l’erreur. Si quelques-uns d’entre vous peuvent espérer leur pardon, les autres, livrés à l’impiété, seront dévoués à des peines déchirantes.

Les impies s’unissent pour commander le crime et abolir la justice. Leurs mains sont fermées pour l’aumône. Ils oublient Dieu dont ils sont oubliés, parce qu’ils sont prévaricateurs.

Dieu a promis aux scélérats et aux infidèles le feu de l’enfer. Ils y expieront leurs forfaits, chargés de sa malédiction, et dévorés par des tourmens éternels.

Vous êtes semblables aux impies qui vous ont précédés. Ils furent plus forts, plus puissans que vous par leurs richesses et le nombre de leurs enfans. Ils jouirent des biens terrestres que le ciel leur départit. Vous avez joui comme eux de votre portion. Vous avez parlé comme ils parlèrent. Leurs actions ont été vaines dans ce monde et dans l’autre, et ils ont été dévoués à la réprobation.

Ignorent-ils l’histoire des premiers peuples, de Noé, d’Aod, d’Abraham, des Madianites, et des villes renversées ? Ils eurent des prophètes qui opérèrent des miracles sous leurs yeux. Dieu ne les traita point injustement. Ils furent eux-mêmes les auteurs de leur ruine.

Les fidèles forment une société d’amis. Ils font fleurir la justice, proscrivent l’iniquité, sont assidus à la prière, paient le tribut sacré, et obéissent à Dieu et à son envoyé. Ils obtiendront la miséricorde du Seigneur, parce qu’il est puissant et sage.

Il leur destine des jardins arrosés par des fleuves. Introduits dans les délicieuses demeures d’Éden[35], ils jouiront éternellement des grâces du Seigneur, et goûteront la volupté suprême.

O prophète ! combats les incrédules et les impies. Traites-les avec rigueur. L’enfer sera leur affreuse demeure.

Ils jurent, par le nom de Dieu, qu’ils ne t’ont point calomnié. Ils sont infidèles dans leurs discours comme dans leur foi. L’objet de leurs vœux ardens leur est échappé. Ils n’ont été ingrats que parce que Dieu et le prophète les ont comblés de biens. Leur conversion serait pour eux une source d’avantages. S’ils la diffèrent, Dieu les punira dans cette vie et dans l’autre. Ils n’auront plus sur terre ni protecteur ni ami.

Quelques-uns d’entr’eux ont promis à Dieu que, s’il ouvrait pour eux les trésors de sa bienfaisance, ils feraient l’aumône et embrasseraient le parti de la vertu.

Dieu a comblé leurs désirs ; l’avarice, l’éloignement de la foi, ont été le prix de ses bienfaits.

Il fera persévérer l’iniquité dans leurs cœurs, jusqu’au jour où ils paraîtront devant lui, parce qu’oubliant leurs sermens, ils ont été parjures.

Ne savaient-ils pas que Dieu connaissait leurs secrets et leurs discours clandestins, puisque rien n’est caché à ses yeux ?

Ceux qui blâment les aumônes des fidèles généreux, de ceux qui n’ont pour vivre que le fruit de leurs travaux, et qui se moquent de leur crédulité, seront l’objet de la risée de Dieu, et la victime de ses tourmens.

En vain tu implorerais soixante-dix fois pour eux la miséricorde divine. Dieu ne leur pardonnera point, parce qu’ils ont refusé de croire en lui et au prophète, et qu’il n’éclaire point les prévaricateurs.

Satisfaits d’avoir laissé partir le prophète, ils ont refusé de soutenir la cause du ciel, de leurs biens et de leurs personnes, et ils ont dit : N’allons pas combattre pendant la chaleur. Réponds-leur : Le feu de l’enfer sera plus terrible que la chaleur. S’ils le comprenaient !

Qu’ils rient quelques instans ! de longs pleurs seront le fruit de leur conduite.

Si Dieu te ramène du combat ; et qu’ils demandent à te suivre, dis-leur : Je ne vous recevrai point au nombre de mes soldats ; vous ne combattrez point sous mes étendards. Dès la première rencontre vous avez préféré l’asile de vos maisons au combat. Restez avec les lâches.

Si quelqu’un d’entre vous meurt, ne prie point pour lui ; ne t’arrête point sur sa tombe, parce qu’ils ont refusé de croire en Dieu et en son envoyé, et qu’ils sont morts dans leur infidélité.

Que leurs richesses et le nombre de leurs enfans ne t’éblouissent pas. Dieu s’en servira pour les châtier dans ce monde, et ils mourront dans leur iniquité.

Lorsque Dieu fit descendre un chapitre où il leur commandait de croire en lui et en son apôtre, et de le suivre au combat, les plus puissans d’entre eux, te priant de les en exempter, demandèrent à rester au sein de leurs familles.

Ils ont voulu demeurer avec les lâches. Dieu a scellé leurs cœurs. Ils n’écouteront plus la sagesse.

Mais le prophète et les croyans, qui ont sacrifié leurs biens, et versé leur sang, pour la défense de l’islamisme, seront comblés des faveurs du ciel, et jouiront de la félicité.

Ils habiteront éternellement le séjour que Dieu leur a préparé, les jardins de délices arrosés par des fleuves, lieux où régnera la souveraine béatitude.

Plusieurs des Arabes du désert sont venus s’excuser d’aller à la guerre. Ceux qui ne croient point en Dieu et au prophète sont restés chez eux. Ils recevront le châtiment de leur infidélité.

Les faibles, les malades, les bienfaisans, et ceux qui ne pourraient s’entretenir, ne sont point obligés de combattre, pourvu qu’ils consultent Dieu et son envoyé. Ils éprouveront l’indulgence et la miséricorde du Seigneur.

Les croyans qui, t’ayant demandé des chevaux que tu ne pus leur fournir, s’en retournèrent les larmes aux yeux, désespérés de ne pouvoir verser leur sang pour la cause de Dieu, n’ont point de reproche à craindre.

Mais les riches qui te demandent des exemptions sont coupables. Ils préfèrent de rester dans leurs maisons.

Dieu imprime le sceau de sa réprobation sur leurs cœurs, et ils l’ignorent.

Ils viendront s’excuser à votre retour. Dis-leur : Vos excuses sont vaines. Nous ne vous croyons point. Dieu nous a manifesté votre conduite. Dieu et son ministre l’examineront. Vous serez conduits devant celui qui connaît les secrets. Il dévoilera à vos yeux ce que vous aurez fait.

Ils vous conjureront, lorsque vous reviendrez du combat, de vous éloigner d’eux. Fuyez-les ; ils sont immondes. L’enfer sera le prix de leurs œuvres.

Ils vous conjureront de leur rendre votre amitié. Si vous condescendez à leurs désirs, souvenez-vous que le Seigneur hait les prévaricateurs.

Les Arabes du désert sont les plus opiniâtres des infidèles et des impies. Il convient qu’ils ignorent les lois que le ciel a dictées au prophète. Dieu est savant et sage.

Plusieurs d’entre eux pensent que les aumônes sont employées à acquitter les dettes du public. Ils désirent que vous éprouviez les revers de la fortune. Ils éprouveront la vicissitude du mal. Dieu sait et entend.

Quelques Arabes qui croient en Dieu et au jour dernier, pensent que le tribut sacré les approche de l’Éternel, et les fait participer aux prières du prophète. Certainement il les approche de la majesté divine. Il leur procurera l’indulgence du Dieu clément et miséricordieux.

Ceux qui les premiers ont quitté leur pays pour aller à la guerre sainte, ceux qui ont suivi cet exemple glorieux, ont mérité l’amitié du Dieu qu’ils aimaient, et il leur a préparé des jardins où coulent des fleuves et où ils goûteront des plaisirs éternels.

Parmi les Arabes pasteurs qui vous environnent, parmi les habitans de Médine, il est encore des impies. Tu ne les connais pas ; mais nous les connaissons. Un double châtiment leur est destiné, et ensuite ils seront livrés au grand supplice.

D’autres se sont avoués coupables. Ils ont voulu racheter leur faute par une bonne œuvre. Peut-être le Soigneur abaissera-t-il sur eux un regard propice. Il est indulgent et miséricordieux.

Reçois une portion de leurs biens en aumône, afin de les purifier et d’expier leur désobéissance. Prie pour eux. Tes prières rendront la paix à leurs âmes. Dieu sait et entend tout.

Ignorent-ils que le Seigneur reçoit la pénitence et les aumônes de ses serviteurs, parce qu’il est indulgent et miséricordieux ?

Dis-leur : Agissez ; Dieu, son envoyé et les fidèles verront vos actions. Vous paraîtrez au tribunal de celui devant qui tous les secrets sont dévoilés. Il vous montrera vos œuvres.

D’autres attendent le jugement de Dieu, préparés à recevoir ses châtimens ou ses faveurs. Le Très-Haut est savant et sage.

Ceux qui ont bâti ce temple, séjour du crime et de l’infidélité, sujet de discorde entre les fidèles, lieu où ceux qui ont porté les armes contre Dieu et son ministre, dressent leurs embûches, jurent que leur intention est pure ; mais le Tout-Puissant est témoin de leur mensonge.

Garde-toi d’y entrer. Le vrai temple a sa base établie sur la piété. C’est là que tu dois faire la prière ; c’est là que les mortels doivent désirer d’être purifiés, parce que le Seigneur aime ceux qui sont purs.

De deux temples, dont l’un est fondé sur la crainte du Seigneur, et l’autre est bâti sur l’argile que mine un torrent, et qui est prête à s’abîmer avec lui dans le feu de l’enfer, lequel est assis sur une base plus solide ? Dieu n’est point le guide des méchans.

Leurs cœurs seront déchirés, lorsque cet édifice qu’ont élevé leurs doutes croulera. Dieu est savant et sage.

Dieu a acheté la vie et les biens des fidèles. Le paradis en est le prix. Ils combattront, mettront à mort leurs ennemis, tomberont sous leurs coups ; les promesses qui leur sont faites dans le Pentateuque, l’Évangile et le Coran, s’accompliront ; car qui est plus fidèle à son alliance que Dieu ? Réjouissez-vous de votre pacte ; il est le sceau de votre bonheur.

Ceux qui font pénitence, qui servent le Seigneur, qui le louent, le prient, l’adorent, qui jeûnent, qui commandent la justice, qui empêchent le crime et gardent les commandemens divins, seront heureux.

Le prophète et les croyans ne doivent point intercéder pour les idolâtres, fussent-ils leurs parens, lorsqu’ils savent qu’ils sont ensevelis dans l’enfer.

Abraham, ayant promis de prier pour son père, satisfit à sa promesse ; mais lorsqu’il connut évidemment qu’il était l’ennemi de Dieu, il rompit son engagement ; cependant Abraham était pieux et humain.

Dieu ne laisse point retourner à l’erreur ceux qu’il a éclairés, jusqu’à ce qu’il leur ait manifesté ce qu’ils doivent craindre, parce que sa science est infinie.

Dieu est le souverain du ciel et de la terre. Il donne la vie et la mort. Vous n’avez de patron et de protecteur que lui.

Il fit éclater sa bonté pour le prophète, les fidèles et leurs alliés, le jour du combat : quand une partie de l’armée des croyans était sur le point de prendre la fuite, un regard propice les arrêta. Il est pour eux indulgent et miséricordieux.

Trois d’entre eux étaient restés derrière. Bannis de la société, en exil au milieu de leurs concitoyens, ils pensèrent, dans leur détresse, qu’ils n’avaient d’autre refuge qu’en Dieu. Il les regarda avec bonté, parce qu’ils se convertirent, et qu’il est indulgent et miséricordieux.

O croyans ! craignez le Seigneur, et exercez la justice.

Les habitans de Médine et les Arabes d’alentour n’avaient aucune raison de se détacher du prophète, et de préférer leurs vies à la sienne. La faim, la soif, la fatigue qu’ils ont endurées pour la cause de Dieu, leurs marches contre les infidèles, les dommages qu’ils en ont essuyés, étaient autant de mérites dont on leur tenait compte, parce que le Seigneur ne laisse point périr la récompense de ceux qui font le bien.

Leurs dépenses, le passage d’un torrent, toutes leurs démarches écrites dans le livre de Dieu, étaient autant de titres à ses bienfaits glorieux.

Il ne faut pas que tous les fidèles prennent les armes à la fois. Il est bon qu’une partie de chaque corps demeure, afin que, s’instruisant de la foi, ils puissent instruire les autres à leur retour.

O croyans ! combattez vos voisins infidèles. Qu’ils trouvent des ennemis implacables. Souvenez-vous que le Très-Haut est avec ceux qui le craignent.

Lorsqu’un nouveau chapitre vous sera envoyé du ciel, ils diront : Qui de vous peut croire cette doctrine ? Mais elle fortifiera la croyance des fidèles, et ils y trouveront leur consolation.

Elle augmentera la plaie de ceux dont le cœur est gangrené, et ils mourront dans leur impiété.

Ne voient-ils pas qu’une ou deux fois par an, le courroux du ciel s’appesantit sur eux ? Ces avertissemens ne dessillent point leurs yeux, et n’excitent point leur repentir.

Lorsqu’on leur enverra un autre chapitre, ils se regarderont mutuellement, et si personne ne les voit, ils prendront la fuite. Dieu a égaré leurs cœurs, parce qu’ils n’écoutent point la sagesse.

Du milieu de vous s’est levé un prophète distingué. Il est chargé de vos fautes. Le zèle de votre salut l’enflamme, et les fidèles ne doivent attendre de lui qu’indulgence et miséricorde.

S’ils refusent de croire la doctrine que tu leur enseignes, dis-leur : Dieu me suffit. Il n’y a point d’autre Dieu que lui. J’ai mis en lui ma confiance. Il est le souverain du trône sublime.





JONAS. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 109 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. tels sont les signes du livre qui contient la sagesse.

Doivent-ils être surpris que nous ayons favorisé de nos révélations un de leurs citoyens, que nous lui ayons commandé d’annoncer des peines aux méchans et des récompenses aux fidèles ? Cependant les incrédules ont dit : Mahomet est un imposteur.

Votre Seigneur est le Dieu qui, après avoir créé le ciel et la terre en six jours, s’assit sur son trône pour gouverner l’univers. On ne peut intercéder auprès de lui sans sa volonté. Il est votre Dieu. Adorez sa majesté suprême. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Vous retournerez tous à lui. Ses promesses sont infaillibles. Celui qui a formé l’homme le fera reparaître devant son tribunal. Il récompensera avec justice les croyans qui auront pratiqué la vertu. Les infidèles auront pour boisson l’eau bouillante, et subiront les tourmens dignes de leur incrédulité.

Il a donné la lumière au soleil, la clarté à la lune ; il a réglé ses phases ; elles servent aux hommes à partager le temps, et à compter les années. Il a créé tout l’univers avec vérité. Il offre partout aux yeux du sage des marques de sa puissance.

La succession de la nuit, et au jour, l’harmonie de tous les corps créés aux cieux et sur la terre, sont des signes éclatans pour ceux qui craignent le Seigneur.

Ceux qui n’attendent point la résurrection, qui, épris des charmes de la vie terrestre, s’y endorment avec sécurité, et ceux qui méprisent nos oracles,

Auront pour prix de leurs actions le feu de l’enfer.

Dieu dirigera dans leur foi les croyans vertueux ; ils reposeront sur le bord des fleuves dans les jardins de la volupté.

Ils y publieront les louanges du Très-Haut. La paix soit avec vous, sera leur salutation mutuelle.

Leur prière finira par ces mots : Louange à Dieu souverain des mondes.

Si la main du Tout-Puissant dispensait le mal aux mortels, avec la même promptitude qu’ils désirent le bien, leurs jours ne seraient qu’un éclair. Nous laissons ceux qui nient la résurrection s’endormir au sein de leurs erreurs.

Le malheur a-t-il visité l’homme ; couché, assis, debout, il élève vers nous sa voix plaintive. À peine l’avons-nous délivré du fardeau qui l’opprimait, qu’il passe comme si nous ne l’avions pas soulagé. Ainsi l’impie se plaît dans son ingratitude.

Avant vous, notre vengeance fit disparaître des nations criminelles, après que nous leur eûmes envoyé des prophètes pour les appeler à la foi. C’est ainsi que nous récompenserons les prévaricateurs.

Après leur destruction, nous vous avons mis sur la terre pour voir comment vous vous conduiriez.

Lorsque nous leur dévoilons l’islamisme, les incrédules disent : Apporte-nous un autre Coran ou change celui-ci. Réponds-leur : Je ne puis rien changer. Je n’écris que ce qui m’est révélé ; si je désobéissais à Dieu, j’aurais à craindre le supplice du grand jour.

Dis : Si Dieu eût voulu, je ne vous aurais point lu ses commandemens, je ne vous les enseignerais pas. N’ai-je pas vécu au milieu de vous un grand nombre d’années[36] avant le Coran ? Ne le comprenez-vous pas ?

Quoi de plus coupable que de prêter à Dieu un mensonge, et d’accuser ses prodiges d’imposture ? Les impies ne prospéreront point.

Ils rendent des honneurs divins à des idoles qui ne peuvent leur nuire, ni les secourir, et ils disent : Voilà nos protecteurs auprès de Dieu. Demande-leur : Apprendrez-vous au Tout-Puissant quelque chose qu’il ignore dans les cieux ou sur la terre ? Louange à sa majesté suprême ! Anathème contre leurs dieux chimériques.

Tous les hommes n’avaient originairement qu’une croyance. Ils se livrèrent dans la suite aux disputes sur la religion[37]. Si le décret éternel n’avait été prononcé, un instant eût vu finir leurs débats.

Dieu, demandent-ils, n’a-t-il pas distingué le prophète par quelque signe ? Réponds-leur : Les secrets lui appartiennent. Attendez ; j’attendrai avec vous.

Notre miséricorde les a délivrés des maux qui les affligeaient, et ils ont été fourbes dans leur religion. Dis : Dieu est plus puissant pour tromper que vous. Les anges qui vous observent écrivent votre perfidie.

C’est Dieu qui vous ouvre des chemins sur la terre et les mers. Lorsque vous êtes embarqués sur un vaisseau qui vogue au gré d’un vent favorable, vous vous livrez à la joie. Le vent renforce, la tempête gronde, les flots sont soulevés de toutes parts, vous vous croyez engloutis ; vous appelez Dieu à votre aide, et vous lui montrez une foi pure. Seigneur, si tu nous délivres du péril, nous te rendrons des actions de grâces.

A peine êtes-vous sauvés, qu’écoutant la voix de vos passions, vous oubliez toute justice. O mortels ! Vous acquerrez au prix de vos âmes les jouissances terrestres. Vous paraîtrez devant notre tribunal, et nous vous montrerons vos œuvres.

La vie du monde est semblable à la pluie que nous faisons tomber des nuages. Elle pénètre dans la terre pour féconder le germe des plantes qui servent de nourriture aux hommes et aux animaux. Les plantes croissent, la terre s’embellit de leur parure, et ses habitans comptent sur de nouvelles richesses. Alors, soit dans l’ombre de la nuit, soit à la clarté du jour, nous envoyons la désolation, et les moissons ont disparu, comme si la veille elles n’avaient pas enrichi les campagnes. C’est ainsi que nous expliquons les merveilles du Très-Haut, afin que les hommes ouvrent les yeux.

Dieu appelle les humains au séjour de la paix, et conduit ceux qu’il veut dans les voies du salut.

Une récompense magnifique sera le partage des bienfaisans. La noirceur et la honte ne voileront point leur front ; ils habiteront éternellement le séjour de délices.

Les scélérats recevront la peine de leurs crimes. L’opprobre les couvrira. Ils n’auront point d’intercesseur auprès de Dieu. Un voile semblable à la nuit ténébreuse enveloppera leurs visages. Ils seront les victimes d’un feu éternel.

Le jour où nous rassemblerons tous les hommes, nous dirons aux idolâtres : Voilà vos places et celles de vos divinités. Nous mettrons de la différence entre eux. Elles nieront le culte qu’ils leur ont rendu.

Le Ciel est témoin que nous rejetions votre encens.

Rassemblés devant le Créateur, leur Dieu véritable, ils recevront le prix de leurs œuvres. Leurs idoles disparaîtront.

Demandez-leur : Qui vous nourrit des biens célestes et terrestres ? Qui est le maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir la vie du sein de la mort, et la mort du sein de la vie ? Qui gouverne l’univers ? Ils répondent : C’est Dieu. Dis-leur : Ne le craindrez-vous donc pas ?

Il est votre Seigneur véritable. Que vous reste-t-il après la vérité, si ce n’est l’erreur ? Pourquoi vous éloignez-vous donc de la foi ?

La parole de Dieu s’est accomplie sur ceux qui commettaient le crime ; ils ne croiront point.

Est-il quelqu’un de vos dieux qui puisse former une créature, et la faire reparaître devant lui ? Dieu a créé les hommes, et il les rassemblera devant son tribunal. Pourquoi lui refusez-vous donc votre encens ?

Est-il quelqu’un de vos dieux qui conduise à la vérité ? Dis-leur : Dieu conduit à la vérité ; il dirige les hommes au chemin du salut. N’est-il donc pas plus digne d’avoir des adorateurs que ceux qui, étant eux-mêmes dans les ténèbres, ne sauraient éclairer personne ? Sur quel fondement appuyez-vous donc vos jugemens ?

Ils n’ont d’autre règle que leur opinion, et elle n’a rien de conforme à la vérité. Le Très-Haut connaît leurs actions.

Le Coran est l’ouvrage de Dieu. Il confirme la vérité des écritures qui le précèdent. Il en est l’interprétation. On n’en saurait douter. Le Souverain des mondes l’a fait descendre des cieux.

Direz-vous que Mahomet en est l’auteur ? Réponds-leur : Apportez un chapitre semblable à ceux qu’il contient, et appelez à votre aide tout autre que Dieu, si vous êtes véridiques.

Ils accusent de fausseté un livre dont ils ne comprennent pas la doctrine, et dont ils n’ont pas encore vu l’accomplissement. C’est ainsi que les prophètes venus avant eux furent traités d’imposteurs ; mais attendez la fin des impies.

Les uns croient au Coran, les autres nient sa doctrine ; mais le Seigneur connaît les hommes corrompus.

S’ils t’accusent de mensonge, réponds-leur : J’ai pour moi mes œuvres. Que les vôtres parlent en votre faveur. Vous ne serez point responsables de ce que je fais, je suis innocent de ce que vous faites.

Il en est qui écouteront ta doctrine ; mais peux-tu faire entendre les sourds ? Ils sont privés d’intelligence.

Les uns attacheront sur toi leurs regards ; mais peux-tu éclairer les aveugles ? Leurs yeux sont fermés à la lumière.

Dieu n’est point injuste envers les hommes ; ils le sont envers eux-mêmes.

Alors qu’ils seront rassemblés devant lui, le séjour qu’ils ont fait sur la terre ne leur paraîtra avoir duré qu’une heure. Ils se reconnaîtront mutuellement. Ceux qui niaient la résurrection ont péri ; ils n’ont point été éclairés.

Soit que tu sois témoin d’une partie des châtimens qui leur sont préparés, soit que nous t’envoyions la mort auparavant, ils reviendront à nous, et le Tout-Puissant rendra témoignage de leurs œuvres.

Tous les peuples eurent des prophètes qui les jugèrent avec équité. Ils n’ont point été traités injustement.

Quand s’accompliront tes menaces, demandent les infidèles ? Marque-nous le terme, si tu es véritable. Réponds-leur : Les trésors et les vengeances célestes ne sont point dans mes mains. Dieu seul en est le dispensateur. Chaque nation a son terme fixé. Elle ne saurait ni le hâter, ni le retarder d’un instant.

Si la punition divine vous surprend, ou le jour ou la nuit, pensez-vous que les impies l’aient accélérée ?

Lorsque vous la verrez, y croirez-vous ? Alors vous sentirez ces fléaux que vous vouliez hâter.

Alors on dira aux méchans : Souffrez des peines éternelles. N’êtes-vous pas récompensés suivant vos œuvres ?

Ils désireront savoir de toi si ces menaces sont véritables. Elles sont la vérité même ; j’en jure par le nom de Dieu. Ils ne pourront en suspendre l’exécution.

Alors l’impie donnerait, pour racheter son âme, tous les trésors de la terre. À l’aspect de la vengeance divine, il cachera son repentir. Le genre humain sera jugé avec équité. Personne ne sera trompé.

Les cieux et la terre ne sont-ils pas le domaine du Très-Haut ? Ses promesses ne sont-elles pas infaillibles ? Mais la plupart l’ignorent. Il donne la vie et la mort, et vous reviendrez tous à lui.

O mortels ! Dieu vous a envoyé des avertissemens, un remède pour vos cœurs, la lumière et la miséricorde pour les fidèles.

Dons précieux de sa libéralité et de sa clémence. Que leur possession vous comble de joie ! Combien est-elle préférable aux richesses du monde !

Dis-leur : Répondez-moi : parmi les alimens que le ciel vous a départis, il en est dont vous défendez l’usage, il en est dont vous le permettez. Est-ce un précepte divin que vous autorise, ou l’attribuez-vous faussement à Dieu ?

A quoi songe le blasphémateur qui nie la résurrection ? Le Seigneur est plein de bonté pour ses créatures, et la plupart ne le paient que d’ingratitude.

En quelque état que vous soyez nous vous accompagnons. Nous sommes présens lorsque vous lisez le Coran. Nous assistons à toutes vos actions, et nous en rendrons témoignage. Le poids d’une fourmi, sur la terre ou dans les cieux, le poids le plus petit comme le plus grand, n’échappe point à la connaissance du Très-Haut. Tout est écrit dans le livre de l’évidence.

La crainte et la douleur n’approcheront point des amis de Dieu.

Ils ont réuni la foi et la piété.

Consolés dans ce monde par d’heureuses promesses, ils en verront l’accomplissement dans l’autre. La parole du Seigneur ne change point. Ils jouiront de la félicité suprême.

Que les discours de l’impie ne t’affligent point. La puissance appartient à Dieu. Il sait et entend tout.

Il possède ce que les cieux et la terre renferment. Ceux qui adorent d’autres divinités ne suivent-ils pas leur seule opinion ? Ont-ils d’autre appui que le mensonge ?

Il a établi la nuit pour le repos des humains, et le jour pour le travail. Ce sont des signes pour ceux qui entendent.

Les infidèles disent : Dieu a un fils. Loin de lui ce blasphème ! il se suffit à lui-même. Les cieux et la terre sont en sa puissance. Sur quel fondement établissez-vous votre croyance ? Ne dites-vous point de Dieu ce que vous ne savez pas !

Dis-leur : Ceux qui blasphèment contre sa majesté suprême n’arriveront point au séjour du bonheur ; Après de courtes jouissances, nous les citerons à notre tribunal, et nous punirons leur incrédulité par des tourmens terribles.

Rapporte-leur l’histoire de Noé, lorsqu’adressant la parole à son peuple, il dit : Si mon séjour au milieu de vous, et la prédication des commandemens de Dieu, vous sont à charge, mon unique confiance est dans le Seigneur. Rassemblez vos efforts et vos divinités ; agissez au grand jour ; ordonnez contre moi, et ne balancez pas un instant.

Si vous rejetez mes instructions, je ne vous en demande point le prix ; je n’attends de récompense que du ciel ; il m’a commandé d’embrasser l’islamisme.

Noé fut traité d’imposteur. Nous le sauvâmes dans l’arche avec sa famille. Nous avons établi sa postérité sur la terre. Ceux qui niaient notre doctrine furent ensevelis dans les eaux. Voyez quelle est la fin des incrédules.

Après Noé, nous envoyâmes aux nations des apôtres avec la puissance des miracles. Elles refusèrent de croire ce qu’elles avaient nié auparavant. C’est ainsi que nous endurcissons le cœur des prévaricateurs.

Dans la suite nous chargeâmes Moïse et Aaron d’annoncer nos volontés à Pharaon et à ses courtisans. Elles furent reçues avec mépris par un peuple corrompu.

Ils virent la vérité, et ils la taxèrent de mensonge.

Est-ce ainsi, dit Moïse, que vous parlez de la vérité qui vous éclaire ? Sont-ce là des prestiges ? Les magiciens ne prospéreront point.

Avez-vous résolu, s’écrièrent les courtisans, de nous faire abandonner la religion de nos pères, et de commander parmi nous ? Nous ne croirons point.

Pharaon ordonna qu’on lui amenât tous les mages habiles ; et lorsqu’ils furent venus, Moïse leur dit : jetez vos baguettes.

Ils obéirent. Le Seigneur, ajouta le prophète, va anéantir votre prodige ; il ne fait point réussir les œuvres des méchans.

Il confirmera la vérité de sa parole, malgré l’opposition des prévaricateurs.

Les Israélites crurent seuls. La crainte de Pharaon et des grands retint les Égyptiens. Pharaon était puissant et impie.

O mon peuple ! dit Moïse, mettez votre confiance en Dieu, si vous croyez en lui et si vous êtes fidèles.

Il est notre unique appui, répondirent les Israélites ; Seigneur, ne nous laisse pas sous l’oppression des pervers.

Fais éclater ta miséricorde ; délivre-nous des infidèles !

Nous inspirâmes à Moïse et à son frère de bâtir en Égypte des maisons pour les Israélites, de les tourner vers le lieu où l’on fait la prière, de faire célébrer les louanges du Très-Haut, et d’annoncer nos récompenses aux croyans.

Seigneur, s’écria Moïse, tu as donné à Pharaon et aux grands de son empire, la splendeur et les biens terrestres. Écarte-les de ta loi ; anéantis leurs richesses, endurcis leurs cœurs ; qu’ils soient fermés à la foi jusqu’à ce qu’ils voient fondre sur eux tes châtimens terribles.

Ta prière est exaucée, répondit le Seigneur. Soyez justes ; éloignez-vous de ceux qui sont dans l’aveuglement.

Nous ouvrîmes aux Israélites un chemin à travers les eaux. Pharaon et son armée les poursuivirent les armes à la main. Ils furent engloutis dans la mer. Pharaon s’écria alors : Je crois qu’il n’y a de Dieu que le Dieu des Hébreux ; j’embrasse leur croyance.

Tu crois, et jusqu’à cet instant tu as été rebelle et corrompu.

Nous retirerons ton corps de la mer[38] afin qu’il serve d’exemple à la postérité. Combien peu d’hommes sont zélés pour la religion !

Nous donnâmes aux enfans d’Israël une habitation sûre[39] et des alimens purs. Ils n’ont disputé sur la religion que quand ils ont vu la lumière. Le Très-Haut jugera leurs différens au jour de la résurrection.

Si notre doctrine élevait quelques doutes en ton cœur, interroge ceux qui ont lu le Pentateuque avant toi. Dieu t’a envoyé la vérité. Garde-toi d’en douter[40].

N’imite pas ceux qui accusent de fausseté les oracles divins, si tu ne veux être au nombre des réprouvés.

Ceux contre qui les décrets immuables ont été prononcés ne croiront point.

Leur opiniâtreté triomphera des plus grands miracles, jusqu’à l’instant où ils verront les feux éternels.

Autrement, plusieurs villes auraient embrassé la foi, et en auraient goûté les avantages. Le peuple seul de Jonas[41] crut à sa prédication. Il fut délivré de la peine ignominieuse qui le menaçait dans ce monde. Nous le laissâmes subsister jusqu’au temps.

Si le Seigneur eût voulu, une même croyance aurait uni tous les mortels. Veux-tu forcer la terre à embrasser l’islamisme ?

La foi est un don que le ciel dispense à son gré. Dieu couvrira d’opprobre ceux qui ne veulent point comprendre.

Dis-leur : Le spectacle merveilleux des cieux et de la terre, les miracles et les prédications ne serviront de rien à ceux qui ne croient pas.

Quel est leur espoir ? Un sort semblable à celui des peuples qui les ont précédés sera leur partage. Dis-leur : Attendez ; j’attendrai avec vous.

Notre protection sauva les prophètes et les croyans. Leur salut est pour nous une loi.

Mortels, si ma religion vous laisse des doutes, n’attendez pas que je serve vos divinités. J’adore le Dieu qui vous enverra la mort. Il m’a ordonné d’embrasser l’islamisme.

Ouvre ton cœur à la croyance de l’unité de Dieu, et refuse de l’encens aux idoles.

N’invoque point des dieux chimériques qui ne peuvent ni te servir ni te nuire. Si tu violes ma défense, tu seras au nombre des réprouvés.

Dieu seul peut retirer et les maux et les biens qu’il t’envoie. Il dispense ses faveurs à son gré ; il est clément et miséricordieux.

Mortels, la vérité a brillé à vos yeux ; celui qui l’a vue a rempli son âme de lumière ; celui qui s’en est écarté a perdu son âme. Je ne suis point votre protecteur.

Suis les inspirations divines et attends le jugement de ton Dieu. Il est le plus équitable des juges.





HOD. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 123 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. R. L. Un ordre judicieux règne dans ce livre. Il est l’ouvrage de celui qui possède la sagesse et la science.

L’unité de Dieu vous y est recommandée. Je suis le ministre chargé de vous annoncer ses peines et ses récompenses.

Implorez la miséricorde divine. Convertissez-vous. Le Seigneur vous comblera de faveurs jusqu’au terme marqué. Celui qui aura acquis éprouvera sa libéralité. Si vous rejetez mes avis, je crains pour vous les tourmens du grand jour.

Vous paraîtrez devant le tribunal de celui dont la puissance est infinie.

N’enveloppent-ils pas leurs cœurs d’un double voile, pour se dérober aux regards du Très-Haut ?

Mais quelques efforts qu’ils fassent pour se couvrir, il connaît ce qu’ils cachent et ce qu’ils laissent paraître. Il sonde le fond des cœurs.

Le plus vil des reptiles est nourri de ses mains. Il connaît son repaire, et le lieu où il doit mourir. Tout est écrit dans le livre de l’évidence.

Il créa les cieux et la terre dans six jours. Son trône était porté sur les eaux. Il considérait qui de vous méritait le premier l’existence.

Quand tu dis aux infidèles que l’homme ressuscitera, ils crient à l’imposture.

Suspendons-nous nos châtimens jusqu’au temps fixé, ils disent : Et pourquoi en différer l’exécution ? Ils les verront un jour, ces peines dont ils se moquaient, et personne ne les en délivrera.

Otons-nous à l’homme les biens que nous lui avions départis, il se désespère et devient ingrat.

Au mal qui l’oppressait, faisons-nous succéder les jours de la prospérité, il dit : Le malheur s’est éloigné de moi. Il s’abandonne à l’ivresse de la joie et de l’orgueil.

Celui qui souffrira avec patience, et qui pratiquera la vertu, recevra notre indulgence et une récompense glorieuse.

Si quelqu’un de mes préceptes échappait de ta mémoire ; si l’on exigeait de toi que tu fisses paraître un trésor, ou qu’un ange l’accompagnât, ne t’afflige point. Ton ministère se borne à la prédication. Le gouvernement de tout ce qui existe appartient à Dieu.

Diront-ils : Le Coran est son ouvrage ? réponds-leur : Apportez dix chapitres semblables à ceux qu’il renferme ; appelez à votre aide tout autre que Dieu, si vous êtes véritables.

Si le succès trompe vos vœux, sachez que ce livre est descendu avec la science du Très-Haut, et qu’il n’y a de Dieu que lui. Ne croirez-vous donc pas ?

Ceux qui, attachés à la vie du monde, désireront ses plaisirs, y recevront le prix de leurs œuvres, et ils ne seront point trompés ;

Mais leurs œuvres seront vaines et sans prix pour la vie éternelle. Le feu sera leur récompense.

Ceux qui sont dociles aux instructions du prophète, qu’accompagne partout un témoin fidèle, que précéda le Pentateuque où brillent la lumière et la miséricorde, divine, croiront à sa doctrine. Les sectaires qui la rejettent n’ont pour attente que les tourmens de l’enfer. Que le Coran ne fasse naître aucun doute en ton esprit. Il est la vérité descendue du ciel ; cependant la plupart des hommes persisteront dans leur incrédulité.

Quel crime plus horrible que d’accuser Dieu de mensonge ? Ceux qui en seront coupables paraîtront devant son trône. Voilà, diront les témoins, voilà ceux qui ont blasphémé contre le Tout-Puissant. Les impies ne seront-ils pas couverts de sa malédiction ?

Ceux qui écartent leurs semblables de la religion, ceux qui lui donnent de fausses interprétations, et qui ne croient point à la vie future, ne rendront point Dieu impuissant. Ils n’auront aucun abri contre sa colère. Leurs tourmens seront horribles, parce qu’ils n’ont voulu ni voir ni entendre.

Ils ont perdu leurs âmes, et ont vu disparaître leurs dieux chimériques.

Leur réprobation est certaine.

Les croyans vertueux, qui auront mis leur confiance dans le Seigneur, seront les hôtes du séjour de délices. Ils y demeureront éternellement.

Les uns ressemblent aux sourds et aux aveugles, les autres à ceux qui voient et entendent ; peuvent-ils être comparés ? Cet exemple ne vous éclairera-t-il point ?

Noé, notre ministre, dit à son peuple : Je suis chargé de vous prêcher la parole divine.

N’adorez qu’un Dieu ; je tremble que vous ne subissiez les châtimens du jour de douleur.

Les premiers du peuple voués à l’incrédulité répondirent : Tu n’es qu’un homme comme nous ; la plus vile populace t’a suivi sans réflexion. Vous ne possédez aucun mérite qui vous rende supérieurs à nous. Nous vous croyons des imposteurs.

O mon peuple, reprit Noé, pensez-vous que si je n’étais dirigé par la lumière de Dieu, et favorisé de sa grâce (hélas ! elle est éteinte pour vous), je vous solliciterais à l’implorer, tandis que vous l’avez en horreur ?

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; toute ma récompense est en Dieu ; mais je ne dois pas éloigner de moi les croyans. Ils comparaîtront devant lui, et je vous vois ensevelis dans l’ignorance.

O mon peuple, si je les rejetais, qui me protégerait auprès du Seigneur ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Je ne vous dis point : Les trésors du ciel sont à ma disposition, je lis dans l’avenir, je suis un ange, ceux que dédaigne l’orgueil de vos regards ne jouiront point des biens célestes ; de tels discours seraient un crime. L’Éternel lit au fond des cœurs.

Ils répondirent au prophète : Depuis long-temps tu disputes avec nous. Fais que tes menaces s’accomplissent, si tu es véridique.

Certainement, dit Noé, Dieu les accomplira si c’est sa volonté ; et vous ne pourrez en adoucir la rigueur.

Mes avis salutaires vous seront inutiles, si Dieu veut vous jeter dans l’erreur. Il est votre Seigneur et le mien ; nous retournerons tous à lui.

Diront-ils : Mahomet est l’auteur du Coran ? S’il en est ainsi, j’en porterai le crime ; mais je suis innocent des vôtres.

Noé eut cette révélation : Il n’y aura de croyans parmi ton peuple que ceux qui ont déjà embrassé la foi ; ne t’afflige point des actions de l’impie.

Construis sous nos yeux l’arche dont nous t’avons donné le plan ; n’élève plus ta voix en faveur des pervers ; ils doivent périr dans les eaux.

Noé, travaillant à l’arche, était en butte aux railleries des passans.

Vous vous moquez de moi, disait-il, je me rirai de vous à mon tour. Bientôt vous saurez sur qui tombera la vengeance céleste, qui confondra les coupables, et leur fera subir des supplices éternels.

Lorsque nos ordres eurent été donnés, et que tout fut prêt, nous dîmes à Noé : Fais entrer dans l’arche un couple de chaque espèce d’animaux, et ta famille, excepté celui qui est destiné à périr[42]. Fais-y entrer les croyans, mais le nombre en était très-petit.

Noé leur dit : Montez dans l’arche au nom de Dieu qui la fera voguer et s’arrêter, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Le vaisseau les portait sur les flots[43], qui s’élevaient comme des montagnes. Noé appela son fils qui était demeuré sur la terre. O mon fils, lui dit-il, entre avec nous, ne reste pas avec les infidèles.

Je me retirerai sur la montagne, répond-il ; elle me mettra à l’abri des eaux. Personne n’évitera la punition de Dieu, repartit Noé, excepté ceux pour lesquels il a fait éclater sa miséricorde. Les eaux s’élevèrent, et tous les hommes furent engloutis.

Il fut dit : O terre ! absorbe tes eaux ; cieux, fermez-vous. L’eau diminua. L’arrêt du ciel fut accompli. L’arche s’arrêta sur le mont Joudi[44] ; et il fut dit : Loin d’ici les impies !

Noé adressa à Dieu cette prière : Seigneur, mon fils est de ma famille ; tes promesses sont véritables ; tu es le plus équitable des juges.

Il n’est point de ta famille, répondit le Seigneur ; ta demande est injuste ; ne me prie point, quand tu ignores quels vœux tu formes. Je t’avertis afin que tu ne sois pas au nombre des ignorans.

Seigneur, ajouta Noé, tu es mon refuge. Ne permets pas que je t’adresse des vœux indiscrets. C’est fait de moi si ta miséricorde n’éclate en ma faveur.

Il fut dit : O Noé ! descends de l’arche. Que notre salut et notre bénédiction soient avec toi et avec une partie de ceux qui t’accompagnent. Nous laisserons les autres se plonger dans les plaisirs, et ensuite ils éprouveront nos châtimens.

Nous te révélons cette histoire tirée du livre des mystères. Ni toi, ni ton peuple, n’en aviez connaissance. Soyez patiens dans vos souffrances. Ceux qui craignent Dieu auront une fin heureuse.

Hod, ministre du Très-Haut, dit aux Adéens ses frères : Servez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Les divinités que vous formez sont chimériques.

O mon peuple ! je ne vous demande point le prix de mes soins ; ma récompense est dans les mains de Dieu. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

O mon peuple ! retournez à Dieu ; faites pénitence. Il fera descendre la pluie sur vos campagnes.

Il augmentera votre puissance. Ne retombez pas dans le crime de l’idolâtrie.

Tu ne nous a donné aucune preuve de ta mission, répondirent les Adéens. Nous ne quitterons pas nos dieux à ta voix ; nous ne croirons point en toi.

Quelqu’un de nos dieux t’a frappé de sa vengeance. Je prends le Seigneur à témoin, et vous aussi, reprit Hod, que je suis innocent de votre idolâtrie.

Environnez-moi de vos pièges, et n’attendez pas que je les redoute.

J’ai pour appui le bras du Très-Haut, mon Seigneur et le vôtre. Il contient par sa puissance les êtres créés. Il enseigne la voie du salut.

Si vous persistez dans l’incrédulité, je me suis acquitté de ma mission. Dieu mettra un autre peuple à votre place. Vous ne pourrez lui nuire. Il conserve la nature entière.

L’arrêt terrible fut prononcé, Hod et les croyans, à l’ombre de notre protection, furent sauvés d’un supplice épouvantable.

Le peuple d’Aod rejeta nos commandemens ; il fut rebelle à notre envoyé, et suivit aveuglément les volontés des infidèles puissans.

La malédiction de Dieu les a poursuivis dans ce monde et dans l’autre. N’avaient-ils pas été incrédules ? Ne s’étaient-ils pas éloignés du Seigneur ?

Saleh déclara nos volontés aux Thémudéens ses frères. O mon peuple ! leur dit-il, adorez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Il vous a formés de terre ; il vous y a donné une habitation. Faites pénitence. Retournez à lui. Il est proche de vous, et vous entend.

O Saleh ! Répondirent les Thémudéens, toi que nous attendions avec empressement, viens-tu nous interdire le culte des dieux qu’ont adorés nos pères ? Ta doctrine nous paraît suspecte, et nous en doutons.

Jugez-moi, dit le prophète. Chargé des ordres du ciel, favorisé de ses grâces, si je lui désobéis, qui me mettra à l’abri de son courroux ? Vos efforts ne feraient que hâter ma perte.

O mon peuple ! cette femelle de chameau est un signe de la puissance divine. Laissez-la paître dans le champ sacré. Gardez-vous de lui nuire. Votre désobéissance serait suivie d’un prompt châtiment.

Ils tuèrent la femelle de chameau, et Saleh leur dit : Jouissez. Dans trois jours vous ne serez plus. L’arrêt est inévitable.

Notre vengeance éclata. Saleh et les croyans, sous l’aile de notre sauvegarde, furent délivrés d’un supplice ignominieux. Ton Seigneur est le Dieu fort, le Dieu puissant.

Les coupables ne purent éviter notre punition. On les trouva le matin dans leurs maisons étendus morts, le visage contre terre.

Ils ne se relevèrent plus. N’avaient-ils pas été rebelles à Dieu ! Ne s’étaient-ils pas éloignés de lui ?

Nos envoyés étant venus apporter une heureuse nouvelle à Abraham, lui dirent : La paix soit avec toi. Il leur rendit le salut, et leur servit un veau rôti.

Lorsqu’il vit qu’ils ne lui touchaient pas la main[45], il les prit pour des étrangers et se défia d’eux. Ne crains point, lui dirent-ils, nous sommes députés vers le peuple de Loth.

Nous lui annonçâmes la naissance d’Isaac et de Jacob ; mais sa femme rit de notre prédiction.

O ciel ! s’écria-t-elle ; je suis avancée dans la vieillesse, mon mari est vieux, et j’enfanterais ! cela n’est-il pas merveilleux ?

Vous défiez-vous de la puissance du Seigneur, répondirent les anges ? Famille d’Abraham, sa miséricorde et sa bénédiction sont avec toi. La louange et la gloire appartiennent au Tout-Puissant.

Cette prédiction heureuse ayant dissipé la frayeur d’Abraham, il disputa avec nous en faveur du peuple de Loth, parce qu’il était doux, humain et pieux.

Cesse de nous prier, lui dirent les Anges, l’ordre de Dieu est donné, et la peine portée est inévitable.

Nos ministres arrivèrent chez Loth. Il s’affligea pour eux, et ne pouvant les protéger, il s’écria : O jour plein d’amertume !

Un peuple depuis long-temps accoutumé au crime, vint en foule se présenter à lui : Voilà mes filles, leur dit Loth ; vous serez moins coupables en abusant d’elles. Ne me déshonorez pas dans la personne de mes hôtes. Toute pudeur serait-elle éteinte parmi vous ?

Tu sais, répondirent les habitans de Sodôme, que nous n’avons aucun droit à tes filles, et tu n’ignores pas ce que nous demandons.

Ciel ! reprit Loth, ne pourrai-je réprimer vos désirs infâmes, ni trouver d’asile contre vous ?

Nous sommes les ministres du Très-Haut, dirent les anges à Loth. Ces scélérats ne t’insulteront point. Sors cette nuit de la ville. Que personne de vous ne se détourne pour regarder. Ta femme seule enfreindra cette défense. Elle subira le sort des coupables. L’arrêt du ciel s’exécutera au lever du jour. L’instant de leur ruine est proche.

L’heure arriva. Nous renversâmes Sodôme, et nous fîmes pleuvoir sur les habitans des pierres marquées de la main de Dieu. Peu s’en faut que la Mecque ne soit aussi coupable que Sodôme.

Chaïb, ministre du Très-Haut, dit aux Madianites ses frères : O mon peuple ! adorez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Ne retranchez rien du poids ni de la mesure. Vous êtes dans un état florissant, mais je crains pour vous la peine du grand jour.

O mon peuple remplissez le boisseau. Pesez avec justice. Ne touchez point au bien d’autrui, et ne répandez pas la corruption sur la terre.

Alors vos richesses, avouées du ciel, produiront de plus grands avantages si vous avez la foi.

Je ne suis point votre gardien.

O Chaïb ! répondirent les Madianites, ta loi nous ordonne-t-elle d’abandonner le culte de nos pères ? nous défend-elle d’user de nos biens comme il nous plaît ? Es-tu donc le sage, le savant par excellence ?

Jugez-moi, reprit Chaïb : chargé des ordres du Très-Haut, comblé de ses faveurs, dois-je vous imiter dans les choses que je vous défends ? Mon unique désir est de vous rendre meilleurs, si je le puis. Toute ma confiance est en Dieu. Il est mon soutien. Je retourne à lui.

O mon peuple ! que votre schisme n’attire pas sur vous les fléaux qui ont fait périr le peuple de Noé, les Adéens, les Thémudéens, et les habitans de Sodôme dont le châtiment est encore récent.

Implorez la miséricorde du Seigneur. Retournez à lui, puisqu’il est aimant et miséricordieux.

O Chaïb ! répliquèrent les Madianites, nous ne saurions comprendre ta doctrine. Tu es sans appui au milieu de nous. Si nous n’avions pitié de ta famille, nous t’aurions lapidé. Tu n’aurais pu te dérober à nos coups.

O mon peuple ! continua Chaïb, ma famille a-t-elle plus de pouvoir sur vos cœurs que Dieu ? L’avez-vous oublié ? Il voit toutes vos actions.

Agissez au gré de vos désirs, j’agirai de mon côté.

Bientôt vous verrez sur qui tombera un châtiment ignominieux, et qui de nous est livré au mensonge. Attendons l’événement.

L’instant marqué arriva. Chaïb et les croyans éprouvèrent les effets de notre miséricorde. Notre vengeance éclata sur les coupables. On les trouva le matin étendus morts dans leurs maisons.

Ils ne se relevèrent plus. Semblables aux Thémudéens, les Madianites ne s’étaient-ils pas éloignés de Dieu ?

Moïse, ministre du Très-Haut, avait fait briller à la cour de Pharaon la foi accompagnée de prodiges ; mais les courtisans suivirent la volonté du prince, et sa volonté était injuste.

Pharaon précédera son peuple au jour de la résurrection. Il le conduira dans les brasiers de l’enfer, séjour du désespoir.

Il a eu des imitateurs maudits dans ce monde et dans l’autre. Malheur à l’association des méchans !

Nous te révélons ces exemples tirés de l’histoire des villes. Quelques-unes d’elles subsistent encore ; les autres sont entièrement détruites.

Nous ne fûmes point injustes envers leurs habitans. Ils se perdirent eux-mêmes. Les dieux qu’ils adoraient, loin de les mettre à l’abri des châtimens célestes, ne servirent qu’à hâter leur ruine.

C’est ainsi que ton Dieu punit des villes coupables. Ses vengeances sont terribles.

Qu’elles servent d’exemple à celui qui craint les peines de la vie future, les peines du jour où tous les hommes seront rassemblés, et où l’on rendra témoignage.

Nous le différons jusqu’au temps marqué.

Dans ce jour, personne n’élèvera la voix, sans la permission de Dieu. Une partie du genre humain sera dévouée au malheur ; l’autre jouira de la félicité.

Les malheureux précipités dans les flammes pousseront des cris et des soupirs.

Ils y demeureront aussi long-temps que les cieux et la terre subsisteront, aussi long-temps qu’il plaira au Tout-Puissant ; car il fait ce qu’il lui plaît.

Les bienheureux habiteront le paradis, aussi longtemps que les cieux et la terre subsisteront, aussi long-temps qu’il plaira au Seigneur, qui ne les privera point du don qu’il leur a fait.

Ne sois point en doute sur le culte qu’ils professent. Ils servent les dieux de leurs pères, et nous n’adoucirons point les peines qui leur sont préparées.

Nous donnâmes le Pentateuque à Moïse. Il fut un sujet de dispute. Si l’arrêt du ciel n’eût été prononcé, les débats des infidèles auraient été terminés. Maintenant ils errent dans le vague du doute.

Dieu rendra à chacun suivant ses œuvres. Rien n’échappe à sa connaissance.

Suis la justice qui t’a été recommandée. Que les croyans la suivent. Ne vous en écartez jamais. Dieu est témoin de vos actions.

N’imitez pas les pervers, de peur que vous ne soyez la proie des flammes. Vous n’avez point de protection ni d’asile contre le Tout-Puissant.

Faites la prière au commencement du jour, au coucher du soleil, et dans la nuit. Les bonnes œuvres chassent le mal. Ce précepte s’adresse à ceux qui gardent le souvenir du Seigneur.

Souffrez avec patience. Dieu ne laisse point périr la récompense de ceux qui font le bien.

Parmi les nations qui vous ont précédées, un petit nombre de justes s’opposèrent au torrent du vice. Nous les sauvâmes ; mais les méchans, abandonnés aux délices de la vie, se plongèrent dans le crime.

L’iniquité n’approche point de l’Éternel : Il n’aurait pas détruit des villes dont les habitans eussent été vertueux.

S’il eût voulu, une seule religion aurait régné sur la terre. Ceux que sa grâce éclaire seront les seuls unis. L’esprit de dissension divisera le reste des mortels. Tels ils ont été créés. La parole divine s’accomplira. L’enfer sera rempli de génies, et d’hommes de toutes les nations. Nous te révélons ces vérités tirées de l’histoire des prophètes, afin qu’elles éclairent et affermissent ton cœur, et qu’elles servent d’exemple et d’avertissement aux fidèles.

Dis aux incrédules : Agissez au gré de vos désirs ; nous agirons de notre côté. Attendons l’événement.

Dieu connaît les mystères des cieux et de la terre. Il est le terme où tout doit aboutir. Adore sa majesté suprême. Mets ta confiance en lui, et songe qu’il a l’œil ouvert sur tes actions.





JOSEPH. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 111 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. R. L. Tels sont les signes du livre de l’évidence.

Nous l’avons fait descendre du ciel, en langue arabe, afin que vous le compreniez[47].

Nous allons te réciter une histoire admirable,[48] puisque nous t’avons révélé le Coran. Avant sa venue tu l’aurais ignorée.

Joseph dit à son père : J’ai vu onze étoiles, le soleil et la lune qui m’adoraient.

O mon fils ! répondit Jacob, ne raconte pas cette vision à tes frères, de peur qu’ils ne te dressent des embûches. Satan est l’ennemi de l’homme.

Tu seras l’élu de Dieu. Il te donnera l’interprétation des choses futures. Il accomplira ses grâces sur toi, sur la famille de Jacob, comme il les a accomplies sur Abraham et Isaac, parce qu’il est savant et sage.

L’histoire de Joseph et de ses frères servira d’exemple à la postérité.

Les frères de Joseph tinrent entre eux ce discours : Joseph et Benjamin ont toute la tendresse de Jacob ; cependant nous valons mieux qu’eux. Il nous fait une injustice marquée.

Mettons Joseph à mort, ou l’envoyons dans une terre étrangère, afin que le cœur de notre père nous soit ouvert. Dans la suite nous nous convertirons.

Ne trempons point nos mains dans le sang de notre frère, répondit l’un d’eux ; descendons-le dans une citerne profonde ; quelque voyageur l’emmènera.

Pourquoi, dirent-ils à Jacob, ne nous confies-tu pas Joseph ? Nous le conserverions avec soin.

Laisse-le partir demain avec nous, afin qu’il se livre en liberté aux amusemens de l’enfance. Repose-toi sur nous du soin de ses jours.

Je vous le remets en tremblant, dit Jacob[49] ; je crains votre négligence ; je crains que mon fils ne devienne la proie d’une bête féroce.

Si une bête féroce l’attaque, nous sommes en grand nombre, et nous périrons pour le défendre.

Ils partirent et convinrent de le descendre dans une citerne. Nous lui révélâmes qu’il raconterait cette action à ses frères, sans qu’ils puissent la comprendre.

Ils revinrent le soir trouver Jacob, et ils pleuraient.

Nous nous exercions à la course, lui dirent-ils, et nous avions laissé Joseph auprès de nos habits. Une bête l’a dévoré. Tu ne nous croirais pas quoique nous disions la vérité ;

Voici sa chemise ensanglantée. C’est vous, dit le vieillard, qui êtes coupables de sa mort. Il faut souffrir. Dieu seul peut me secourir dans le malheur que vous m’annoncez.

Des voyageurs passèrent. On envoya puiser de l’eau à la citerne. Celui qui descendit le seau, s’écria : Heureuse nouvelle ! voici un enfant. Les fils de Jacob cachèrent qu’il fût leur frère, pour en retirer de l’argent ; mais Dieu voyait leur action.

Ils le vendirent à vil prix, et s’en défirent ainsi.

L’Égyptien qui l’acheta dit à sa femme : Traite cet enfant avec distinction ; il pourra un jour nous être utile ; adoptons-le pour fils. C’est ainsi que nous établîmes Joseph en Égypte. Nous lui apprîmes à lire dans l’avenir. La volonté du Très-Haut s’exécute infailliblement ; et la plupart des hommes ignorent cette vérité.

Lorsque Joseph fut parvenu à l’âge viril, nous lui donnâmes la sagesse et la science, juste récompense de la vertu.

La femme du seigneur égyptien porta ses vues sur Joseph. Elle ferma la porte, et le sollicita au mal. Dieu est mon refuge, dit le fils de Jacob. Il m’a comblé de biens dans cette maison ; les ingrats ne prospéreront point.

Elle s’efforça de triompher de sa résistance ; il était prêt de céder à ses désirs, lorsqu’une vision l’arrêta[50]. Ainsi nous l’éloignâmes du crime, parce qu’il était notre fidèle adorateur.

Elle courut après Joseph qui fuyait vers la porte, et lui déchira sa robe par-derrière. Le mari se trouva à l’entrée de l’appartement. Que mérite, lui dit-elle, celui qui vient d’attenter à l’honneur de ta femme, sinon la prison, ou un châtiment rigoureux ?

Seigneur, dit Joseph, c’est votre épouse qui m’a sollicité. Un des parens prononça ces paroles : Si le manteau est déchiré par-devant, votre femme dit la vérité, et Joseph est coupable ;

Mais s’il est déchiré par-derrière, elle est criminelle et Joseph innocent.

Le seigneur égyptien, voyant le manteau déchiré par-derrière, dit à son épouse : Voilà de vos fourberies ! sont-elles assez grandes ?

O Joseph ! garde le silence sur cette aventure, et toi, implore le pardon de ta faute, tu es seule coupable.

Les femmes se dirent dans la ville : L’épouse du seigneur a voulu jouir de son esclave. L’amour a enflammé son cœur ; elle est dans l’aveuglement.

Ayant appris leurs discours, l’épouse du seigneur les invita à un grand festin[51]. Elle leur donna des couteaux tranchans, et elle fit paraître Joseph. Charmées de sa beauté, toutes les femmes le comblèrent de louanges. Elles se coupaient les doigts par distraction, et s’écriaient : O Dieu ! ce n’est pas un homme, c’est un ange adorable.

Voilà, leur dit l’épouse du seigneur, celui qui m’a rendue coupable à vos yeux. C’est lui qui m’a fait naître des désirs. Jusqu’à présent il y a été insensible ; mais s’il n’écoute ma passion, je le ferai renfermer dans une prison, et il sera misérable.

Grand Dieu ! s’écria Joseph : La prison est préférable au crime ; mais si tu ne me délivres des poursuites de ces femmes, je succomberai, et je serai au nombre des insensés.

Le ciel exauça ses vœux. Il fut délivré des pièges tendus à son innocence. Dieu sait et entend tout.

Il fut mis en prison quoique son innocence fût reconnue.

Deux jeunes seigneurs y étant entrés avec lui, un d’eux lui dit : J’ai songé que je pressais du raisin dans mes mains ; l’autre ajouta : J’ai songé que je portais sur ma tête des pains que les oiseaux venaient becqueter, ô toi, qui es juste ! donne-nous l’interprétation de ces songes.

Je vous en donnerai l’explication, dit Joseph, avant que vous ayez reçu de la nourriture. Le Seigneur m’a instruit, parce que j’ai abandonné la secte de ceux qui ne croient ni en Dieu, ni à la vie future.

Je professe la religion de mes pères Abraham, Isaac et Jacob. Le culte des idoles nous a été défendu. C’est une faveur de Dieu, qui comble de biens tous les hommes ; mais la plupart ne l’en remercient pas.

O mes compagnons d’infortune ! Des idoles doivent-elles être préférées au Dieu unique dont la puissance s’étend sur l’univers ?

Vos dieux ne sont que de vains noms que vous avez inventés ou reçus de vos pères. Ils sont dépourvus de puissance. Dieu seul a le pouvoir de juger. Il a commandé qu’on n’adorât que lui. C’est la vraie religion ; mais la plupart des hommes ne la connaissent pas.

O mes compagnons d’infortune ! Un de vous deviendra l’échanson de son roi, l’autre sera crucifié, et les oiseaux se nourriront de sa chair. Voilà l’explication que vous me demandiez.

Il dit à celui qui devait échapper au supplice : Souviens-toi de moi auprès du prince ; mais Satan effaça de sa mémoire le souvenir de Joseph, et il resta plusieurs années en prison.

Le roi dit à ses courtisans[52] : j’ai vu en songe sept vaches grasses que sept vaches maigres ont dévorées, et ensuite sept épis verts auxquels sept épis arides ont succédé. Expliquez ma vision, si vous avez cette science.

Seigneur, lui répondirent-ils ; ce sont là des fantômes du sommeil, et nous ne savons point interpréter les songes.

L’échanson s’étant ressouvenu de Joseph, dit au roi : Prince, laissez-moi sortir, je vous en rapporterai l’explication.

O toi qui ne trompe point ! dit-il à Joseph : Explique-nous ce que signifient sept vaches grasses que sept maigres dévorent, et sept épis verts suivis de sept épis arides, afin que je l’apprenne à ceux qui m’ont envoyé.

Vous sèmerez, répondit Joseph, sept années de suite ; mais laissez dans l’épi le grain que vous aurez moissonné, excepté ce qui sera nécessaire pour votre subsistance.

Ces années seront suivies de sept autres entièrement stériles, qui consumeront presque tout ce que vous aurez mis en réserve.

Un temps viendra ensuite où les hommes se corrompront, et presseront le raisin.

Qu’on m’amène Joseph, dit le roi. Un exprès l’alla trouver et lui dit : Prie ton Dieu de te faire connaître quel était le dessein des femmes qui se sont coupé les doigts, parce que le prince est instruit de leur malice.

Le roi leur demanda : Quel a été le succès de vos poursuites auprès de Joseph ? Prince, répondirent-elles, son cœur a résisté au mal. Rendons hommage à la vérité, ajouta la femme du seigneur. J’ai voulu séduire sa jeunesse ; mais il est innocent.

Mon maître verra, dit Joseph, que je ne l’ai point trompé pendant son absence. Dieu ne dirige point les complots des méchans.

Je ne me crois pas exempt de péché. L’homme est enclin au mal. Ceux que le ciel favorise de ses grâces peuvent seuls l’éviter. Le Seigneur est clément et miséricordieux.

Qu’on fasse venir Joseph, dit le roi, je veux me l’attacher. Après l’avoir entretenu, il lui dit : Demeure dès ce jour auprès de moi, et jouis de ma confiance.

Joseph lui répondit : Prince, donne-moi l’administration des grains de ton empire, je saurai les conserver.

Nous établîmes ainsi Joseph en Égypte. Il s’y choisit une habitation à son gré. Nous versons nos faveurs sur ceux qu’il nous plaît, et nous ne laissons point périr le prix dû à la vertu.

La récompense de l’autre vie, bien plus magnifique, sera le partage de ceux qui ont la foi et la crainte du Seigneur.

Les frères de Joseph vinrent se présenter à lui. Il les reconnut aussitôt ; mais ils ne purent le reconnaître.

Il leur fit donner les choses dont ils avaient besoin, et leur dit : Amenez-moi celui de vos frères qui est resté auprès de votre père. Ne voyez-vous pas que je remplis la mesure, et que je reçois bien mes hôtes ?

S’il ne vous accompagne, à votre retour, l’achat du grain vous sera interdit, et vous n’approcherez plus de moi.

Nous le demanderons instamment à notre père, répondirent-ils, et nous ferons ce que vous ordonnez.

Joseph commanda qu’on mît dans leurs sacs le prix de leur blé, afin que de retour chez eux, l’ayant trouvé, ils revinssent.

Arrivés dans leur famille, ils dirent à Jacob : L’achat du grain nous est interdit. Envoie Benjamin avec nous, si tu veux qu’on nous en mesure une seconde fois. Repose-toi sur nous du soin de sa conservation.

Vous le confierai-je, répondit Jacob, comme je vous confiai son frère ? Mais Dieu est le meilleur des gardiens. Sa miséricorde est infinie.

Lorsqu’ils eurent ouvert leurs sacs, ils trouvèrent leur argent, et s’écrièrent : O Jacob ! Qu’avons-nous à désirer ? Voilà le prix du blé. Il nous a été rendu. Nous en achèterons une seconde fois pour notre famille. Nous conserverons notre frère, et en sa faveur on nous accordera la charge d’un chameau. Cette grâce est facile à obtenir.

Je ne le laisserai point partir, reprit le vieillard, à moins que vous ne vous obligiez devant Dieu à me le ramener, s’il ne se rencontre pas d’obstacle invincible. Lorsqu’ils lui eurent donné cette assurance, il s’écria : Le ciel est témoin de votre serment.

O mes fils ! continua-t-il, n’entrez pas tous ensemble dans la ville ; entrez-y par différentes portes ; mais Dieu seul peut vous rendre cette précaution utile. Il possède la sagesse. J’ai mis en lui ma confiance. C’est en lui que tout croyant doit mettre son appui.

Ils entrèrent dans la ville, suivant l’ordre de leur père, et ils n’en retirèrent d’autre avantage que celui de satisfaire son désir. Jacob était doué de science. Nous avions éclairé son esprit, et la plupart des hommes sont aveuglés par l’ignorance.

Ils vinrent se présenter à Joseph qui appela Benjamin et lui dit : Je suis ton frère. Ne t’afflige point de ce qui est arrivé.

Lorsqu’il eut pourvu à leurs besoins, il fit mettre un vase dans le sac de Benjamin, et quand ils s’en retournaient, un héraut leur cria : O étrangers ! Il y a parmi vous des voleurs.

Les fils de Jacob s’étant retournés, dirent : Que demandez-vous ?

Nous cherchons la coupe du roi : celui qui la produira aura pour récompense autant de blé qu’en peut porter un chameau. Nous sommes garans de cette promesse.

Au nom de Dieu, vous savez que nous ne sommes point venus porter la corruption parmi vous, et que jamais on ne nous accusa de larcin.

Quelle doit être, reprirent les Égyptiens, la peine de celui qui en sera coupable, si vous nous en imposez ?

Que celui qui a volé la coupe, répondirent-ils, soit livré pour elle, c’est ainsi que nous punissons ce crime.

On commença à fouiller dans les sacs des frères de Benjamin, et ensuite dans le sien, d’où on retira la coupe. Nous suggérâmes cet artifice à Joseph. Il n’aurait pu faire esclave son frère, suivant la loi du roi[53], si Dieu ne l’eût permis. Nous élevons qui il nous plaît ; mais au-dessus de tous les savans, est celui qui possède la science.

Si Benjamin, dirent-ils, a commis ce larcin, son frère en commit un avant lui.[54] Joseph repassait ces choses en son esprit, et ne leur en faisait rien paraître. Vous êtes plus à plaindre que nous, disait-il en lui-même ; Dieu sait ce que vous racontez.

Seigneur, ajoutèrent-ils, son père est fort âgé, prenez un de nous en la place de Benjamin : nous savons que vous êtes bienfaisant.

A Dieu ne plaise, répondit Joseph, que je retienne un autre que le coupable. Je serais injuste moi-même.

Désespérant de le fléchir, ils se retirèrent et tinrent conseil entre eux. Avez-vous oublié, dit l’aîné, que Jacob a reçu notre serment à la face du ciel ? Rappelez-vous ce que vous fîtes à Joseph. Je ne sortirai point d’Égypte que Jacob ne me l’ait permis, ou que Dieu n’ait manifesté sa volonté. Il est le plus équitable des juges.

Retournez à votre père et lui dites : Ton fils a volé. Nous n’attestons que ce que nous avons vu. Nous n’avons pu être garants de ce que nous ignorions.

Interroge la ville où nous étions, et les marchands avec qui nous sommes partis ; ils rendront témoignage que nous disons la vérité.

Vous avez inventé ce mensonge, leur dit Jacob. La patience est le seul remède à mes maux. Peut-être que Dieu me rendra tous mes enfans. Il est savant et sage.

Il se détourna d’eux et s’écria ! O Joseph, objet de ma douleur ! Le chagrin répandit la pâleur sur son visage. Son cœur était plein d’amertume.

Au nom de Dieu, lui représentèrent ses fils, vous ne cesserez de nous parler de Joseph que quand la mort aura terminé vos jours.

Hélas ! répondit le vieillard, je me plains de l’impuissance de ma douleur ; je porte mes pleurs devant Dieu ; il m’a donné des connaissances que vous n’avez pas.

O mes enfans ! Allez, informez-vous de Joseph et de son frère. Ne désespérez pas de la miséricorde divine. Il n’y a que les infidèles qui en désespèrent.

Ils retournèrent vers Joseph, et lui dirent : Seigneur, la misère s’est appesantie sur nous et sur notre famille. Nous venons vers vous avec peu d’argent. Remplissez pour nous le boisseau. Faites éclater votre bienfaisance. Dieu récompense ceux qui font le bien.

Avez-vous oublié, leur dit-il, ce que vous fîtes à Joseph, et à son frère lorsque vous étiez dans l’égarement ?

Seriez-vous Joseph, s’écrièrent-ils ? Il leur répondit : Je suis Joseph : Voilà mon frère. Dieu vous a regardés d’un œil favorable. Celui qui craint le Seigneur et souffre avec patience, éprouvera qu’il ne laisse point périr la récompense de la vertu.

Le Seigneur, lui dirent-ils, t’a élevé au-dessus de nous parce que nous avons péché.

Ne craignez de moi aucun reproche, continua Joseph. Dieu vous pardonne. Sa clémence est infinie.

Allez, portez ce manteau à mon père[55] ; couvrez-en son visage ; il recouvrera la vue. Amenez ici toute ma famille.

Lorsque la caravane partit d’Égypte, Jacob dit à ceux qui l’environnaient : Je sens l’odeur de Joseph, et ne croyez pas que je sois en délire.

Vous voilà encore, lui répondirent-ils, dans votre ancienne erreur.

Celui qui apportait l’heureuse nouvelle, étant arrivé, jeta le manteau sur la tête du vieillard, et il recouvra la vue.

Ne vous avais-je pas fait connaître, dit-il, ce que Dieu m’avait révélé, et ce que vous ignoriez ?

Implorez notre pardon, lui dirent ses fils. Nous avons péché.

Je prierai Dieu pour vous, répondit le vieillard ; il est indulgent et miséricordieux.

Lorsque la famille de Joseph fut arrivée, il alla recevoir son père et sa mère, et leur dit : Entrez en Égypte. Fasse le ciel que vous y passiez des jours tranquilles !

Il fit asseoir son père et sa mère sur un trône, et tous s’étant prosternés pour l’adorer ; voilà dit-il à Jacob l’interprétation de ma vision. Le ciel l’a accomplie. Il m’a comblé de ses faveurs. Il m’a délivré de la prison. Il vous a tirés du désert pour vous conduire ici, après que Satan a eu mis la désunion entre moi et mes frères. Le Seigneur vient facilement à bout de ses desseins, il est savant et sage.

Seigneur, tu m’as donné la puissance ; tu m’as enseigné l’interprétation des songes. Architecte des cieux et de la terre, tu es mon appui dans ce monde et dans l’autre. Fais que je meure fidèle à la foi. Introduis-moi dans l’assemblée des justes.

Nous te révélons cette histoire. Elle est tirée du livre des mystères. Tu n’étais pas avec eux lorsqu’ils se réunirent pour perdre leur frère, et qu’ils lui tendirent un piège. La plupart des hommes, malgré tes désirs, ne croiront point.

Garde-toi de leur demander le prix du Coran. Il a été envoyé du ciel pour appeler les hommes à leurs devoirs.

Les cieux et la terre leur offrent des merveilles sans nombre. Ils passent et ne veulent pas ouvrir les yeux.

La plupart ne croient point en Dieu sans mêler à son culte celui des idoles.

Peuvent-ils croire que la punition divine les enveloppera, que l’heure fatale les surprendra tout à coup sans réfléchir à ces vérités ?

Dis : Voilà ma doctrine. J’appelle les hommes à Dieu ; j’offre l’évidence à ceux qui me suivent ; je rends grâces au Très-Haut de n’être point idolâtre.

Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes inspirés et choisis dans les villes. Les idolâtres n’ont-ils point voyagé sur la terre ? N’ont-ils pas vu quel fut le sort de ceux qui les ont précédés ? La vie future est la meilleure. Ceux qui craignent le Seigneur l’ont choisie. Ne le comprenez-vous pas ?

Lorsque les ministres de la foi n’avaient plus d’espoir, et qu’ils pensaient qu’on les croirait menteurs, ils éprouvèrent les effets pervers de notre protection. Nos élus furent sauvés ; mais rien ne put écarter nos fléaux des impies.

L’histoire des prophètes est remplie d’exemples que doivent retenir les hommes sensés. Ce livre n’est point une fable inventée à plaisir ; il confirme ceux qui l’ont précédé ; il explique clairement toute chose. Il est la lumière et la grâce des croyans.





LE TONNERRE.


donné à la mecque, composé de 43 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. R.[56] Tels sont les signes du Coran. La doctrine que tu as reçue du ciel est véritable ; cependant le plus grand nombre des hommes ne croiront point.

Dieu éleva les yeux sans colonnes visibles, et s’assit sur son trône. Il ordonna au soleil et à la lune de remplir leur tâche. Tous les corps célestes se meuvent dans la route qu’il leur a tracée. Il gouverne l’univers. Il vous offre des merveilles sans nombre, afin que vous croyez à la résurrection.

C’est lui qui étendit la terre, qui éleva les montagnes, qui forma les fleuves, qui vous donna les fruits divers. Il créa l’homme et la femme ; il fait succéder le jour et la nuit. Ces prodiges sont des signes pour ceux qui pensent.

La terre offre à chaque pas un tableau diversifié : ici sont des jardins ornés de vignes et de légumes ; là croissent des palmiers isolés ou réunis sur une souche. Tous les fruits sont arrosés par la même eau. Cependant ils diffèrent en bonté. Ainsi nous donnons des marques de notre puissance à ceux qui comprennent.

Si leur infidélité t’étonne, quelle doit être ta surprise, lorsque tu les entends dire : Se peut-il que la poussière de nos corps devienne une créature nouvelle ?

Ils ne croient point en Dieu. Leurs cous seront chargés de chaînes, et ils seront éternellement en proie aux flammes.

Ils te solliciteront plutôt de hâter le courroux du ciel que ses bienfaits. De semblables exemples les ont précédés ; mais si le Seigneur est indulgent pour le coupable, il est terrible dans ses châtimens.

Quelque signe divin distingue-t-il le prophète ? demandent les incrédules. Tu n’es chargé que de la prédication. Chaque peuple a eu son guide.

Dieu sait ce que la femme porte dans son sein, de combien la matrice se resserre ou s’élargit. Tout est pesé devant lui.

Tous les secrets sont dévoilés à ses yeux. Il est le grand, le Très-Haut.

Celui qui parle en public, celui qui s’enveloppe des ombres de la nuit, et celui qui paraît au grand jour, lui sont également connus.

L’homme est environné d’anges[57] qui se succèdent sans cesse. Dieu les a chargés de veiller à sa conservation. Il ne retire ses grâces que quand l’homme est perverti. Lorsqu’il voudra le punir, rien ne pourra lui mettre obstacle, parce qu’il n’y a point d’abri contre sa puissance.

C’est lui qui fait briller la foudre à vos regards[58], pour inspirer la crainte et l’espérance. C’est lui qui élève les nuages chargés de pluie.

Le tonnerre célèbre ses louanges[59]. Les anges tremblent en sa présence. Il lance la foudre et elle frappe les victimes marquées. Les hommes disputent de Dieu. Il est le fort, le puissant.

Il est l’invocation véritable. Ceux qui implorent d’autres dieux ne seront point exaucés. Ils ressemblent au voyageur qui, pressé par la soif, tend la main vers l’eau qu’il ne peut atteindre. L’invocation des infidèles se perd dans la nuit de l’erreur.

Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre rend à l’Éternel un hommage volontaire ou forcé. L’ombre du soir et du matin l’adore.

Quel est le souverain des cieux et de la terre ? Réponds : C’est Dieu. L’oublierez-vous pour chercher des patrons impuissans qui ne peuvent ni se protéger ni se nuire ? Comparerez-vous l’aveugle à celui qui voit, et les ténèbres à la lumière ? Leurs divisions chimériques ont-elles produit une création semblable à celle de dieu ? Dis : L’univers est son ouvrage. Il est le Dieu unique. Tout est soumis à sa puissance.

Il fait descendre la pluie des cieux, et les torrens roulent dans leurs lits, entraînant dans leur cours l’écume qui surnage. Telle est dans la fournaise l’écume des métaux que les hommes travaillent pour leur utilité et leur parure. Dieu tire ainsi l’instruction de la vérité et de la vanité. L’écume disparaît bientôt. Ce qui est utile reste dans la terre. Ainsi Dieu propose ses paraboles.

Ceux qui sont soumis à sa volonté posséderont le souverain bien ; mais les rebelles, quand ils auraient une fois plus de trésors que la terre n’en contient, ne pourront se racheter des tourmens. L’enfer sera leur demeure. Ils y seront couchés sur un lit de douleur.

Celui qui sait que Dieu t’a envoyé la vérité du ciel ressemblera-t-il à l’aveugle ? Les sages ouvriront les yeux.

Ceux qui, dociles aux commandemens du Seigneur, n’enfreignent point son alliance, ceux qui unissent ce qu’il lui a plu d’unir[60], qui craignent Dieu, et le compte qu’ils auront à rendre ;

Ceux que l’espoir de voir Dieu rend constans dans l’adversité, qui font la prière, qui donnent, en secret ou en public, une portion des biens que nous leur avons dispensés, et qui effacent leurs fautes par de bonnes œuvres, seront les hôtes du paradis.

Ils seront introduits dans les jardins d’Eden. Leurs pères, leurs épouses et leurs enfans qui auront été justes, jouiront du même avantage. Là, ils recevront la visite des anges qui entreront par toutes les portes.

La paix soit avec vous, leurs diront-ils. Vous avez été patiens. Jouissez du bonheur qu’a mérité votre persévérance.

Ceux qui violent le pacte de Dieu, qui divisent ce qu’il a uni, et qui répandent la corruption sur la terre, seront précipités dans l’enfer, chargés de malédictions.

Dieu étend ou resserre ses faveurs à son gré. Ils se livrent aux jouissances de cette vie ; mais qu’elles sont faibles en comparaison de la félicité éternelle !

Sa mission, disent les infidèles, est-elle annoncée par quelque signe céleste ? Réponds-leur : Dieu égare qui il lui plaît, et éclaire ceux qui se repentent.

La pensée de Dieu fera régner la paix dans l’âme des croyans. Son souvenir n’est-il pas la paix des cœurs ? Les fidèles qui auront fait le bien posséderont la béatitude.

Nous t’avons envoyé à un peuple que d’autres ont précédé, afin que tu lui enseignes nos révélations. Ils ne croient point au miséricordieux. Dis-leur : Il est mon Seigneur. Il n’y a de Dieu que lui. J’ai mis ma confiance en sa bonté. Je reparaîtrai devant son tribunal.

Quand le Coran ferait mouvoir les montagnes[61] ; quand il partagerait la terre en deux, et ferait parler les morts, ils ne croiraient pas ; mais Dieu est le juge des actions. Les croyans ignorent-ils qu’il peut à son gré éclairer toute la terre ?

L’infortune s’est attachée sur les pas des infidèles, parce qu’ils sont criminels. Nous ne cesserons d’assiéger leurs villes jusqu’à ce que les promesses du ciel soient accomplies. Ses promesses sont infaillibles.

Avant toi, mes ministres furent les objets de la raillerie ; mais après avoir laissé les incrédules s’endormir au sein des plaisirs, je les châtiai, et quels furent mes châtimens !

Quel est celui qui observe toutes les actions des hommes ? Ils ont donné des égaux à l’Éternel. Dis-leur : Nommez vos divinités. Apprendrez-vous à Dieu quelque chose qu’il ignore ? Ou les noms que vous créez ne sont-ils qu’un vain son ? Ils se sont parés de leur iniquité, et ont quitté la voie du salut, parce que ceux que Dieu égare, marchent sans guide.

Ils ont été punis dans ce monde. Leurs supplices seront bien plus terribles dans l’autre ; ils n’auront point de protecteur contre Dieu.

Les jardins de délices, arrosés par des fleuves, ces jardins où l’on trouvera une nourriture éternelle, et des ombrages toujours verts, seront le prix de la piété. Les incrédules auront les flammes pour récompense.

Ceux qui ont reçu les écritures se réjouissent des vérités qui t’ont été révélées. D’autres à qui ont les propose en rejette une partie. Dis-leur : Dieu m’a commandé de l’adorer, de ne point lui donner d’égal. J’invoque son nom. Je retournerai à lui.

Nous t’avons envoyé le Coran en langue arabe. Après la science dont le ciel t’a favorisé, si tu suivais leurs désirs, quel asile trouverais-tu contre un Dieu vengeur ?

D’autres prophètes t’ont précédé[62]. Nous leur donnâmes des épouses et une postérité. Ils n’opérèrent point de miracle sans la volonté du Seigneur. Chaque livre a son temps marqué.

Il efface et laisse subsister ce qu’il veut. L’original est en ses mains[63].

Soit que nous te fassions voir l’accomplissement d’une partie de nos menaces, soit que ta mort les prévienne, ton emploi se borne à la prédication. À nous appartient le soin de juger.

Ne voient-ils pas que nous avons pénétré dans leur pays, et que nous en avons resserré les limites ? Dieu juge, et ses arrêts sont irrévocables. Il est prompt dans ses comptes.

Leurs pères étaient fourbes ; mais Dieu ne peut être trompé. Il connaît les mérites de chacun. Les infidèles verront quels seront les hôtes du paradis.

Les incrédules nieront la vérité de ta mission. Réponds-leur : Le témoignage de Dieu et de ceux qui possèdent les écritures, est une preuve suffisante en ma faveur.





ABRAHAM. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 52 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. R. Nous t’avons envoyé ce livre, pour tirer les hommes des ténèbres, les éclairer, et les conduire dans la voie excellente et glorieuse.

Le domaine des cieux et de la terre appartient au Très-Haut. Malheur aux infidèles ! Ils seront la proie des tourmens.

Ceux qui préfèrent les charmes du monde à la vie future, qui éloignent leurs semblables de la religion sainte, et qui s’efforcent d’en corrompre la pureté, sont plongés dans l’aveuglement.

Tous nos ministres parlèrent la langue des peuples qui prêchaient, afin de se faire entendre. Dieu égare et conduit ceux qu’il veut. Il est puissant et sage.

Nous donnâmes à Moïse le pouvoir d’opérer des miracles, pour conduire son peuple des ténèbres à la lumière, et lui rappeler les merveilles du Seigneur ; exemple frappant pour celui qui souffre patiemment et qui rend grâce à Dieu.

Souvenez-vous des bienfaits du Seigneur, disait Moïse aux Israëlites. Il vous a délivrés de la famine de Pharaon qui vous opprimait, qui faisait périr vos enfans mâles, et n’épargnait que vos filles[64]. Votre délivrance est une preuve éclatante de la bonté divine.

Dieu vous promit que l’augmentation de ses grâces serait le prix de votre connaissance, et que la rigueur des peines le vengerait de votre ingratitude.

Quand vous seriez incrédules, ajouta Moïse, quand toute la terre serait impie, Dieu est riche et comblé de louanges.

Ignorez-vous l’histoire des nations qui vous ont précédés, de Noë, d’Aod, de Themod ?

L’histoire de leur postérité n’est connue que de Dieu. Ces peuples eurent des prophètes qui leur offrirent l’évidence ; mais, voués à l’infidélité, ils portaient leurs mains à la bouche, et s’écriaient : Nous nions votre mission, et nous doutons de votre doctrine.

Pouvez-vous douter de Dieu, leur représentaient nos envoyés ? Il est l’architecte du ciel et de la terre. Il vous appelle pour vous pardonner. Il vous attend jusqu’au temps marqué.

Vous n’êtes que des hommes comme nous, leur répondait-on. Voulez-vous nous faire abandonner le culte de nos pères ? Montrez-nous des miracles.

Nous ne sommes que des hommes comme vous ; mais Dieu favorise de ses grâces ceux qu’il veut. Nous ne pouvons opérer de miracle sans sa permission.

Que les fidèles mettent en lui leur confiance !

Pourrions-nous lui refuser notre confiance ? Il nous a tracé le chemin qu’il faut suivre. Nous souffrirons patiemment vos persécutions. Que ceux qui veulent un appui le cherchent en Dieu !

Nous vous chasserons de notre pays, reprirent les idolâtres, ou vous embrasserez notre religion. Dieu dit aux prophètes : J’exterminerai les impies.

Vous habiterez la terre après eux ; cette faveur est due à ceux qui ont craint mes commandemens et mes menaces.

Les prophètes élevèrent leur voix vers le ciel. L’orgueilleux et l’incrédule furent anéantis.

L’enfer les engloutit. L’eau corrompue sera leur breuvage.

Ils l’avaleront goutte à goutte, et elle aura peine à passer. La mort se présentera à eux de tous côtés, et ils ne mourront point. Cette boisson sera suivie de tourmens horribles.

Les œuvres de l’incrédule sont semblables à la poussière qu’un vent violent disperse dans un jour orageux. Ils n’en retireront aucune utilité. Ce sera le comble de l’égarement.

Ne voyez-vous pas que Dieu a créé les cieux et la terre avec vérité ? Il peut à son gré vous faire disparaître, et mettre d’autres créatures à votre place.

Cela est facile à sa puissance.

Tous les hommes paraîtront devant Dieu. Les idolâtres diront à leurs chefs. Nous vous avons suivis ; diminuerez-vous nos supplices ?

Les chefs répondront : Si Dieu nous eût éclairés, nous vous aurions conduits dans le droit chemin.

Le murmure ou la patience sont également inutiles dans notre malheur. Il est sans espoir.

Lorsque l’arrêt sera prononcé, Satan leur dira : Les promesses de Dieu étaient véritables, les miennes trompeuses ; mais je ne vous ai point forcés d’y ajouter foi.

Je vous ai sollicités, vous m’avez répondu. Ne me faites point de reproches ; n’en faites qu’à vous-mêmes. Je ne puis ni vous donner du secours, ni en recevoir de vous. Quand vous m’égalisez au Très-Haut, je n’ai point cru être son égal. Un tourment douloureux est préparé aux impies.

Les croyans vertueux entreront dans les jardins où coulent des fleuves. Ils y demeureront éternellement, par la permission de Dieu. Leur salutation mutuelle sera : La paix soit avec vous.

Ne savez-vous pas à quoi Dieu compare la parole de la foi ? A un arbre salutaire qui a poussé des racines profondes, et dont les rameaux s’élèvent dans les cieux.

Il produit du fruit dans toutes les saisons. Le Seigneur parle aux hommes en paraboles pour les instruire.

Il compare la doctrine de l’infidèle à un arbre mauvais dont les racines sont à fleur de terre, et qui n’a point de stabilité.

Dieu affermira les croyans dans cette vie[65] et dans l’autre, par la parole immuable. Il égarera les méchans. Il fait ce qu’il lui plaît.

Ne vois-tu pas que ceux qui, foulant aux pieds les grâces du ciel, sont devenus impies, ont conduit les peuples à leur perte ?

Ils seront précipités dans les brasiers de l’enfer, séjour des misérables.

Les idolâtres donnent à Dieu des égaux, pour écarter des humains du sentier du salut. Dis-leurs : Enivrez-vous des plaisirs terrestres, l’enfer sera votre réceptacle.

Dis à mes serviteurs, aux croyans : Accomplissez la prière, faites l’aumône en secret et en public des biens que nous vous avons départis, avant le jour où l’on ne pourra plus acquérir, et où les liens de l’amitié seront rompus.

C’est Dieu qui a tiré du néant les cieux et la terre, et qui a fait descendre la pluie pour faire éclore les fruits divers qui servent à votre nourriture. Le vaisseau fend les ondes à sa voix. Il a soumis les fleuves à votre utilité. Il a ordonné au soleil et à la lune de vous dispenser libéralement leur lumière. Il a formé la nuit et le jour pour servir à vos besoins. Il vous a donné tous les biens que vous lui avez demandés. Ses bienfaits sont innombrables. O combien l’homme est injuste dans son ingratitude !

Abraham adressa à dieu cette prière : Seigneur, protège[66] cette contrée ; éloigne-moi, éloigne ma postérité du culte des idoles.

Elles ont couvert de ténèbres une partie de la terre. Celui qui me suivra sera ton adorateur. Celui qui s’éloignera de moi…… Seigneur tu es indulgent et miséricordieux.

Seigneur, j’ai établi[67] une partie de ma famille dans la vallée stérile, près de ta demeure sainte. Fais qu’ils accomplissent la prière. Dispose en leur faveur le cœur d’une partie des humains. Prends soin de leur subsistance, afin qu’ils te rendent des actions de grâces.

Tu sais ce que l’homme recèle, comme ce qu’il publie. Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre est dévoilé à tes yeux. Louange au Dieu qui, dans ma vieillesse, m’a donné Ismaël et Isaac ! Il exauce les vœux des mortels.

Seigneur, fais que j’observe la prière, fais que ma postérité soit fidèle. Daigne entendre mes vœux. Pardonne-moi ; pardonne à mes pères et aux croyans, au jour du jugement.

Ne croyez pas que Dieu néglige les actions des méchans. Il diffère leur punition jusqu’au jour où ils porteront leurs regards vers le ciel.

Ils se hâteront, ils lèveront la tête. Leurs regards seront immobiles, et leurs cœurs saisis d’effroi. Prédis à la terre le jour des vengeances.

Seigneur, s’écriront les impies, attends-nous encore quelque temps.

Nous écouterons ta parole ; nous obéirons à tes ministres. On leur répondra : Ne juriez-vous pas que vous ne changeriez jamais ?

Vous habitiez au milieu des pervers ; vous avez été témoins de la manière dont nous les avons traités ; vous avez entendu nos paraboles. Ils ne cessèrent de dresser leurs embûches ; mais Dieu pouvait détruire leurs artifices, quand même ils eussent été assez puissans pour transporter les montagnes.

Ne pensez pas que Dieu anéantisse la promesse faite à ses apôtres. Il est puissant, et la vengeance est dans ses mains.

Dans ce jour la terre et les cieux seront changés[68]. Le genre humain se hâtera de paraître devant le tribunal du Dieu unique et victorieux.

Dans ce jour, vous verrez les pervers chargés de chaînes.

Leurs habits seront de poix. Le feu couvrira leur front. Dieu rend à chacun suivant ses œuvres. Il est exact dans ses jugemens.

J’annonce ces vérités aux hommes, pour qu’elles leur servent d’avertissement, et qu’ils sachent qu’il n’y a qu’un Dieu. O vous qui avez un cœur, gardez ce souvenir !



  1. Lorsque l’infidèle sortira du tombeau, le mal qu’il aura fait pendant la vie s’offrira à ses yeux sous une forme horrible. À une figure hideuse, à un souffle empesté, ce monstre joindra l’outrage des discours. Épouvanté de son aspect : Quel est ton nom, lui demandera l’infidèle ? — Eh quoi, lui répondra le monstre, ma laideur t’effraie ! Reconnais ton ouvrage. Je suis le mal que tu as commis. Dans le monde je te portais ; tu vas me porter à ton tour. À ces mots, il montera sur ses épaules. Tous les êtres créés auront pour le coupable un aspect effrayant. Tous lui crieront : Anathème à l’ennemi de Dieu ! C’est toi que menaçait ce verset du Coran : ils porteront leur fardeau. Jahia.
  2. Dans ce jour, Asraphel se tiendra debout sur une montagne qui est près de Jérusalem. Il portera à la main une trompette qui s’étendra depuis Jérusalem jusqu’au mont Sinaï. Les âmes de tous les mortels y seront rassemblées. Au premier souffle de l’ange, elles en sortiront comme un essaim, et iront rejoindre leurs corps. Les hommes ressuscités se rendront où la voix du héraut céleste les appellera. Jahia. Cottada.
  3. Tareh était le vrai nom du père d’Abraham. Le surnom d’Azar lui fut donné à cause de son idolâtrie. Il vient d’iazar, ô toi qui es dans l’erreur. Jahia. Gelaleddin.
  4. Les génies sont, suivant les Arabes, des créatures qui tiennent le milieu entre les anges et les hommes, etc.
  5. Les habitans de la Mecque offraient une portion de leurs moissons et de leurs troupeaux à Dieu, une autre à leurs idoles. Geladed.
  6. Les docteurs mahométans avouent qu’ils ignorent la signification de ces caractères. Gelaleddin, le plus habile d’entre eux, se contente de dire : Dieu sait ce qu’ils signifient. Allah aalem bemourado bezalec.
  7. Les bassins de la balance où seront pesées les œuvres des mortels, auront autant d’étendue que la surface des cieux et de la terre. C’est la croyance que doit avoir tout musulman.Elgazel.
  8. Adam égalait en hauteur les palmiers élevés. Une longue chevelure flottait sur ses épaules. Après sa désobéissance, il aperçut sa nudité, et s’enfuit pour se cacher. Un arbre l’arrêta par les cheveux. Laissez-moi aller, lui cria Adam. Va, répondit l’arbre.
    Dieu l’appela et lui dit : O Adam ! fuis-tu ma présence ? Seigneur, répondit le coupable, je rougissais de paraître devant toi. Jahia rapporte ces paroles, qu’il dit avoir recueillies de la bouche du prophète.
  9. Lorsque les âmes des impies se présenteront pour entrer dans le ciel, elles trouveront les portes fermées, et seront précipitées au fond de l’enfer ; mais les âmes des justes seront reçues dans le septième ciel. Gelaleddin.
      C’est là que les mahométans établissent leur paradis. C’est là que ces hommes sensuels ont placé des ombrages toujours verts, des ruisseaux qui coulent sans cesse, des fruits exquis, et des vierges aux yeux noirs, qui ne connaîtront d’autre besoin que celui d’aimer.
  10. Elaraf est le nom d’un mur élevé entre le paradis et l’enfer. C’est la barrière qui sépare les damnés des bienheureux. Ce mot vient du verbe araf, connaître. Le mur est ainsi nommé, parce que ceux qui y seront relégués connaîtront les élus et les réprouvés ; les premiers, à l’éclat dont brilleront leurs fronts ; les autres, aux ténèbres répandues sur leurs visages. Maracci.
      Elaraf sera l’asile des croyans qui auront combattu sous l’étendard de la foi contre la volonté de leurs parens, et qui auront péri les armes à la main. Ils ne seront pas précipités dans l’enfer, parce qu’ils sont martyrs. Ils n’entreront pas dans le paradis, parce qu’ils ont désobéi. Gelaleddin.
  11. Noé avait cinquante ans lorsque Dieu l’envoya prêcher. Il était charpentier. Zamchascar.
  12. Les Adéens descendaient d’Aod, fils d’Aous, fils d’Aram, fils de Sem, le premier des enfans de Noé. Ils se livrèrent à l’idolâtrie et à l’orgueil. Ils habitaient Hader Maut. Le ciel leur envoya Hod pour les ramener au culte d’un Dieu unique. Leur histoire est remplie de confusion et d’obscurité. Ismaël, fils d’Ali, dans sa chronique.
      Pokoke, Hoctinger, Eutiches d’Alexandrie et George Elmacin, prétendent que Hod est le même qu’Heber, un des prophètes du peuple juif. Heber était fils de Saleh, fils d’Arphaxad, fils de Sem. Maracci.
  13. Hod fut un des prophètes que Dieu envoya après Noé et avant Abraham. Plusieurs pensent que c’est le même qu’Héber. Dieu lui ordonna d’aller prêcher les Adéens qui adoraient trois idoles, et habitaient Elahkaph. Ils avaient pour roi Elgiagian. Hod les appela long-temps au culte d’un Dieu unique. Les Adéens, loin d’écouter ses prédications, le battirent de verges. Peu se convertirent. Le Seigneur leur refusa l’eau des nuages pendant quatre ans. Tous leurs animaux périssaient, et la nation était près de sa ruine. Ils envoyèrent à la Mecque Locman avec soixante hommes pour demander de la pluie. Mauvia, qui en était roi, reçut les étrangers avec bonté et leur donna l’hospitalité pendant un mois. Enfin ils entrèrent dans le temple, et après s’être purifiés, ils firent leur prière. Dieu leur fit paraître trois nuages, l’un blanc, l’autre rouge, et le troisième noir. Il leur laissa la liberté du choix. Les envoyés préférèrent le dernier, croyant qu’il renfermait de la pluie ; mais à peine furent-ils de retour dans leur patrie, que ce nuage produisit une affreuse tempête. Elle renversa les maisons des Adéens, arracha leurs arbres, et fit périr la nation. Locman fut le seul épargné. Dieu lui accorda la grâce de vivre sept âges d’aigle. Chronologie d’Ismaël, fils d’Ali.
  14. Le même auteur raconte ainsi cette histoire. Saleh, fils d’Abid fut élu prophète. Dieu l’envoya aux Thémudéens après Hod et avant Abraham. Ces peuples habitaient les montagnes. Ils étaient forts et orgueilleux. Leur roi se nommait Genda. La terre de Cus (c’est-à-dire l’Éthiopie) avait été leur première habitation. Ils étaient venus s’établir dans ce pays montueux où ils taillaient des maisons dans les rochers. Saleh leur prêcha le culte d’un seul Dieu. Ses longues prédications ne convertirent que quelques hommes du peuple. Les idolâtres firent un pacte avec le prophète, et s’engagèrent à embrasser sa religion s’il opérait le miracle qu’ils lui demanderaient : c’était de faire sortir d’un rocher qu’ils désignèrent une femelle de chameau. Saleh se mit en prières, et Dieu fit sortir du rocher l’animal miraculeux avec son faon sevré. La femelle du chameau allait paître pendant le jour et rentrait à la ville vers le soir. Elle criait en passant devant les maisons : Que celui qui veut du lait s’approche. Les Thémudéens en prenaient autant qu’il leur plaisait. Anisa, femme très-riche, avait quatre filles ; elle les para et offrit à Cadar de choisir celle qu’il voudrait, à condition qu’il tuerait la femelle de chameau. Il y consentit, prit une des filles, sortit avec huit hommes et tua l’animal miraculeux. Le faon s’était enfui dans les montagnes. Il fut poursuivi et l’on partagea sa chair. Trois jours après, un cri épouvantable, sorti du ciel, et plus éclatant que le tonnerre, fut le signal de la ruine des coupables. Leurs cœurs furent brisés, et le matin On les trouva morts dans leurs maisons. Saleh s’en alla dans la Palestine, d’où il passa dans l’Arabie Pétrée. Toujours fidèle adorateur de Dieu, il mourut âgé de cinquante-huit ans. Chronologie d’Ismaël, fils d’Ali.
  15. La femme de Loth s’arrêta pour regarder derrière elle. Une pierre tombée du ciel la tua. Zamchascar.
  16. Cette pluie vengeresse était formée de pierres cuites dans les brasiers de l’enfer. Elles frappaient les coupables, et ils périssaient sur-le-champ. Gelaleddin.
  17. Plusieurs auteurs arabes cités par Elmacin pensent que Chaïb est le même que Jetro, beau-père de Moïse. Cassée nous le dépeint ainsi. Chaïb était doué d’une grande beauté. Il avait la taille fine, le corps délié. Il parlait peu, et paraissait fort recueilli. Lorsqu’il fut parvenu à l’adolescence, Dieu lui donna la sagesse et la science. Les Hébreux nous apprennent que Jetro eut sept noms.
  18. Les Arabes comptent par le mot nuits, le temps que nous comptons par le mot jours. La chaleur excessive de leur climat a sans doute donné lieu à cet usage. Ils habitent des sables brûlans, et tandis que le soleil est sur l’horizon, ils se tiennent ordinairement sous des tentes. Ils en sortent lorsqu’il va se coucher, et jouissent alors du plus beau ciel et de la fraîcheur. La nuit est en partie pour eux, ce que le jour est pour nous. Aussi leurs poètes ne célèbrent jamais les charmes d’un beau jour ; mais ces mots leili ! leili ! ô nuit ! ô nuit ! sont répétés dans toutes leurs chansons.
  19. Les commentateurs du Coran qui veulent tout expliquer, disent que le veau d’or qu’adorèrent les israëlites mugissait, parce que le cheval de Gabriel, en galopant, lui avait fait voler de la poussière dans la bouche. Ils prétendent que les pieds du cheval de l’archange donnent la vie à tout ce qu’ils touchent.
  20. Aïla près du Suès.
  21. Les écrivains arabes expliquent ainsi ce passage : Dieu fit descendre Adam dans l’Inde. Il lui frotta le dos avec la main, et tira de ses reins et des reins de ses fils tous les hommes qui devaient naître jusqu’au jour de la résurrection. Ensuite il leur dit : Ne suis-je pas votre Dieu ? Nous attestons que tu es notre Dieu, répondirent-ils. Il dit aux anges : Soyez témoins de leur croyance. Nous en sommes témoins, répondirent les anges. Dieu fit rentrer, continue Elhacan, toute la postérité d’Adam dans ses reins. Jahia rapporte ce passage sur la foi d’Ebnabbas.
  22. C’est Balaam, fils de Beor. Ayant reçu des présens pour vomir des imprécations contre Moïse, il en porta la peine. La langue lui sortit de la bouche, et tomba jusque sur sa poitrine. Gelaleddin. Zamchascar.
  23. Ces noms, suivant les auteurs arabes, sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf. Les habitans de la Mecque les employaient sacrilégement en nommant trois de leurs idoles, menat, allat, elaza. Ils. avaient tiré ces trois dénominations de allah, elaziz, menan. Dieu, puissant, miséricordieux.
  24. Hève sentit d’abord un fardeau léger qui ne l’empêchait point de marcher. Satan se présenta à elle sous la forme humaine, et lui demanda ce qu’elle portait dans son sein. Je l’ignore, répondit-elle. C’est peut-être, ajouta le tentateur, un animal semblable à ceux que tu vois paître. Hève ayant répliqué qu’elle n’en savait rien, il se retira. Lorsqu’elle fut avancée dans sa grossesse, il revint et lui demanda comment elle se trouvait. Je crains, répondit-elle, que ta prédiction ne soit vraie. J’ai de la peine à marcher et à me lever lorsque je suis assise. Satan continua : Si Dieu, à ma prière, t’accorde un enfant semblable à toi et à Adam, l’appelleras-tu de mon nom ? Hève promit. Lorsqu’elle eut enfanté, Satan revint et la somma d’exécuter sa promesse. Quel est ton nom, lui demanda-t-elle ? Abdelharès, répliqua le tentateur. Hève ayant donné ce nom à son fils, il mourut sur-le-champ. Jahia cité par Caleb.
  25. Le partage du butin après le combat de Beder ayant fait naître des différens entre les croyans, Mahomet fit descendre ce chapitre où il établit les lois que l’on doit observer à ce sujet.
  26. Les compagnons de Mahomet étaient sur le point de prendre la fuite. Il les rassure en leur promettant un secours de mille anges. Il leur persuada si fortement que cette milice céleste combattait pour eux, qu’il les rendit invincibles. (Vie de Mahomet.)
  27. Mahomet était campé près de Beder. C’est le nom d’un puits. Ce poste était très-avantageux, parce qu’il le mettait à portée de l’eau qui est très-rare en Arabie. Le courage qu’il sut inspirer à ses soldats les fit triompher des Coreïshites, trois fois supérieurs en nombre.
  28. Gelaleddin explique ainsi ce passage :
      Satan ayant pris la ressemblance de Saraca, fils de Malec, prince de cette contrée, marchait à la tête des Coreïshites. Il tenait la main de Harès, fils de Hascem. Ayant aperçu les anges qui se préparaient à combattre avec les fidèles, il prit la fuite. Les idolâtres lui ayant reproché de les abandonner dans un danger éminent : Je vous quitte, répondit-il, parce que je vois des anges que vous n’apercevez pas. Gelaleddin.
  29. Lorsque l’homme meurt, Monker et Nakir, deux anges terribles, viennent l’examiner. Ils font tenir debout le patient et l’interrogent sur l’unité de Dieu et la mission du prophète. Quel est ton Dieu, ton prophète, ton culte, lui demandent-ils ? S’ils le trouvent infidèle, ils le frappent d’une manière épouvantable. El-gazel.
      Les Thalmudistes ont à peu près la même croyance. Lorsque l’homme meurt, disent-ils, l’ange de la mort, vient s’asseoir sur le sépulcre ; aussitôt l’âme se réunit au corps. Le patient se lève sur ses pieds. L’ange lui fait subir un examen, et s’il est coupable, il le frappe avec une chaîne dont la moitié est de fer et le reste de feu. Thalmud.
  30. Ce chapitre est le seul qui ne porte point pour épigraphe ces mots : Au nom de dieu clément et miséricordieux. Les auteurs arabes en donnent plusieurs raisons. Cette formule, disent-ils, annonce des grâces, et ce chapitre publie la vengeance. Ali Otman, fils d’Aphan, ayant été interrogé sur cette omission, répondit que le chapitre de la pénitence n’ayant paru qu’une suite de celui du butin, on ne l’avait point distingué par l’épigraphe ordinaire.
  31. C’est l’eau du puits de Zemzem que l’ange découvrit à Agar, et dont les pèlerins boivent avec un respect religieux.
  32. L’année des Arabes est lunaire. Elle est composée de douze mois ; mais comme ils n’admettent point de jour intercalaire, leurs mois ne suivent point le cours des saisons. Ils parcourent toute l’année, et le même se trouve successivement dans le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.
  33. Ce changement s’opérait ainsi : Lorsque les Arabes idolâtres étaient en guerre pendant un des mois sacrés, par exemple pendant le mois de Moharram, ils continuaient les hostilités, et rejetaient la défense au mois de Safar, qu’ils rendaient sacré. Gelaleddin. Mahomet abolit cet usage qui perpétuait les maux de la guerre.
      Les anciens Arabes avaient de même quatre mois sacrés pendant lesquels toute hostilité devait cesser. Ces mois sont Moharram, Rajeb, Delcaada, Delhajj, le premier, le septième, le onzième et le douzième de leur année. Les Arabes, depuis Abraham et Ismaël, ont toujours célébré le pèlerinage de la Mecque le dixième jour du mois Elhajj abou abd allah Mohammed abuahmed. Le mot elhajj signifie pèlerinage. Les pèlerins se nomment Haggi.
  34. C’est Abubecr.
  35. Le mot Éden est un des noms du paradis. Elhaçan. En hébreu il signifie un lieu de délices. Marracci. En arabe il signifie un lieu propre pour le pâturage des troupeaux.
  36. Mahomet avait quarante ans lorsqu’il commença à prêcher la doctrine du Coran.
  37. Cette religion est l’islamisme, c’est-à-dire le culte d’un seul Dieu. Elle subsista depuis Adam jusqu’à Noé. Gelaleddin. Jahia est du même sentiment. Il ajoute que les peuples commencèrent à former des sectes lorsqu’il leur vint des prophètes, parce que les uns crurent à leur doctrine et les autres la nièrent.
  38. Quelques Israélites ayant douté de la mort de Pharaon, Gabriel retira son corps de la mer et l’exposa à leurs yeux. Ebnabbas
  39. Une habitation sûre : la Syrie.
  40. Mahomet répondit à l’ange qui lui apporta ce verset : Je ne doute point, et je n’interrogerai personne. Gelaleddin.
  41. Jonas, de la tribu de Benjamin, élu prophète, alla prêcher les Ninivites après la mort de Joathan, fils d’Ozias, roi de Jérusalem. Ils adoraient des idoles. Le prophète menait avec lui sa femme et ses deux fils. Il perdit l’aîné au passage du Tigre ; un loup emporta l’autre, et sa femme disparut sur les bords du fleuve. Jonas s’abandonna aux larmes et aux gémissemens. Une révélation lui apprit que sa famille lui serait rendue et calma sa douleur. Il continua la route et alla prêcher les Ninivites. Il les exhortait à embrasser la vraie religion. Les injures et les mauvais traitemens furent le prix de son zèle. Il implora le Seigneur dans sa détresse ; et, obéissant à l’inspiration divine, il sortit de la ville, et prédit à ses habitans une vengeance terrible. Dieu couvrit tout le pays d’un nuage affreux qui s’abaissa sur la terre. Il en sortait des flammes qui réduisaient en cendres tout ce qu’elles touchaient. Les Ninivites ayant en vain cherché Jonas, implorèrent le secours du Dieu qu’il adorait. Hommes, femmes, enfans, tous sortirent de la ville, et fléchirent par leurs prières et leurs gémissemens la miséricorde divine. Ils furent délivrés du fléau vengeur. Jonas arriva. Ne voyant point le châtiment dont il les avait menacés, et ignorant leur repentir, il s’en alla plein d’indignation, et jura de ne plus retourner à Ninive. Il s’embarqua sur le fleuve. Le vaisseau demeura immobile. Le patron ayant jeté le sort, il tomba sur Jonas, qui fut précipité dans les eaux. Un poisson l’avala ; et l’ayant porté près de la ville d’Aïla, le vomit sur le sable après quarante jours. Dieu fit croître une citrouille dont les rameaux s’étendirent et le couvrirent de leurs feuilles. Il était absolument nu. Gabriel lui toucha la tête, et elle se couvrit de cheveux. Le Seigneur le reprit avec bonté, et lui rendit son épouse et ses deux fils. Il retourna à Ninive. Le roi et le peuple vinrent au-devant de lui, et le reçurent avec de grandes marques de joie. Il demeura parmi eux jusqu’à la mort. Ismaël, fils d’Ali, chap. I, Jonas.
  42. Excepté celui qui est destiné à périr. Elhaçan pense que c’est un des petits-fils de Noé, dont le nom n’est pas parvenu jusqu’à nous.
      Noé, Sem, Cham, Japhet, et leurs trois femmes, furent les seuls sauvés dans l’arche. Gottada. D’autres auteurs arabes font monter le nombre de ceux qui entrèrent dans l’arche avec Noé, jusqu’à quatre-vingt personnes.
  43. L’arche avait, suivant Elhaçan, douze cents coudées de long et six cents de large. C’est l’interprétation fidèle de ces mots : Cal elhacen ou can toul elsafinat elf draa, ou maëtan draa, ou ardeha set maïat draa. Marracci a traduit ainsi ces mots : L’arche avait douze cents coudées de haut et six cents de large. Il a donné au mot toul qui signifie longueur, la signification de largeur, ensuite il s’est récrié sur l’imbécillité des auteurs arabes, et sur le ridicule des proportions d’un navire qui aurait douze cents coudées de haut et six cents de large. Ignorait-il que le ridicule qu’il répand si volontiers devait retomber sur lui-même ? Marracci. Réfutations sur le chapitre XI du Coran.
  44. Le mont Joudi est dans la Mésopotamie. Les auteurs arabes prétendent que l’arche s’y arrêta. Ce sentiment est détruit par l’autorité du Pentateuque, qui la fait s’arrêter sur le mont Ararat, dans l’Arménie.
  45. Lorsque les Orientaux se rencontrent, après la salutation ordinaire la paix soit avec vous (salam alaicom), ils portent la main du côté du cœur, et se la serrent mutuellement. Lorsqu’ils sont étroitement liés, ils réitèrent cette cérémonie en se faisant des souhaits heureux. S’ils ne connaissent point la personne qu’ils rencontrent, ils lui donnent simplement le salut ; et si c’est un infidèle, ils se contentent de lui souhaiter le bonjour. Abraham, voyant que les deux envoyés célestes ne lui touchaient point la main, les prit pour des étrangers dont il n’était point connu.
  46. Le mahométan qui lira ce chapitre, ou qui l’enseignera à ses amis et à ses serviteurs, aura une mort douce et la force de ne porter envie à personne. Bedavi.
  47. Des docteurs juifs ayant engagé les principaux citoyens de la Mecque à demander à Mahomet l’histoire de Joseph, Dieu lui révéla ce chapitre. Bedavi. Zamchascar.
  48. Cette histoire est admirable, dit Zamchascar, parce qu’elle est racontée d’une manière nouvelle, et que le style en est divin.
  49. La crainte de Jacob venait de ce qu’il avait vu en songe une bête féroce dévorer Joseph.
  50. Ce fut Jacob qui lui apparut, et le frappa à la poitrine. Aussitôt le feu de la concupiscence sortit de son cœur. Gelaleddin.
  51. Les femmes égyptiennes se visitent fréquemment et se donnent des festins. Les hommes en sont exclus. On n’y admet que les esclaves nécessaires pour le service. Aux plaisirs de la table, elles font succéder la musique et la danse. Elles aiment l’une et l’autre avec passion. Les Almé, c’est-à-dire les filles savantes, font le charme de ces festins. Elles chantent des airs à la louange des convives et finissent par des chansons d’amour. Elles forment ensuite des danses voluptueuses dont la licence va souvent à l’excès.
  52. Ce roi, dit Gelaleddin, était Elrian, fils d’Éloualid.
  53. Il n’aurait pu faire esclave son frère suivant la loi du pays, parce que l’esclavage n’était pas chez les Égyptiens la peine du vol. Ils se contentaient de flageller le voleur ou de lui faire rendre le double de ce qu’il avait pris ; mais Joseph pouvait retenir son frère esclave comme Hébreu, parce que parmi les juifs, le voleur payait le larcin de sa liberté. Gelaleddin.
  54. Joseph avait volé une idole d’or à son grand-père Laban, et l’avait brisée. Gelaleddin.
  55. Ce manteau est tout-à-fait miraculeux. Gabriel l’apporta à Abraham lorsqu’il fut jeté dans les flammes. Il était fait de soie du paradis. Abraham le laissa à Isaac qui le transmit à Jacob, des mains duquel il était passé à Joseph. Zamchascar.
      Ce manteau répandait une odeur divine et guérissait tous les malades qu’il touchait. Gelaleddin.
  56. A. L. R. Gelaleddin se débarrasse à son ordinaire de l’explication de ces caractères en disant : Dieu sait ce qu’ils signifient.
  57. Ce sont, dit Elhaçan, quatre anges chargés de veiller les actions de chaque homme, deux pendant le jour et deux pendant la nuit. Ils se succèdent sans relâche dans cet emploi. Jahia.
  58. L’ange qui fait briller la foudre est celui qui préside aux nuages. Il les pousse les uns contre les autres. Il publie les grandeurs de l’Éternel, et répète sans cesse ces mots : Louange à Dieu ! Gelaleddin.
  59. Mahomet avait envoyé un musulman zélé pour convertir un idolâtre et lui faire embrasser l’islamisme. Quel est ton Dieu ? lui demanda l’infidèle ? est-il formé d’or, d’argent ou de cuivre ? La foudre frappa l’impie et il périt. Gelaleddin.
  60. Unir ce que Dieu a voulu unir, c’est, suivant les auteurs arabes, croire à tous les prophètes, et ne mettre aucune différence entre eux.
  61. Ce verset fut révélé à Mahomet lorsque les infidèles lui dirent : Si tu es prophète, transporte les montagnes de la Mecque, fais en jaillir des fontaines, fais-en couler des fleuves, afin que nous puissions planter et semer. Ranime les cendres de nos pères, et qu’ils attestent que tu es l’apôtre de Dieu. Gelaleddin.
  62. Mahomet oppose ce verset aux juifs qui lui reprochaient la polygamie. Il dit que les prophètes venus avant lui, qu’Abraham, Jacob, David, Salomon, eurent plusieurs femmes.
  63. L’original est en ses mains : c’est la table gardée où tout est écrit, et où rien ne s’altère. Dieu y a tracé la chaîne de tous les êtres. Gelaleddin.
  64. La prédiction d’un devin fut, suivant les auteurs arabes, la cause de cette persécution. Il prédit qu’un des enfans qui naîtrait des Israélites renverserait l’empire de Pharaon. Aussitôt on fit mourir leurs enfans mâles, et la nation fut opprimée. Gelaleddin.
  65. Dieu affermira la foi des croyans dans cette vie en leur faisant prononcer ces paroles, la ila ella allah ou Mahammed raçoul allah. Il n’y a de Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète. Il l’affermira dans l’autre en leur faisant répondre comme il convient aux deux anges examinateurs qui les interrogeront dans le tombeau. Gelaleddin.
      Ces paroles la ila ella allah ou Mahammed raçoul allah, forment la profession de foi des mahométans. Ils la profèrent toutes les fois qu’ils entrent dans leurs mosquées, et qu’ils craignent la tentation. En 1778, ayant paru, contre la coutume des Européens, habillé à la française dans les rues de Damiette, je vis l’horreur peints sur tous les visages. Les femmes me regardaient avec une curiosité mêlée d’effroi, les enfans prenaient la fuite en criant, et les hommes, fronçant le sourcil, murmuraient entre leurs dents, la illa ella allah, etc. Il ne faudrait pas répéter ces mots devant des Turcs. Ils ne souffrent pas qu’on plaisante sur la religion ; et si l’on était entendu, on courrait risque d’être empalé ou circoncis.
  66. Cette contrée est le lieu où est bâtie la Mecque. C’est une plaine de sable environnée de montagnes dont le sol ingrat se refuse à toute espèce de culture. Ce fut là que l’ange découvrit à Agar le puits de Zemzem, qui signifie de l’eau qui murmure. Cette source miraculeuse, consacrée par la religion, est devenue très fameuse. Le huitième jour de la solennité du pèlerinage, les musulmans se rendent au puits de Zemsem et s’y désaltèrent avec un respect religieux. Ismaël s’étant établi dans la vallée stérile, enseigna aux Arabes la religion qu’il avait reçue de son père Abraham, et leur apprit à n’adorer qu’un Dieu unique créateur du ciel et de la terre. Il transmit ce culte à sa postérité ; mais ensuite l’idolâtrie prévalut, et le sanctuaire d’Ismaël fut entouré d’idoles jusqu’au temps où Mahomet les renversa par terre.
  67. Ismaël et sa mère.
  68. Lorsque les hommes ressusciteront, la terre deviendra blanche, unie et pure, suivant la tradition des deux vieillards. Gelaleddin.