Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0988

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 5p. 399-400).

988. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi matin [fin août 1868].
Ma chère Caro,

Je n’avais pas besoin de ton petit rappel à l’ordre, car mon intention était de t’écrire aujourd’hui : 1o pour vous remercier, Madame, de la gracieuse hospitalité, etc., et purs pour causer un peu avec toi.

Nous en causons (de toi). C’est là le fond de notre conversation entre ta grand’mère et moi. Son séjour à Dieppe lui a fait beaucoup de bien et je la trouve infiniment mieux moralement et physiquement qu’elle n’était cet été.

Nous avons eu depuis dimanche soir jusqu’à mardi matin la visite du brave d’Osmoy. Monseigneur est venu lundi soir.

J’ai lu à l’Idiot d’Amsterdam trois cent soixante-dix pages de mon roman (tout ce qu’il y a d’écrit). Cette petite lecture m’a demandé douze heures ! Aussi étais-je fatigué mardi. Mon auditeur a paru enchanté.

Je prépare maintenant la fin de mon chapitre. J’arrange le château et la forêt de Fontainebleau ! Quel travail. Et songer que j’en ai encore pour une grande année ! C’est quand je me remets à la besogne que je me sens fatigué !

Hier, nous avons été en citadine faire une visite à M. et Mme Bataille. Monsieur présidait les prix de Sahurs et Madame allait le rejoindre. Leur domicile m’a eu l’air splendide.

Tourgueneff m’a écrit qu’il était retenu par la goutte. Il ne sait pas encore quand il viendra. Mais il viendra.

Telles sont, je crois, toutes les nouvelles.

Penses-tu que c’est à la fin de la semaine prochaine qu’aura lieu l’ouverture ?

Fais inviter ta grand’mère par ton bon oncle.

Adieu, pauvre Loulou. J’ai bien envie de bécoter ta bonne mine fraîche.

Ton Vieux.

Tu diras de ma part tout ce que tu pourras trouver de plus gentil à Mme Winter ; embrasse Ernest pour moi.