Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0856

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Louis Conard (Volume 5p. 223-224).

856. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Caude-Côte, près Dieppe, 16 août [1866].
Madame et Princesse,

Comme c’est aimable à vous de m’avoir écrit, tout de suite. J’ai reconnu là votre cœur excellent !

Je ne doute pas du bon vouloir de M. Duruy, mais j’imagine que l’idée lui a été quelque peu suggérée par une autre ? Aussi le ruban rouge[1] est-il pour moi plus qu’une faveur, presque un souvenir. Je n’avais pas besoin de cela pour penser souvent à la Princesse Mathilde.

Que faites-vous de la promenade en Italie ? Si vous vous y résignez, je vous souhaite bonne santé, beau soleil, bonne humeur, un bon voyage enfin.

Sinon pourquoi ne viendriez-vous pas à Dieppe, malgré la pluie ? Mais d’ici là elle sera passée.

Je viendrais vous faire une petite visite au bord des flots ; puis je reviendrais vers ma cabane, pour vous montrer aux environs diverses choses intéressantes.

Je me suis permis, samedi dernier, de vous adresser un paquet de chèques et du sucre de pomme — qui doit être mauvais, car ce n’est pas la saison où l’on confectionne cette douceur.

En attendant le plaisir et l’honneur de vous voir, Princesse, je vous baise les mains et vous prie de me croire votre très reconnaissant, dévoué et affectionné

G. Flaubert.

À Croisset à partir de dimanche prochain.


  1. Flaubert, sur les instances de la princesse Mathilde, venait d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur.