Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 638

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Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 116).
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638. — À MADEMOISELLE QUINAULT.
À Cirey, ce 7 septembre 1736.

Je vous réitère toutes mes prières, aimable Thalie. J’en aurai bien de la reconnaissance ; mais ajoutez à vos bontés la justice que vous me devez de détromper vos amis sur l’idée qu’on a que je suis l’auteur d’une Épître[1] en vers contre Rousseau, qui a, dit-on, cinq ou six cents vers. Moi, cinq ou six cents vers ! Je n’en ai assurément ni le temps ni la volonté. On dit que dans cette réponse, Marivaux et Gresset sont maltraités ; je n’ai aucun sujet, que je sache, de me plaindre d’eux ; et quand je fais un ouvrage, je l’avoue hautement. Si donc je désavoue celui-ci, c’est une preuve que je ne l’ai pas fait. S’il est bon, je n’en veux point avoir la gloire ; s’il est mauvais, je ne veux point en avoir la honte.

En cas que vous ayez cette pièce, faites-moi l’amitié, je vous en prie, de me l’envoyer.

Qu’est-ce que le Dissipateur[2] ? Pourquoi est-il imprimé sans être joué ?

Je suis à vos pieds, ingénieuse Thalie. Je vous demande bien pardon pour la Croupillac, cette bégueule-là gâte, à mon gré, un ouvrage qui pouvait réussir ; mais que ne raccommoderiez-vous point !

Je vous suis attaché pour la vie, avec le plus tendre dévouement.

  1. Voyez la note sur la lettre 637.
  2. De Destouches.