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Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 2024

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 71).
2024. — À M. D’ARNAUD.
Ce 14 octobre.

Mon cher enfant, une femme qui a traduit et éclairci Newton, et qui avait fait une traduction de Virgile, sans laisser soupçonner dans la conversation qu’elle avait fait ces prodiges ; une femme qui n’a jamais dit du mal de personne, et qui n’a jamais proféré un mensonge ; une amie attentive et courageuse dans l’amitié ; en un mot, un très-grand homme que les femmes ordinaires ne connaissaient que par ses diamants et le cavagnole, voilà ce que vous ne m’empêcherez pas de pleurer toute ma vie. Je suis fort loin d’aller en Prusse ; je peux à peine sortir de chez moi. Je suis très-touché de votre sensibilité, vous avez un cœur comme il me le faut ; aussi vous pouvez compter que je vous aime bien véritablement. Je vous prie de faire mes compliments à M. Morand[1].

Adieu, mon cher d’Arnaud ; je vous embrasse.

  1. Voyez tome XXXIV, page 282.