Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1793

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Louis Conard (Volume 8p. 191-192).

1793. À GUY DE MAUPASSANT.
Croisset, 22 janvier 1879.

Vive votre ministère ! Personne n’est plus content que moi de sa consolidation. Comme la malechance me poursuit depuis longtemps, je m’attendais au contraire à la chute. Vous voilà donc rassuré sur votre sort ! Tant mieux ! Quant à moi, ma vie n’est pas drôle, mon cher ami. Quoi qu’il advienne, vous me verrez pendant deux mois à partir de mars, mais pas avant, j’en ai peur.

Parlez-moi de la pièce. Quand passe-t-elle ? J’ai lu les comptes rendus de l’Assommoir dans le Figaro, le Gaulois et la France (envoyés par vous ce matin). Je suis content du succès pécuniaire pour Zola. Mais ça ne consolide pas le naturalisme (dont nous attendons toujours la définition) et ça ne pose pas notre ami comme auteur dramatique. À lui maintenant de faire une pièce « dans son système ». J’ai vu que Daudet en avait lu une à l’Odéon, tirée de Jack. Quels industriels que tous ces gaillards-là ! Que n’en suis-je un moi-même ! Mais le cœur me manque.

Le pauvre Tourgueneff est recloué par la goutte. Allez le voir, vous lui ferez plaisir. Dans vingt-cinq jours, il part pour la Russie, où son frère vient de mourir.